Les services de renseignement et de sécurité d’Asie du Sud
Alain LAMBALLE
Les pays d’Asie du Sud entretiennent entre eux des relations difficiles et parfois aussi avec les pays environnants, Iran, Afghanistan, Chine et Birmanie. Il est donc logique que leurs services de renseignement aient comme priorité les États voisins. Les domaines privilégiés concernent les problèmes politiques et sécuritaires, la lutte contre le terrorisme constituant une priorité. Le domaine économique reçoit une attention plus restreinte.
La prédominance accordée aux pays régionaux ne signifie pas que les services de renseignement sud-asiatiques négligent les autres pays du monde. Il n’en est rien, d’autant plus que les diasporas que l’on trouve sur tous les continents peuvent posséder en leur sein des éléments hostiles qu’il convient de surveiller. Dans les pays développés, les Indiens comme les Pakistanais recherchent par ailleurs des informations économiques et scientifiques.
L’Inde possède un service de renseignement intérieur, l’Intelligence Bureau (IB), un service de renseignement extérieur, la Research and Analysis Wing (R & AW), un service de renseignement interarmées, la Defense Intelligence Agency (DIA), des services de renseignement paramilitaires et divers organismes civils. La National Technical Research Organisation (NTRO) est responsable de la recherche scientifique et technique. Divers autres services complètent la communauté du renseignement. Les services de renseignement indiens ont été organisés relativement tard.
Ils se retrouvent presque tous en sous-effectifs et manquent de personnels compétents, notamment de linguistes et des scientifiques. Ils se retrouvent parfois démunis pour prévenir des attaques terroristes et ne sont pas en mesure de contrer d’importantes attaques informatiques.
La coordination de tous ces services se fait mal. L’absence d’un chef d’état-major des armées empêche la montée en puissance de la Defense Intelligence Agency. La suspicion entre civils et militaires s’étend au domaine du renseignement. La Research and Analysis Wing (R & AW) entretient des relations étroites avec le Mossad israélien.
Le Pakistan dispose d’un service de renseignement intérieur, portant le même nom que son homologue indien, l’Intelligence Bureau (IB), un service de renseignement extérieur, le Directorate General for Inter-Services Intelligence, connu sous le sigle ISI, des services de renseignement militaires et diverses autres agences rattachées à des ministères civils.
L’ISI, omnipotent, aux missions étendues, est contrôlé par l’armée de terre. Il coordonne toutes les activités de renseignement du pays. La plupart des analystes politiques considèrent qu’il intervient dans la politique intérieure (malgré quelques dénis officiels) et oriente la politique étrangère du Pakistan, notamment mais pas exclusivement à l’égard des pays voisins, tout particulièrement l’Inde et l’Afghanistan.
L’ISI a toujours cherché à infiltrer les forces de sécurité indiennes, notamment par le recrutement de musulmans. Il entretient des contacts avec les insurgés maoïstes agissant dans le centre de l’Inde, peut-être en liaison avec son homologue chinois. Le service est aussi en liaison avec diverses organisations islamistes indiennes, étudiantes en particulier. L’ISI entretient d’excellentes relations avec les organismes de renseignement chinois.
le rapport