La réflexion antiterroriste : une querelle française
Nathalie CETTINA
« Face à l’effondrement de la crédibilité de la caste médiatico-politicienne (…), l’université redevient une référence car elle rationalise des questions anxiogènes, propice à tous les dérapages » écrivait Gilles Kepel sur le site du journal Libération le 14 avril 2016[1].
C’est dans cette optique que l’Assemblée nationale et le Sénat ont souhaité entendre nombre de chercheurs après les attentats de 2015, espérant trouver dans leurs analyses les clés de la compréhension d’un phénomène qui les déstabilise, une aptitude à prédire, et par là orienter leur politique publique de lutte contre le terrorisme.
Comment la recherche universitaire s’inscrit-elle dans une réflexion sur l’antiterrorisme ? Parvient-elle à produire des recommandations de politique publique ? A les rendre audibles ? Des courants distincts s’inscrivent dans le débat, portés par des chercheurs qui se disputent concepts et hypothèses. Marchands de peur pour les uns, utopistes pour les autres.
Trouver le recul nécessaire pour appréhender la discipline au-delà de l’acte terroriste et de la gestion de crise, suppose de s’inscrire dans une démarche pluridisciplinaire en appréhendant au-delà du cadre sécuritaire, les données sociologiques, géopolitiques, philosophiques qui traversent la matière. Selon l’approche que les chercheurs en ont, selon l’analyse qu’ils font de la menace, de son origine et de ses causes, la réflexion sur les moyens, les méthodes, les enjeux de l’antiterrorisme et leur traduction en politique publique divergent. Se pencher sur le champ d’étude des politiques antiterroristes en France dépasse le strict cadre de la sécurité et des dispositifs opérationnels mis en œuvre pour inclure le débat académique sur l’islamologie, à travers la place donnée au djihadisme ou à l’islam politique dans les phénomènes violents à caractère terroriste.
Si un terrain d’entente existe dans le point de départ de la réflexion – à savoir connaître pour agir, identifier et comprendre la menace, afin de s’inscrire en amont dans la prévention, les divergences fleurissent sur l’origine -, la réalité et la manière de contrer la menace, et les critiques fusent entre chercheurs par articles scientifiques ou voie de presse interposés, chacun étant arcbouté sur sa chapelle, déniant toute crédibilité à ses collègues. Comme s’il existait des réflexions incompatibles. Ce « moi j’ai raison » affirmé et affiché, « l’autre n’a rien compris et est ignorant » est-il compatible avec un travail scientifique et ne complexifie-t-il pas l’aptitude de la recherche académique à déboucher sur des recommandations politiques ? Le phénomène est trop complexe pour avoir une seule grille de lecture, c’est de l’émulation et la conjonction d’approches complémentaires que le champ d’étude pourrait avoir prise sur le monde réel et aider les décideurs.
Trois grands axes d’approche peuvent être identifiés dans l’étude scientifique de l’antiterrorisme, se déclinant eux-mêmes en plusieurs courants :
– un axe sécuritaire, lié aux notions de terrorisme global et de réponse globale (guerre, prévention), qui a un écho politique et médiatique aujourd’hui majoritaire,
– un axe critique sur la sécurité et les limites de son discours,
– un axe sur la place du fait religieux dans l’approche du terrorisme, sur l’analyse de l’islamisme et son incidence tant sur le passage à l’acte que sur la riposte.
Un axe sécuritaire : la globalisation de la menace et de la réponse à apporter
Les tenants d’une menace terroriste de premier ordre, vecteur d’un danger permanent, appelé à s’amplifier, entendent sensibiliser les citoyens et le politique sur la nécessité de faire face à une menace globale dirigée contre les démocraties occidentales, contre laquelle un contre-terrorisme global doit être pensé et mis en œuvre.
Il s’agit de penser le terrorisme pour mieux l’affronter, en lui donnant des attributs propres, dissociés du concept classique de violence politique. C’est-à-dire le penser comme un phénomène singulier, distinct de tout autre type de violence, détaché de toute approche sociologique, pour le faire entrer dans un cadre sécuritaire propre à répondre à une violence d’exception, qui rend nécessaire la mise en place de mesures d’exception (état d’urgence, renforcement de la présence policière et des contrôles, développement de la surveillance préventive, actions clandestines de contre-terrorisme).
Une approche qui était de longue date enseignée au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines (DRMCC) de l’Université Paris II – Panthéon-Assas, dirigé par Xavier Raufer. Tenant du développement d’une criminalité hybride, où terrorisme, trafic de drogue, mafia, blanchiment de capitaux, fraude informatique et immigration se mélangent, créant des « hybrides politico-criminels ou « guérillas dégénérées[2]». Xavier Raufer, proche de l’extrême-droite – tout en disposant de ses entrées au sein des services spécialisés[3] – et d’Alain Bauer, rejette toute idée d’introduire de la sociologie ou de la psychologie ou tout autre approche philosophique dans l’antiterrorisme, dénonçant une « culture de l’excuse » qui voudrait décrire les terroristes comme des jeunes en situation d’échec social, de fragilité psychologique, de marginalisation[4]. Il rejoint en ce sens l’économiste américain Alan B. Krueger qui dans une étude publiée à Harvard après les attentats du 11 septembre 2001 écartait un lien entre pauvreté et terrorisme en ces termes : « les données analysées exposent peu de liens directs entre pauvreté, éducation et activisme terroriste[5] ».
Axant la riposte sur l’observation des individus dangereux, la nécessité de faire de l’antiterrorisme préventif et de repérer les « signaux faibles », Xavier Raufer reproche aux gouvernements de ne pas maîtriser ni comprendre les évènements, régissant après coup en compliquant le dispositif antiterroriste. Face à la mondialisation du crime et du terrorisme, il appelle en 2015 à « simplifier les appareils antiterroristes français et européens et les mettre en ordre de bataille[6] », dénonçant un trop grand nombre de services, invitant à la mise en place de services « minces, flexibles et efficaces », et le renseignement intérieur à adopter de nouveaux schémas de lecture pour « chercher les terroristes où ils sont », le danger émanant selon lui des « recalés du djihad, instables, renvoyés en Europe ou restant en France et trompant la surveillance », d’individus hybrides, criminels passés au terrorisme.
Le discours anxiogène sur la menace, qui trouve un écho puissant dans la sphère médiatique[7], se fonde, après le 11 septembre 2001, sur l’hypothèse d’un niveau accru de risque en raison de modes d’action plus diversifiés – notamment l’emploi d’armes chimiques, biologiques ou radiologiques – et de la multiplication de groupes djihadistes. De « l’hyperterrorisme » développé par François Heisbourg[8], aux nouveaux terroristes cherchant à perpétrer des actions de destruction massive[9], la sémantique d’une mutation de la menace imprègne le discours doctrinal, auquel fera écho une riposte politique sous l’égide de la « guerre contre le terrorisme[10] ».
Le niveau de risque posé, François Heisbourg en appelle à fonder la stratégie antiterroriste sur des hypothèses d’attaque (celle d’une destruction de masse et celle du recours à des techniques novatrices), ce qui induit la nécessité d’un développement adéquat des moyens de renseignement à travers un accroissement du personnel et des dotations budgétaires.
Cette posture n’a, malgré tout, pas empêché François Heisbourg[11], après les attentats de 2015, de souligner la nécessité de recentrer la riposte sur le territoire national, au-delà de l’action militaire engagée en Syrie. Il dénonce à la fois la disparition du renseignement de proximité autrefois fourni par les RG, le terme de « guerre » utilisé par les responsables politiques après les attentats, la tentation de jouer sur les peurs, et alerte quant à l’insertion de mesures d’exception dans le droit commun, rappelant que les terroristes « viennent pour la plupart de chez nous ».
Un axe critique sur la sécurité : la remise en cause du contre-terrorisme global
La récupération politique du thème de l’insécurité et du discours « catastrophiste » de certains criminologues est dénoncée par des chercheurs en sciences politiques et en sciences sociales, dans une réflexion qui dépasse le seul phénomène terroriste[12] et concerne un cadre sécuritaire plus large.
C’est dans ce courant que s’inscrit la réflexion engagée par le Centre d’études sur les conflits, dirigé par Didier Bigo[13], sur les limites de la sécurité et des moyens mis en place au nom d’une menace globale et d’un contre-terrorisme global. Cette approche critique de la sécurité à travers l’étude des politiques antiterroristes en Europe se veut une réflexion sociologique analysant les risques et les enjeux de la sécurité ainsi que les « structures de lutte mises en place par les agences policières, militaires, de renseignement ».
Dès 2008, les chercheurs du CCLS (Cultures et Conflits, Libertés et Sécurité), lieu d’expression des études critiques de sécurité en France, au nombre desquels Thomas Deltombe et Laurent Bonelli, ont porté un regard sur « les démocraties à l’épreuve du terrorisme[14] », conduisant à remettre en cause la notion de contre-terrorisme global, à travers l’étude :
– des moyens et des techniques de l’antiterrorisme : durcissement des législations, actions clandestines violant le droit international, guerres extérieures, extension de la surveillance de masse, pratiques d’exception, désinformation, limitation des libertés des uns au nom de la sécurité des autres ;
– de la notion de sécurité collective qui pour assurer l’ordre et la tranquillité « repenserait la relation entre danger, sécurité et liberté[15] », logique adoptée par les Etats-Unis dès 2001 et partagée par le Royaume-Uni et l’Union européenne, visant à décupler la recherche d’informations, augmenter le contrôle social, adopter des mesures d’exception transitoires pour répondre à un danger en perpétuelle évolution et illimité, et dépasser ainsi la lutte antiterroriste policière au profit d’une option militaire ;
– de l’impact sur les libertés et la menace des mesures prises par les démocraties, certaines mesures étant antidémocratiques et liberticides ;
– de l’efficacité des mesures qui clivent les sociétés et encouragent la violence qu’elle prétend combattre (développement des actions terroristes, opposition des populations locales dans les zones ciblées par l’action militaire, prophéties autoréalisatrices).
La réflexion engagée vise à s’interroger sur la contre-violence, sa justification, ses limites, et surtout son efficacité. Jusqu’où la riposte de l’Etat est-elle légitime ? Cela revient à questionner l’Etat et tous les acteurs « sur les mécanismes de leur propre violence quand bien même ils l’identifient à notre sécurité[16] ».
Elle porte également sur les limites des dispositifs exceptionnels mis en place et sur leur effet contre-productif, qui serait source d’échec dès lors que la proportionnalité entre la menace et la réponse serait dépassée[17]. L’action préventive donnerait-aux agences de renseignement, et qui plus est à l’action militaire, un pouvoir peu compatible avec les droits fondamentaux des individus dès lors qu’elle s’inscrit dans la recherche d’un « danger virtuel », passant de l’anticipation à la prédiction[18].
Le scénario du pire devient « une logique paranoïaque sans autre borne que l’imagination de celui qui l’émet[19] ». Ceci renvoie à la question des techniques de lutte antiterroriste et des pratiques qu’un Etat est prêt à mettre en place pour répondre à un sentiment d’insécurité : doit-on lutter en travaillant sur les auteurs connus des services à partir d’un travail de renseignement et de police criminelle, ou extraire coûte que coûte de l’information et établir des profils à partir d’une masse grandissante et indifférenciée de renseignement et d’une simulation hasardeuse du futur[20] ?
De 2017 à 2020, le Centre de recherches internationales (CERI) a mis en place un groupe de travail et d’information sur le terrorisme et l’antiterrorisme : l’Observatoire collaboratif du terrorisme, de l’antiterrorisme et des violences (OCTAV), chargé de réfléchir, notamment à travers un cycle de conférences, aux notions de « terrorisme » et « d’antiterrorisme », rejetant l’opposition classique entre les deux termes portés par le discours politique, d’expertise et médiatique, pour mettre en avant le mimétisme des pratiques entre terrorisme et antiterrorisme, perçue comme « forme renouvelée d’intervention des Etats contre la violence dite terroriste[21] ».
La place de l’islamisme dans le passage à l’acte terroriste
La réflexion sur la place du fait religieux dans la violence terroriste est le domaine où les débats sont les plus virulents et les oppositions les plus vives. Les concepts développés ne sont pas sans incidence sur la nature de la riposte à apporter, puisque selon que la violence s’inscrirait dans une stratégie fondamentaliste ou dans un dessin politique, ou emprunterait seulement un motif à un univers dont elle serait détachée, la connaissance du phénomène terroriste s’en trouverait différente et les techniques de prévention – à savoir à l’encontre de qui ? – et de répression s’en verraient modifiées.
La première interrogation porte sur le fait de savoir si, depuis la vision que nous en avons en France et plus largement en Europe, le djihadisme est au centre de l’expression terroriste ou simplement en périphérie. C’est là entrer dans le débat universitaire qui oppose depuis nombre d’années, la thèse défendue notamment par Gilles Kepel, professeur à l’Institut d’études politiques de Paris, et celle avancée par Olivier Roy, professeur à l’institut universitaire de Florence.
Une approche divergente qui porte d’abord sur l’origine de l’action terroriste
La première thèse, dite essentialiste, part du constat d’un processus de développement de l’islamisme radical en France[22] qui se veut porteur d’un djihadisme qui trouve son expression dans les attentats commis sur le sol français, notamment en 2015. Ce « défi mortel que pose le djihadisme à notre pays[23] » serait insuffisamment pris en compte par les pays occidentaux, alors même qu’un continuum existe entre le développement du salafisme (apparu après la guerre du Golfe avec l’aide de l’Arabie saoudite), de l’islamisme et les actes terroristes[24], et que l’emprise de la mouvance salafiste dans la société – via les banlieues devenues le lieu d’une islamisation de la France[25] – est téléguidée par des puissances étrangères (pays du Golfe).
Gilles Kepel part de la lecture des discours, des prêches et de la pensée djihadiste, d’entretiens avec des djihadistes en prison, pour dresser une généalogie du djihadisme contemporain et alerter sur le danger que représente l’islamisation au sein de la société française auprès d’une jeunesse désœuvrée, manipulable. Le phénomène, né en 1928 avec les Frères musulmans, s’est transformé au cours de plusieurs périodes, s’adaptant aux circonstances, mais se présente bien comme un continuum[26], dont nous connaitrions aujourd’hui l’expression à travers les actes terroristes qui frappent la France, rendus possibles par une « communauté française de plus en plus islamisée[27] ». La première période de 1979 à 1997 s’étend de l’Afghanistan à la violence en Algérie, la deuxième période correspond à Al-Qaeda et au 11 septembre 2001, la troisième période a débuté en 2005 et a débouché sur les attentats de 2015 et 2016[28].
Cette théorie trouve un relais politique puisque la relation entre le salafisme et le djihadisme est dénoncée par Manuel Valls en ces termes : « il y a une forme de minorité agissante, des groupes salafistes sont en train de gagner la bataille idéologique et culturelle sur l’islam[29] ». Il l’est également par François Fillon dans son ouvrage Vaincre le totalitarisme islamique[30], publié quelques temps avant la campagne présidentielle de 2017.
La deuxième thèse, portée par Olivier Roy – qui s’attire les foudres des tenants de la théorie précédente -, met à distance le religieux et voit dans le recours au terrorisme non pas une conséquence du salafisme (dont il constate également l’existence dans les banlieues françaises), mais l’expression d’une violence radicale[31] qui emprunte le masque de la religion, sans en porter l’essence. Le djihadisme est présenté comme une « révolte générationnelle et nihiliste[32] » à travers une islamisation de la radicalité, par opposition à une radicalisation de l’islam[33].
A partir des études réalisées sur les radicalisations de l’Islam en Afghanistan, sur les biographies de terroristes, sur les sources journalistiques, Olivier Roy pose le principe selon lequel la violence qui s’exprime à travers le terrorisme est moins une question de religion qu’une révolte générationnelle :
– le ralliement à Daech est opportuniste, comme il l’était à Al-Qaeda et au GIA algérien,
– il n’y a pas de nouvelle génération de djihadistes, mais depuis 1996 une radicalité de la deuxième génération de musulmans et des convertis de souche,
– Daech puise ses ressources dans un vivier qui existe en Occident,
– la révolte perdurera après la disparition de Daech.
En intégrant une approche philosophique et psychologique dans sa réflexion basée sur l’observation de la société française, Olivier Roy met sciemment à distance le religieux, mais également l’incidence de la politique étrangère de la France sur la radicalité. Il conteste « une vision d’un monde musulman qui irait de Kaboul à La Courneuve, une vision culturaliste, linéaire, où tout partirait de Daech, du salafisme et aboutirait au terrorisme[34] » et qui ferait un lien entre « voile et terrorisme ».
L’enjeu devient celui de la présence de la population musulmane en France[35] :
– les jeunes radicalisés sont en rupture avec l’Islam de leurs parents et avec les cultures des sociétés musulmanes,
– ils inventent l’islam qu’ils opposent à l’Occident,
– ils ne sont pas insérés dans les communautés religieuses locales,
– ils s’autoradicalisent sur Internet,
– il n’y a pas de communauté musulmane mais une population musulmane.
Les auteurs d’attentats en France (de Khaled Kelkal aux frères Kouachi) se sont radicalisés en dehors de la communauté musulmane présente dans notre pays. Ils seraient des activistes et non des salafistes, radicalisés très rapidement « dans le choix d’une version djihadiste de l’islam, après avoir vécu une vie normale de jeune occidentalisé[36] ».
Une approche divergente qui porte également sur la finalité poursuivie par les terroristes. Pour les tenants d’une action djihadiste sur le sol français, l’objectif recherché est une déstabilisation de l’ordre occidental, de l’Etat, notamment en perturbant le processus électoral[37], et une lutte contre les mécréants. Face à ce constat, Gilles Kepel met en cause les politiques publiques conduites tant dans le domaine de la ville que dans le milieu carcéral, qui n’ont pas su empêcher la progression des facteurs du djihadisme (diffusion d’une propagande anti-occidentale et volonté d’empêcher l’intégration des jeunes musulmans[38]). Manipulant la notion d’islamophobie, les islamistes contribueraient sciemment à créer une identité musulmane victimaire au sein de la société française[39]. L’analyse est reprise par Philippe d’Iribarne, directeur de recherche au CNRS, dans un ouvrage récent[40], qui voit dans le discours victimaire un vecteur propice au développement d’une lutte en faveur d’une contre-société islamiste, ou d’un engagement dans le djihad.
Pour les tenants de l’autre thèse, les terroristes « n’œuvrent pas à l’islamisation des sociétés mais à leur fantasme d’héroïsme malsain. Les terroristes ne sont pas l’avant-garde d’une communauté musulmane en voie de radicalisation[41] ». La révolte de la jeunesse est le cœur du problème, lequel ne puise pas sa source dans le conflit lié à l’islam à travers le monde, ni dans une guerre de civilisations. Olivier Roy rejette l’idée selon laquelle « le terrorisme serait l’expression exacerbée d’’un « vrai » islam qui se ramènerait à la suprématie de la norme (charia) et au djihad conquérant[42] ».
Une approche divergente qui a une incidence sur les moyens de la lutte antiterroriste
En effet, ces moyens dépendent étroitement de la réponse apportée à la question : qui sont les terroristes ? Dès l’instant où le djihadisme présent sur le territoire est pensé comme le fer de lance du passage à l’action terroriste, la lutte antiterroriste pour être efficace et cibler le bon objectif doit intégrer une connaissance de l’islam et des schémas de pensée djihadiste, et accroître le contrôle de l’accès à l’interprétation politique des textes religieux. Une absence de maitrise des sources du phénomène que dénonce Gilles Kepel, les réalités sociologiques, doctrinales et culturelles du djihadisme, la culture salafo-djihadiste ne seraient connues ni des personnels de renseignement ni des psychologues manant les politiques de déradicalisation dans le monde pénitentiaire[43]. Autant d’éléments qui, selon cette vision, permettraient de comprendre les processus de radicalisation observés dans les cités, les prisons ou sur internet.
Rejetant tout concept d’islamophobie présenté comme l’expression d’une posture victimaire faisant le jeu des djihadistes, Gilles Kepel appelle de ses vœux le développement d’un centre de recherche sur l’islamisme qui permettrait d’éclairer le politique sur le phénomène et ainsi de prendre les mesures adéquates de lutte contre la radicalisation et, par suite, le terrorisme.
A l’inverse, selon l’approche défendue par Olivier Roy, la violence terroriste est à appréhender à travers le prisme multiséculaire de la violence radicale ; la lutte contre le terrorisme n’est alors pas contrainte par une approche religieuse de la menace ni par une étude de l’islam – qui ne seraient alors pas indispensables pour expliquer le passage à l’acte terroriste – pour se concentrer sur les facteurs de la révolte[44], qui ont en leur temps nourris d’autres radicalités. Une réflexion qui rejoint l’approche du djihadisme faite par Dominique Thomas, chercheur associé à l’Institut d’études de l’Islam et des sociétés du monde musulman, qui voit ce phénomène comme « un courant qui utilise la violence comme mode d’action, à l’instar d’autres groupes politiques violents qui ont structuré d’autres courants de pensée et qui ont basculé dans la violence politique (nationalistes armés, gauchistes radicaux…)[45] ».
La deuxième interrogation porte sur l’impact de la dimension politique des phénomènes et le rôle de l’islam politique. Elle est portée par des chercheurs menant une analyse qui part d’une vision depuis le monde arabe, inscrite dans un contexte géopolitique, et non d’une approche depuis le territoire français à travers le seul prisme des banlieues.
L’explication dite « tiers-mondiste », défendue notamment par François Burgat, directeur de recherche au CNRS et à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman, part de l’héritage post-colonial et de ses conséquences en matière de racisme et de discrimination dans les sociétés européennes, et place la notion politique de l’islam au cœur de son analyse. Selon lui, « la répression des acteurs politiques musulmans par les régimes autoritaires et leur mise au ban par les États occidentaux ont contribué à alimenter frustrations, polarisations, violences, radicalisations, terrorisme[46] ». Il s’oppose en cela à l’approche d’Olivier Roy[47], qui conduit à dépolitiser l’approche de l’islam et, par suite, le passage à l’acte terroriste. Les engagements radicaux seraient l’expression d’une exaspération croissante des musulmans dans les sociétés arabes et en Europe, l’islamisme s’entend comme une réponse des opprimés et s’inscrit alors dans un cadre géopolitique et social ; et le passage à l’acte terroriste apparait comme la conséquence des erreurs des politiques étrangères occidentales et française[48]. Cela explique la « capacité de mobilisation de la fraction islamiste radicale[49] ».
La dimension politique des phénomènes de montée de l’islamisme, de radicalisation transnationale et de terrorisme international est estimée, par François Burgat, essentielle à la compréhension et au traitement du sujet. Cette approche conduit à éloigner la motivation religieuse du premier cercle et s’oppose ainsi à la thèse essentialiste, puisque les motivations de la contestation violente seraient avant tout « profanes et politiques[50] ». « La violence « islamique » ne vient donc pas de « l’Islam ». Elle est le produit de l’histoire récente des musulmans, une histoire écrite à plusieurs mains dont celle du grand voisin occidental » écrit François Burgat[51].
La réponse à apporter doit alors intégrer la politique étrangère menée par les pays occidentaux, la remise en cause de la domination occidentale et ne peut se limiter à une approche sécuritaire.
Cette réflexion conduite depuis le monde arabe est portée par des chercheurs qui parlent arabe et travaillent à partir de ce qui se passe en Orient, développant une compréhension au plus près des réalités. Jean-Pierre Filiu, professeur de sciences politique à l’Institut d’études politiques de Paris, chercheur au CERI, s’inscrit dans ce courant et se distingue par ses prises de positions ouvertes en faveur de la rébellion syrienne. La guerre engagée au Moyen-Orient se répercuterait sur le sol national, dont l’acte terroriste serait une conséquence. Jean-Pierre Filiu s’inscrit dans le discours opérant une rupture entre la religion et la violence portée par Daech en Syrie et les recrutements en Europe, qu’il identifie à une violence sectaire. « La religion du jihad est en guerre contre l’Islam, et n’a pas rien à voir avec l’Islam », le califat (pris dans son absence de dimension religieuse qui renvoie au Calife) et le djihad (djihad de libération nationale face à la colonisation et jusqu’en Russie) « ont été dénaturés par cette secte « Daech » » expose-t-il en 2015 dans une conférence à l’université de Genève[52]. Cela se traduit à ses yeux par :
– un accroissement du recrutement de djihadistes européens après les bombardements en Syrie, qui sera croissant tant que le conflit durera ;
– une stratégie terroriste menée en Europe, où les attentats cherchent à provoquer des représailles antimusulmanes ou une surréaction militaire qui serait désastreuse ;
– l’engrenage dans la radicalisation de personnes qui n’ont rien à voir avec l’islam, mais entrent dans une secte contre leur famille, leurs traditions, répondant à une idéologie sectaire qui a raison contre les autres et contre les musulmans.
Le discours sectaire/anti-sectaire devient alors une piste, dans la méthode antiterroriste, pour endiguer le phénomène et traiter les personnes embrigadées.
Concilier les deux approches
Les regards portés sur l’islamisme, loin de s’opposer, contrairement à la rigidité sur laquelle s’arcboutent les défenseurs de ces thèses, mériteraient de se compléter, le phénomène agrégeant sans aucun doute des éléments de chaque analyse. La radicalisation, au sens de l’adoption d’une pensée sectaire – pouvant évoluer vers l’usage de la violence armée, dont une expression jusqu’au-boutiste s’exprime par le passage à l’acte terroriste – serait une fusion de parcours personnel, rupture, mal être social, croyance religieuse, attirance vers les référents salafistes, approche géopolitique, sentiment de discrimination de la communauté musulmane, dimension eschatologique. Le lien entre l’extrémisme, le fondamentalisme et le passage au terrorisme est d’ailleurs remis en cause dans plusieurs études démontrant qu’un comportement radical ne conduit pas forcément un passage à la violence, et qu’une radicalisation violente ne débouche pas de facto sur une violence terroriste, déconstruisant ainsi la théorie d’un lien de cause à effet entre pratique salafiste et passage à l’acte terroriste[53].
Il est intéressant de confronter ces thèses à l’analyse de profils terroristes réalisée par une équipe de recherche dirigée par Xavier Crettiez et Romain Sèze, dans une enquête sur les mécanismes de radicalisation menée en 2017 pour la mission de recherche Droit et Justice[54]. Allant bien au-delà d’une analyse habituelle des profils terroristes à travers des sources journalistiques pour se livrer à un travail scientifique d’entretiens biographiques auprès de 20 personnes condamnées pour des faits de terrorisme, cette étude vise à « penser la radicalisation en termes de processus, communs à plusieurs expériences de lutte, et faisant intervenir des mécanismes multiples d’implication (cognitif, relationnel, de socialisation, psychologique[55] ». Elle conduit ainsi à « relativiser ces oppositions […] par certaines aspects artificiels ».
L’approche multi-causale présentée comme pouvant être à l’origine du passage à l’acte se réfère à trois types d’influences cumulatives[56] :
– Le parcours des acteurs : la rapidité et la volonté d’engagement est liée à la disponibilité des personnes en raison de leur âge et d’attaches faibles (professionnelles et familiales). Elle prend souvent la forme d’une socialisation familiale et relationnelle[57]. Le passage à la délinquance, l’échec scolaire et la déstructuration familiale ne seraient pas des facteurs pertinents, tout comme l’image de jeunes incultes (des connaissances rudimentaires et un intérêt pour la lecture ont été observés).
L’engagement dans la violence est la résultante de séjours à l’étranger dans des zones de conflit, une découverte de l’Islam d’abord de façon individuelle, sans lien avec les imams et les mosquées, qui se traduit par un rejet des instances officielles de l’Islam et une découverte du salafisme (présentée comme l’offre dominante et la plus « glamour » sur le marché, notamment via internet, qui procure des rudiments de croyance et de pratiques à travers un discours simple), puis par l’intégration à un groupe qui occasionne une rupture dans leur style de vie sociale et transmet un savoir et une pratique djihadiste. Le salafisme est vu, depuis cette enquête de terrain, comme une référence qui « participe de bricolages et non de l’intériorisation d’une idéologie ». C’est là aussi déconstruire « l’idée selon laquelle le salafisme se réduirait un sas idéologique menant à la violence, pour reconsidérer (…) la marge d’autonomie des acteurs dont le rapport à la religion relève visiblement du « braconnage culturel » ».
– Les connaissances : les références religieuses (l’influence marquée des textes religieux ressort des entretiens réalisés), idéologiques (l’idéologie djihadiste donne du sens à l’engagement) et politiques (à travers un discours géopolitique qui en appelle à l’anti-impérialisme, au complotisme) tiennent une place importante dans l’engagement radical et ont une influence sur les trajectoires violentes, ce qui conduit à souligner le caractère politique de la lutte islamiste djihadiste, «une conscientisation politique mobilisatrice vient donc se greffer sur un itinéraire religieux ». A travers ces références, les acteurs écartent l’image de victime pour se présenter comme combattant dont l’engagement est intentionnel et réfléchi.
– Les logiques psychosociales : les facteurs influents sont décrits comme étant d’une part, le sentiment de discrimination de la population musulmane et les images des populations sunnites opprimées, torturées, massacrées, dans les zones de conflits, et d’autre part, le désir de reconnaissance, qualifié de « bovarisme militant » qui expliquerait les « conversions à l’islamisme radical de la part d’acteurs au passé délinquant ».
Et maintenant ?
Si la recherche universitaire s’est consacrée à l’étude du phénomène terroriste et à l’étude de la réponse sécuritaire, très peu d’analyses ont jusqu’à présent concerné le lien entre ces deux champs, à savoir à la conséquence de l’appréhension et de la compréhension que l’on a de la nature du terrorisme (son origine, ses vecteurs, ses finalités et objectifs) sur l’adéquation de la réponse antiterroriste mise en place (tant structurelle, opérationnelle que politique).
Bien peu d’analyses proposent une vision globale qui irait de la motivation du tueur à l’environnement dans lequel elle se déploie, et qui embrasserait ainsi l’ensemble des forces sociales, politiques, journalistiques, philosophiques, économiques et policières qui interviennent.
Rares sont de toute façon les analystes qui possèdent une vision globale de la relation terroriste qui rapproche, souvent de manière mimétique, politiques de sécurité et répertoires d’action clandestine, agents et activistes. Parmi eux, François Thuillier peut s’appuyer à la fois sur une longue expérience dans les services spécialisés et sur les acquis de la recherche universitaire, ce qui, selon certains, fait de lui le Marc Sageman français. C’est d’ailleurs l’expert américain qui signe la préface de son dernier ouvrage, La révolution antiterroriste[58].
Thuillier étudie la circularité de la violence terroriste et ses effets sur le discours politique. Selon lui, notre méconnaissance des déterminants du passage à l’acte terroriste, ou plutôt notre refus de les prendre en compte, et l’irresponsabilité des milieux politiques sécuritaires et du secteur marchand de l’information nous mettent en danger. Tant que, en raison des intérêts criminels d’une minorité et de la paresse intellectuelle du plus grand nombre, nous serons incapables d’opposer la raison, et quelques principes républicains et laïcs à la menace terroriste, celle-ci continuera d’imprimer sa marque sur la cité, pour le plus grand profit de ceux qui en ont fait un outil de « dissuasion civile », une rente électorale ou une plus-value publicitaire.
C’est pourquoi il propose d’introduire un peu de démocratie et d’intelligence dans le huis-clos actuel entre les politiques – qui ne dénoncent que ce qui leur rapporte des voix – et les services – qui ne travaillent jamais aussi bien que sur ce qu’ils connaissent déjà. L’on s’aperçoit ainsi – comme cela se fait dans les pays où la parole antiterroriste s’est radicalisée (cf. Israël[59]) et se voit prise en otage par les idéologies – que ce sont parfois les anciens dirigeants ou cadres des services de renseignement eux-mêmes qui, libérés du secret et forts de leurs expériences passées, délivrent finalement sur ce sujet l’analyse la plus décomplexée et la plus innovante.
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La frilosité et l’apathie de la recherche universitaire en matière de terrorisme s’expliquent en France de plusieurs manières : absence d’intérêt des pouvoirs publics, et en particulier des services spécialisés, raréfaction des budgets de recherche, querelles d’égos et de disciplines entre elles, et lobbies puissants ayant intérêt à la visibilité et la perpétuation d’une telle menace. Pourtant, c’est par notre volonté de la comprendre que, à défaut de la gagner, nous maîtriserons cette « guerre » qui, le reconnaitra-t-on enfin, ne connaîtra jamais de solution militaire.
[1] Gilles Kepel « Il faut écouter les prêches du vendredi », Libération, 14 avril 2016.
[2] Xavier Raufer, Les superpuissances du crime : enquête sur le narco-terrorisme, Paris, Plon, 1993.
[3] Il intervient comme consultant depuis des années dans nombre de cénacles officiels, forme certains cadres des services antiterroristes dans son centre, préface à l’occasion les ouvrages de ses fidèles, le tout dans un consensus apparent et avec, depuis de nombreuses années, l’accord tacite des ministres de l’Intérieur successifs.
[4] Xavier Raufer, Contrepoints, 16 juin 2016.
[5] Alan B. Krueger, « Education, poverty, political violence and terrorism: Is there a causal connection? », NBER, Working Paper, n° 9074, juillet 2002.
[6] Xavier Raufer, « Il n’y a pas de service antiterroriste en France », entretien, Contrepoints.org, 15 juillet 2016
[7] Voir à ce sujet l’étude critique de Thomas Deltombe L’anti-terrorisme et ses « experts », 5 juin 2014, site LMSI.net
[8] François Heisbourg, Hyperterrorisme, Odile Jacob, Paris, 2002.
[9] Roland Jacquard, président de l’Observatoire international du terrorisme, met en avant le risque qu’un terrorisme nucléaire, bactériologique ou informatique. Interviewé dans l’émission C dans l’air, sur France 5, le 19 mai 2003, il déclarait « Il faut être extrêmement prudent et se préparer à cette guerre de demain, parce qu’elle arrivera malheureusement un jour ».
[10] Terme utilisé par le Président Hollande au lendemain des attentats de 2015, discours devant le parlement réuni en congrès à Versailles le 16 novembre 2015.
[11] François Heisbourg, Comment perdre la guerre contre le terrorisme, Stock, Paris, 2016.
[12] Laurent Mucchieli, Violence et insécurité. Fantasmes et réalité dans le débat français, La Découverte, 2001
[13] Didier Bigo est fondateur et rédacteur en chef de la revue Cultures & Conflits et co-rédacteur en chef de la revue IPS (International Political Sociology), directeur du Centre d’Etudes sur les Conflits, liberté et sécurité (CCLS), il est professeur de sociologie de l’international à Sciences Po et professeur au King’s College à Londres.
[14] Au nom du 11 septembre… Les démocraties à l’épreuve de l’antiterrorisme, en collaboration avec Didier Bigo et Thomas Deltombe, La Découverte, 2008
[15] Ibid
[16] Ibid
[17] Cultures et Conflits n°61, mars 2006
[18] Cultures et Conflits n°58, juin 2005
[19] Au nom du 11 septembre… op.cit.
[20] Idem.
[21] Sciences Po CERI, site internet, groupe de travail et d’information sur le terrorisme et le contre-terrorisme
[22] Gilles Kepel, Terreur dans l’Hexagone Genèse du jihad français, Gallimard, 2015.
[23] Gilles Kepel, La Fracture, Gallimard, 2016
[24] Xavier Crettiez parle au sujet de cette thèse d’une « lecture verticale allant du Coran à Daech », Xavier Crettiez, Romain Sèze, « Saisir les mécanismes de la radicalisation violente : pour une analyse processuelle et biographique des engagements violents », Rapport de recherche pour la Mission de recherche Droit et Justice, 2017.
[25] Leyla Dakhli, L’islamologie est un sport de combat, HAL, Archives-ouvertes.fr, 9 décembre 2016.
[26] Ibid.
[27] Ibid.
[28] Gilles Kepel, Libération, interview 14 avril 2016.
[29] Manuel Valls, journée de conférences et de débats sur « l’islamisme et la récupération populiste en Europe», organisée par le forum «Le Sursaut» en partenariat avec Le Figaro, 4 avril 2016.
[30] François Fillon, Vaincre le totalitarisme islamique, Albin Michel, 2016.
[31] Xavier Crettiez dans son étude sur les mécanismes de la radicalisation violente se livre à une comparaison entre la radicalisation nationaliste basque et corse et la radicalisation djihadiste, op. cit.
[32] Olivier Roy, Le Monde, Tribune, 24 novembre 2015.
[33] Olivier Roy, Le Djihad et la Mort, Paris, Le Seuil, coll. « Débats », 2016.
[34] Olivier Roy, « Les terroristes ne sont pas l’avant-garde d’une communauté musulmane en voie de radicalisation », Le Monde.fr, 15 juin 2017
[35] Olivier Roy, La Sainte Ignorance, Le Seuil, 2008.
[36] Olivier Roy, « Les terroristes ne sont pas l’avant-garde d’une communauté musulmane en voie de radicalisation », op. cit.
[37] Gilles Kepel, interview BFM et RMC, 21 août 2017.
[38] Ibid.
[39] Gilles Kepel, Terreur dans l’hexagone, Gallimard, 2015.
[40] Philippe d’Iribarne, Islamophobie, intoxication idéologique », Albin Michel, 2019.
[41] Olivier Roy, « Les terroristes ne sont pas l’avant-garde d’une communauté musulmane en voie de radicalisation », op. cit.
[42] Olivier Roy, La Sainte Ignorance, Le Seuil, 2008.
[43] Gilles Kepel, Le Point.fr, 18 décembre 2018
[44] Olivier Roy, « C’est la radicalisation de la jeunesse qui m’intéresse », Libération, 14 avril 2016.
[45] Dominique Thomas cité dans Libération, « La jihadologie, une matière explosive », 14 avril 2016.
[46] François Burgat, Comprendre l’Islam politique, La Découverte, 2016.
[47] Olivier Roy rejette pour sa part toute explication tiers-mondiste du phénomène terroriste.
[48] Leyla Dakhli, « L’islamologie est un sport de combat », op. cit.
[49] François Burgat, op. cit.
[50] Ibid.
[51] Ibid, p. 20.
[52] Université de Genève, « Califat et jihad aux portes de l’Europe », 6 mars 2015.
[53] Samir Amghar, « Le salafisme en France : de la révolution islamique à la révolution conservatrice », Critique Internationale, n°40, 2008.
[54] Xavier Crettiez, Romain Sèze, « Saisir les mécanismes de la radicalisation violente : pour une analyse processuelle et biographique des engagements violents », Rapport de recherche pour la Mission de recherche Droit et Justice, 2017.
[55] Ibid, p. 10.
[56] Cette présentation est issue de l’étude réalisée par Xavier Crettiez et Romain Sèze, « Saisir les mécanismes de la radicalisation violente : pour une analyse processuelle et biographique des engagements violents », Rapport de recherche pour la Mission de recherche Droit et Justice, 2017
[57] Marc Sageman a analysé le poids des réseaux amicaux, sportifs et associatifs dans la constitution de communautés salafistes radicalisées.
[58] François Thuillier, La révolution antiterroriste, Paris, Temps Présent, 2019. Ce livre tente une lecture critique de notre politique antiterroriste. Au moment de sa sortie, le ministère de l’Intérieur, comme avant lui avec le chercheur Sébastian Roché, écarté pour avoir remis en cause les pratiques de maintien de l’ordre, a d’ailleurs brutalement mis fin au contrat d’expert qui liait l’auteur depuis des années aux services antiterroristes.
[59] Cf. Les Sentinelles de Dror Moreh, Editions Héloïse D’Ormesson, 2015.