Nouvelles perspectives de lutte contre le terrorisme en Méditerranée du Sud
Dr Iman SEDIRI
Chercheuse à l’Institut Tunisien des Etudes Stratégiques
La montée de la menace terroriste en Méditerranée du Sud, et spécialement au Maghreb, avec les attentats commis récemment en Algérie et au Maroc, pose de nouveaux défis. Le premier étant l’acheminement vers des sociétés plus démocratiques, le second consistant à renforcer de la sécurité dans la région, et le troisième étant la création de davantage de richesses.
Ces trois défis sont étroitement liés, même si les moyens développés pour maintenir un climat stable se font parfois au détriment des libertés individuelles et sont donc un frein à la démocratie. Il n’est donc pas facile, dans un contexte marqué par la menace terroriste, d’asseoir réellement les fondements d’une société démocratique, à savoir : des élections libres et transparentes, une opposition plus diverse et plus agressive et des médias plus critiques. Faut-il finalement soutenir les pouvoirs en place, accusés – à tort ou à raison – de violation des libertés individuelles, ou faut-il soutenir le camp des opprimés pour encourager la démocratie ? Pour ne rien sacrifier, et dans l’espoir de voir moins de pauvreté, considérée comme le premier terrain d’opération des groupes terroristes, mieux vaut s’armer de patience et de sagesse ; laisser les sociétés maghrébines en particulier, se construire leur propre marche vers la démocratie. Dans cette construction, l’éradication de la menace terroriste est le premier objectif à atteindre.
La Tunisie fait office de modèle dans cette lutte. Le secret de sa force ? Le renseignement humain. Dans une société solidaire, à majorité musulmane (98%), le téléphone arabe fonctionne bien . On se consulte, on surveille, on scrute, là où il n’y a pas de caméras de surveillance et où les nouvelles technologies au service de la lutte contre le terrorisme n’opèrent pas.
Face aux terroristes, il y a les laïques, les agnostiques, les musulmans pratiquants et non pratiquants, les athées, les juifs et les chrétiens tunisiens, reflétant de la sorte la richesse et la pluralité d’une société moderne et laïque. Mais à côté de cela, il y a aussi des résultats socio-économiques positifs : un taux de croissance de 5%, un taux de pauvreté inférieur à 4% et une classe moyenne représentant 80% de la population. Ainsi depuis l’avènement de la révolution des jasmins, le 7 novembre 1987, le pays s’est employé à radier la menace des intégristes du territoire tunisien. 20 ans plus tard, le processus démocratique se dynamise avec la présence de neuf partis politiques d’opposition, occupant 20% des sièges à l’Assemblée nationale, les médias se diversifient et les textes fondamentaux de protection des droits de l’Homme se multiplient. Contre les terroristes qui instrumentalisent le Coran à des fins politiques, qui sèment la discorde, la haine et la mort, le renseignement humain a de belles perspectives devant lui.
Mieux coordonné et davantage étendu aux pays voisins, le renseignement humain est la garantie d’un avenir sûr et prospère, puisqu’il s’avère être le moyen le plus efficace de lutter contre la menace terroriste frappant la Méditerranée du Sud, du Maroc jusqu’en Israël.