Le renseignement technique d’origine électromagnétique appliqué au radar (ELINT)
Olivier DUJARDIN
Lorsque l’on parle de renseignement, on évoque indistinctement plusieurs disciplines. Si certains modes de collecte (imagerie, écoutes) sont assez connus car souvent évoqués dans la presse et relativement faciles à appréhender, il en va tout autrement d’autres domaines. Il existe en effet des disciplines qui sont très peu connues mais pourtant essentielles dans la chaîne du renseignement. Leur manque de popularité tient autant à leur caractère assez technique qu’à leurs applications qui ne sont pas forcément directes. C’est le cas de l’ELINT qui est le renseignement technique issu des enregistrements des signaux radars. Parent de la guerre électronique radar (identification, localisation etc.), il nourrit celle-ci au travers de bases de données. L’ELINT permet également d’obtenir certaines informations essentielles à la connaissance de la menace et de s’y préparer (entraînement, adaptation des matériels, des tactiques etc.). Mais, afin d’y parvenir, il est important de définir les informations qui peuvent être extraites des signaux radars et ce qui doit être obtenu par d’autres sources.
Faire de l’ELINT, c’est mettre en œuvre toute une série d’actions. Il faut d’abord recueillir le signal. Pour cela il faut disposer du bon matériel dont les caractéristiques doivent être adaptées à ce que l’on cherche. Il faut ensuite être au bon endroit et au bon moment pour recueillir le ou les signaux d’intérêt. Il faut également disposer d’un porteur (aéronef, navire, véhicule) adapté à la fois aux radars ciblés et à la géographie. Une fois le recueil du signal effectué, il faut le traiter en l’analysant. Ce travail est largement manuel et demande une ressource humaine qualifiée qui sache exploiter au maximum les informations utiles. L’analyste doit garder conscience que les paramètres qu’il traite sont vues au travers du prisme du capteur qui a enregistré le signal. Il lui faut donc, en permanence, veiller à ne pas sur-interpréter les données. L’analyse effectuée, les formes d’ondes des radars doivent être capitalisées dans une base de données. Celle-ci est le lien entre le recueil/analyse et l’usage qui en est fait. Elle doit donc respecter l’intégrité des données.
Si la démarche analyse/capitalisation des données est assez mécanique, le recueil nécessite une organisation. Il faut d’abord déterminer les informations dont on a besoin et fixer des priorités quant aux signaux recherchés. Le besoin défini, il faut organiser les missions de recueil afin qu’elles répondent au besoin. Un compromis doit alors être trouvé entre les contraintes géographiques des zones de recueil (choix du type de plateforme), la discrétion nécessaire du porteur, la durée de présence nécessaire (laquelle influe sur le choix du porteur) et les cinématiques possibles.
Le présent rapport présente l’intérêt et les applications de cette discipline ainsi que les éléments de compréhension et les contraintes qui s’imposent à l’ensemble de la chaîne d’actions qui doit être mise en œuvre.
le rapport