Starfish et A.L.F. : les modèles d’Al-Qaïda?
Éric DENÉCÉ
Dès lors que l’on évoque les phénomènes de radicalisation violente pouvant aller jusqu’au terrorisme, la majorité de nos contemporains pense immédiatement aux formes les plus extrêmes de l’islamisme radical. Pourtant, les mouvements de contestation fondés sur les idéologies altermondialiste, animaliste et écologiste – qui ne cessent de prendre de l’ampleur et connaissent de très inquiétantes dérives violentes, notamment outre-Manche et outre-Atlantique[1] – leur sont antérieurs mais restent méconnus. Ce sont des nébuleuses complexes de structures variées. La très grande majorité des groupes qui les composent sont généralement de petite taille et fortement spécialisés, thématiquement ou géographiquement. Néanmoins, malgré la diversité des causes, de leur origine géographique et de leurs buts, on observe une structuration similaire et des modes d’actions identiques à tous les groupes.
Si elles recourent, dans bien des domaines, à des pratiques héritées de la culture de l’extrême-gauche, les nébuleuses contestataires se sont adaptées leur temps. Leur fonctionnement est particulièrement original et moderne et tire pleinement parti des nouveaux outils générés par les nouvelles technologies de l’information… à l’origine de la mondialisation ! Les activistes ont été parmi les premiers à saisir l’intérêt des nouvelles opportunités qu’elles offrent et s’en sont aussitôt servi pour mener leur combat, recruter des sympathisants et créer des cellules autonomes et décentralisées[2].
Afin de mieux appréhender le fonctionnement des mouvements contestataires, il est utile d’en analyser l’organisation, car ils ont su concevoir un système très original qui leur garantit efficacité et discrétion et qui leur permet de diffuser largement leurs idées et de mobiliser leurs militants. Fort curieusement, la nébuleuse terroriste fondée par Usama Ben Laden présente, sur bien des points, des caractéristiques similaires à ce modèle.
L’étoile de mer, un modèle d’organisation original
Aux nouvelles causes contestataires correspond une nouvelle forme de fonctionnement fondé sur le principe de l’intelligence collective. Elle est appelée Starfish – l’étoile de mer – en raison de la capacité de cet animal se reproduire à partir de certaines de ses parties, par opposition à l’araignée qui incarne le système centralisé, dominant sa toile depuis son centre. « Avec une araignée, ce que vous voyez à peu près ce que vous obtenez. Un corps est un corps, une tête est une tête et une jambe est une jambe. Mais l’étoile de mer est très différente : elle n’a pas de tête et son corps central n’est pas en charge de l’ensemble. En fait, les principaux organes sont reproduits dans chaque bras. Si vous coupez l’étoile de mer en deux, vous aurez une surprise : l’animal ne mourra pas, et assez vite, vous aurez deux étoiles de mer[3] ».
Le modèle Starfish est apparu aux Etats-Unis à la fin des années 60, en particulier grâce au développement d’internet et des réseaux informatiques qui ont favorisé l’émergence de systèmes d’organisation décentralisés. Il est aujourd’hui la véritable référence opérationnelle de tous les groupes activistes, jusqu’à Al-Qaïda, qui semble également s’en être inspiré.
Comme pour l’étoile de mer, dans le système Starfish chaque branche est autonome et indépendante des autres. Ainsi, sa destruction n’entraîne pas celle du reste du réseau car ce qui les fédère n’est pas un organe central, mais une idée forte, un objectif commun. Le principe de décentralisation fait que ce système peut facilement muter car ses membres ont un degré élevé de liberté[4]. De même, à l’image de leur modèle, les structures en étoile de mer sont capables de se reproduire facilement, même si la cellule première a disparu[5]. Enfin, quand toutes les branches du système Starfish travaillent ensemble, une organisation décentralisée peut vraiment obtenir des résultats extraordinaires : « un bras commence à se déplacer, puis dans un processus que personne ne comprend vraiment, les autres bras coopèrent et se déplacent. Le cerveau n’est pas le centre de la décision[6] ».
Les caractéristiques les plus notables des groupes ayant adopté le modèle Starfish – et utilisant intensivement les technologies de l’information et de la communication – sont : l’existence d’une idée mobilisatrice ; un réseau préexistant de groupes autonomes et déterminés ; l’existence d’un catalyseur ; la création d’une culture commune ; la diffusion de tactiques et de moyens d’action ; l’absence de direction centralisée ; le fonctionnement en réseau ; l’autofinancement ; la maîtrise de la coordination ; l’utilisation intensive d’internet ; la culture du secret.
1- L’existence d’une idée mobilisatrice. A l’origine de tout mouvement de contestation actif existe nécessairement une idée forte, un credo, une croyance. C’est la base indispensable à tout développement, à toute mobilisation collective. Pour une structure en étoile de mer, les valeurs sont l’organisation et l’idéologie est le carburant. Si l’on ôte l’idéologie, l’organisation en étoile de mer s’écroule[7].
2- Un réseaupréexistant de groupes militants déterminés. Pour rayonner, une cause doit pouvoir s’appuyer sur un réseau préexistant de groupes militants qui se saisissent d’une idée nouvelle et constituent sa base originelle. Roger Caillois a mis en lumière le fait que les groupes minoritaires se montrent plus unis, plus entreprenants que le milieu indifférent ou hostile dans lequel ils évoluent. Leurs convictions sont plus fermes et les devoirs et obligations de chacun clairement définis[8]. Ces petits groupes d’individus résolus et fortement soudés[9] forment de véritables unités commandos autonomes, capables d’infléchir la conjoncture et l’effet qu’ils sont capables d’obtenir est sans commune mesure avec leur nombre[10].
3- La présence d’uncatalyseur. Une personnalité emblématique (un penseur, un militant engagé, etc.) doit être à l’origine de l’idée ou en être le symbole emblématique. Sa fonction n’est pas celle d’un chef mais d’un «conseiller-inspirateur», véritable « champion » de la cause, capable de servir de référence, d’inciter les individus et les groupes à s’approprier l’idée défendue et d’impulser la dynamique – à l’image de Ben Laden. Les premiers martyrs de la cause – s’il y en a – peuvent également remplir ce rôle et aider à renforcer le système de valeurs de l’organisation.
4- La création d’une culture commune. Le résultat de l’action du ou des « catalyseurs » est la création d’une culture commune qui constitue le ciment des groupes décentralisés. Ces mouvements – qui étaient souvent au départ des associations isolées et marginales – ont, depuis quelques années, construit une incontestable « macro-culture » laquelle a fini par gagner en influence grâce à la mise en branle de réseaux multiples : ONG, médias, élus, fonctionnaires, enseignants, etc. A noter cependant que la structure des réseaux de contestation est proche de celle des sectes : ceux qui rejettent l’idée fondatrice sont généralement considérés comme des ennemis.
5- La diffusion de tactiques et de moyens d’action. Il s’agit de donner aux groupes les moyens d’agir (matériels la plupart du temps), c’est-à-dire permettre à ceux qui le veulent d’acquérir les moyens nécessaires afin de passer à l’action. Dans cette perspective, au sein du milieu activiste, les actions de formation sont permanentes comme l’explique un membre d’ATTAC: « L’université d’été est seulement un des éléments de notre dispositif de formation, avec les centaines de conférences et rencontres-débats organisés chaque année par les comités locaux (…) pour la reconquête des esprits[11] ». Une grande partie des séminaires organisés – apparaissant comme une opportunité de rencontre et d’échange (pique-niques, camping, etc.) – n’ont rien d’un club de scouts. On y apprend l’art de la désobéissance civile, le droit du citoyen manifestant (pour les gardes à vue) afin de pousser la police à bout ou encore la résistance aux gaz lacrymogènes. Mais, le plus souvent, il ne s’agit là que d’apprendre et de laisser faire, non d’instruire directement. Inspiration, subsidiarité et confiance sont les valeurs de référence dans ce processus d’apprentissage et d’appropriation.
6- L’absence de direction. Chez les altermondialistes comme dans les autres mouvances contestataires, il n’existe pas de « comité central » réunissant les représentants des divers mouvements, ni d’organisation permanente fixant l’agenda des manifestations, désignant les cibles ou codifiant les règles d’action. Les groupes qui composent le mouvement, tous spécialisés sur un sujet précis, sont attachés à leur autonomie. La décentralisation est une règle d’or. Chaque groupe mène ses actions propres mais peut faire appel ou s’intégrer au « réseau » pour donner plus d’ampleur à une opération.
Le FLN algérien, comme l’ALN, était très structurés et centralisés. Or l’histoire récente a montré que la faiblesse d’une organisation clandestine était justement l’organisation. Carlos Marighela (1911-1969), théoricien brésilien de la guérilla urbaine, a développé une théorie intéressante qui s’oppose à la théorie de la centralisation. Le Hezbollah libanais a compris cela : il a créé des cellules indépendantes, un mouvement plutôt qu’un parti. Cela explique ses résultats contre l’armée israélienne, en 2006.
Ainsi, les leçons du passé ont été tirées. Les groupes radicaux clandestins ont adopté une variante de la résistance sans chef. Ce modèle se caractérise par l’absence de contrôle ou d’influence des « leaders » d’opinion du mouvement au niveau tactique. Ils se contentent d’agir au niveau stratégique en définissant l’idéologie commune et les objectifs généraux, ce que Brian Jackson appelle un «mouvement au couplage lâche»[12],
L’absence de structure bureaucratique est donc une règle permanente. La majorité des groupes n’a pas de personnel rémunéré et peu de permanents. Ainsi, dénombrer les membres d’organisations en étoile de mer est généralement une tâche impossible[13]. En revanche, il est possible de connaître le nombre de membres d’une organisation hiérarchique ; il suffit de se procurer les organigrammes, d’identifier les dépenses liées à la masse salariale ou d’autres dossiers, etc. Comme l’illustre le tableau ci-dessous[14], les avantages d’une organisation décentralisée sur une structure hiérarchique classique sont nombreux et essentiels pour les activistes.
Centralisation |
Décentralisation |
Responsables clairement désignés | Absence de commandement |
Existence d’un quartier général | Pas de quartier général |
Division claire des rôles | Division des rôles floue |
Savoirs et pouvoirs sont concentrés | Savoirs et pouvoirs sont distribués |
Organisation rigide | Organisation flexible |
Il est possible de compter le nombre de
membres |
Il est impossible de compter le nombre
de membres |
Les unités sont financées par l’organisation | Les unités s’autofinancent |
Les groupes de travail communiquent
via des intermédiaires hiérarchiques |
Les groupes communiquent directement les uns avec les autres |
Si une unité disparait, l’organisation est affaiblie | Si une unité est détruite, l’organisation
est indemne |
7 – Le fonctionnement en réseau. Les groupes militants sont chacun spécialiste d’un mode d’action précis et mettent leurs compétences à la disposition de l’ensemble du mouvement d’idées auquel ils se rattachent. Par exemple la Ruckus Society, aux Etats-Unis, s’occupe de la formation des militants à l’action non violente dans le cadre des manifestations de rue ; et Direct Action Network, un réseau informel américain mis en place pour préparer Seattle (1999), se charge de coordonner l’action des étudiants, des organisations d’extrême-gauche et des groupes anarchistes lors des manifestations et des sommets. En temps normal, chaque organisation surveille la zone géographique ou le domaine d’action dont elle s’est auto-investie. A charge pour elle d’avertir l’ensemble de la mouvance dès qu’un événement d’intérêt surgit (abus à dénoncer, etc.) ou qu’une opportunité d’action se dessine. Dans ce cas, le groupe concerné pilote l’action de contestation relevant de son domaine de spécialité et fait appel aux autres composantes de la mouvance qui lui apportent leur soutien : mobilisation des militants, des médias, assistance technique particulière, renseignements ciblés, manoeuvres de diversion, etc. Ainsi au final, les groupes sont complémentaires et solidaires.
8- L’autofinancement. Parce qu’ils sont autonomes, les unités d’une organisation décentralisée s’autofinancent presque toujours. Dans les organisations en étoile de mer, les groupes sont en grande partie responsables de l’acquisition et de la gestion de leurs fonds[15]. Qui paie pour toutes ces opérations ? Des donateurs privés, les militants eux-mêmes, mais aussi, dans le cas des animalistes, des organisations officielles comme PETA (People for Ethical Treatment of Animals) ou Speak/The Voice for the Animals en Angleterre. A noter que l’argent circule entre les mouvements, permettant de financer de nombreuses actions.
9- La maîtrise de la coordination. « La convergence des luttes », c’est le terme utilisé par les activistes de tous horizons pour qualifier leurs opérations communes et coordonnées. Ce sont leurs capacités à planifier et conduire des actions conjointes qui permettent de parler d’un mouvement organisé et non de rassemblements improvisés. Les différents courants contestataires ont compris que leurs ressources étaient complémentaires et qu’il fallait développer leur coopération afin d’accroître l’efficacité de leurs actions. Ainsi, les nébuleuses contestataires sont capables d’agréger de vastes coalitions internationales d’individus et de groupes variés, ce qui leur confère un pouvoir d’influence sans précédent.
Il a clairement été observé, lors des différents « contre-sommets » et manifestations, que beaucoup de groupuscules étaient liés. Même si les cellules agissent de manière autonome, elles entretiennent des liens étroits : leurs leaders se connaissent, ils unissent leurs forces tout en restant centrés sur leurs sujets de contestation et s’apportent un appui mutuel dans leurs opérations. Par exemple, les groupes de l’ultra-gauche ne luttent plus seulement contre leur ennemi classique, le capitalisme, mais aussi contre le fascisme, les politiques de limitation de l’immigration, les institutions financières, etc. Depuis 2009, on observe de même une coopération accrue des antifascistes et des extrémistes animalistes. Les premiers offrent l’asile aux seconds, qui en échange, leur apportent leur soutien. Toutefois, les alliances opérationnelles conclues sont ponctuelles, spécifiques à une situation ou à un thème donné, extrêmement fluctuantes et se défont comme elles se sont faites. Ces coalitions sont des alliances d’intérêts liées à des situations et à des personnes données, conclues dans le cadre d’une lutte globale sur les différents champs de bataille sociétaux[16].
A l’occasion des évènements majeurs, tels que les sommets du G8, les réunions de l’OMC ou du FMI et les sommets mondiaux sur l’environnement, les activistes de tous horizons mettent sur pied un « état-major de projection » chargée de préparer et de coordonner les opérations. Ils sont désignés par un trigramme simple : N30 pour November 30 (Seattle, 1999), S26 pour September 26 (Prague, 2000), J20 pour July 20 (Gênes, 2013), etc. Ces structures fonctionnelles sont spécialisées dans la conduite de projets complexes et ne comprennent que très peu de membres permanents. Les mouvements souhaitant participer à l’événement y envoient un représentant ; un « comité de direction » et un porte-parole officiel sont alors désignés pour la durée de l’opération. Plusieurs mois avant l’événement, le débat via internet permet de recueillir des renseignements et d’échanger des idées sur les modes d’action possibles en fonction du « théâtre » et des forces de sécurité locales. Ensemble, les groupes mobilisés définissent un schéma général, fixent les missions de chacun et arrêtent le calendrier d’action. Dès lors, chaque groupe « active » une antenne ou un partenaire dans le pays ou la ville d’accueil de la manifestation, pour l’aider à organiser son engagement. Des points de rencontre et des centres de rassemblement sont proposés sur Internet et permettent aux militants de se regrouper à proximité du lieu du sommet avant d’entrer en action.
A noter que certaines structures de coordination perdurent souvent au-delà du sommet qui a vu leur création. En effet, loin de disparaître au terme d’une lutte ou à l’issue d’un événement, elles se rétractent mais restent, pour les activistes, un outil prêt à être réactivé, à l’image des réseaux dormants dans l’espionnage. Ainsi, des « structures dormantes » se remettent périodiquement en mouvement[17].
10- L’utilisation intensive d’internet. L’outil cybernétique a apporté aux groupes contestataires un moyen exceptionnel de propagande, de recrutement, de formation et d’action.
En premier lieu, internet permet aux mouvements contestataires de mettre à disposition de leurs « troupes » un ensemble cohérent de lignes directrices ou de principes (idéologie, stratégie). Le Web permet également la transmission des informations ayant trait à la tactique et aux techniques de sécurité opérationnelle nécessaires à l’action discrète. Les sites, blogs, forums et plateformes intranet sont utilisés de ces mouvements disposent de très riches bases de données d’informations opérationnelles à la disposition des militants. Ils servent également de plateformes d’échanges et de coordination qui permettent à des groupes et individus de fonctionner de manière relativement efficace pendant de nombreuses années sans se rencontrer[18].
Internet leur a conféré également une capacité de mobilisation à l’échelle mondiale sans contrainte géographique. Les contestataires utilisent intensivement les réseaux de communication modernes (e-mails, SMS, téléphonie cryptée, etc.) pour la coordination de leurs actions. Les logiciels de cryptage développés sur le Web offrent aussi aux activistes des techniques pour rendre les échanges anonymes (TOR, VPN, chiffrement des communications, etc.).
Mais surtout, internet est une arme. Le web est alors utilisé de deux façons : pour conduire des opérations dites de « guerre de l’information » (campagnes de dénigrement, rumeurs, révélations d’informations confidentielles, etc.) et pour lancer des cyberattaques.
Pour Tony Jupiter, de l’association écologiste britannique Friends of the Earth, Internet est « l’outil le plus puissant de la boîte à outils de la résistance ». Il constitue le creuset à partir duquel les groupes se forment et se consolident. C’est particulièrement le cas pour le mouvement animaliste, lequel a connu son véritable décollage grâce à la révolution numérique et aux images qui permettent de témoigner de ce qui n’avait jamais été vu auparavant : le dévoilement de la souffrance animale[19]. Internet facilite également le partage de l’information à un degré tel que de nombreux groupes peuvent travailler de concert les uns avec les autres. Cette capacité d’action décentralisée ne cesse d’étonner ces mouvements eux-mêmes, qui demeurent éternellement surpris de constater le développement de leur influence et l’efficacité de leurs actions malgré la faiblesse de leurs moyens et l’importance de ceux qui sont déployés afin de les empêcher d’agir. Ces mouvements ne font que commencer à prendre conscience de leur propre envergure[20].
Cependant, cet outil connaît des limites. Certaines connaissances tacites ou intransférables – vu la sensibilité du contenu – ne peuvent être transmises via le web. Aussi, de nombreux « camps de formation» sont organisés, qui sont les seuls lieux de rencontre entre les groupes activistes. Ces rassemblements attirent de plus en plus de monde. Mais leur importance est limitée par crainte d’infiltration policière.
11- La culture du secret. L’action efficace des services de police et de renseignement, l’accroissement de la répression suite aux manifestations de Seattle et aux attentats du 11 septembre 2001, ont conduit les mouvements contestataires à préparer leurs manifestations et leurs opérations dans le plus grand secret, de manière quasiment clandestine : désignation des responsables au dernier moment ; éclatement des zones de logement des manifestants (pour éviter qu’ils y restent bloqués par la police) et des centres de communication (le Media-Center organisé pour Gênes en 2001 avait été investi par les Carabiniers), etc. Certains pays – comme le Qatar – interdisent les manifestations ; d’autres tentent de les infiltrer. Autant de difficultés pour les contestataires qui ont opté pour le « cloisonnement » de leurs cellules. Aux Etats-Unis, les éléments clandestins des mouvances contestataires ont corrigé leurs procédures de sécurité pour prévenir les opérations du FBI contre eux[21]. La multiplication des organisations éphémères et la structuration originale des nouveaux mouvements sociétaux rendent difficiles le suivi du phénomène contestataire violent par les services de police chargés de leur surveillance.
Bénéfices et limites du système Starfish
Il est possible de synthétiser le fonctionnement du système Starfish par la formule suivante : lancer l’idée et laisser faire le travail par les « hommes de bonne volonté », en encourageant la responsabilité de chacun et en faisant confiance à la règle « loi » des petits nombres, idée selon laquelle cela a toujours été 5% des individus qui ont fait évoluer l’humanité.
Dès lors que tous les principes du système Starfish sont appliqués, il suffit de laisser agir l’intelligence collective. En effet, grâce au système Open Source, des individus partageant les mêmes idées peuvent travailler et opérer ensemble, sans se connaître, sans concertation explicite, sans organisation centralisée, en s’inspirant et en se copiant mutuellement via le net. Ainsi, une action (manifestation, émeute, attentat) se déroulant à un endroit pourra être reproduite et améliorée dans un autre (Swarming)[22], sans pour autant que les instigateurs soient en contact direct, ni qu’ils se soient coordonnés de manière spécifique. Il n’y a donc pas de structure de commandement unifiée, mais le développement d’une dynamique d’ensemble. Un système Starfish ne possède pas d’intelligence centrale, celle-ci est répartie dans tout le système et se répand naturellement jusqu’à ses extrémités. Cela explique comment des individualités a priori relativement faibles peuvent constituer un collectif fort « sans chef » et développer la capacité à « s’organiser sans organisation »[23]. Les systèmes en étoile de mer ne produisent pas nécessairement de meilleures décisions que les systèmes hiérarchiques. Mais ils sont capables de répondre plus rapidement aux opportunités et aux menaces de leur environnement qu’eux, parce que chaque membre a accès à la connaissance collective et la capacité de l’utiliser immédiatement[24].
Grâce à ce système d’organisation performant, il est possible d’observer la professionnalisation des mouvements de contestation altermondialistes, animalistes et écologistes, lesquels agissent de plus en plus efficacement afin de contester les pouvoirs établis et d’atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés.
Toutefois, les organisations en étoile de mer présentent quelques vulnérabilités.
– Les groupes clandestins ne sont pas de purs mouvements de résistance sans leader. De nombreux activistes jouent un rôle important qui peut se révéler critique pour les organisations.
– L’absence de contrôle et la décentralisation peuvent avoir des effets pervers. Le principal inconvénient de la structure en étoile de mer est le manque de contrôle tactique que le mouvement peut exercer sur les individus et les cellules clandestines. Ainsi, certaines restrictions opérationnelles (par exemple, pas d’attaques contre à un humain ou un animal) qui sont édictées par les sites Web de la mouvance, peuvent être ignorées par des cellules ou des individus. Leurs actions violentes nuisent alors à l’intérêt d’un mouvement cherchant à influencer l’opinion publique[25].
– Elles sont dépendantes d’internet et des réseaux sociaux. Il est nécessaire pour ces mouvements, à travers leurs sites web, de diffuser largement leurs conseils à leurs membres. Or ces informations librement disponibles en Open Source permettent à un analyste ou un enquêteur d’acquérir une compréhension des activités du mouvement. Par ailleurs, sans Internet, les organisations contestataires connaitraient des difficultés majeures pour la diffusion de leurs idées, le recrutement, la formation, et l’établissement d’objectifs opérationnels.
– Les cellules opérationnelles, malgré leur cloisonnement, ne sont pas à l’abri d’une infiltration policière. Et lorsque celle-ci commence, elle connaît généralement un large succès en raison de la connaissance des réseaux qu’ont les membres
Un exemple : The Family, une cellule ayant commis plus de vingt-cinq actions directes de 1995 à 2001 – au nom de l’Animal Liberation Front (ALF) et de l’Earth Liberation Front (ELF) – dans le Colorado, l’Oregon, le Wyoming, l’Etat de Washington et en Californie. Cette cellule, composée de douze membres a fonctionné durant six ans et a remporté de nombreux de succès. Elle a provoqué pour plus de 40 millions de dollars dommages matériels, notamment à l’occasion d’un incendie criminel dans la station de sports d’hiver de Vail (Colorado). Mais le FBI a finalement réussi à l’infiltrer (opération Backfire, 2006) et est parvenu à obtenir la coopération de l’un de ses membres qui a accepté de porter sur lui un dispositif d’enregistrement. Les preuves obtenues grâce à ces écoutes ont ensuite conduit les autres membres à fournir des informations sur leurs collègues dans le cadre du processus de négociation de plaidoyer[26]. Le cas de The Family illustre la vulnérabilité d’une cellule activiste élargie. Or, la capacité à conduire régulièrement des actions directes entraine nécessairement l’accroissement des effectifs, au-delà d’un petit groupe – 2 à 6 membres – plus facile à « verrouiller ».
A noter également que les activistes qui s’engagent dans l’action et se radicalisent ne sont pas à l’origine des criminels. C’est-à-dire qu’ils ne sont pas familiers avec le système judiciaire. Souvent, lorsqu’ils sont arrêtés et poursuivis comme criminels, donc confrontés à des sanctions sévères, beaucoup ne résistent pas face aux autorités et choisissent rapidement de coopérer et de témoigner contre d’autres membres de la cellule[27].
ALF : terrorisme au nom des animaux
L’Animal Liberation Front (ALF) est un mouvement radical prônant l’antispécisme. Il a pour objectifs de révéler au public les horreurs et les atrocités commises sur les animaux, de mettre fin aux abus perpétrés contre eux et à leur exploitation, en causant des dommages économiques majeurs à ce qui organisent ou profitent de cette exploitation. La déclaration de Chris Derose, l’un des membres d’ALF, permet de mieux comprendre l’état d’esprit des militants : « Un seul rat mort pour trouver un remède à toutes les maladies serait déjà inadmissible » ; ainsi que celle de Ronnie Lee, cofondateur de l’ALF, condamné en 1986 à 10 ans de prison : « Le pacifisme total est une philosophie immorale : la violence est le seul langage que ces gens comprennent. C’est peut-être une dure réalité à comprendre pour les idéologues pacifistes du mouvement dont la préoccupation de non-violence a beaucoup à voir avec leurs origines de classes moyennes. »
Les principales cibles d’ALF sont les l’industrie de la fourrure, les abattoirs, les fermes d’élevage de visons, les boucheries et les laboratoires de recherche. C’est aujourd’hui l’un des mouvements les plus actifs du monde, présent et actif dans plus d’une trentaine de pays : en Europe et en Amérique du Nord, mais aussi en Israël, en Turquie, en Russie et au Chili.
L’organisation d’ALF est l’application parfaite du système Starfish. Le mouvement n’existe pas à proprement parler. Il n’a pas de chef ni d’adhérents payant une cotisation. C’est une nébuleuse de groupes et d’individus qui n’ont aucun lien entre eux, si ce n’est leurs objectifs et leurs adversaires. Les militants adoptent un mode de vie clandestin et appliquent des mesures de sécurité draconiennes pour éviter que les réseaux ne soient infiltrés et que des arrestations n’affaiblissent le mouvement.
La particularité de l’ALF est sa démultiplication. Le groupe central diffuse des conseils par Internet pour mener des actions violentes : « Comment s’y prendre pour fracturer une serrure, débrancher une alarme, pénétrer dans une installation industrielle ? » ; » Comment échapper aux poursuites ? »; » Quelles cibles frapper ? « . Un peu partout, des indidividus ou des petits groupes captent ces messages et passent à l’acte sans en informer préalablement le mouvement. L’ALF se contente de collecter et de médiatiser ces actions spontanées. Il les met sur son site Internet Bite Back[28], les plaçant ainsi sous sa bannière. Ceux qui passent à l’action peuvent donc se revendiquer du mouvement et utiliser sa marque dès lors qu’ils respectent son idéologie et ses règles d’action. L’ALF considère que tout groupe végétarien ou visant une finalité similaire à la sienne est intrinsèquement solidaire de la cause et peut agir en son nom. C’est donc une organisation franchisée. On le voit, Ben Laden n’a rien inventé avec Al-Qaïda.
Partout où ils sont présents, les activistes multiplient les attentats contre les pharmacies, boucheries, poissonneries, abattoirs, fermes de reproduction d’animaux, etc. Afin de parvenir à leurs fins, leurs methodes sont variées : alertes à la bombe, courriers d’intimidation anonymes, actions contre les biens et atteinte à la réputation d’individus ou de sociétés, menaces de mort et d’enlèvement d’enfants, mais aussi sabotages, incendies criminels et attentats.
Le mouvement a lancé ses premières grandes actions au début des années 1980. Ses militants ont commencé à s’introduire dans les laboratoires de recherche pour libérer les animaux en cage et leur trouver de nouvelles maisons. Lorsque d’autres activistes animalistes à travers le monde entendirent parler de ces opérations, ils s’en inspirèrent et les imitèrent. En Amérique du Nord et en Grande-Bretagne, les branches locales de l’Animal Liberation Front (ALF) ont à leur actif la destruction de laboratoires médicaux et universitaires et l’envoi de lettres piégées à des chercheurs travaillant dans l’industrie génétique. En 1987, une cellule de l’ALF mit le feu à une vingtaine de voitures de l’université de Californie causant plus de cinq millions de dollars de dommages. Dès 1990 dans les environs de Londres, l’ALF fait usage d’engins explosifs improvisés à l’encontre d’un chercheur et d’un vétérinaire. Les explosifs sont placés sous les véhicules des cibles ; les deux en réchapperont mais un enfant sera blessé[29].
En 1999, Graham Hall, un journaliste britannique, reporter de la chaîne de télévision Channel Four s’est infiltré dans le réseau pour réaliser un reportage qui montrait les dirigeants de l’organisation faisant la promotion de la violence. Il dénonçait clairement les actes terroristes d’ALF. Les militants, furieux, l’ont alors kidnappé et séquestré dans une cage, afin qu’il comprenne mieux les conditions de vie des animaux. Avant de le libérer, les activistes l’ont marqué au fer rouge du sigle de l’organisation.
En septembre 2005, des activistes effectuent deux attaques à la bombe. Le 24 septembre, une charge explosive détériore un bâtiment de l’université d’Oxford, en signe de protestation contre la construction d’un laboratoire destiné à effectuer des tests cliniques sur des animaux. Puis, ils menacent l’université de multiplier leurs attaques si ce projet n’était pas abandonné. Quelques jours plus tard, le 27 septembre 2005, une bombe de faible puissance explose devant le domicile de Paul Blackburn, un dirigeant de GlaxoSmithKline, pour pousser l’entreprise pharmaceutique à cesser sa collaboration avec Huntingdon Life Sciences.
En 2008, aux Etats-Unis, 70 actions directes commises par ALF ont été comptabilisés et 150 au Mexique, alors que c’était la première année d’existence du mouvement dans ce pays ! En février 2009, deux cadres supérieurs de la Banque Barclays – accusée de financer le laboratoire Huntingdon Life Sciences (HLS) – reçoivent la visite de militants de l’ALF. Leur maison et leurs voitures sont tagguées avec des slogans menaçants. La fille de l’un d’eux est également été « visitée » et leur numéro de téléphone a été publié sur l’internet. Puis en septembre 2009, un engin explosif est retrouvé au siège du géant pharmaceutique Novartis à Guadalajara, au Mexique.
ALF déclare que ses attaques contre les biens ne relèvent pas de la violence et se proclame donc, sans rire, organisation non violente. De même, il affirme prendre toutes les précautions nécessaires afin « de ne pas faire de mal à un animal, qu’il soit humain ou non humain », le groupe est pourtant responsable de nombreuses actions attendant directement à la vie humaine
En raison de ces actes criminels ultra-violents, ALF a été placé sur la liste des groupes terroristes dès 1982, au même tire que les mouvements djihadistes comme Al-Qaïda ou l’organisation Etat islamique (Daech). Cela a conduit les Etats-Unis[30] et le Royaume uni[31] à promulguer des lois protégeant les cibles privilégiées de ces activistes. De même, le FBI et Scotland Yard[32] ont créé des unités spécialisées afin de lutter contre ALF et les autres mouvements environnementalistes radicaux.
ALF et Starfish : les modèles d’Al-Qaïda ?
Bien que leurs idéologies soient très différentes, les similitudes structurelles entre Al-Qaida et ALF sont néanmoins frappantes.
ALF est fondamentalement plus une idéologie – dans laquelle les animaux doivent être traités avec respect – qu’une organisation. Tous ceux qui conduisent des actions au profit des animaux sont donc des « libérateurs » et s’inscrivent dans la « croisade » d’ALF. De même, Al-Qaïda est d’abord une idéologie, fondée sur la volonté de recréer un califat appliquant la loi « pure » de l’islam et la conviction que les Occidentaux menacent la civilisation musulmane.
L’organisation créée par Ussama Ben Laden a ainsi beaucoup en commun avec l’ALF. Ce sont deux nébuleuses aux contours difficilement discernables pour ceux qui luttent contre elle. Les deux structures n’ont pas vraiment de direction centrale, fonctionnent à partir d’individus isolés ou de cellules autonomes, qui passent à l’action à leur propre initiative. Conformément aux règles du modèle Starfish, Oussama ben Laden a été le catalyseur qui pu canaliser la rage des islamistes radicaux contre « l’expansion » occidentale et « l’invasion » de l’Afghanistan et la transformer en actions terroristes ; mais il n’en est pas le chef à proprement parler, pas plus que son successeur, l’Egyptien Ayman Al-Zawahiri.
Tout comme les destructions de laboratoires d’ALF, les actes terroristes d’Al-Qaïda inspirent chaque fois de nouvelles vocations dans le monde arabo-musulman et poussent de nouveaux volontaires à rejoindre la mouvance. Le « centre » d’Al-Qaïda ne conçoit pas les attentats terroristes, mais les membres de l’organisation ayant adopté son idéologie et copient les opérations qui ont fonctionné et utilisent la marque[33]. Al-Qaïda n’est qu’un sponsor de l’action terroriste, mais les groupes locaux, agissant au nom de causes locales, choisissent leurs cibles et montent librement leurs opérations. Ces causes peuvent parfois n’avoir aucun rapport avec la stratégie d’Al-Qaïda pour un djihad mondial, mais l’organisation les revendique tout de même, car elles concourent à l’instauration d’un climat de terreur à l’encontre de ses adversaires… comme le fait le site Bite Back.
La différence majeure, c’est qu’ALF a été créée en 1976, une date à laquelle Al-Qaïda n’existait pas et à laquelle les Soviétiques n’avaient pas même envahi l’Afghanistan, opération qui poussera Ben Laden à créer son organisation. Aussi, en raison des similitudes plus que troublantes, il n’est pas inapproprié de s’interroger sur l’influence éventuelle qu’a pu avoir ALF sur la nébuleuse terroriste islamiste. Peut-être quelques uns des « penseurs » d’Al-Qaïda ont-ils étudié l’organisation radicale animaliste. Peut-être le transfert de savoir faire s’est-il fait par d’autres canaux. Peut-être est-ce là une pure coïncidence. Toujours est-il que parmi tous les experts du terrorisme qui ont mis l’accent sur la très grande originalité de fonctionnement du mouvement piloté par Ben Laden, bien peu semblent avoir fait ce lien ou sont au courant du système Starfish, à la base de l’organisation d’ALF.
- [1] Cf. Eric Denécé et Jamil Abou Assi, Ecoterrorisme ! Altermondialisme, écologie, animalisme : de la contestation à la violence, Tallandier, Paris, 2016.
- [2] Bernard Wicht, « Quelles réponses aux défis stratégiques contemporains (II). Redécouvrir la contre-guérilla », Military Power Revue der Schweizer Armee Nr. 1-2008, Beilage zur ASMZ 4/2008 und zum Schweizer Soldat 4/2008, p. 15.
- [3] Ori Brafman & Rod A Beckstrom, The Starfish and the Spider, Penguin, USA, 2006, p. 35.
- [4]Ibid, p. 40.
- [5] Bernard Wicht, op. cit.
- [6] Ori Brafman & Rod A Beckstrom, op. cit, p. 35.
- [7]Ibid, p. 206.
- [8] Roger Caillois, Instincts et société, essai de sociologie contemporaine, Paris, Gonthier, Médiations, 1964.
- [9] Bernard Wicht, « Rebelle, armée et bandit : le processus de restauration de la cité », in La Culture du refus de l’ennemi, sous la direction de Bernard Dumont, Gilles Dumont, Christophe Réveillard, Pulim 2007, p. 120.
- [10] Bernard Wicht, « Quelles réponses aux défis stratégiques contemporain… », op. cit.
- [11]Lettre d’ATTAC, octobre 2002, page 3.
- [12] Lawrence E. Likar, Eco-Warriors, Nihilistic Terroristes and the Environment, Praeger, Santa Barbara, 2011, p. 100.
- [13] Ori Brafman & Rod A Beckstrom, op. cit, p. 50.
- [14]Ibid, p. 54.
- [15]Ibid, p. 51.
- [16] Ulrich Beck, La société du risque. Sur la voie d’une autre modernité, Essais, Champs, 2001, p. 214.
- [17] Emmanuel Allait, L’altermondialisme : mouvance ou mouvement ?, Ellipses, 2007, p. 33.
- [18] Lawrence E. Likar, op. cit., p. 84.
- [19] Marianne Celka, L’animalisme . Enquête sociologique sur une idéologie et une pratique contemporaines des relations homme/animal, Thèse de doctorat, Université Paul Valéry-Montpellier III, 2012,p. 10.
- [20] Naomi Klein, No Logo. La tyrannie des marques, Actes Sud, 2001, pp. 463-464.
- [21] Lawrence E. Likar, op. cit., p. 105.
- [22] Bernard Wicht, « Quelles réponses aux défis stratégiques contemporains …, op. cit.
- [23]Idem.
- [24] Ori Brafman & Rod A Beckstrom, op. cit., p. 39.
- [25] Lawrence E. Likar, op. cit, p. 101.
- [26]Ibid, p. 101.
- [27]Ibid, p. 102.
- [28] http://www.directaction.info/index.htm
- [29] Julien Dufour et Stéphane Quéré, « Le terrorisme de défense animale : contestation et menace économique ».
- [30] Pour prévenir et lutter contre l’écoterrorisme, le Congrès américain a adopté l’Animal Enterprise Terrorism Act (AETA), approuvé par le Sénat le 29 septembre 2006
- [31]The Protection from Harassment Act 1997 a été prolongé pour lutter contre le harcèlement des personnes opérant dans les secteurs économiques et scientifiques liés à l’exploitation animale. Les campagnes d’intimidation sont désormais considérées comme criminelles et passibles de lourdes peines de prison allant jusqu’à plus de dix ans d’incarcération. De plus, deux nouvelles infractions de «préjudice économique» ont été établies pour protéger les entreprises ciblées. Par ailleurs, le gouvernement a autorisé les entreprises du secteur à ne pas déposer leurs comptes et à protéger les noms de leurs salariés, actionnaires et sous-traitants
- [32] La police britannique a créé, en 2004, une unité spéciale pour lutter contre l’écoterrorisme : la National Extremism Tactical Coordination Unit (NETCU). Puis la loi Serious Organized Crime and Police Act du 1er juillet 2005 a renforcé les pouvoirs de la police afin de lutter plus efficacement contre les actes d’intimidation des extrémistes.
- [33] Ori Brafman & Rod A Beckstrom, op. cit., p. 140.