Le Libanais. Itinéraire d’un juif, de Beyrouth à Jérusalem

« Le Libanais » ! C’est ainsi que feu le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin surnommait Jacques Neriah, son fidèle conseiller politique et diplomatique. Rabin avait compris qu’il avait chez lui un atout arabisant que son rival et ministre des Affaires étrangères n’avait pas.

Ce livre commence par la cavale tumultueuse d’une enfance passée dans une famille juive arrivée au Liban de l’ile de Rhodes et de Simferopol en Ukraine et son départ ultime pour Jérusalem suite à la ruine d’un père de famille totalement perdu dans son engouement pour les jeux de hasard, casinos et hippodromes et d’autre part un État libanais qui au lendemain de la création de l’État d’Israël a tout fait pour forcer les juifs, citoyens légitimes du pays, à quitter le Liban pour d’autres asiles accueillants.

C’est l’histoire d’une époque où le Liban bascule d’une démocratie éclairée héritée du mandat français vers un nationalisme aveugle qui le fait chavirer dans une attitude antisioniste et antisémite. Dans cet enfer qui serre son étau sur cette famille juive atypique (ashkénaze-sépharade), au fur et à mesure de la radicalisation du Liban, le salut viendra du pensionnat catholique des Lazaristes qui a accueilli les fils de cette famille, les a accompagnés pendant de longues années de scolarité où ils furent dirigés, protégés, et encouragés à vivre en Israël, ultime refuge du peuple juif.

Dans le cadre d’un pays qui se prétendait tolérant à toutes les confessions, c’est aussi l’histoire d’une communauté qui vivait sous la pression constante des autorités qui ne voulaient plus de sa présence et surtout c’est le drame vécu par des écoliers, obligés de faire face à une discrimination montante, à une mise à l’index, qui jurèrent de se venger pour toutes les humiliations subies durant les années passées au Liban.

C’est ainsi que la première guerre du Liban en 1982 fut l’occasion d’un retour au collège de son enfance et de rappeler à ceux qui avaient participé à la politique d’humiliation que la roue se retourne parfois contre ceux qui pensaient être hors d’atteinte. C’est aussi le commencement d’une autre lutte entre Israël et les milices chiites fondées, armées et financées par l’Iran des mollahs dont les premières victimes furent des juifs libanais kidnappés et exécutés sommairement pour la simple raison qu’ils étaient fautifs d’être juifs.

Le colonel (R) Jacques Neriah, membre du conseil scientifique du CF2R, est l’ancien responsable de l’analyse au sein du renseignement militaire israélien (AMAN) et ex conseiller pour la sécurité du Premier ministre Ytzakh Rabin.