Le rapport de la CIA (1959) sur le programme nucléaire militaire français
Michael LAMBERT
Le 19 novembre 1959, la Central Intelligence Agency (CIA) publie un Scientific Intelligence Report intitulé The French Nuclear Weapons Program (CIA/SI 47-59) qui évalue les ambitions du programme nucléaire militaire de la France. Ce document – classé secret – détaille l’avancement de la production de plutonium, son extraction, les difficultés relatives à la séparation des isotopes, le développement de la première arme nucléaire et estime un premier essai à Reggane dans le désert du Sahara (Algérie française) comme probable.
Selon le rapport de la CIA, Paris a débuté les recherches pour un usage militaire du nucléaire en 1954, et pourrait envisager un premier essai dans les prochaines semaines (novembre 1959)[1]. Il précise que la France dispose de 15 à 25 kilogrammes de plutonium permettant un usage militaire depuis juillet 1959, et qu’elle pourrait accroitre sa production annuelle jusqu’à 100 kilogrammes en 1960, avant d’atteindre les 550 kilogrammes d’ici 1965.
À cette époque, le renseignement américain avance que le premier essai devrait s’effectuer depuis une tour de 300 pieds (300-foot tower[2]) pour une implosion de 20 kilotonnes. La première arme française sera à implosion en raison de l’absence de U-235 en quantité suffisante. Le général de Gaulle souhaite démontrer ses capacités au reste du monde – surtout aux États-Unis – en rendant ce premier essai aussi sophistiqué que possible, ce qui permettra de négocier un échange d’informations sur ce type de technologie avec les États-Unis.
Contrairement aux attentes de la CIA, le premier test Gerboise bleue se déroulera plus tardivement le 13 février 1960. En revanche, et comme l’avait prédit le rapport, l’implosion se déroulera dans le Sahara à Reggane et sera le plus puissant premier essai de bombe A au monde[3], les Français ayant eux-mêmes pu espionner le programme américain et avoir accès à certains documents dans le cadre du programme Atoms for Peace.
Cet article vise à analyser la position de la CIA sur le programme nucléaire militaire français afin de déterminer ce que le renseignement américain savait de celui-ci en 1959 à travers le rapport The French Nuclear Weapons Program (CIA/SI 47-59) et les répercussions de celui-ci sur la stabilité en Europe et à l’échelle internationale.
Pourquoi la France de De Gaulle souhaite développer son programme militaire nucléaire ?
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les capacités militaires de la France sont amoindries et le complexe militaro-industriel nécessite une modernisation après plusieurs années sous le contrôle de l’Allemagne nazie. C’est dans ce contexte que nombre de territoires sous la tutelle de Paris revendiquent plus d’autonomie, voire leur indépendance – notamment en Afrique et au Moyen-Orient -, comme le montre le massacre de Sétif et Guelma en Algérie française ou les autonomistes se soulèvent dès le 8 mai 1945.
Dans un monde désormais bipolaire et nucléaire, la France de De Gaulle ambitionne de négocier d’égal à égal avec les deux superpuissances que sont l’Union soviétique et les États-Unis. À cela s’ajoute le programme nucléaire britannique (premier essai nucléaire le 3 octobre 1952) qui laisse à penser que la France commence à accumuler un retard technologique.
Comme le mentionne la CIA dans son rapport The French Nuclear Weapons Program, c’est en 1952 que le Gouvernement français se décide à mettre en place un plan de 5 ans pour le développement de l’énergie nucléaire, avec pour objectif de développer les moyens nécessaires pour produire plus de plutonium. Pour autant, il faudra attendre 1958 pour que l’idée d’un programme nucléaire militaire français devienne une priorité nationale, au moment de la crise de mai 195, avec le putsch d’Alger et le retour du général de Gaulle au pouvoir.
Le rapport de la CIA mentionne la construction d’un centre a Marcoule, près d’Avignon, dès 1954, qui sera achevé en 1958, ce qui atteste d’un souhait d’acquérir l’arme nucléaire avant même le retour de De Gaulle. La CIA avance qu’au total ce sont plus de 15 à 25 kilogrammes de plutonium qui proviennent de Marcoule à la mi-1959, avant de conclure que la production devrait augmenter à hauteur de 100 kilogrammes en 1960, puis à 550 d’ici 1965. La CIA précise que les capacités françaises se limitent aux armes qui utilisent le plutonium comme matériau de base et qu’un deuxième centre à Pierrelatte, près de Montélimar, est en construction dès mi-1957 avec pour objectif d’enrichir l’U-235 à hauteur de 3%.
Les États-Unis ne manquent pas préciser que le programme nucléaire français est unique en son genre (« Almost completely native effort ») dans la mesure où, contrairement au programme britannique, il n’y a pas eu de soutien de la part des États-Unis.
«Little information is available on actual French nuclear weapons research and development, and the principal scientists involved have never been identified. It is believed that the Department de Techniques Nouvelles (DTN) of the French Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) has responsibility for the overall development of nuclear weapons »[4].
L’analyse précise que depuis le début du programme de recherche en 1948, et jusqu’en 1955, le gouvernement français et les citoyens s’opposaient à un programme nucléaire militaire. C’est en 1952 (début du plan de 5 ans pour l’énergie nucléaire) que la recherche se développe, et vers 1954 que certains militaires considèrent l’arme nucléaire comme nécessaire pour assurer la défense du pays. Ce changement de mentalité apparait au moment même où le projet de Communauté Européenne de Défense (CED) peine a prendre forme, renforçant le rôle de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) sur le continent.
Pour autant, le rapport The French Nuclear Weapons Program ne mentionne pas la CED et privilégie les événements de 1956 (crise du canal de Suez et intervention franco-britannique.)
«Since General de Gaulle came to power in June 1958, his determination to increase French stature and independence in NATO and the increased feeling among military and government officials of the need for native nuclear deterrence to protect vital French interests have made it highly probable that France will proceed with the manufacture and testing of nuclear weapons regardless of any East-West test ban agreed upon the present nuclear powers.»[5]
Au regard de ces éléments, la CIA avance que la France souhaite développer son programme, d’une part car son influence diminue au Moyen-Orient, d’autre part car elle souhaite se distinguer de l’OTAN.
Plutonium et uranium : analyse de la CIA sut la production, l’extraction et la séparation des isotopes
Pour le renseignement américain, le développement de la recherche française a pris du retard en raison de problèmes techniques et de difficultés pour acquérir certains composants. Bien qu’étant parvenu à une séparation chimique en juillet 1958, la production n’est pas suffisante avant janvier 1959 et le plutonium militaire n’a été disponible qu’à l’été 1959.
Le rapport précise que la France dispose de sa propre production nationale d’uranium et ne dépend pas des importations[6]. Elle l’entrepose à La Crousille, Vendée, Grury, Fores et probablement à proximité de Vichy.
Le rapport ne manque pas d’ajouter les Français procèdent à une prospection de leurs ressources afin d’obtenir plus d’uranium. Il note ainsi un intérêt pour les territoires d’Afrique de l’Ouest, l’Algérie et Madagascar. En 1959, la CIA estime ainsi les réserves françaises à environ 10 000 tonnes, avec un potentiel pouvant aller jusqu’à 50 000 voir 100 000 tonnes.
Production de plutonium
Pour la CIA, la construction du premier réacteur nucléaire français Zoé en 1948 avait un double objectif civil et militaire ; mais il faudra attendre 1952 pour que la France se décide à acquérir du plutonium en quantité suffisante pour assurer les ambitions de son programme militaire.
Le rapport donne également des détails sur la production et les locaux de Marcoule qui disposent de « three natural uranium, graphite moderated, gas cooled reactors, and a chemical separation plan ».
Le premier réacteur G-1 serait en service depuis le 7 janvier 1956 avec un niveau de 40 thermal megawatts similaire à celui de Brookhaven (Etats-Unis). Pour autant, celui-ci ne tournerait qu’à 35 thermal megawatts en raison de problèmes techniques.
«The annual production of plutonium by the G-1 reactor was expected to be about 15 kilograms, but because it is operating at reduced power level, it is not expected that this proaction rate will be achieved. The first set of fuel rods were irradiated in G-1 during 1956-1957 and removed in December 1957. An experimental power generator was installed at G-1 by Electricite de France for the production of electricity.»[7]
Les réacteurs G-2 (1958) et G-3 (1959) sont d’un modèle similaire et se refroidissent avec du dioxide de carbone pressurisé. In fine, la CIA estime que la production française devrait atteindre 150 thermal megawatts, ce qui débouchera sur un résultat annuel de 40 kilogrammes de plutonium et 25 à 30 megawatts d’électricité.
On constate dès lors qu’il y a une double ambition française, avec d’une part le souhait de développer son programme militaire, et d’autre part d’accroitre la production énergétique pour l’industrie dans une période d’après-guerre :
«The first French nuclear power station is under construction at Avoine, just north of Chinon. It is scheduled to start operating in 1960. This reactor, called EDF-1, is a graphite moderated, gaz cooled reactor and will have an estimated output of 60 megawatts. Construction of additional power reactors is planned, and current goals calls for 850 MW of installed capacities by 1965.»[8]
Séparation des isotopes
L’Office of Scientific Intelligence avance que les premières recherches sur la séparation des isotopes ont débuté à Saclay en 1955, et que le premier des deux centres de recherche a été construit en 1957 :
«The first Saclay pilot plan was a 12-stages installation used to test gaseous diffusion barriers. Barriers could be tested in both tubular and flat shapes. The second plan at Saclay was larger and contained 16-stages of prototype cells of a type planned for the first full-scale plant.»[9]
Il relève qu’en 1957, le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) disposait de plus de 25 milliards de francs (71 350 000 dollars)[10] pour la construction d’un autre centre de séparation des isotopes. La France avait également pour objectif d’impliquer des partenaires de l’EURATOM dans ce projet, mais les Italiens furent les seuls à montrer un intérêt avec une possible participation à hauteur de 20 millions de dollars. En conséquence, Paris s’est décidée à développer son propre projet en 1958 à Pierrelatte entre deux centres hydroélectriques proches du Rhône. Au total, le projet français à-coûtera 55 milliards de francs.
Les estimations de la CIA sur le premier essai nucléaire français
Au regard de tous ces éléments, la CIA avance que la France souhaite acquérir l’arme nucléaire depuis au moins quatre à cinq ans. Pour y parvenir, Paris utilise le CEA en coordination avec le ministère de la Défense nationale, allant même jusqu’à mentionner le nom de « monsieur Laurent » qui dirige le Centre d’Études de Bruyère-le-Châtel, près d’Arpajon.
«It has been reported that this center does theoretical and applied studies of the critical mass of nuclear explosion and prepared models of weapons.»[11]
Le Service des poudres et la Direction des études et fabrications d’armements (DEFA) situés au Fort d’Issy sont en charge de la recherche sur les détonateurs, tandis que la section qui s’occupe de la recherche en chimie se trouve à St-Cloud. Le professeur Paul Chanson semble être un élément essentiel du programme nucléaire français.
Pour autant, l’épicentre de la recherche nucléaire se trouve à Saclay (« the largest research center in the French nuclear program »). À cela s‘ajoute le centre de Vaujours à l’est de Paris qui est dirigé par l’ingénieur en chef Barguillet[12].
Le renseignement américain avance que le choix d’acquérir l’arme nucléaire est la conséquence de la politique internationale de De Gaulle («After assuming power in 1958, General de Gaulle made it known that he was anxious for France to conduct a nuclear test as soon as possible»), qui doit faire face à des difficultés, notamment pour la séparation du «dirty plutonium»[13].
La difficulté d’accès au U-235, que pourraient fournir les États-Unis ou la Grande-Bretagne à la France, laisse à penser que la première arme sera à implosion. L’analyse présente la position diplomatique de Paris comme un entre-deux ne s’accordant pas avec celle des États-Unis et en désaccord l’URSS, ce qui renforce dès 1959 l’idée d’une politique française entre OTAN et Bloc de l’Est.
Pour ce qui est des estimations, la CIA envisage un premier essai de l’arme nucléaire vers novembre 1959 dans le désert du Sahara (26 42’N ; 01 10’E)[14]. La personne en charge du centre au Sahara est un colonel de l’Armée de l’air française dont le supérieur est le général Charles Ailleret. Le choix du Sahara s’explique en raison de la proximité avec un aéroport à Aoulef pour fournir des équipements au personnel militaire.
Conclusions sur la géopolitique française quelques mois avant le premier essai
Le premier essai nucléaire Gerboise bleue est effectué le 13 février 1960 à 7h04 (heure de Paris) sous en présence du général de Gaulle. Comme l’avait prédit la CIA dans son rapport, la France rejoint le cercle des puissances nucléaires aux côtés des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’Union soviétique, mais accuse un retard par rapport à Washington et Moscou qui maitrisent cette technologie depuis déjà plusieurs années.
Le programme nucléaire français aura une influence considérable sur la géopolitique européenne et internationale et l’obtention de l’arme confirme les ambitions de De Gaulle à s’éloigner de l’OTAN. Pour autant, les capacités nucléaires de Paris ne constituent pas une alternative à l’Alliance atlantique qui restera pour de nombreux pays le meilleur moyen d’endiguer une éventuelle attaque du Pacte de Varsovie. Bien que renforçant son autonomie stratégique vis-à-vis de Washington et augmentant considérablement son rayonnement scientifique à l’international, la France ne parviendra pas à accroitre son Soft Power auprès des pays colonisés comme l’avance le CIA NSC Briefing du 29 décembre 1960 intitulé French Nuclear Test :
«Radio Cairo couples French test with reports France aiding Israel in nuclear weapon production, and Arab League spokesman threatens possible severance political and economic relations with France. Most African states strongly adverse.
- Moroccan-sponsored African summit meeting on 3 January likely to provide forum for bitter denunciations of France.
- Nkrumah has summoned «emergency» cabinet meeting for 30 December to consider new action against France»[15]
Le programme français est onéreux comme l’estime un autre rapport de la CIA[16] et les conséquences environnementales lourdes. Le rapport annuel du CEA de 1960 mentionne l’existence d’une zone contaminée de 150 km de long[17].
L’Armée américaine critique le programme nucléaire français car il laisse à envisager que d’autres pays peuvent suivre l’exemple de Paris. Selon le lieutenant-colonel Warner Farr, dans un rapport uu Centre de lutte contre la prolifération de l’USAF, « Progress in nuclear science and technology in France and Israel remained closely linked throughout the early fifties… There were several Israeli observers at the French nuclear tests and the Israelis had ‘unrestricted access to French nuclear test explosion data ».
Cinq mois après Gerboise bleue, l’Union soviétique a réagi au premier test nucléaire français en rompant son moratoire sur les essais atmosphériques, réglé de facto depuis fin 1958 avec les États-Unis et le Royaume-Uni. Moscou a effectué de nombreuses tentatives d’amélioration et débouchera sur la bombe la plus puissante jamais testée, la bombe Tsar de 50 mégatonnes (50 000 kt) qui explose au-dessus de Novaya Zemlya.
Après Moscou, Washington a également réactivé son propre programme d’essais atmosphériques en entamant une série de 40 explosions d’avril 1962 à novembre 1962. Cette série comprenait deux bombes H d’une puissance de 7,45 Mt et 8,3 Mt.
La République populaire de Chine lance également son programme nucléaire et dispose de la bombe A 596 (22kt) le 16 octobre 1964, puis de la bombe H6 (3,3 Mt), le 17 juin 1967.
En conclusion, le rapport montre que le choix de la France de développer l’arme nucléaire permet d’assurer à Paris une plus large autonomie vis-à-vis de l’OTAN sans pour autant parvenir à apporter une alternative à l’Alliance atlantique qui reste pour de nombreux pays la meilleure option.
Les rapports du renseignement américain ultérieurs, au cours des années 1960, avanceront que le programme nucléaire français sera plus coûteux que celui des États-Unis et de la Grande Bretagne[18], déstabilisera le continent européen et l’OTAN, sans pour autant redonner le prestige voulu par le général de Gaulle à la France, car elle ne sera pas en mesure de rivaliser avec les États-Unis et l’Union soviétique :
«De Gaulle views France and the US as competitors for the leadership of Europe. Most of his recent policy initiatives, intended to enhance the position of France, have widened the areas of difference between France and the US and weakened the fabric of unity in the Western Alliance, but they have not as yet brought him nearer his goal of European leadership.»[19]
La CIA ne manquera pas de préciser que le principal succès du programme militaire nucléaire français est le développement parallèle du nucléaire civil, qui aidera à la reprise économique du pays pendant les Trente glorieuses.
Bibliographie
– CIA General Records (4 janvier 1954). French Writer’s Survey of USSR Nuclear Research and Development. CIA-RDP80-00809A000700150545-9.
– CIA NSC Briefing (10 novembre 1959). French A-Test Plans. CIA-RDP79R00890A001100110013-9.
– CIA Scientific Intelligence Report (19 novembre 1959), The French Nuclear Weapons Program. CIA/SI 47-59.
– CIA NSC Briefing (29 décembre 1960), French Nuclear Test.
– CIA Current Support Brief (23 mai 1963), Mounting Costs of the French Nuclear Program. CIA/RR CB 63-50.
– CIA Special Report (31 mai 1963), The French Nuclear Strike Force Program. OCI Number 0282/63B.
– CIA National Intelligence Estimate (2 juin 1965), French Foreign Policy. NIE 22-65.
– CIA intelligence Brief (Novembre1965), French Nuclear and Conventional Forces in the 1966 Military Budget. CIA/RR 65-69.
– CIA Memorandum (26 mai 1969), French and British Nuclear Submarine Costs. CIA-RDP 80B01439R000500170010-0.
– CIA Intelligence Memorandum (juin 1971), Expenditures on the French Nuclear Program. ER IM 71-107.
– CIA General Records (24 juin 1974), French Nuclear Test series Encountering Delays. CIA-RDP78S01932A000100060016-5.
– CIA Intelligence Assessment (mai 1985), French Underground Nuclear Testing: Environmentally Safe and Likely to Continue, SW 85-10066.
[1] The French Nuclear Weapons Program, CIA Scientific Intelligence Report (CIA/SI 47-59), 1959.
[2] Équivalent à 91 mètres
[3] Pour une puissance de 70 kilotonnes et depuis une tour métallique de 100 mètres.
[4] The French Nuclear Weapons Program, op.cit.
[5] Ibid.
[6] Cependant, la France achète une petite quantité d’uranium en provenance de Madagascar.
[7] The French Nuclear Weapons Program, op.cit.
[8] Ibid.
[9] Ibid.
[10] 1 franc = $0.002853
[11] The French Nuclear Weapons Program, op.cit.
[12] Ibid.
[13] «Dirty plutonium is that considered less suitable for weapons purposes either because of residual contaminants left by the chemical separation process or the presence of too high a percentage of Pu-240 (as opposed to Pu-239) ».
[14] The French Nuclear Weapons Program, op.cit.
[15] French Nuclear Test. CIA NSC Briefing (1960).
[16] The French Nuclear Strike Force Program, CIA Special Report (1963), OCI Number 0282/63B (released in 2006).
[17] En 2013, la carte classée secret défense des retombées réelles a été divulguée. Elle montre que celles-ci s’étendent jusqu’à la zone subsaharienne avec des taux de radioactivité différents suivant le déplacement des particules de poussière contenant de l’iode 131 et du césium 137 (note 002910 4 avril 2013).
[18] «The French nuclear ballistic missile submarine (SLBM) program will coast about four times as much as the comparable british program», CIA Current Support Brief, Mounting Costs of the French Nuclear Program. CIA/RR CB, 196, pp. 63-50.
[19] French Foreign Policy, CIA National Intelligence Estimate, NIE 22-65, 1965, p. 1.