Les caractéristiques du djihadisme français
Youssef CHIHEB
Directeur de recherche au Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R) en charge du suivi de la radicalisation islamiste et des mutations du monde arabe.
Beaucoup de chercheurs, de spécialistes et des experts occupent la scène médiatique ou politique pour expliquer les tenants et les aboutissants de ce phénomène. La récurrence des faits violents et tragiques (Merah, les frères Kouachi, Coulibaly…) ont conduit à des profilages du djihadiste type qu’il est possible de résumer en quelques éléments :
– Chômeur : peu formé, victime de la discrimination à l’embauche et exclu des aides sociales.
– Sous citoyenneté : jeune français, issu de l’immigration ou victime d’une référence stigmatisante (géographique, ethnique, sociale, religieuse ou autre).
– Rupture : parcours social entaché d’échec scolaire, non-employabilité, penchant pour le gain, l’argent facile.
– Marginalité : vie dans des zones de relégation urbaine (ZUS – ZEP – CUCS – ZSP…), « séparées du beau Paris par un cordon de bitume, appelé le périphérique et ses portes en forme de check points de contrôles des indésirables » dixit les jeunes.
– Déstructuration psychologique : fascination pour les armes et pour les wargames sur internet, usage excessif du cannabis, de l’alcool, des bolides, penchant pour l’excentricité, totalement désaffilié par rapport à sa famille et à ses parents, eux-mêmes dépassés.
– Prison-école : séjours discontinus dans les prisons aux mains et aux griffes de prédicateurs, Caïd du quartier, meneur d’une bande ou candidat au jihad. Sortie de prison sans passage par un sas de décompression ad hoc pour sa réinsertion « civique » ou par une rétention de son passeport.
– Haine de la Police : phobie pathologique de l’uniforme, se dit victime « des bavures policières, sans coups de feu ni coup de matraques » renforçant sa haine irrationnelle de la Police, de l’’ordre établi ou de l’ordre injuste. Antécédents judiciaires et relation phobique à l’institution policière.
– Récit idéologisé du fait colonial raconté par les parents (guerre d’Algérie), polarisé sur l’islamophobie ambiante « théorisée par le Rassemblement National, messieurs Zemmour, Finkielkraut et d’autres et relayée par les médias ».
– Dualité éducative : entre deux modèles antagonistes basés, d’un côté, sur la transmission de la tradition, et de l’autre coté sur l’éducation acquise à travers le logiciel de l’école de la République laïque. Un antagonisme qui conduit à la schizophrénie et à l’écartèlement éducatif entre deux modèles où l’un voit en l’autre, ici un rival, ailleurs une aliénation.
– Ignorance théologique : ne très mauvaise connaissance de l’islam (historique, politique et spirituel) et fascination pour des icônes historiques du djihad (Saladin, etc.)
– Illettrisme : très mauvaise maîtrise de la langue arabe, de la sémantique de la métaphore, des récits des grands intellectuels arabo-musulmans et philosophes de la pensée islamique. Fascination pour le double langage « soft » de Tarek Ramadan ou obscurantiste du Mufti de la chaine de télévision qatarie Al-Jazeera, Youssef El Qaradaoui.
– Illégitimité de la mosquée : refus des mosquées de France comme lieu de pratique et de rééducation religieuse, car trop soumises au CFCM, produit hybride de monsieur Sarkozy.
– Incompréhension : laïcité perçue comme un dogme et « une comme arme anti-islam et vecteur d’athéisme ».
– Guerres au Moyen Orient qui structurent le sentiment anti juif et non antisémite. Une confusion sémantique qu’il faut, par ailleurs, corriger y compris dans le discours médiatique ou universitaire. Même si aujourd’hui, on peut observer ici ou là, une coagulation entre antisémitisme et antisionisme.
Tous ces éléments de profilage sont à prendre en compte et à mettre en interaction en temps réel et non, hélas, après le passage à l’acte. Notre justice, nos services de police, d’accompagnement social et d’insertion professionnelle ont longtemps travaillé en « tuyaux d’orgue » et n’ont pas pu disposer de grilles de lecture partagées pour interpréter ces éléments de profilage.Les caractéristiques du djihadisme français
J’ai constitué ces formes de représentations mentales, à travers le fait religieux, en donnant la parole à des jeunes pour expliquer leur perception de ce fait de société. L’objectif est de faire parler le candidat au djihad ou l’adepte de l’Islam radical. Sur la base d’entretiens informels (discussion à bâton rompu sans prise de notes, sans demander leur identité, durant plusieurs séances) avec des jeunes âgés en moyenne de 24 ans, dans les quartiers du XIXe arrondissement de Paris (quartiers de l’Ourcq, Curial, la ZAC de Claude Bernard…) et plus particulièrement sur le campus de Bobigny et de Villetaneuse, de l’université Paris XIII où je suis professeur associé depuis 2002.
Quand une partie de la jeunesse d’une nation arrive à ce stade d’embrigadement, de haine, d’autodestruction et se livre à des actes violents (terrorisme) ou succombe à une pensée islamiste idéologisée qui fait de l’apologie du djihad un combat politique, il est nécessaire comprendre et de réagir. Malheureusement, responsables politiques et intellectuels se bousculent sur les plateaux de télévision ou dans les radios pour faire un énième diagnostic, publier énième rapport ou pour faire des commentaires sur des commentaires.
J’ai écrit en 2015 un livre intitulé Pourquoi es-tu venu en France Papa ? (éditions Alfabarre). Aujourd’hui, je me pose d’autres questions : pourquoi y suis-je resté ? Dois-je y rester ? Où aller ? Mais je me dis également finalement, la France qui a surmonté les deux guerres mondiales, la France des Droits de l’Homme, la France fondée sur une belle devise « Liberté, Egalité, Fraternité » est une nation capable de se ressaisir, de se reconstruire car elle est riche de ses femmes et ses hommes, e son histoire, e sa géographie, et de sa culture en dépit de déclinologues qui lui prédisent un futur peu réjouissant.
Entretiens avec des étudiants théoriciens du djihadisme
Voici quelques retranscriptions des réponses de jeunes universitaires non « barbus » (2e année de Master, issus de la classe sociale populaire, de famille unie, bien intégrés et inconnus des services de Police).
La question de l’identité
Pourquoi le jihad est très ancré dans les quartiers sensibles ?
« Le ravage du chômage et de l’économie parallèle : La majorité affirme avoir tout essayé pour trouver un travail. Le rejet est souvent expliqué par les origines ethniques, les lieux d’habitation et par le racisme ordinaire. A défaut d’un travail, même dévalorisant, on est résigné à trouver une autre voie pour exister y compris le jihad »
Mais vous êtes Français…c’est une chance pour rebondir !
« Entièrement à part et non à part entière. Jeunes Français, issus de l’immigration, d’origine maghrébine ou africaine, de confession musulmane, issus de la diversité, de seconde zone… Un sentiment d’être un Français « issu d’un adultère appelé l’immigration ou d’un sentiment d’être un Français bâtard, issu d’un viol, dont le père est un ancien colon et la mère est une ancienne colonie. Une concubine de couleur dont l’état-civil porte la mention « Madame Algérie française, Madame Protectorat, Madame Colonie… », Épouses d’un polygame, nommé Monsieur Empire ».
« Un parcours scolaire chaotique : confinés dans les ZEP et enfermés dans une carte scolaire, devenue avec la politique du peuplement synonyme d’une enclave, d’un ghetto et d’une machine qui conduit à l’échec scolaire… Il n’y a plus ou peu de Français « blancs » dans les classes… que des noirs, que des arabes ou des cas sociaux, enfants d’une mère seule ou d’un père au chômage, alcoolique ou un ancien taulard ».
« Des antécédents judiciaires avant même la majorité : sous forme d’un parcours ascendant, commençant par des incivilités, par de la petite délinquance de voie publique, par des vols dans le supermarché, par de la violence physique…et aujourd’hui par le désir d’aller au Jihad hors de France. Etre utile là où d’autres vivent une autre injustice ».
« Au bout du parcours, une relation haineuse et violente à l’égard des policiers des keufs, des flics aux yeux bleus, des racistes qui prennent plaisir à nous humilier par les fouilles corporelles, par le contrôle au faciès, par les insultes et par les commentaires indécents sur nos sœurs, parce que voilées ».
Pourquoi tu n’aimes pas le pays où tu es né ?
Je n’aime pas la France et je suis étranger.
Tu es pourtant Français que je sache !
Non, je ne suis pas Français, je suis né en France ! et je ne vote pas.
Mais tu as un passeport, une Carte nationale d’identité et une carte d’électeur !
Non, ce sont juste des papiers de circulation et non d’identité !
C’est quoi ton identité ?
Apatride, musulman et vivant en France comme bas monde. J’attends pour aller ailleurs
Tu as une double nationalité (marocaine, algérienne, tunisienne),
Non, ma nouvelle nationalité est désormais, « Citoyen de la Terre d’Islam et de l’Etat islamique »
La France a donné pourtant, une place à l’Islam … c’est une terre d’Islam ?
Non, la laïcité, les insultes contre les musulmans, l’islamophobie ont fait des musulmans de France une attraction, un folklore, un défouloir pour les journalistes et un alibi pour les hommes politiques.
Que penses-tu de l’affaire des caricatures de Mahomet ?
Non, d’abord, vous dites Mohamed
D’accord, excuses-moi, continue…
Après les caricatures du prophète… s’ils sont tous (les Français) devenus Charlie, Alors, nous sommes tous (Musulmans) devenus Mohamed. Chacun a choisi son camp.
Il y a eu 17 morts dont un policier musulman ! Ça ne te choque pas ?
Si, mais il y a eu aussi 300 000 morts en Irak, en Syrie, à Gaza … tous victimes des bombardements menés par les Américains les Israéliens et par les Français.
C’était « le printemps arabe » et ce sont des musulmans qui tuent d’autres musulmans. Qu’en penses-tu ?
La culpabilité de l’Europe vis-à-vis des Juifs (shoah), l’addiction de l’Occident au pétrole, et la haine de l’Islam, l’atteinte au sacré, l’atteinte à la pudeur de nos sœurs… (L’interdiction de la Burqa, c’est là le cœur du problème ».
Tu es jeune, en bonne santé, Français …c’est une chance pour rebondir ?
Justement, je préfère mourir en martyr et ne pas gâcher ma jeunesse à raser les murs vétustes ou à moisir dans les prisons… Aller là-bas, se battre, combattre et mourir en martyr … au moins, la récompense est au rendez-vous comme Allah nous l’a promise dans le Coran.
Mais Allah a proscrit le meurtre sauf pour la légitime défense. Cependant, en Syrie et en Irak des musulmans tuent des musulmans ? Pourquoi cette dérogation ?
Il y a des fatwas qui disent ça
Qu’est-ce que c’est une fatwa ?
Une prescription religieuse de grands frères Imams
Peux- tu m’orienter vers ces Fatwa ?
Allez sur internet où dans les prisons françaises. Pardon vous êtes un professeur !
Mais, la France n’est pas musulmane et on ne tue pas des musulmans en France au nom d’une fatwa ?
Ça va venir
C’est-à-dire ?
Des Islamophobes préparent un programme anti-musulman après l’affaire Charlie ! La Bosnie, la Tchétchénie, la récidive de Charlie Hebdo ont ouvert la voie…
Quelle voie ?
De l’épuration, de la déportation des musulmans installés en Europe.
Vous croyez à un complot mondial contre les musulmans ?
Oui. Regardez la carte du monde : l’Afghanistan, l’Iran, le Pakistan, le Liban, la Palestine, l’Irak, la Syrie, l’Egypte, la Lybie, le Mali, le Niger, le Soudan, la Centrafrique, le Nigéria, la Tchétchénie, le Yémen, la Somalie, la Turquie et bientôt le Maroc, l’Algérie et la Tunisie.Ca ne vous parle pas ?
Oui et non, car j’ai ma propre lecture, et je ne crois nullement au complot anti musulmans
Vous êtes égaré monsieur le Professeur !
Le socle idéologique du djihadisme
Parlez-moi de l’Islam de France :
« Les mosquées, c’est fait pour les vieux, pour les ignorants, pour les soumis à la dictature de la République laïque ! »
C’est quoi la dictature de la République laïque?
C’est le lien du dominant aux dominés, hérité de la période coloniale, de l’immigration esclavagiste de nos parents, de l’échec scolaire infligé à notre génération, du poids deux mesures réservé à notre citoyenneté.
Tu es en 2e année de Master, tu es instruit …pourquoi tant de désespoir ?
« Ce bas monde nous éloigne d’Allah … la mort par Achahada (mort en martyr au combat) nous rapprochera de lui ». Nous aurons notre « Ajr » (récompense suprême), ainsi que nos frères et nos sœurs, nous aurons notre salut, le prophète Mohamed va intercéder pour nous auprès d’Allah pour nos pêchés commis sur terre.
Tu parles du paradis ?
Oui, là-bas, nous aurons accès aux interdits de ce bas monde et pour l’éternité.
C’est-à-dire ?
Pour chaque martyr, un ferdows (une demeure privative au paradis) et non un HLM (un trou à rat) dans les ghettos.
Nous aurons des horiyattes (femmes mi-humaines, mi-anges) comme épouses par dizaines.
Tu veux dire un Harem ?
Non, des femmes créées par Allah spécialement pour le martyr, dixit le Coran.
Oui, mais ce ne serait pas réservé uniquement qu’aux djihadistes ?
Certes, mais le martyr est enterré avec ses vêtements entachés de son sang … sans prière, ni funérailles… son sang va le laver des péchés commis sur terre »
Y compris le meurtre ?
Vous ne pouvez pas comprendre ça, car vous êtes formaté par l’idéologie de la laïcité.
Ça tombe bien, c’est quoi la laïcité pour toi ?
Pas grande chose, une pensée hâtée, un dogme, hier anti-chrétien, aujourd’hui pour anéantir l’identité des musulmans, …une bouée de sauvetage éphémère pour une nation qui se noie dans un océan de déclin ».
Mais c’est au nom de la laïcité que les musulmans ont obtenu le droit à la pratique spirituelle comme d’autres communautés ?
Une idéologie qui fait l’apologie du blasphème, qui heurte le sacré, qui prétend défendre la liberté … elle persécute l’Islam et lui interdit cette même liberté… Aucun journaliste, aucun homme politique, aucun intellectuel ne peut blasphémer Moïse, le Christ, Marie … Aucun dessinateur de caricatures ne peut dessiner Moïse avec un M16 sur la tête … Aucun dessinateur de Charlie ne peut présenter Moïse dans une partouze (par référence à DSK)… Aucun dessinateur ne peut présenter la Sainte Marie en train de faire une fellation à l’Ange Gabriel puisqu’elle est vierge et que le Christ est le fils de Dieu, selon la sainte écriture chrétienne … Nous musulmans, nous avons une ligne rouge à ne pas franchir vis-à-vis du sacré qu’il soit chrétien ou juif ?
Ton combat est–il social, politique ou idéologique ?
Les trois en même temps
C’est-à-dire ?
Le combat social : « Nous avons exprimé notre détresse par les voitures brulées, par les violences urbaines, lors des émeutes de 2005, à travers le caillassage des véhicules de police, par les tags des murs… la première réponse fut la mise en œuvre de la Politique de la Ville.
C’est une bonne réponse pour le renouvellement urbain et pour la cohésion sociale, non ?
Ah oui, j’ai oublié, vous êtes spécialiste de la Politique de la Ville. Des femmes ministres, issues de la diversité ? Oui, en 2007 un harem de Sarkozy pour un ministère des affaires indigènes.
De qui parles-tu ?
De Fadela Amara (l’Arabe), de Rama Yade (l’Africaine), de Rachida Dati (l’Algéro-Marocaine). La deuxième réponse fut la création du musée de l’immigration : des vitrines pour exhiber les trophées d’une grande chasse que j’appelle le Safari-Colonisation ».
C’est pour la mémoire des immigrés ?
Alors, il faut rajouter les affiches du FN pour plus d’authenticité »
Le combat politique … « la marche des beurs, France plus, SOS racisme, le Blanc, Black, Beur de 1998, les élections pour être au mieux de petits conseillers municipaux ou pour coller les affiches, pour tracter dans les marchés, pour chauffer les salles de meeting… bref pour servir d’alibi à une pseudo démocratie représentative de la diversité. En résumé, un arabe ou un noir … c’est bon pour le sport, pour la chanson ridicule et pour la bouffonnerie (Debouz, Omar Sy) ou pour être vigiles dans les supermarchés »
Le combat idéologique : « Tous nos combats sociaux et politiques ont été des « appels au secours, des appels à la justice … mais ils se sont avérés des combats perdus face à la police répressive de la République ». Alors un autre combat a commencé, salutaire et révolutionnaire !la mort en martyr constitue une délivrance, un salut et une récompense d’Allah.
Tu parles du combat religieux ?
Non du combat spirituel (idéologique) qui nous rapproche d’Allah
C’est-à-dire ?
Le djihad sur soi, d’abord
C’est-à-dire ?
Se purifier de la société de consommation, de la dictature de la mode. Vous voyez, Descartes avait raison quand il a dit « je pense, donc je suis » par opposition à aujourd’hui « je consomme, donc je suis ». Le djihad est une pensée. On existera par cette pensée.
Une pensée radicale ?
Non spirituelle et politique !
Mais, elle prône la violence et le meurtre ?
Je ne suis pas dans ce registre, OK ? (ton menaçant)
Oui, j’ai compris. Tu sais, je suis musulman et laïque, Ce n’est pas incompatible ?
Vous êtes le produit du système que je refuse.
Quel système ?
Celui de la pensée unique et du politiquement correct.
Un djihadisme théorisé par des « Bac+5 »
Depuis les attentats de Charlie, la police a revu tout son logiciel pour atteindre trois objectifs : Interpeller les personnes faisant parti d’un réseau de djihadistes. Contrôler les réseaux internet et nettoyer les lieux où sont entreposées les armes. Une stratégie de déradicalisation par la mobilisation des responsables religieux et des compagnes de sensibilisation et d’alerte. Qu’en penses-tu ?
« Notre stratégie s’est construite et se construira à partir des failles du système de sécurité et de l’arsenal législatif et du relâchement de la pression médiatique ».
C’est-à-dire ?
Phase 1 : Un djihadisme passif sur soi, basé sur le refus du concept des échanges à travers les réseaux sociaux … pas de trace ni sur internet, ni sur le téléphone, ni sur l’ordinateur, ni par des écrits sur papier,
Phase 2 : Ne plus fréquenter les mosquées, ni les associations ni les cercles de pensée structurés surveillés par les services de renseignement.
Pourquoi ?
Il y a le risque d’infiltration, de délation, d’être sur écoute ou d’être sous surveillance policière … « Vous savez, Cheikh Oussama ben Laden a survécu et a supervisé le jihad anti-américain sans ordinateur, ni internet depuis 1996 jusqu’à sa mort en 2013.
Phase 3 : pas de signes religieux « ostentatoires » distinguant un jeune des autres …
Pourquoi ?
Pour se noyer dans la masse.
Phase 4 : Organisation de halaqat (séminaires) dans des appartements sous couverture d’une fête ou aller en Province et dans les petites villes, voire en voyage dans les pays du Maghreb pour discuter, débattre de nos idées, loin de la surveillance policière.
Phase 5 : Se marier tôt avec des sœurs par Al Fatiha
C’est à dire ?
Un mariage consommé, ou chaque conjoint reste chez ses parents, sans acte adulaire, ni acte de mariage civil, mais juste devant une jamaâ (groupe de témoins).
Tu veux dire « Zawaj al Motaâ » (mariage du plaisir) ?
Non, c’est conforme à la charia !
Pourquoi se marier ?
Le rôle de nos sœurs est primordial dans notre organisation, notre équilibre (sous-entendu notre sexualité), notre sécurité
Phase 6 : Prendre de la distance avec les djihadistes ou candidats dont le passé judiciaire ou la trajectoire peuvent conduire la police à nous.
Phase 7 : Pas d’entrainement militaire, pas d’usage d’armes, pas de cooptation, pas de prédication, mais une collecte de médicaments, d’argents pour leur acheminement vers les zones de combats sous couvert de missions humanitaires.
Phase 8 : Aucune activité subversive en France, mais une activité politique à l’échelle de l’Europe.
Où ?
Je ne répondrai pas à cette question.
Le profil type du djihadiste de « deuxième génération »
Quel est Le profil type de ces nouveaux djihadistes de deuxième génération ?
– Tranche d’âge cible : Jeunes âgés de 18 à 30 ans
– Sexe : Hommes et femmes majeurs, voués à la cause.
– Profession : Etudiants, universitaires. Pas de salariés ou de pères de famille.
– Niveau d’instruction : Master ou Doctorat
– Catégorie socio-professionnelle des parents : Classe moyenne bien intégrée et occidentalisée.
– Lieux d’habitat : Zones pavillonnaires ou collectifs hors ZUS. (sous-entendu HLM)
– Langues parlées : Français, anglais, arabe.
– Zones de mobilité : France, Europe, Maghreb (hors zones de combat).
– Niveau de religiosité : Non fondamentalistes au sens ostentatoire du terme (barbe, jellaba, taqia…). Pratiquants hors mosquées.
– Identification par les services de police : Inconnus des services de police judiciaire et de renseignement
– Moyens financiers : Finance islamique en Grande Bretagne et dans les pays du Golfe ou par les cotisations et la Zakat annuelle (aumône).
– Mode d’action non violent : Séminaires dans lieux privés : décryptage des médias, analyse des lois sur les libertés et des politiques en Europe, initiation à la pensée islamique.
– Autres critères : Pas de fréquentation de délinquants. Pas de fréquentation du quartier dont ils sont nés ou originaires. Pas d’implication dans les attaques ou agressions des juifs ou de leurs symboles ».
– Objectifs politiques : Donner un sens idéologique au djihadisme et à l’islam révolutionnaire, et non radical. Investir l’université où la laïcité est mise sous quarantaine par les musulmans et pat les juifs. Formation d’un parti politique en France, puis un conglomérat à l’échelle de l’Europe, de l’Afrique, du Maghreb, hors zones de combats ».
– Objectifs à court terme : Evolution hors Radar sécuritaire et du Renseignement. Laisser passer l’orage et agir en 2022. Rentrer en hibernation pour une durée indéterminée » après le choc et l’indignation du 11 janvier2015.
– Objectifs à moyen terme : Déconstruction et dissolution du CFCM, supplétif de l’Etat français. Création d’un parti politique pour conquérir, démocratiquement, des sièges au parlement en capitalisant le vote musulman dans les circonscriptions où la forte communauté musulmane est un réservoir électoral (région parisienne, PACA, Nord…).
Structurer le salafisme et le djihadisme sur des bases idéologiques non violentes en Europe. »
– Objectifs à long terme : Projet de partenariat politique avec d’autres mouvements d’Europe : « L’ennemi de mon ennemi est mon ami ». Y compris avec le Front National : « nous avons des contacts, des lignes politiques communes, un ennemi commun : kes judéo-franc-maçons. »
Lettre d’un djihadiste
Traduction du courrier d’un djihadiste, rédigé en arabe, envoyé de Syrie, transmis à son épouse, réacheminée en France par un canal informel via l’Algérie.
Homs, le 20 luin 2015
« Au nom d’Allah le Miséricordieux…
Ici, au pays du Cham, c’est l’apocalypse … des femmes du régime de Bachar se battent sur le front … à chaque offensive menée par notre katiba, certaines femmes soldats deviennent des captives de guerre … la torture, les viols et puis une balle dans la nuque.
Quand je suis arrivé, des responsables de Adaoula Al Islamiya Fi Cham wa Irak (Daech) m’ont interrogé, et m’ont mis en isolement pendant dix jours. Ils m’ont fait subir un examen portant sur mes connaissances en Islam, ordonné de détruire mon passeport français. Les Turcs nous laissent passer la frontière, une fois la nuit tombée, pour 200 € par personne.
Un hammam pour nous purifier … des boissons amères pour chasser le Satan de nos esprits … une formation accélérée pour manier la kalachnikov et les armes blanches. Nous écoutons les versets du Coran en boucle. Le onzième jour on m’a présenté mes quatre épouses veuves ou violées par l’armée de Bachar … pas de contraception … elles doivent mettre au monde des enfants de combattant. Nous avons le droit de tuer des Syriens portant l’uniforme, d’égorger les Chabihas (milices à la solde du régime syrien), violer leurs femmes. Nous avons des armes, un étendard et des médicaments
Je me sépare de toi. Je te donne ta liberté. Je ne retournerai pas en France. Le jour du combat ultime, nous nous laverons comme des morts, nous mettrons du kohl, nous laisserons pousser notre barbe et nos cheveux afin qu’ils dépassent de la nuque. Nos émirs nous ont baptisé par des noms de code. Le mien c’est Hamza, en référence au prénom de l’oncle du Prophète, mort en martyr à la bataille de Ouhoud.
Je suis heureux d’avoir quitté ce temple de Satan qu’est la France. Nous combattons pour la cause d’Allah en hommes libres, nous mourons en martyrs et nous vomissons cette France, crachons sur le portait de Hollande et sur la rose des socialo-sionistes. Nous débarrasserons le Cham, l’Irak et, bientôt, inchallah, le Hedjaz (l’Arabie saoudite) des Occidentaux, des sionistes, des journalistes et des Agents doubles.
Dieu a dit dans le Coran « Wa la Tahssibanna alladina qutilou fi sabili allahi amwatane, balle ahyaane inda rabbihime yourzaqoune » (Ne considère pas ceux qui se sont tués pour Allah comme des morts, mais comme des vivant au paradis éternel).
Allah Akbar »