De l’Europe centrale à l’Indo-Pacifique, l’Azerbaïdjan sape l’effort de guerre de l’Ukraine
Eduard ABRAHAMYAN
L’alliance civilisationnelle et géopolitique entre les régimes autocratiques de Russie et d’Azerbaïdjan est de plus en plus évidente, en particulier dans la promotion conjointe par ce duo d’un ordre régional non occidental dans le Caucase du Sud. Cette alliance se traduit par la normalisation de l’usage de la force, du nettoyage ethnique et d’un comportement antagoniste aux intérêts, aux valeurs et aux normes de l’Occident, comme en témoignent les actions analogues de la Russie contre l’Ukraine et de l’Azerbaïdjan contre l’Arménie et contre les Arméniens du Haut-Karabakh. L’alliance Poutine-Aliev s’est progressivement dotée d’un cadre formel, portant le partenariat stratégique établi en 2008 au niveau d’une « interaction alliée » dans un contexte d’aggravation de la multipolarité concurrentielle entre l’Occident et le non-Occident. Cette relation spéciale a été soulignée par l’importante déclaration bilatérale signée par les deux dirigeants à Moscou le 22 février 2022, deux jours avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie[1]. Comme l’a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères, « l’Azerbaïdjan est un partenaire stratégique important, un bon voisin et un allié fiable de la Russie »[2]. Le dirigeant azerbaïdjanais Ilham Aliev, a répondu à cette appréciation matérialisée par le retrait des « soldats de la paix » russes du Nagorno-Karabakh – la région où il a perpétré le nettoyage ethnique des Arméniens – en soulignant que « la Russie est un pays fondamental en termes de sécurité régionale dans le Caucase et dans une géographie plus large »[3] et que « la Russie ne quittera jamais cette région », suggérant que « d’autres pays devraient être intéressés par le maintien de bonnes relations avec elle »[4].
Toutefois, l’engagement pris par Poutine et Aliev de renforcer « l’interaction entre les alliés » ne se limite pas au Caucase du Sud, mais s’étend à la coopération stratégique mondiale. Cette coopération est motivée en partie par une vision commune visant à consolider la lutte géopolitique contre le soi-disant « néocolonialisme occidental », comme l’ont unanimement exprimé les régimes d’Aliev et de Poutine, aux dépens des valeurs et des intérêts occidentaux dans leur ensemble[5]. Dans ce contexte, la présente analyse évoque les activités récentes de l’Azerbaïdjan afin de saper l’effort de guerre ukrainien, au profit de Moscou.
Partenariat de défense entre la Bulgarie et l’Azerbaïdjan
Il y a tout d’abord la réorientation vers l’Azerbaïdjan de munitions d’artillerie fabriquées en Bulgarie et initialement destinées à l’Ukraine. Sofia est le partenaire stratégique de Bakou depuis 2015, l’Azerbaïdjan jouant un rôle croissant sur le marché bulgare de l’énergie (fourniture de gaz naturel et exploitation d’infrastructures de transit)[6].
On sait moins que l’Azerbaïdjan a manifesté son intérêt pour le secteur bulgare de la défense vers 2016-2017. Selon un journaliste d’investigation bulgare, qui a requis l’anonymat en raison de la sensibilité de la question, l’Azerbaïdjan a cherché à investir dans DUNARIT Corporation, Arcus Co. et Armaco JSC, d’importantes sociétés de production de matériel militaire bulgares. L’Azerbaïdjan était particulièrement intéressé par la production et l’importation de munitions de mortier et d’artillerie de l’ère soviétique, y compris les obus à chargement séparé de 122 mm.
Compte tenu de la disponibilité limitée des munitions standards soviétiques/russes sur le marché mondial et du déficit de l’Ukraine en matière d’artillerie, les fabricants bulgares de matériel de défense semblent avoir réorienté leurs approvisionnements vers l’Azerbaïdjan. Les données de Flightradar24 indiquent que la flotte des avions cargos lourd Iliouchine Il-76MD des forces armées azerbaïdjanaises a effectué des vols de fret réguliers entre la mi-février et la mi-mars (six vols aller-retour confirmés) entre Burgas et Bakou. Cela suggère l’importation par l’Azerbaïdjan de production militaire bulgare et l’interruption partielle des livraisons à l’Ukraine. Une source du ministère ukrainien de la Défense a laissé entendre que la priorité accordée aux livraisons d’armes azerbaïdjanaises avait quelque peu affecté la quantité et le calendrier des livraisons bulgares à l’Ukraine. Cela fait écho à la plainte du président ukrainien Volodymyr Zelensky à la suite des négociations avec le Premier ministre bulgare Nikolay Denkov à Kiev. M. Zelensky s’est inquiété du fait que seuls 30% des obus d’artillerie promis par la Bulgarie avaient atteint l’Ukraine dans les délais impartis[7].
Bien que ces interruptions des livraisons militaires à l’Ukraine soient relativement mineures, le rôle de l’Azerbaïdjan a une importance géopolitique. Ces perturbations ciblées permettent à Bakou d’accroître sa valeur stratégique vis-à-vis de Moscou.
Exploitation de la Slovaquie : détournement d’armes vers l’Ukraine
Deuxièmement, il existe des preuves que l’Azerbaïdjan a joué un rôle dans le retardement des livraisons d’armes tchèques et slovaques à l’Ukraine. Les relations entre la Slovaquie et l’Azerbaïdjan se sont développées sous le gouvernement de Robert Fico, qui a entamé son troisième mandat de Premier ministre en octobre 2023. Fico, qui s’est prononcé contre le soutien militaire à l’Ukraine pendant les élections législatives, a réduit l’aide militaire à Kiev à partir de mars-avril 2024[8]. Ce changement de politique a affecté la production et l’acquisition de plateformes d’artillerie communes et d’autres équipements militaires létaux importants avec la République tchèque, qui sont essentiels pour l’Ukraine.
Dans le contexte de la dérive autoritaire de Fico – caractérisée par la consolidation du pouvoir intérieur et de ses politiques pro-russes – l’Azerbaïdjan a réussi à influencer les processus de production d’exportations militaires slovaques et tchèques, en réorientant certains équipements précédemment destinés à l’Ukraine.
Lors de leur visite à Bakou le 7 mai, Fico et le président azerbaïdjanais Ilham Aliev ont signé la Déclaration conjointe de partenariat stratégique, ainsi que des documents relatifs à la coopération industrielle en matière de défense (les deux parties souhaitent mettre en place une production militaire commune)[9]. Il est intéressant de noter que la visite de Fico à Bakou a coïncidé avec les révélations selon lesquelles la société tchéco-slovaque Excalibur Army prévoit de livrer plus de 70 obusiers automoteurs DITA de 155 mm/L45 à l’Azerbaïdjan, ce qui représente la plus importante commande de systèmes d’artillerie tchéco-slovaque depuis 1989[10]. Dans ce contexte, la déclaration commune de Fico et Aliyev est remarquable : « lorsque j’ai entendu la position [d’Aliyev] sur l’Ukraine, j’ai pensé qu’il s’agissait de la position du gouvernement slovaque. En d’autres termes, nous avons une position très similaire »[11].
À la suite à la visite de Fico, le gouvernement slovaque a été accusé de donner la priorité aux accords militaires avec l’Azerbaïdjan plutôt qu’aux engagements envers l’Ukraine (la Slovaquie avait précédemment affecté 16 obusiers Zuzana 2 à l’Ukraine). En particulier, le député slovaque Juraj Krupa a noté que le ministre slovaque de la Défense avait donné la priorité aux commandes de l’Azerbaïdjan – et du fabricant tchèque – par rapport à un contrat existant avec l’Ukraine[12]. Les interventions de l’Azerbaïdjan en Slovaquie ainsi qu’en Bulgarie, sont sur le point d’accroître les lacunes de l’Ukraine en matière d’artillerie au profit des récentes avancées de la Russie.
L’Azerbaïdjan et la Russie collaborent dans l’Indo-Pacifique
Le troisième événement susceptible d’influencer la dynamique de la guerre en Ukraine semble être une opération conjointe des services de renseignement azerbaïdjanais et russes contre la France sur son territoire d’outre-mer, la Nouvelle-Calédonie, dans l’océan Pacifique. Le 16 mai, des manifestations de la population autochtone se sont transformées en émeutes violentes contre les autorités françaises. Selon le gouvernement français, l’aggravation de la violence a été attisée par les services de renseignement azerbaïdjanais, éventuellement en coordination avec la Russie.
L’Azerbaïdjan mène une campagne subversive contre la France depuis la fin de l’année 2020. Lors de la défaite militaire d’Erevan en 2020, le président français Emmanuel Macron, soutenu par le Sénat français, a apporté son soutien à l’Arménie et à la population arménienne du Haut-Karabagh. Le gouvernement français a également condamné l’usage inconsidéré de la force par l’Azerbaïdjan, qui a culminé avec le violent nettoyage ethnique du Haut-Karabakh en septembre 2023[13]. Au cours de cette période, l’Azerbaïdjan a adopté une approche conflictuelle pour faire pression sur la France afin qu’elle abandonne sa politique de soutien au Haut-Karabakh et en faveur du renforcement militaire de l’Arménie. Dans le cadre de cet effort, Bakou a habilement encouragé et instrumentalisé les griefs des minorités ethno-politiques de l’outre-mer français contre Paris.
L’approche de Bakou reflète le défi lancé par Moscou à l’agenda unipolaire de l’après-Guerre froide mené par les États-Unis. Poutine et Aliyev plaident tous deux pour un ordre mondial non démocratique et non libéral sous couvert de s’opposer au soi-disant néocolonialisme occidental[14]. Ces dernières années, Bakou a cultivé des liens avec les mouvements d’indépendance de Corse, de Polynésie française et de Nouvelle-Calédonie, entre autres, par le biais de la création d’un « Groupe d’initiative de Bakou » (BIG). L’objectif global de ce groupe est exprimé dans son slogan politique, « vers la liquidation complète du colonialisme »[15]. La plateforme du BIG – qui promeut des récits ouvertement anti-français et eurosceptiques – comprend environ quatorze mouvements ethno-politiques de France et de ses territoires d’outre-mer[16]. La campagne de l’Azerbaïdjan contre les intérêts français a également été promue par d’autres canaux, y compris le Mouvement des non-alignés, le Conseil de coopération islamique et des engagements bilatéraux avec des alliés autoritaires tels que la Russie et la Chine.
Le ministre français de l’intérieur, Gérald Darmanin, a ouvertement révélé l’implication directe de l’Azerbaïdjan dans l’insurrection anti-française en Nouvelle-Calédonie. Le ministre a déclaré : « Ce n’est pas un fantasme. Je regrette que certains des séparatistes [de Nouvelle-Calédonie] aient passé un accord avec l’Azerbaïdjan »[17]. Politico, par l’intermédiaire de sources au sein des services de renseignement français, a également révélé que des activités hybrides azerbaïdjanaises et russes en Nouvelle-Calédonie ont été détectées pendant des semaines, voire des mois, « poussant le récit de la France comme un État colonialiste »[18]. Se vantant de l’implication de l’Azerbaïdjan dans l’éveil de sentiments anti-Paris dans les territoires français d’outre-mer, l’influenceur politique Farhad Mammadov, un protégé du conseiller présidentiel en politique étrangère Hikmat Hajiyev, a maintenu que les « efforts systématiques pour affaiblir la France doivent se poursuivre sans relâche ». Mammadov a également averti que « même si la partie française entame une normalisation, Bakou ne doit pas céder. Il ne s’agit pas seulement d’une réaction de l’Azerbaïdjan à […] la politique agressive de la France dans notre région, mais aussi d’un mécanisme permettant à l’Azerbaïdjan de se positionner dans les discussions futures sur l’ordre mondial »[19].
Il est également important de noter que les réactions de Bakou et de Moscou aux troubles en Nouvelle-Calédonie ont été étonnamment similaires, animées par une rhétorique teintée d’idéologie. Par exemple, en réponse à l’invitation faite par la présidente géorgienne Salomé Zourabichvili à Emmanuel Macron de se rendre en Géorgie le jour de l’indépendance pour « libérer enfin le Caucase de l’influence russe », le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a fait remarquer avec sarcasme que « les seules personnes que Paris peut libérer sont les habitants autochtones de la Nouvelle-Calédonie du joug français »[20].
Dans le cadre du partenariat stratégique croissant entre le Kremlin et Bakou, Gregory Karasin, président de la commission des Affaires internationales du Conseil de la Fédération de Russie, a récemment annoncé que Moscou envisageait d’ouvrir une mission diplomatique dans la région du Nagorno-Karabakh, qui fait l’objet d’une épuration ethnique. Cette décision notable est probablement attribuable à l’opération azerbaïdjanaise en Nouvelle-Calédonie[21]. Une source anonyme au sein du ministère russe des affaires étrangères a interprété le geste de Moscou comme un « signe d’appréciation » pour la collaboration efficace des deux pays sur la scène internationale au cours des derniers mois.
L’opération de déstabilisation azerbaïdjano-russe en Nouvelle-Calédonie pourrait contraindre Paris à reconsidérer ses projets d’envoi de troupes en Ukraine, une possibilité que le président Macron n’a pas exclue en avril (la France réfléchit à surveiller les zones frontalières avec la Biélorussie). Les efforts déployés par Paris pour apporter un soutien militaire direct à l’Ukraine se sont heurtés à l’opposition farouche du Kremlin, l’administration de Poutine ayant promis de riposter en prenant pour cible le personnel français[22]. Un ancien diplomate de l’ambassade de France en Ukraine a suggéré, lors d’une conversation privée avec l’ISA, qu’une implication accrue des moyens policiers et militaires français en Nouvelle-Calédonie entraverait probablement les préparatifs du président Macron et ses projets d’envoi de troupes en Ukraine.
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L’affaiblissement par l’Azerbaïdjan des chaînes d’approvisionnement ukrainiennes – et de ses capacités de défense – constitue un défi relativement nouveau pour Kiev et donne à Moscou un moyen de pression supplémentaire vis-à-vis de l’Occident. La campagne de subversion azerbaïdjanaise et russe contre la France pourrait contrarier les projets naissants de Macron d’intervenir sur le théâtre ukrainien, réduisant ainsi la marge de manœuvre de Kiev pour repousser les avancées russes. D’où l’intérêt pour Moscou de réduire la détermination française. Dans l’ensemble, les activités malveillantes de l’Azerbaïdjan et son partenariat croissant avec la Russie mettent en évidence l’efficacité croissante de la coordination autoritaire et la menace grandissante qu’elle fait peser sur les intérêts occidentaux.
[1] Декларация о союзническом взаимодействии между Российской Федерацией и Азербайджанской Республикой. 22 fév. 2022. http://kremlin.ru/supplement/5777
[2] Ambassade de la Fédération de Russie en République d’Azerbaïdjan. Об установлении дипломатических отношений между Российской Федерацией и Азербайджанской Республикой. https://azerbaijan.mid.ru/ru/news/
[3] Ilham Aliyev s’est entretenu en tête-à-tête avec le président Vladimir Poutine. https://president.az/en/articles/view/65564
[4] Ilham Aliyev a participé au Forum international « COP29 et vision verte pour l’Azerbaïdjan ». https://president.az/en/articles/view/65580
[5] Ministère des affaires étrangères de Russie 2024. Выступление Министра иностранных дел России С.В.Лаврова в ходе Форума стороников борьбы с современыми практиками неколониализма – « За свободу наций ! ». https://mid.ru/ru/foreign_policy/news/1932745/
[6] Ilham Aliyev et le Président Rumen Radev ont fait des déclarations à la presse. https://president.az/az/articles/view/65772
[7] Brzozowski A., « L’Ukraine déclare n’avoir reçu que 30 % des obus d’artillerie promis par l’UE ». https://www.euractiv.com/section/europe-s-east/news/ukraine-says-only-30-of-promised-eu-artillery-shells-received/
[8] « After their PM halts Ukraine aid, Slovaks dig deep to help », BBC News. 19 avril 2024. https://www.bbc.co.uk/news/world-europe-68843542
[9] Présidence de la République d’Azerbaïdjan, 2024, « Des documents Azerbaïdjan-Slovaquie ont été signés », https://president.az/az/articles/view/65747
[10] Defence Turk: Azerbaijan to buy DITA wheeled self-propelled howitzers », Caliber.Az, 6 May 2024. https://caliber.az/fr/post/238301/
[11] « Ilham Aliyev et le Premier ministre Robert Fico ont fait des déclarations à la presse », https://president.az/az/articles/view/65748
[12] “Slovakian Government Accused of Sending Barrels Intended for Ukraine’s Zuzana 2 to Azerbaijan for DITA Instead”, Defense Express, 8 mai 2024. https://en.defence-ua.com/industries slovakian_government_accused_of_sending_barrels_intended_for_ukraines_zuzana_2_to_azerbaijan_for_dita_instead-10419.html
[13] « Le Sénat français adopte une résolution appelant à la reconnaissance de l’Artsakh ». ArmRadio, 25 novembre 2020, https://en.armradio.am/2020/11/25/french-senate-adopts-resolution-on-the-need-to-recognize-artsakh/
[14] « Алиевпризвалпокончитьсполитикойнеоколониализма,проводимойевропейскимидержавами », TASS Agency,1 mai 2024, https://tass.ru/mezhdunarodnaya-panorama/20689957
[15] « FransamüstəmləkəçiliyinəqarşıBakıTəşəbbüsQruparadılıb-BƏYANAT », ReportAzerbaijan, 6 Juillet,2023, https://report.az/xarici-siyaset/fransa-mustemlekeciliyine-qarsi-baki-tesebbus-qrupu-yaradilacaq-beyanat/.
[16] « Bakı Təşəbbüs Qrupu və Fransanın son koloniyalarında müstəqillik mübarizəsi aparan 14 hərəkat Yeni Kaledoniyaya dəstək Bəyanatı yayıb », APA, 16 mai 2024, https://apa.az/xarici-siyaset/baki-tesebbus-qrupu-ve-fransanin-son-koloniyalarinda-musteqillik-mubarizesi-aparan-14-herekat-yeni-kaledoniyaya-destek-beyanati-yayib-842462
[17] Tweet vidéo de Telematin (télévision française) sur l’interview du ministre français de l’Intérieur. https://twitter.com/telematin/status/1790993081564881274
[18] « France accuses Azerbaijan of fomenting deadly riots in overseas territory NewCaledonia », Politico, 16 May 2024, https://www.politico.eu/article/france-accuse-azerbaijan-fomenting-deadly-riot-overseas-territory-new-caledonia/
[19] Telegram Channel of Farhad Mammadov, MneniyeFM, 29 mai 2024, https://t.me/mneniyefm.
[20] « ЗахаровапрокомментировалаприглашениеМакронавГрузию », RIA Novosti, 19 mai 2024. https://ria.ru/20240519/zakharova-1947020000.html.
[21] « СкороначнетсяподготовкакоткрытиюгенконсульстваРоссиивХанкенди-ГригорийКарасин », TrendAz, 27 May 2024, https://www.trend.az/azerbaijan/politics/3904848.html
[22] Ministère russe des Affaires étrangères, 2024, https://mid.ru/ru/foreign_policy/news/1952348/