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Accueil > Analyses > Notes Renseignement, technologie et armement > Guerre électronique : la suprématie russe
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NOTE RENSEIGNEMENT, TECHNOLOGIE ET ARMEMENT N°12 / septembre 2019

Guerre électronique : la suprématie russe

Olivier DUJARDIN

 

Cela fait maintenant plusieurs années que les capacités de guerre électronique russes sont mises en avant. Si ces compétences ont commencé à être évoquées dès 2008 lors de la courte guerre avec la Géorgie, c’est surtout à partir de la crise ukrainienne en 2014, que les moyens russes de guerre électronique ont été popularisés. Leur savoir-faire fut illustré par le brouillage du radar AN/SPY-1 de l’USS Donald COOK, ce qui mit temporairement le navire américain dans l’incapacité d’utiliser son système de combat[1]. Depuis, les démonstrations de brouillage des radars, des systèmes de navigation GPS, des liaisons de télécommande de drones et des communications ne manquent pas. Pourtant les compétences des Russes en la matière ne sont pas nouvelles. Dès le début de l’utilisation opérationnelle de la radio, ils ont compris l’intérêt qu’il y avait à perturber ce nouveau moyen de communication. Ainsi dès 1905, ils brouillèrent avec succès les communications de la flotte japonaise. Les Russes ont très tôt perçu que ce nouveau moyen de communication était aussi une vulnérabilité. Ils n’ont jamais perdu de vue cet aspect et ont donc toujours développé de fortes capacités en guerre électronique tout au long de leur histoire. Bien que ce constat ait pu être partagé par d’autres armées, ils restent en avance dans ce domaine.

 

Maîtrise du spectre 

 

Le spectre électromagnétique décrit l’ensemble des rayonnements électromagnétiques, classés par fréquences ou longueurs d’ondes. Débutant théoriquement à 0 Hz jusqu’à l’infini – c’est-à-dire des ondes radio électriques jusqu’aux rayons Gamma -, seule la bande des ondes radio électriques (0 Hz à 300 GHz) est traitée par la guerre électronique au sens large[2]. La bande des ondes radio électriques présente, en fonction des fréquences, des caractéristiques physiques différentes. Ainsi un moyen de communication utilisera plutôt une fréquence en début de spectre pour une émission « longue portée » ; par contre, si un plus grand débit de transmission est nécessaire, des fréquences plus hautes seront alors généralement privilégiées. De même, un radar qui veut porter très loin utilisera généralement une bande de fréquence basse, mais choisira une fréquence haute si son rôle est la détection de petits objets avec une grande précision. Tout est affaire de compromis en fonction des besoins.

L’utilisation du spectre électromagnétique est révélatrice des différents besoins et des différentes applications. Le maîtriser implique donc de savoir ce que l’on peut trouver dans chaque gamme de fréquences, quelles applications sont possibles et de reconnaître ce qui y est réellement utilisé. Cela nécessite donc une connaissance approfondie et élargie de tous les émetteurs qui utilisent le spectre électromagnétique. Cette connaissance permet ensuite à chaque utilisateur d’exploiter au mieux ce spectre pour ses propres besoins, mais aussi de savoir comment perturber l’adversaire dans son exploitation de cet espace spectral. Toutefois, cette connaissance nécessite un important travail de renseignement. Pour ce faire, Il faut disposer de matériels adaptés et d’opérateurs compétents dans le domaine. Les forces russes, en multipliant les unités de guerre électronique à tous les échelons, s’assurent ainsi de la maîtrise du spectre électromagnétique. En Occident, ce type d’unités existe aussi mais en nombre très limité, ce qui ne permet pas d’en disposer tout le temps, ni à tous les échelons.

 

Renseignement

 

Pouvoir reconnaître les émetteurs actifs et leur fonction est essentiel afin de maîtriser le spectre électromagnétique. En effet, c’est de la qualité et de l’exhaustivité de la base de données associée que dépendra, en grande partie, l’efficacité de la maîtrise du spectre, surtout si on envisage de confier à une IA (intelligence artificielle) une partie du travail. Pour cela, il faut connaître le maximum de signaux, donc il faut aller les recueillir ; c’est le travail du ROEM (renseignement d’origine électromagnétique). Dans ce cas précis, c’est même le ROEM technique[3] qui est mis en œuvre pour la construction des bases de données. Ce travail doit être réalisé de manière complète et exhaustive et ne pas se limiter aux signaux que l’on considère associés à une menace.

En effet, il est plus facile d’intercepter des signaux « peu importants », car souvent civils et largement utilisés partout dans le monde, que des signaux considérés comme prioritaires. En effet, les signaux « prioritaires » ont le défaut d’être mal connus et sont donc difficiles à différencier si l’on ne maîtrise pas d’abord ceux qui sont considérés comme « peu importants ». Ne se consacrer qu’aux signaux prioritaires est une source d’ambiguïtés et d’erreurs. C’est pourtant l’erreur souvent commise,par souci d’économies en personnel et en matériel.

Le problème d’identification des signaux engendre les mêmes problèmes. En effet, il arrive qu’un signal intercepté soit mal attribué faute d’identification visuelle de l’émetteur, engendrant par là même une distorsion dans la base de données. Ces défauts ont, dans le domaine radar, failli entraîner à plusieurs reprises des tirs fratricides car la base de données des capteurs de guerre électronique n’a pas été capable de différencier un radar menaçant d’un radar ami, mal connu car non prioritaire. Même sans être dans ce cas extrême, les confusions de signaux ont des conséquences tactiques importantes, car au lieu de participer à la diminution du « brouillard de la guerre », cela participe à l’intensifier ! Dans un contexte où l’essentiel des opérations occidentales se déroule en coalitions, les risques d’erreurs sont d’autant plus importants. Sans une vue globale de l’ensemble des signaux pouvant être utilisés, aucune maîtrise du spectre ne peut être espérée car il y aura toujours trop de signaux inconnus, dont parfois nos propres signaux, pour correctement exploiter le spectre à notre avantage.

 

Compétences techniques

 

L’étape précédente ne peut être réalisée qu’avec des matériels spécifiques afin de s’assurer de la précision de la connaissance acquise. Les lois de la physique s’appliquant à tout le monde de la même manière, il est logique qu’existent de fortes similitudes entre des signaux qui ont la même fonction. Ceci est vrai aussi bien pour les télécommunications que pour les radars. Seules des mesures très précises permettront de les différencier correctement. C’est pour cette raison que la construction des bases de données de référence ne peut être faite à partir des informations de simples capteurs de guerre électronique qui ont une fonction tactique et qui doivent donc privilégier la vitesse d’interception et de traitement sur la précision. Même si la technologie permet aujourd’hui de considérablement améliorer la précision des mesures faites par les capteurs de guerre électronique récents, cela demeure encore trop imprécis et surtout incomplet, bien que certains industriels voudraient faire croire le contraire. Malgré tout, c’est une pratique courante que d’intégrer les informations issues de la guerre électronique à la base de données, là encore par souci d’économie de moyens. Et, plus que d’apporter de la connaissance, cela apporte surtout de la confusion et cela nuit à la maîtrise du spectre.

Mais au-delà de l’identification des signaux, la précision des mesures est indispensable pour passer à la partie offensive. Comment brouiller intelligemment un système, c’est-à-dire sans qu’il s’en rende compte[4], si on ne lui renvoie pas précisément le bon signal ? Il est évident qu’une base de données ne contenant pas les bonnes informations ne permettra pas de réaliser des brouillages efficaces. Si aujourd’hui, dans la plupart des pays occidentaux, cela fait bien longtemps qu’a été abandonnée l’idée de réaliser des brouillages offensifs, le fait de ne pas disposer de renseignements de qualité suffisante interdit le retour de cette capacité à moyen terme. Cela pose de plus un problème pour le fonctionnement des brouilleurs défensifs dont sont équipés les avions ou les bâtiments de combat. Il est donc nécessaire de toujours bien connaître l’origine des données que l’on manipule afin d’être capable d’en évaluer la qualité et notamment de se méfier des informations échangées ou issues des bases de données communautaires (l’OTAN a sa propre base de données de guerre électronique) dont on ne maîtrise ni les capteurs utilisés, ni l’interprétation qui a été faite des mesures.

Au-delà de l’aspect matériel, il faut aussi disposer de personnel formé et expérimenté. Cet aspect est d’autant plus délicat à gérer que cette population est réduite. Quand la ressource humaine est limitée, il devient très difficile de transmettre la compétence quand les personnes expérimentées doivent à la fois faire leur travail et former les débutants. La gestion des urgences privilégie systématiquement l’aspect opérationnel au détriment de la formation. Si l’on ajoute à cette situation des temps d’affectation parfois réduits, on a tous les ingrédients pour une érosion continue des compétences. Les forces armées russes, en entretenant de nombreuses unités de guerre électronique, disposent de ce fait d’un réservoir de personnel probablement plus important leur permettant de pérenniser efficacement les compétences.

 

Doctrine et entrainement

 

Contrairement à la plupart des pays occidentaux, les armées russes n’ont jamais abandonné un seul domaine de la guerre électronique[5]. Leur réflexion doctrinale sur le sujet ne s’est jamais tarie, surtout à l’heure où le spectre électromagnétique est de plus en plus utilisé, que ce soit pour les communications, la navigation ou la détection. Les Russes ont compris que la révolution informationnelle du champ de bataille reposait en grande partie sur le spectre électromagnétique et que là se trouvait une faille exploitable. Parallèlement, ils travaillent aussi à diminuer leur propre vulnérabilité au brouillage. Ainsi tous leurs entraînements militaires comportent un volet guerre électronique offensif et défensif. En s’appliquant à eux-mêmes des brouillages, cela leur permet à la fois de perfectionner leurs tactiques offensives et de s’entraîner à opérer en ambiance de brouillage intense. Le réalisme apporté dans les entraînements leur permet de constamment améliorer leurs capacités, ce qui a sans doute des répercussions dans la conception de leurs équipements. Peut-être peut-on y trouver une des raisons à la moindre numérisation de leurs forces ?

En Occident, faute de capacités offensives, les pays ne s’entraînent pas à opérer en ambiance de guerre électronique ou, si cet aspect est pris en compte, il est généralement simulé, ce qui manque de réalisme. La simulation en elle-même peut être sujette à caution car elle ne s’appuie sur aucune expérience réelle et toutes les réponses imaginées ne le sont qu’au travers des scenarii imaginés. Ce manque de réalisme, conséquence d’une absence de moyens, ne favorise pas la créativité en matière de brouillage ou de résistance au brouillage. En conséquence, les forces occidentales ont été peu ou pas sensibilisées à leurs propres vulnérabilités, ce qui n’incite donc pas à investir dans ce domaine, le serpent finissant par se mordre la queue.

La conséquence opérationnelle est qu’en Syrie, les forces occidentales se trouvent à la merci d’actions de guerre électronique pouvant être effectuées par les Russes. En l’absence de capacités de brouillage, d’entraînements et de doctrines, elles se voient globalement démunies.

 

*

 

Les forces russes disposent aujourd’hui d’une confortable avance dans le domaine de la guerre électronique qui ne relève pas du hasard car ils s’en sont donné les moyens. Doctrine, entraînement, équipements, compétences, connaissance, et par un renseignement technique et tactique performant, leur donnent toutes les cartes pour dominer la discipline. Toutefois, si leur avance va perdurer encore plusieurs années, certains pays ont commencé à réagir, comme la Chine qui s’est dotée dès 2015 d’un état-major de gestion du spectre électromagnétique[6], ou plus récemment les Etats-Unis qui, depuis 2018, commencent petit à petit à réinvestir le domaine. Il est possible que, dans les 10-15 ans à venir, d’autres pays puissent rivaliser avec la Russie. Les Etats européens, eux, tardent à réagir. Victimes de l’importante réduction de leurs budgets de défense de la déflation de leurs effectifs depuis les années 1990, ils ont perdu beaucoup de capacités et de compétences, notamment en matière de guerre électronique. Avec des effectifs trop faibles, des compétences à reconstruire et des budgets très contraints, il est peu probable que des efforts conséquents soient faits en la matière alors que d’autres domaines nouveaux (cybersécurité, Big Data, intelligence artificielle…) s’ajoutent à la liste. Mais il ne faut pas oublier qu’à l’heure où l’on considère que « la connectivité sera un enjeu de souveraineté déterminant pour le Système de combat aérien du futur »[7], ne pas s’intéresser au domaine de la guerre électronique revient à laisser le mot de passe administrateur d’un système critique écrit sur un post-it collé sur l’écran.

 

 

 

 

[1]https://newspunch.com/russian-jamming-system-kills-all-nato-electronic-systems-in-syria/

[2]https://cf2r.org/documentation/renseignement-electromagnetique-definitions-et-contours/

[3] https://cf2r.org/recherche/le-renseignement-technique-dorigine-electromagnetique-applique-au-radar/

[4]https://cf2r.org/reflexion/guerre-electronique-le-retour/

[5]https://cf2r.org/documentation/renseignement-electromagnetique-definitions-et-contours/

[6]https://analysedefense.fr/blogs/articles/passe-muraille-n-14

[7] http://www.opex360.com/2019/03/31/la-connectivite-sera-un-enjeu-de-souverainete-determinant-pour-le-systeme-de-combat-aerien-du-futur/

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