La « guerre de l’information » des activistes islamiques
Alain RODIER
Exploitant activement une des particularités du système démocratique, la liberté de la presse, les activistes islamiques sont en train de gagner la "guerre de l'information" qu'ils ont déclenché contre l'Occident.
Une habile exploitation des exactions occidentales
A l'image des opérations d'intoxication menées par le KGB pendant la Guerre froide, les activistes islamiques font diffuser par les médias arabes et occidentaux, des images qui mobilisent la fureur des musulmans dans le monde entier et donnent un peu plus « mauvaise conscience » à leurs ennemis jurés, les « Juifs et les Croisés ».
- Les fameuses caricatures de Mahomet ont provoqué l'émoi et les désordres que l'on connaît : manifestations de masse, attaques de locaux diplomatiques, etc.
- Sont venues ensuite les révélations concernant des tortures qui auraient été infligées par des policiers français à l'égard de suspects arrêtés dans le cadre des enquêtes concernant les attentats survenus dans le métro parisien en 1995.
- Les forces britanniques, pourtant réputées pour leur professionnalisme, se sont rendues coupables d'exactions en Irak. Une vidéo « amateur » vient d'être largement diffusée par toutes les télévisions qui montre des soldats de sa gracieuse Majesté en train de malmener sévèrement des jeunes manifestants irakiens.
- Surtout, la presse australienne a révélé les sévices inacceptables infligés aux prisonniers d'Abou Ghraib,
- Enfin, les rumeurs les plus folles concernant les activités des geôliers américains de Guantanamo ont trouvé un large écho dans la presse mondiale.
Il est probable que de nouvelles « preuves » de l'inconduite de membres des forces de sécurité occidentales seront encore bientôt révélées au public.
Cependant, il faut s'interroger sur l'origine de cette campagne qui mêle habilement le vrai et le faux. Si l'on ne peut douter de la véracité de plusieurs documents publiés et des exactions constatées, d'autres allégations semblent avoir été fabriquées de toutes pièces. Par exemple, la profanation du Coran à Guantanamo.
Bien sûr, les actes réels de maltraitance sont éminemment condamnables, mais ils semblent n'être que l'apanage d'individus isolés qui ont « dérapés». Quelle que soit la situation de stress dans laquelle ces personnes sont plongées, leur attitude n'est en rien excusable, d'autant qu'elles doivent justement garder tout leur sang-froid, la cause qu'elles représentent – la démocratie – ne pouvant souffrir aucun écart de conduite. Ces éléments fautifs sont condamnés sans ambiguïté par la totalité de leurs collègues.
Si les exactions commises par des forces occidentales sont immédiatement connues et condamnées, il est en revanche nécessaire de souligner que les informations concernant les exactions menées par les terroristes islamiques, Al-Zarqaoui en tête : les assassinats, attaques et divers enlèvements commis à l'encontre d'Occidentaux ou de musulmans jugés comme trop modérés, sont traitées avec d'infinies précautions par les médias arabes, quand elles ne sont pas purement et simplement occultées.
A qui profite la situation ?
Qui est actuellement capable de mener cette guerre psychologique et qui y trouve intérêt ? Les services secrets iraniens semblent être les seuls à avoir les moyens techniques de se livrer à une telle guerre de l'information. Comme le KGB à sa grande époque, ils s'appuient sur ceux que Lénine désignait déjà comme des « imbéciles utiles » : les « intellectuels » dont le plus grand plaisir est l'autoflagellation, ou plutôt, la flagellation de leurs compatriotes et des pouvoirs en place, fussent-ils démocratiques.
Les résultats risquent d'être à l'image de ceux survenus durant les guerres d'Algérie ou du Vietnam. Alors que les Occidentaux ont les moyens techniques de remporter le combat sur le terrain, leur action est sapée en profondeur en utilisant les populations pour qu'elles exigent le retrait des moyens militaires. L'étape suivante peut consister à pousser les populations musulmanes dans la rue afin d'obtenir encore plus de concessions de la part des pays démocratiques : port du voile autorisé au sein des administrations et des écoles (ce qui existe déjà aux Etats-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne, etc), établissement de médiateurs – pour ne pas dire tribunaux – islamiques (cf. Canada), acceptation de règles islamiques dans les Etats qui se disent laïques, etc.
Quoique puissent en dire de nombreux hommes politiques européens, c'est bien une guerre des civilisations qui est engagée. Cela a été voulu par Oussama Ben Laden, influencé par les Frères musulmans. Le flambeau est aujourd'hui repris par le régime iranien qui a renoué avec sa politique jusqu'au-boutiste des années 80. Le résultat de cette "guerre de l'information" est inédit et préoccupant : l'unification des chiites et des sunnites dans la lutte à mort engagée contre l'Occident et les « impies ».