Algérie : les services de renseignement sacrifiés sur l’autel de la politique
Mounir ABI
Les services de renseignement algériens ont été créés pendant la guerre d’indépendance sous l’impul- sion du militant nationaliste Abdelhafid Boussouf. Successivement dénommés MALG (ministère de l’Armement et des Liaisons générales), puis Sécurité militaire (SM), ils ont pu opérer dans la discrétion jusqu’à la fin des années 1970.
Mais depuis cette date, ils ont été malgré eux constamment impliqués dans des querelles politiques et se sont vus médiatisés à outrance en 1979 et de 2013 à 2019, ce qui leur a fait perdre le caractère confidentiel qui faisait leur efficacité.
Au cours des quatre dernières décennies, les services de renseignement et de police algériens chargés de lutter contre le terrorisme ou de combattre la corruption ont systématiquement vu, en dépit de leurs succès et de leur efficacité, leurs actions et leur existence remises en cause par le pouvoir, soit qu’il ait décidé de négocier avec les terroristes islamistes, soit que ses représentants aient eu peur d’être mis en cause dans le cadre d’enquêtes pour corruption dans lesquelles ils étaient impliqués.
Ainsi, depuis 40 ans, de nombreuses réorganisations ont contribué à les fragiliser. En 1979, les services de renseignement algériens ont changé d’appellation
pour devenir Délégation générale de la prévention et de la sécurité (DGPS). Ce nouveau service ne vécut que quelques mois, bientôt remplacé par la Délégation généraleàladocumentationetàlasécurité(DGDS).En 1991, en pleine crise politique, est créé le Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS), dissous à son tour en 2019 par le clan présidentiel.
De telles pratiques ont eu des conséquences très néfastes sur la capitalisation d’expérience au sein des différents services, mais aussi sur l’efficacité de la lutte contre le terrorisme et sur les investigations contre la corruption.
Ce rapport rappelle certains faits connus du grand publicetendévoiled’autres,inconnusjusqu’àcejour, dans le but d’alerter contre ces comportements qui ne serventpasl’Etatdedroitetafind’appeleraurespect du travail réalisé par les services de renseignement et d’enquêtes, qui oeuvrent au profit de la sécurité nationale et de la lutte contre les comportements criminels portant préjudice à l’économie et à la cohésion nationales.
le rapport