La radicalisation de l’islam, facteur d’instabilité des pays du MOAN
Dr Iman SEDIRI
Docteur en droit de l’Université Panthéon-Assas (Paris)
Administratrice au Conseil économique et social de Tunisie
Dernier ouvrage paru : La Tunisie : enjeux et défis au XXIe siècle , Ellipses, Paris, 2009.L’islam se radicalise, en atteste à ce jour le recours à des pratiques illégales pour contraindre les femmes à porter le voile, ou encore les risques d’affrontement idéologique entre sunnites et chiites. Afin de lutter plus efficacement contre ce phénomène, il faudrait sans doute favoriser les courants de laïcisation dans les sociétés en transition. C’est-à-dire laisser le libre exercice du culte relever du domaine privé et séparer la religion de l’Etat.
Ce choix semble indispensable pour renforcer davantage les fondements démocratiques des jeunes républiques et monarchies de la région du MOAN et pour les pacifier.
L’occulter serait se risquer à hisser « l’intégrisme islamique » au niveau de l’Etat. En effet, « le degré d’antagonisme et d’instabilité que le militantisme islamique provoquera dépendra de l’importance que les élites politiques des Etats du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord attachent à la laïcité et de leur capacité à introduire des réformes de bonne gouvernance[2] ».
Favoriser, encourager et soutenir les courants laïcs aiderait les pays de la région MOAN à s’approprier l’idéal démocratique et à reprendre les efforts de modernisation entrepris à l’aube de l’indépendance.
La laïcisation peut se faire à plusieurs niveaux. D’abord au niveau des textes de loi, comme par exemple son inscription pure et simple dans la constitution, à l’instar de la Turquie. Elle peut aussi se faire au niveau de la société, en encourageant l’émergence de partis politiques fervents défenseurs des principes laïcs et en favorisant la diversité ethnique et culturelle.
Force est de constater que la démocratie permet à plusieurs ethnies de vivre ensemble dans le strict respect des lois, elle permet également à plusieurs groupes de tendances et de pensées différentes de cohabiter pacifiquement, de sorte que nul n’exerce de pouvoir discrétionnaire.
Le choix laïc démocratiserait davantage les pays du MOAN, mettrait un terme à l’instrumentalisation de la religion par le politique et contribuerait, in fine, à résoudre les risques de conflits qu’ils peuvent traverser.