L’art de la communication « oxymorique »
Giuseppe GAGLIANO


Chaque conflit tisse son propre narratif pour façonner la pensée collective, mais peu deviennent le symbole même de la guerre. Avec l’intrusion russe en Ukraine, un leitmotiv propagandiste émerge : « Pour embrasser la paix, l’Italie doit étreindre les armes. Plus elle fournira de munitions, plus rapidement la paix fleurira ». Cette tromperie est le fruit d’une stratégie habile. Mario Draghi se trouve pris entre l’enclume du désir de paix des Italiens et le marteau des attentes belliqueuses américaines. En proclamant sa quête de paix, il flatte les Italiens ; en promettant des armes, il satisfait Biden. De là naît le slogan : « Arsenaux pour la Paix ». Je définis cette tactique d’influence publique par « juxtaposition oxymorique ». L’oxymore fusionne des termes contradictoires : paix et guerre ; rigidité et diplomatie.
La juxtaposition oxymorique brille en opposant le terme aimé à celui détesté, non pour justifier, mais pour élever les moyens à travers le but. En justifiant les moyens pour atteindre un but, le moyen – la guerre ou l’attentat – reste détestable. Mais lorsque l’on procède à l’élévation des moyens, celui-ci devient noble. Contrairement à Draghi, Biden n’a pas à contourner l’opinion publique, car la guerre, dans la culture américaine dominante, a des connotations positives. Biden n’a pas besoin d’exploiter le concept de « paix » pour faire accepter aux Américains l’utilisation des Ukrainiens comme chair à canon pour poursuivre l’avancée de l’OTAN vers la Russie. La relation psychologique d’un peuple avec la guerre est fortement influencée par ses expériences historiques. Lorsqu’une guerre dévaste une nation, comme cela s’est produit en Italie pendant la Seconde Guerre mondiale, les survivants développent une perception négative du conflit, résumée dans le dicton « La guerre ne paie pas ». À l’inverse, si la guerre transforme une nation en superpuissance, les survivants tendent à la voir sous un jour positif, car elle leur a été auparavant avantageuse. Finalement, le gouvernement Draghi ose se présenter comme un champion de la paix plutôt qu’en tant que satellite de la Maison Blanche, violant l’article 11 de la Constitution pour plaire à Biden.
La juxtaposition oxymorique se reflète également dans le bombardement de Gaza. Ici, l’oxymore n’est pas « paix et guerre », mais « paix et massacre ». Car à Gaza, ce n’est pas une guerre qui se déroule, mais un génocide. Pour légitimer le massacre des Palestiniens, on affirme qu’il est nécessaire afin d’anéantir le Hamas et fonder un État palestinien porteur de paix. Ceci est un faux, car le massacre éloigne la paix en Palestine, tout comme les armes en Ukraine. Israël ne vise pas à détruire le Hamas pour créer un État palestinien, mais pour empêcher sa naissance. Netanyahu a déclaré que les Palestiniens auront un État seulement lorsqu’ils apprendront à aimer Israël et l’Occident, c’est-à-dire lorsqu’ils accepteront leurs bourreaux.