SDECE : la « non affaire » Ben Barka
Éric DENÉCÉ
Il est des mythes qui ont la vie dure, en dépit de leur absence de fondement.
C’est le cas de l’affaire Ben Barka (1965), attribuée de manière abusive au SDECE, depuis plus d’un demi-siècle. Récemment encore, à l’occasion de la lecture du manuscrit de deux officiers de renseignement – expérimentés mais n’ayant pas été en fonction lors de cet événement[1] –, force m’a été de constater que même des experts continuaient, à leur corps défendant, à colporter cette rumeur infondée, que de nombreux journalistes et certains historiens reproduisent de décennie en décennie, sans jamais en avoir vérifié la véracité, ni avoir consulté les sources étrangères qui sont venus éclairer – et de quelle manière – cette sombre affaire. Attribuer la responsabilité de cet assassinat au SDECE[2] est donc totalement erroné, quand bien même des citoyens français – dont certains de ses ex-agents – y ont joué un rôle.
Rappel de l’affaire
Rappelons d’abord les faits avérés.
Mehdi Ben-Barka, ancien précepteur du roi Hassan II et ex-président de l’Assemblée nationale consultative marocaine, devient un opposant au souverain marocain Mohamed V à partir du milieu des années 50, lorsqu’il fonde l’Union socialiste des forces populaires (USFP). Il s’affirme rapidement comme le principal chef de l’opposition et est impliqué dans plusieurs tentatives pour renverser la monarchie marocaine. A ce titre, il est condamné à mort deux fois par contumace par les tribunaux du royaume chérifien. Contraint à l’exil, réfugié à Paris, Ben-Barka continue d’y développer des activités subversives. Hassan II, lors de son arrivée au pouvoir en 1961, décide d’en finir avec cet opposant et confie cette mission au général Mohamed Oufkir, son ministre de l’Intérieur[3] et au colonel Ahmed Dlimi, chef de la police. Sachant sa vie menacée, Ben Barka quitte Paris pour Genève où, pense-t-il, les hommes d’Oufkir ne peuvent l’atteindre[4]. Ils vont en effet alors perdre sa trace.
Au cours de l’été 1965, le journaliste Phillipe Bernier, le cinéaste George Franju et le producteur George Figon contactent l’opposant marocain car ils souhaitent l’interviewer à Paris dans le cadre d’un documentaire qu’ils préparent sur la décolonisation. Ben Barka accepte et leur fixe rendez-vous à l’automne.
Le 29 octobre 1965, vers midi, à Saint-Germain-des-Prés, alors qu’il se rend à un déjeuner pour les rencontrer, Ben Barka est abordé par deux hommes qui lui présentent des cartes de police et l’invitent à les suivre. Ils font monter le Marocain dans une Peugeot 403 banalisée qui disparaît dans la circulation. Dès lors, Ben Barka ne sera plus jamais revu et son corps ne sera jamais retrouvé.
A quelques rares exceptions près, cette sombre affaire persiste à être présentée en France comme une opération du SDECE et la majorité de nos compatriotes reste persuadée que ce service est responsable de l’enlèvement de l’opposant marocain et de sa mort, d’autant qu’après cinquante ans d’enquêtes judiciaires de nombreuses zones d’ombre demeurent.
Pourtant, la participation du Mossad, le service de renseignement israélien à cette opération est très tôt soupçonnée. Mais personne ne semble avoir voulu en tenir compte ou l’évoquer…. C’est pourtant une réalité incontestable, comme le confirment de nombreux témoignages. En effet, plus de quarante ans après la disparition du leader de la gauche marocaine, le rôle des services israéliens a été révélé.
Les premiers à en parler ont été Ian Black et Benny Morris dans leur ouvrage Israel’s Secret Wars : A History of Israel’s Intelligence Services, paru en 1991, soit il y a trente ans ! Sept ans plus tard, Michael M. Laskier l’évoque également dans son livre Israel and the Maghreb : from Statehood to Oslo (2004). L’auteur a eu accès aux documents du Mossad et à certains acteurs, dont le patron du service de l’époque[5]. Depuis de nombreux autres ouvrages parus en Israël ou aux Etats-Unis sont venus confirmer ces faits[6]. La majorité d’entre eux n’ayant pas été traduits en français, les informations qu’ils révèlent – pour l’essentiel des témoignages d’officiers du Mossad ayant participé à cette opération – demeurent généralement méconnues dans notre pays.
Le véritable déroulement de l’affaire Ben Barka
Après que Ben Barka ait quitté Paris au début des années 1960, les services secrets marocains tentent de le localiser, mais sans succès. En effet, l’opposant d’Hassan II prend soin de dissimuler son lieu de résidence et se déplace constamment d’un endroit à l’autre, utilisant des pseudonymes. Devant cet échec, le général Oufkir va alors demander l’aide du Mossad pour le « loger » et l’éliminer[7]. Et les Israéliens vont accepter.
Les raisons de l’accord israélien
Dès la création de l’Etat hébreu, les Israéliens s’intéressent beaucoup au Maroc, terre d’émigration – d’abord clandestine puis tolérée – d’où près de 250 000 juifs rejoindront Israël par vagues successives entre 1948 et 1975[8]. Bien que le Maroc soit un pays arabe, en contact étroit avec les principaux ennemis d’Israël, il est modéré et n’a aucun différend territorial avec Israël. En outre, il est plutôt pro-occidental.
A partir des années 1950, le Mossad, développe des relations privilégiées avec le royaume chérifien. Les premiers contacts avec les Marocains sont pris par Yaakov Caroz et Rafi Eitan. Isser Harel – directeur du Mossad de 1952 à 1963 – entrevoit rapidement l’immense potentiel de la liaison clandestine avec Rabat[9]. Ainsi, Eitan et un autre représentant du Mossad, David Shomron, vont rencontrer à Rabat le général Oufkir, ministre de l’Intérieur et responsable des services de sécurité, avec son adjoint, le colonel Dlimi. Eitan et Oufkir s’entendent dès cette première rencontre et un accord est conclu : le Mossad va réorganiser et former les services secrets marocains et se charger également de l’entraînement de l’unité responsable de la sécurité du roi. En retour, le Maroc va offrir aux agents du service israélien des couvertures qu’ils pourront utiliser lors de leurs opérations. Un organisme spécial est même créé pour la collecte commune d’informations[10]. La coopération se développe rapidement et en décembre 1959, le service israélien prévient le Palais d’un complot contre le prince héritier.
Après la montée de Hassan II sur le trône en 1961, l’alliance avec l’État juif prend de l’ampleur. Le roi y voit sans doute un gage de stabilité pour son régime[11]. Les deux pays ont un ennemi commun : le président égyptien Nasser et ses aspirations panarabes et républicaines. En 1963, Isser Harel confie à Eitan : « Hassan Il, le roi du Maroc, craint que Nasser, le président égyptien, ne le fasse assassiner pour ses sympathies pro-occidentales. Hassan veut que le Mossad s’occupe de sa sécurité personnelle [12]». Son successeur, Meir Amit (1963-1968) va également cultiver assidûment les relations avec le royaume chérifien. Ainsi, dans le cadre de la collaboration secrète entre Rabat et Tel Aviv, le Maroc reçoit d’Israël des renseignements et une assistance technique ; en échange, Hassan II permet aux Juifs marocains d’immigrer en Israël, et le Mossad reçoit le droit d’établir une station permanente dans la capitale marocaine, à partir de laquelle il peut espionner les représentants des pays arabes et le Maghreb.
Début 1965, le général Oufkir se rend secrètement en Israël pour y rencontrer son homologue et ami Meir Amit et son adjoint David Kimche. Il leur demande alors l’aide du Mossad pour trouver et éliminer Ben Barka[13]. Mais, dans un premier temps, les Israéliens refusent. Toutefois, Amit, préoccupé par la sécurité des Juifs dans le monde entier – y compris au Maroc – craint que ce refus d’aider le gouvernement marocain ne porte préjudice à la communauté juive de ce pays[14].
En septembre 1965, le service secret israélien obtient de Rabat l’autorisation d’espionner un sommet de la Ligue arabe à Casablanca[15]. Le but de cette réunion est de discuter de la mise en place d’un commandement arabe commun pour les futures guerres contre Israël. Mais comme les relations du roi Hassan avec plusieurs dirigeants arabes sont mauvaises, ce dernier craint que certains d’entre eux n’en profitent pour s’entendre afin de le destituer. C’est pourquoi il donne son accord à l’opération du Mossad, car ce qui s’y dira l’intéresse également.
L’équipe du Mossad, dirigée par Zvi Malchin et Rafi Eitan, va ainsi mettre sur écoute toutes les salles de réunion et les suites privées des dirigeants des États arabes et de leurs commandants militaires. Les renseignements recueillis lors de ce sommet donnent à Israël un aperçu sans précédent des secrets militaires de ses ennemis et de la mentalité des dirigeants des pays arabes. Notamment, au cours de la réunion, les commandants des armées arabes déclarent que leurs forces ne sont pas préparées à une nouvelle guerre contre Israël. Ce renseignement essentiel permettra à Tsahal de passer victorieusement à l’offensive contre leurs armées, deux ans plus tard, à l’occasion de la guerre des Six-Jours (1967)[16].
Mais le 30 septembre 1965, soit le lendemain même du sommet, alors que le Mossad reçoit les enregistrements, Ahmed Dlimi, contacte de nouveau Meir Amit et lui fait comprendre que son pays attend un renvoi d’ascenseur rapide du service qu’il vient de rendre à l’Etat hébreu. Rabat exige du Mossad son aide pour trouver et éliminer Ben Barka, que ses services ne parviennent toujours pas à localiser[17].
Le 1er octobre 1965, les Marocains adressent au Mossad une série de requêtes précises : un appartement à Paris pouvant servir de planque, cinq faux passeports étrangers et un nécessaire de déguisement. Oufkir et Dlimi souhaitent, en outre, que les Israéliens se chargent de la traque la de Ben Barka à travers le monde et l’attirent à Paris. Les choses deviennent sérieuses. A ssi Amit décide d’informer son Premier ministre, Levi Eshkol et lui explique : « D’un côté, ils nous ont donné ces cassettes, mais de l’autre, ils nous ont dit : « Donnez » ! Ils veulent quelque chose de très simple. Il y a ce goy, Ben Barka, qui est dans l’opposition au roi… et le roi a donné l’ordre de l’éliminer. Ils sont venus nous voir et nous ont dit : « Vous êtes de grands tueurs… Faites-le ! »[18]. Oufkir et Dlimi ont en effet évoqué la capture d’Adolf Eichmann par les services israéliens en 1960, qui leur paraît un modèle du genre[19].
Mais le Premier ministre répond qu’il n’est pas question d’impliquer Israël dans une telle opération. Amit partage son point de vue, mais ne voit pas comment repousser les demandes des Marocains sans mettre en cause l’alliance avec eux[20]. Finalement, Eshkol donne son accord pour une assistance logistique, en particulier la filature de Ben Barka à Genève[21]. Mais le 12 octobre, après que le Mossad a fourni la planque, Dlimi réclame autre chose : du poison et une voiture avec de fausses plaques minéralogiques[22].
Courant octobre, Amit et Oufkir se rencontrent en France et parviennent à un accord selon lequel les agents du Mossad ne participeront pas au meurtre de Ben-Barka mais aideront à lui tendre un piège[23] en le poussant à quitter Genève pour venir en France pour une réunion avec les réalisateurs d’un film[24].
Le Mossad s’engage donc dans cette opération parce qu’il est redevable envers Rabat, car il n’a pas d’hostilité particulière envers l’opposant marocain qui entretient par ailleurs des relations avec des officiels israéliens et admire « les réalisations de l’Etat hébreu dans le domaine de l’agriculture, du développement régional et de l’armée »[25]. Pourtant, un examen attentif des câbles et des dossiers internes du Mossad montre que l’organisation va être profondément impliquée dans son enlèvement et son meurtre[26].
La participation du Mossad à l’opération
L’opposant marocain, qui voyage beaucoup à travers le monde, a pour habitude de se servir d’un kiosque à journaux à Genève comme d’une boîte postale, où il vient régulièrement récupérer son courrier. Au sein du Mossad, ce sont les unités Césarée[27] et Colossus[28] qui localisent ce lieu et transmettent le renseignement aux services secrets marocains. Une fois informé, Oufkir place des hommes devant ce kiosque jour et nuit. Deux semaines plus tard, ils aperçoivent Ben Barka. Les agents marocains n’ont alors qu’à le suivre pour découvrir qu’il a un pied-à-terre en Suisse[29].
Puis, le Mossad échafaude le plan selon lequel Ben Barka va être invité à Paris par un homme se faisant passer pour un documentariste fasciné par l’histoire de la vie de l’exilé marocain et intéressé par la réalisation d’un film sur la décolonisation[30], ce qui fonctionne parfaitement[31].
Le 29 octobre 1965, Ben Barka arrive à Paris en provenance de Genève, avec un passeport diplomatique algérien. Il dépose ses valises chez un ami et se rend à pied à la brasserie Lipp pour y rencontrer les trois documentaristes français et évoquer le projet de film. Deux policiers français en civil l’interpellent alors à la porte du célèbre restaurant. Ils le font alors monter dans leur véhicule, une voiture de location et l’emmènent dans une villa située au sud de Paris[32]. Les versions divergent ensuite.
– Selon Ian Black et Benny Morris, l’opposant marocain a été conduit à Fontenay-le-Vicomte, dans une villa appartenant à George Boucheseiche[33], une figure de la pègre française. Il y est interrogé, torturé et tué en présence d’Oufkir avant d’être enterré dans le jardin. Son cadavre est déterré et ré-enterré quelques semaines plus tard sur les bords de Seine[34].
– Selon Ronen Bergman, Ben Barka est emmené dans une maison du Mossad, où les Marocains l’interrogent brutalement. Il décède rapidement par asphyxie, après avoir été immergé à plusieurs reprises dans un bain d’eau sale. Si le Mossad n’est pas impliqué dans la mort de Ben Barka et si ses agents ne sont pas présents lors de l’exécution, ils se chargent toutefois de faire disparaitre sa dépouille. Les membres de Césarée et de Colossusl’emportent dans la forêt voisine de Saint-Germain où ils creusent un trou afin d’enterrer le corps et l’asperge d’une poudre chimique spéciale conçue pour le dissoudre. Celle-ci est particulièrement active lorsqu’elle entre en contact avec l’eau, or de fortes pluies tombent presque immédiatement, de sorte qu’il ne reste probablement pas grand-chose du corps Ben Barka au bout de quelques jours. Néanmoins, selon certains des Israéliens interrogés par Bergman, les dernières traces de la dépouille du Marocain sont déplacées à nouveau et se trouveraient aujourd’hui dans le bois de Boulogne, sous la route menant à la Fondation Louis Vuitton, ou sous le bâtiment lui-même[35].
« Après le 29 octobre », écrit Michal Laskier, « les Israéliens sont laissés dans le noir. Ils en viennent à se demander s’ils n’ont pas été manipulés par les Marocains[36] ». Le 1er novembre, Dlimi réclame de nouveau au Mossad du poison, des revolvers et deux faux passeports. Amit les lui fournit et en déduit que Ben Barka est encore en vie. Le lendemain, Dlimi réclame encore des pelles. Le Mossad les achète à Paris et les dépose dans la planque. Amit en conclut alors que Ben Barka n’est plus en vie, mais qu’il n’a pas été assassiné dans l’appartement fourni par son service, où tout est resté intact : le poison, les revolvers, les passeports et les pelles. Dans son rapport rédigé le 25 novembre, le patron du Mossad estime que « tout s’est bien passé » : l’implication d’Israël est secondaire et les relations avec le Maroc sont consolidées[37].
Reste quelques questions. Pourquoi les Marocains n’ont-ils pas utilisé les moyens fournis par le Mossad ? Selon « Hamid[38] », l’hypothèse la plus plausible est qu’ils n’en ont pas eu besoin, car ils avaient vraisemblablement envisagé plusieurs scénarios. Oufkir et Dlimi ont organisé l’enlèvement avec leurs sbires français. Mais parallèlement, ils avaient prévu un plan B avec leurs amis israéliens, qui aurait été bien utile si les choses avaient mal tourné. « En sollicitant le Mossad, les Marocains avaient davantage besoin de la couverture, de l’alibi qu’il pouvait éventuellement leur fournir, que de son assistance logistique à proprement parler. Ils entendaient non pas tant l’utiliser matériellement que l’impliquer, le mouiller. Pour brouiller les cartes. Comment avaler, en tout cas, que les services marocains avaient besoin du Mossad pour se procurer une planque à Paris, du poison ou une pelle ?[39] ».
Les conséquences pour la France
Pourtant, la responsabilité de la France est engagée. Le crime s’est déroulé sur son territoire et ce sont ses policiers et des voyous qui ont procédé au kidnapping. Néanmoins, Paris n’a aucun intérêt dans l’élimination de l’opposant marocain[40].
Certes, Ben Barka aurait figuré sur la liste du Brain Trust Action[41], c’est-à-dire qu’il était susceptible d’être la cible d’une opération « homo »[42]. Mais une telle action nécessitait l’accord du général de Gaulle. Or, l’opposant d’Hassan II intéressait surtout le SDECE en raison des liens étroits qu’il entretenait avec les révolutionnaires du tiers-monde, car il se rendait régulièrement à Cuba, en Egypte, en Algérie[43]. Il était donc plus utile pour le service de le surveiller que de l’éliminer.
La mise en accusation du SDECE
Cette affaire fut toutefois portée au discrédit du SDECE, sous prétexte que certains de ses agents, payés par les Marocains, participèrent à cette opération à l’insu de leurs officiers-traitant, lesquels en auraient été par ailleurs informés.
En réalité, aucun membre du SDECE ne fut impliqué dans cette opération. Seuls un de ses anciens indicateurs, ne travaillant plus pour lui, participa à l’opération et révéla, lors de son procès, sa collaboration d’un temps avec le service pour essayer de minimiser sa responsabilité personnelle et brouiller les pistes.
En effet, le 29 octobre 1965 dans la voiture qui emporte Ben Barka vers son destin tragique, est présent Antoine Lopez, chef d’escale d’Air France à l’aéroport d’Orly et ex-honorable correspondant (HC) du SDECE. Début 1965, à la demande du général Jacquier, le directeur général du SDECE, il cesse son activité au profit du Service 7[44] de Leroy-Finville pour être récupéré par la Préfecture de Police (PP) de Paris, où il est manipulé par l’inspecteur Souchon, de la brigade « mondaine ». Lopez devient alors l’homme de la PP à Orly chargé d’informer les policiers sur le trafic de drogue dans l’aéroport. Dorénavant, il ne travaille plus pour le SDECE, bien qu’il tente à plusieurs reprises de rétablir des contacts avec ses anciens traitants[45].
Lopez est un acteur majeur de cette affaire car il est lié au milieu des truands et très proche du maréchal Oufkir, le ministre de l’Intérieur d’Hassan II[46]. C’est lui qui a convaincu les deux policiers avec lesquels il est en contact professionnel de procéder à l’interpellation de Ben Barka, leur faisant croire que l’opération est couverte par Le Roy-Finville du SDECE et ajoutant même : « Jacques Foccart est pour le moins au parfum[47] ».
Lors de son interrogatoire, Lopez a reconnaîtra avoir organisé l’enlèvement à la demande de Larbi Chtouki, un émissaire des services marocains. Il pensait dit-il, « organiser un entretien privé et pacifique entre Oufkir et Ben Barka ». En récompense de son aide, les Marocains lui auraient fait miroiter un poste important à la compagnie Royal Air Maroc. Lopez déclarera également avoir informé au préalable son supérieur au sein du SDECE, Marcel Leroy-Finville, chef du Service 7. Or celui-ci n’a jamais été son supérieur car Lopez n’est qu’un agent ; de plus, il ne travaille plus pour le SDECE depuis plusieurs mois. Leroy-Finville indique seulement que Lopez l’a informé, le 31 octobre, du passage-éclair d’Oufkir dans la région parisienne et l’a assuré n’avoir pris aucune part dans l’enlèvement[48]. Le chef du Service 7 fait suivre cette information à sa hiérarchie.
Mais lors de l’enquête, les policiers de la PP impliqués dans l’opération vont également faire porter le chapeau au SDECE pour se dédouaner et faire oublier qu’ils ont été manipulés par Lopez… alors même qu’il était censé opérer sous leur contrôle[49]. Certains iront même jusqu’à affirmer qu’ils ont été payés par Oufkir[50].
Les notes internes présentées par le SDECE lors du procès de septembre 1966 montrent pourtant bien que ce service ignorait tout du projet d’enlèvement de Ben Barka et, a fortiori, d’une intention de le tuer. Pourtant, aucun dirigeant du service ne s’est attaché à réfuter ces allégations ni à défendre le SDECE auprès des plus hautes autorités de l’Etat. Les raisons en sont éminemment politiques[51].
Plus étonnant encore, Lucien Aimé-Blanc, directeur adjoint de la brigade antigang en 1966, révélera, dans un interview à Libération[52], avoir trouvé dans le coffre de son chef une liasse de transcriptions d’une écoute téléphonique posée avant les faits par un service de la Sûreté nationale sur la ligne d’un hôtel parisien. « A la lecture de ces 40 feuillets, j’ai été stupéfait de constater que c’était le point de ralliement de toute la bande identifiée comme étant les ravisseurs de Ben Barka. Ils apparaissent tous sur ces écoutes (…) Il transparaît en filigrane de ces conversations, enregistrées tout le mois précédant la disparition de Ben Barka, que ces individus liés à un général marocain projettent l’enlèvement d’un homme qui doit arriver à Orly. Il est donc clair que la brigade centrale de recherche criminelle, qui surveillait cet hôtel de passes sans avoir de compétence sur Paris, était au courant de ce projet. A l’époque, ces écoutes remontaient également au ministère de l’Intérieur et au conseiller de Matignon. J’en déduis que le service de la Sûreté nationale qui a branché cet hôtel savait ce qui se tramait, et s’il n’est pas intervenu pour déjouer cet enlèvement, c’est soit par négligence coupable, soit sur ordre »[53]. Selon Lucien Aimé-Blanc, ces écoutes n’ont pas été communiquées au juge Zollinger, chargé de l’enquête sur la disparition de Ben Barka.
L’exploitation de l’affaire par les gaullistes
Les vives protestations des partis d’opposition à la suite de l’enlèvement de Ben Barka ont incité le général Gaulle à lancer une enquête très médiatisée. Et ses proches ont profité de l’occasion pour nettoyer le SDECE des éléments qui n’étaient pas totalement inféodé à sa cause[54].
En effet, en 1961, la décision d’accorder l’indépendance à l’Algérie avait dressé une partie des militaires contre la politique du général de Gaulle et entraîné une distanciation des services à son égard. Le SDECE refusa de se voir impliqué dans la lutte contre l’OAS, estimant que cette mission n’était pas de son ressort. En réalité, les membres du service ne voulaient pas agir contre des camarades quoiqu’ils aient rejoint le camp des factieux. Ainsi, en 1963, le SDECE refusa de procéder à l’enlèvement du colonel Argoud, de l’OAS, en Allemagne, mission qui sera finalement conduite par la Sécurité militaire assistée de quelques barbouzes. Pierre Messmer, alors ministre des Armées du général de Gaulle, en tiendra durablement rigueur au SDECE. Pour certains, la riposte ne tarda pas : « L’affaire Ben Barka a été montée en épingle par les gaullistes afin de piéger le SDECE. En effet, quelques temps auparavant, le général, de retour aux affaires, avait demandé à l’un de ses collaborateurs de recentrer le SDECE sur des missions de renseignement intérieur. Cela avait provoqué un tollé chez la grande majorité des officiers qui estimaient que ce n’était pas là leur rôle. Le directeur général refusa donc. L’affaire Ben Barka à permis de mettre la maison au pas, en virant le DG et en la rattachant au ministre de la Défense[55] ». Pierre Messmer profita donc de l’affaire Ben Barka pour retirer le SDECE à l’autorité du Premier ministre et le placer sous le contrôle des armées. Le ministre crut « tout régler en faisant donner la fanfare et en démantelant le service le plus productif de la Piscine dont le gaullisme est jugé tiède[56] ».
En effet, les gens du SAC[57] obtinrent dans le même temps la dissolution du Service 7, dirigé par Leroy-Finville. Pour eux, ce service était entaché d’un vice majeur : il s’abstenait de toute activité politique. Pire encore, il n’était pas gaulliste et les socialistes étaient assez nombreux en son sein[58]. Les militaires acceptèrent cette décision car le caractère civil et les opérations audacieuses de ce service leur déplaisaient. « En effet la majorité d’entre eux était affectée au service pour une période de trois ou quatre ans, avant de repartir effectuer un temps de commandement dans leur armée d’origine, afin de conserver leur rang sur le tableau d’avancement[59] ». Ils étaient donc assez peu enclins à prendre des risques. Ainsi, le rattachement du SDECE au ministère des Armées fut pour celles-ci l’occasion d’accroître leur contrôle sur le service de renseignement qu’elles s’étaient diffcilement résignées à perdre après-guerre[60].
La justice s’est ensuite emparée de l’affaire. Deux procès ont suivi : à l’occasion du premie Leroy-Finville sera condamné, puis emprisonné pendant quatre mois, et renvoyé du SDECE, « non pour avoir commis le crime ou participé à sa préparation, mais pour avoir disposé d’éléments d’information qui auraient pu l’empêcher et ne pas les avoir transmis[61] », ce qui semble être totalement faux selon ses mémoires. Au cours du second, le général Oufkir sera reconnu coupable d’avoir organisé le meurtre et condamné par contumace[62]. Mais le roi Hassan II refusera de livrer son ministre et ses adjoints à la justice française pour qu’ils soient jugés. Le général de Gaulle aurait alors envisagé de suspendre les relations diplomatiques avec le Maroc[63]. Cette sombre affaire perturbera les relations entre la Paris et Rabat pendant plusieurs décennies. Le dossier judiciaire n’est d’ailleurs pas encore classé en France et un magistrat instructeur est toujours chargé de l’affaire.
Les enquêtes ont également éveillé des soupçons quant à la participation du Mossad. Les Français étaient conscients du rôle joué par le service israélien dans cette affaire, mais ils ont été persuadés de garder le secret[64]. Toutefois, le général de Gaulle, furieux de cette ingérence, exigea la fermeture immédiate du poste de liaison du Mossad à Paris et la cessation de toutes relations entre les services des deux pays[65]. Les personnels du Mossad impliqués dans l’opération purent quitter la France, mais restèrent, pendant de nombreuses années, sous la menace d’un procès[66].
Les conséquences en Israël
L’affaire allait aussi avoir des retombées en Israël. Ce fut la plus grave crise de la communauté du renseignement israélien depuis l’affaire Lavon[67]. A cette époque existait en effet de vives rivalités entre les dirigeants du renseignement, ce qui allait donner lieu à des règlements de comptes politiques et personnels.
Isser Harel – responsable de la capture d’Adolf Eichmann en Argentine en 1960 – et Meir Amit – qui lui avait succédé à la tête du Mossad – se détestaient violemment. Harel était un civil, né en Russie et appartenait à la génération des pionniers ; alors que Meir Amit, un sabra (né en Palestine), était un général s’étant battu lors de la guerre de 1948 et avait rejoint le Mossad après avoir servi pendant des années sous l’uniforme[68].
À la fin du printemps 1963, Ben Gourion démissionna et fut remplacé, en tant que Premier ministre et ministre de la Défense, par Levi Eshkol. Celui-ci fit d’Isser Harel son conseiller en matière de renseignement. Or, Harel était amer et aigri par la façon dont il avait été évincé de la direction du Mossad par Ben Gourion et jaloux de la nomination d’Amit. Lorsque en 1965 il apprit que ce dernier avait décidé d’apporter son soutien aux Marocains, il décida de s’emparer de l’affaire pour obtenir le renvoi de son rival[69].
Dans un long rapport qu’il remit au Premier ministre, Harel écrivit : « Comment le Mossad avait-il pu prendre part à une telle affaire, qui s’était terminée par un meurtre ? Comment Amit avait-il pu intervenir dans une opération aussi criminelle et immorale, et compromettre l’alliance stratégique entre l’État hébreu et la France ? (…) Le Mossad, et à travers lui l’État, ont été engagés dans diverses actions liées à un assassinat politique, dans lequel Israël non seulement n’avait aucun intérêt, mais n’aurait pas dû, je crois, d’un point de vue moral, public et international, être impliqué du tout »[70]. L’opération du Mossad sur le sol d’un pays allié avait en effet mis en péril les relations franco-israéliennes, pierre angulaire de la politique étrangère d’Israël depuis 1956, Paris étant alors principal fournisseur d’armes de l’Etat hébreu.
Aussi, Harel exigea qu’Eshkol licencie Amit et envoie un émissaire personnel dire la vérité à de Gaulle. Le Premier ministre israélien refusa et Harel l’accusa d’être lui-même impliqué dans le meurtre et exigea sa démission immédiate. Il menaça Eshkol, de porter l’affaire à la connaissance du public, ce qui couvrirait de honte le Parti travailliste (Mapai) auquel il appartenait[71]. Le Premier ministre hésita, puis nomma deux commissions d’enquête qui conclurent que rien ne justifiait de prendre des mesures contre Amit. Le Mossad avait attiré Ben Barka à Paris, mais il n’avait participé ni à son enlèvement, ni à son assassinat.
Isser Harel tenta alors de déclencher une campagne dans la presse. Il communiqua l’essentiel de l’histoire à un hebdomadaire sensationnel, mais la censure militaire interdit strictement toute mention de l’affaire[72]. Harel informa alors les membres de haut rang du Parti travailliste de cette opération et les exhorta à se dresser contre Eshkol. Certains d’entre eux le suivirent et essayèrent de persuader Golda Meir de mener un « coup d’État » contre Eshkol, mais celle-ci refusa[73].
L’affaire coûta presque leur poste au Premier ministre et au directeur du Mossad[74] mais ils réussirent toutefois à surmonter la tempête et à la garder presque complètement secrète. Elle se termina par la démission de Harel en juin 1966[75], notamment parce qu’Amit détenait des dossiers compromettants sur certaines de ses actions passées à la tête du Mossad[76].
Pour ce dernier, la principale leçon de l’affaire était que « nous ne devons jamais nous impliquer dans l’exécution de tâches sensibles d’autres personnes dans lesquelles nous n’avons pas d’intérêt direct, surtout pas les assassinats. Nous ne devons tuer quelqu’un que s’il menace les intérêts d’Israël, et l’exécution – uniquement en bleu et blanc », une référence aux couleurs du drapeau israélien, par laquelle il entendait « uniquement par les Israéliens »[77].
L’affaire finit malgré tout par sortir dans la presse. Le 11 décembre 1966, Bul, un tabloïd israélien à contenu pornographique, publia, sous les signatures de Maxim Gilan et de Shmuel Mor, un article de trois pages intitulé : « Les Israéliens dans l’affaire Ben Barka ? ». Le journal révélait qu’une enquête était en cours, qui risquait d’entraîner la chute du cabinet Eshkol. Il n’en fallut pas plus pour que le gouvernement, en accord avec le Mossad, ordonne la saisie des 30 000 exemplaires du journal. Les deux journalistes furent traduits en justice à huis clos pour « atteinte à la sécurité de l’État » et la cour décida que le verdict ne serait pas publié. Ils furent condamnés à un an de prison mais libérés au bout de 135 jours[78]. L’affaire semblait définitivement enterrée… lorsque le New York Times en publia à son tour les détails en février 1967[79].
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Il n’y a donc plus guère de mystères dans l’affaire Ben Barka depuis les révélations faites, à partir des années 1990, par plusieurs sources israéliennes. Il s’agit d’une opération marocaine, réalisée avec une assistance majeure du Mossad – en remerciement de l’aide que le Maroc lui avait apporté en lui permettant de placer sur écoutes une réunion de la Ligue arabe –, de barbouzes se revendiquant du SDECE – auquel ils n’appartenaient pas et qui ne les activa jamais pour cette opération qui lui était étrangère – et de policiers français naïfs et manipulés. Si une zone d’ombre demeure, elle concerne le rôle que joua la Sûreté nationale dans cette affaire.
Bien que l’assassinat de l’opposant marocain n’ait jamais été une opération du SDECE ni impliqué aucun de ses fonctionnaires, le service français fut la principale victime collatérale de cette affaire, en raison de la volonté de fidèles du général De Gaulle de remettre au pas un organisme qu’ils ne jugeaient pas assez inféodé à sa politique, notamment depuis les fractures qu’avait engendrées la fin de la guerre d’Algérie, et le purger d’éléments restés neutres lors du combat contre l’OAS.
En conséquence, pendant de nombreuses années, les relations entre le service et les autorités politiques seront polluées par un climat de méfiance et de suspicion[80]. L’affaire Ben Barka eut par ailleurs pour conséquence de discréditer le SDECE auprès de l’opinion publique française et de la communauté internationale[81].
Leroy-Finville, sans doute avec excès, pensait même que toute cette affaire avait été exploitée par les services de l’Est pour provoquer le démantèlement de son fameux Service 7, selon lui la seule composante du SDECE qu’auraient craint les Soviétiques[82]…
Sources
– Michel Bar-Zohar et Nissim Mishal, Mossad : les grandes opérations, Plon, Paris, 2012, pp. 176 à 179.
– Ronen Bergman, Rise and Kill First. The secret history of Israel’s secret assassinations, Penguin, New York, 2018, pp. 87-88 et 92 à 95.
– Philippe Bernert, SDECE, Service 7, Presses de la Cité, Paris, 1980, pp. 319 à 334 et 340 à 405.
– Ian Black et Benny Morris. Israel’s Secret Wars : A History of Israel’s Intelligence Services, New York, Grove Press, 1991, pp. 202-205.
– Eric Denécé et David Elkaïm, Les services secrets israéliens : Mossad, Aman, Shin Beth, Tallandier, Paris, 2014, pp. 183-184.
– Eric Denécé, Les services secrets français sont-ils nuls ?, Ellipses, Paris, 2012, pp. 27-28, 42, 149, 213-214.
– Claude Faure, Aux services de la République. Du BCRA à la DGSE, Fayard, Paris, 2004, pp. 348 et 362-363.
– Philippe Gourmet, Le Mossad en Algérie (https://www.amazon.fr/Mossad-en-Algerie-Philippe-Gourmet/dp/1539907422), pp. 10 à 12.
– Hamid, « Et le Mossad dans tout ça ? », Jeune Afrique, 30 octobre 2005.
(https://www.jeuneafrique.com/207858/archives-thematique/et-le-mossad-dans-tout-a/).
– Ephraim Kahana, Historical Dictionary of Israeli Intelligence, The Scarecrow Press Lanham/Toronto/Oxford, 2006, pp. XVIII, 38, 147 et 222.
– Michael M. Laskier, Israel and the Maghreb : from Statehood to Oslo, University Press of Florida, 2004.
– Jean-Pierre Lenoir, Un espion très ordinaire, Albin Michel, Paris, 1998, pp. 230-231 et 246.
– Douglas Porch, Histoire des services secrets français, Tome 2 : De la guerre d’Indochine au Rainbow Warrior, Albin Michel, Paris 1997, pp. 156, 178 et 182.
– Samuel Segev, The Moroccan Connection: The secret ties between Israel and Morocco, Matar Books, 2008 (en hébreu). Voir la recension du livre en anglais : http://jewishmoroccanarchive.co/moroccan-connection/.
[1] Sergueï Jirnov et François Waroux, KGB-DGSE : deux espions face à face, entretiens avec Martin Leprince, Mareuil éditions, Paris, 2021.
[2] Service de documentation extérieure et de contre-espionnage, créé en 1946, qui deviendra DGSE en 1982.
[3] Ephraim Kahana, Historical Dictionary of Israeli Intelligence, The Scarecrow Press, Lanham, 2006, p. 38.
[4] Eric Denécé et David Elkaïm, Les services secrets israéliens : Mossad, Aman, Shin Beth, Tallandier, Paris, 2014, pp. 183-184.
[5] Hamid, « Et le Mossad dans tout ça ? », Jeune Afrique, 30 octobre 2005.
(https://www.jeuneafrique.com/207858/archives-thematique/et-le-mossad-dans-tout-a/).
[6] Cf. bibliographie en fin d’article.
[7] Ronen Bergman, Rise and Kill First. The secret history of Israel’s secret assassinations, Penguin, New York, 2018, pp. 92 à 95.
[8] Hamid, « Et le Mossad dans tout ça ? », op. cit.
[9] Black, Ian et Benny Morris. Israel’s Secret Wars : A History of Israel’s Intelligence Services, New York, Grove Press, 1991, pp. 202-205.
[10] Bar-Zohar Michel et Mishal Nissim, Mossad, les grandes opérations, Plon, Paris, 2012, p. 178. L’édition originale en hébreu date de 2010.
[11] Hamid, « Et le Mossad dans tout ça ? », op. cit.
[12] Bar-Zohar Michel et Mishal Nissim, op. cit., p. 177.
[13] Black, Ian et Benny Morris. op. cit., pp. 202-205. Ephraim Kahana, op. cit., p. 147.
[14] Ephraim Kahana, op. cit., p. 38.
[15] Philippe Gourmet, Le Mossad en Algérie, https://www.amazon.fr/Mossad-en-Algerie-Philippe-Gourmet/dp/1539907422, pp. 10 à 12.
[16] Ronen Bergman, op. cit., pp. 87-88.
[17] Philippe Gourmet, op. cit.
[18] Ronen Bergman, op. cit., pp. 92 à 95.
[19] Hamid, « Et le Mossad dans tout ça ? », op. cit.
[20] Ronen Bergman, op. cit., pp. 92 à 95.
[21] Hamid, « Et le Mossad dans tout ça ? », op. cit.
[22] Ibid.
[23] Ephraim Kahana, op. cit., pp. XVIII et 38.
[24] Ibid.
[25] Philippe Gourmet, op. cit.
[26] Ronen Bergman, op. cit., pp. 92 à 95.
[27] Division des opérations clandestines du Mossad, regroupant les agents sous couverture chargés de l’espionnage dans les pays arabes et les unités chargées des actions paramilitaires de sabotage, d’enlèvements ou de l’élimination physique des ennemis d’Israël. Aujourd’hui renommée Metsada.
[28] Division de recherche opérationnelle du Mossad, chargée des filatures, des contre-filatures, de la surveillance, des effractions et des écoutes clandestines. Aujourd’hui dénommée Nevioth.
[29] Philippe Gourmet, op. cit.,
[30] Ronen Bergman, op. cit., pp. 92 à 95.
[31] A priori, seul l’un des trois hommes liés à ce projet aurait été associé à cette opération.
[32] Philippe Gourmet, op. cit.
[33] Il aurait rendu des services au SDECE lors de l’indépendance du Maroc et de la guerre d’Algérie. Rappelons que sous les deux mandats du général de Gaulle, les services comme la police française étaient très politisés, largement infiltrés voire contrôlés par le SAC et les réseaux Foccart, lesquels employaient encore des malfrats notoires pour leurs basses tâches, comme ils l’ont fait à partir de 1961 pour lutter contre l’OAS. Certains furent parfois employés par le SDECE (Philippe Bernert, SDECE, Service 7, Presses de la Cité, Paris, 1980, pp. 340-341).
[34] Black, Ian et Benny Morris. op. cit.
[35] Ronen Bergman, op. cit., pp. 92 à 95.
[36] Michael M. Laskier, Israel and the Maghreb : from Statehood to Oslo, University Press of Florida, 2004.
[37] Hamid, « Et le Mossad dans tout ça ? », op. cit.
[38] Ibid.
[39] Ibid.
[40] Selon certaines sources, on ne peut en dire autant des États-Unis, le journaliste « Hamid, » (pseudonyme) affirme qu’au moment de sa disparition, Mehdi Ben Barka n’était pas seulement l’adversaire de Hassan II, mais aussi celui de Washington en raison de sa position à la tête de la Conférence tricontinentale de La Havane regroupant les mouvements de libération et d’opposition d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine(Hamid, « Et le Mossad dans tout ça ? », op. cit.). Cette théorie a été reprise dans un récent téléfilm français (https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Affaire_Ben_Barka). Toutefois, aucun élément sérieux n’est venu à ce jour la confirmer.
[41] Structure créée en 1956, sous le gouvernement de Guy Mollet, confronté au soulèvement algérien. Il s’agissait d’un groupe très restreint de hauts fonctionnaires du SDECE et des armées qui proposaient au chef de l’Etat certaines exécutions extra-judiciaires, alors conduites par le service Action.
[42] Pour homicide.
[43] Philippe Bernert, op. cit., pp. 326 et 348
[44] Service de renseignement opérationnel du SDECE (ouverture de valises diplomatiques, effractions, vols de documents, etc.)
[45] Philippe Bernert, op. cit., p. 324.
[46] Ibid., p. 320.
[47] « Les révélations de l’officier de police Souchon », Le Monde, 17 janvier 1966.
[48] https://fr.wikipedia.org/wiki/Mehdi_Ben_Barka
[49] Philippe Bernert, op. cit., p. 369.
[50] Bar-Zohar Michel et Mishal Nissim, op. cit., pp. 177 à 179.
[51] Claude Faure, Aux services de la République. Du BCRA à la DGSE, Fayard, Paris, 2004, pp. 362-363.
[52] Patricia Tourancheau, « Mon indic a flingué Peirre Goldman », Libération, 20 avril 2006 (https://www.liberation.fr/societe/2006/04/20/mon-indic-a-flingue-pierre-goldman_36879/).
[53] Ibid.
[54] Black, Ian et Benny Morris. op. cit.
[55] Entretien avec le colonel Louis Rouvroy de Saint Simon, 2011.
[56] Jean-Pierre Lenoir, Un espion très ordinaire, Albin Michel, Paris, 1998, p. 246.
[57] Service d’action civique : association politique et service d’ordre au service du général de Gaulle.
[58] Jean-Pierre Lenoir, op. cit., p. 231.
[59] Ibid., p. 230
[60] Jean-Pierre Lenoir, op. cit., p. 230
[61] Philippe Bernert, op. cit., p. 382.
[62] Black, Ian et Benny Morris. op. cit.
[63] Ronen Bergman, op. cit., pp. 92 à 95.
[64] Black, Ian et Benny Morris. op. cit.
[65] Eric Denécé et David Elkaïm, op. cit., pp. 183-184.
[66] Ronen Bergman, op. cit., pp. 92 à 95.
[67] Scandale politique des années 1950 dans lequel fut impliqué le service de renseignement militaire israélien (Aman) visant à brouiller les relations entre le gouvernement égyptien et les Etats occidentaux, afin d’empêcher l’application de l’accord anglo-égyptien sur le retrait des troupes britanniques de la zone du canal de Suez, car celles-ci étaient une garantie contre une éventuelle attaque militaire égyptienne contre Israël.
[68] Bar-Zohar Michel et Mishal Nissim, op. cit., p. 176
[69] Ronen Bergman, op. cit., pp. 92 à 95 ; Bar-Zohar Michel et Mishal Nissim, op. cit., p. 176.
[70] Ronen Bergman, op. cit., pp. 92 à 95.
[71] Ibid.
[72] Bar-Zohar Michel et Mishal Nissim, op. cit., p. 179.
[73] Ronen Bergman, op. cit., pp. 92 à 95.
[74] Ibid.
[75] Black, Ian et Benny Morris. op. cit.
[76] Amit a notamment menacer de révéler le dossier d’Alexander Yisraeli un officier de marine ayant vendu des secrets à l’Egypte en 1954 et qui fut enlevé, dans l’intention de le traduire en justice. Mais il mourut lors de son rapatriement d’une overdose de sédatifs. Harel ordonna alors que son corps soit jeté à la mer et qu’on dise à sa famille qu’il s’était installé en Amérique du Sud (Ronen Bergman, op. cit., pp. 202-205).
[77] Ronen Bergman, op. cit., pp. 92 à 95.
[78] Hamid, « Et le Mossad dans tout ça ? », op. cit.
[79] Black, Ian et Benny Morris. op. cit.
[80] Eric Denécé, Les services secrets français sont-ils nuls ?, Ellipses, Paris, 2012, pp. 27-28.
[81] Claude Faure, op. cit., pp. 362-363.
[82] Philippe Bernert, op. cit., p. 402.