Quelle contribution de l’arme aérienne aux besoins en renseignements civils et militaires à l’horizon 2035 ?
Eric DENÉCÉ, Général Michel MASSON, Michel NESTERENKO et Jean-François LOEWENTHAL
En 2016, le renseignement est plus que jamais au cœur des conflits modernes. Cette prise de conscience, amorcée avec la création de la Direction du renseignement militaire (DRM) en 1992, a été politiquement appuyée par les Livres blancs (LBDSN) de 2008 et de 2013. La fonction stratégique « Connaissance et anticipation » qui a ainsi été consacrée, alimente chaque jour un peu plus l’intérêt du politique et la réflexion militaire. L’armée de l’air, qui trouva son fondement historique dans ce besoin, a depuis conservé une place majeure au sein de cette fonction. Mais avec le temps, le monde a évolué, et les hypothèses d’engagement des forces armées se sont multipliées et diversifiées. L’effacement ou la porosité des frontières – géographiques, organisationnelles ou intellectuelles – entre risques et menaces, la primauté donnée à un traitement avant tout politique en même temps que médiatique aux différents conflits, directs comme asymétriques, amènent à reconsidérer la primauté autrefois donné à l’action.
Soucieuse de toujours « précéder la machine », c’est-à-dire d’anticiper, l’armée de l’air réfléchit dans ce contexte à son futur Système de combat aérien (SCAF). Mais le renseignement devient omniprésent et amène à penser plus avant à la fois aux moyens qui lui sont consacrés (acquisition, traitement, exploitation, diffusion et stockage), aux organisations, aux doctrines et surtout à la pierre angulaire de l’ensemble, la ressource humaine. En l’occurrence, les questions qui se posent à elle sont les suivantes :
- Quelle contribution au renseignement national, en France et hors des frontières, dans le continuum sécuritaire civil et militaire à l’horizon 20 ans ?
- Quels futurs besoins en renseignements dans le cadre des missions permanentes et de la participation à la manœuvre interarmées ?
Pour tenter d’y répondre, la présente étude se penche, en premier lieu, sur le nouveau contexte des opérations et ses caractéristiques, en mettant en lumière les enseignements des conflits récents et les défis pour l’arme aérienne. En second lieu, l’étude présente les segments prioritaires du renseignement Air pour les 20 ans à venir. Enfin, cet état des lieux conduit à mettre en exergue les défis, priorités et choix pour le renseignement Air.
Outre que le renseignement Air sera soumis à de nouvelles exigences liées aux évolutions de la situation internationale et aux défis du futur en matière de conflits armés – les plus dimensionnant étant l’entrée en premier, le rôle de nation-cadre et les exigences des stratégies de déni d’accès – il restera soumis à un contexte budgétaire contraint. Cela le conduira nécessairement à évoluer, en accordant la priorité aux ressources humaines spécialisées, tout en faisant des arbitrages sur les moyens nécessaires au système de combat aérien du futur dans les six domaines identifiés par cette étude: l’ISR – et le rôle des drones -, la maîtrise de l’information, la guerre électronique, la maîtrise du cyber environnement, la protection du territoire national et le renseignement dans l’espace exo-atmosphérique.
Rapport confidentiel.