Londres : la signature d’Al-Qaeda
Quatre idées majeures doivent être retenues de la tentative avortée d’attentats, à Londres, la semaine dernière :
- C’est bien une action de l’organisation Al-Qaeda dont il s’agit : elle en toutes les caractéristiques, plus encore que les attentats de juillet 2005 dans la capitale britannique : projet d’attentats multiples, volonté de faire un massacre énorme, utilisation d’aéronefs (cf. opération Bojinka et 9/11), ciblage de villes américaines, opérations suicide effectuées par des islamistes britanniques d’origine pakistanaise, pays où siège toujours la direction du mouvement djihadiste. De plus, le nouveau type d’explosifs utilisé laisse penser que cette « innovation » ne provient pas des terroristes britanniques mais d’une cellule de R&D externe, comme il en existe chez Al-Qaeda.
- C’est un immense succès britannique dans la lutte contre le terrorisme. Il est le résultat d’un travail de fond entrepris depuis 2002 : augmentation des effectifs (+25%) et des budgets (+50%) du renseignement, recrutements « ethniques », évolution des méthodes de travail (depuis le raid sur la mosquée de Finsburry Park, il n’y a plus de Londonistan). Succès également grâce à la coopération internationale avec le Pakistan et les Etats-Unis.
- L’utilisation d’explosifs liquides est une vraie surprise, qui traduit l‘inquiétante créativité des terroristes. Depuis 2001, les services de sécurité du monde entier essaient d’anticiper les nouveaux modes opératoires djihadistes. Attentats chimiques, voire biologiques et radiologiques (bombe sale), ont été envisagés. Mais personne ne semble avoir pensé à ces explosifs liquides. Sinon, il y a longtemps que flacons et bouteilles seraient interdits en cabine dans les aéronefs. Pourtant, e n 1994, des fondamentalistes islamiques avaient fait sauter des explosifs liquides dans un avion reliant les Philippines au Japon , causant la mort d’un passager nippon et en blessant dix autres. Et les des attentats perpétrés en juillet 2005 dans les transports londoniens avaient placé dans des sacs à dos des explosifs contenant du peroxyde artisanal.
- Il y a enfin un lien avec la situation au Moyen-Orient. Mais il ne s’agit pas d’une réaction contre l’opération – légitime – qu’a déclenchée Israël contre le Hezbollah. La tentative d’attentats était une action visant à contrebalancer la notoriété croissante du cheikh Nasrallah. N’oublions jamais la rivalité entre sunnnites et chiites pour le leadership de la réaction islamiste, d’autant que le Hezbollah aurait démantelé, au cours des derniers mois, des cellules d’Al-Qaeda cherchant à s’implanter au sud Liban. Or, le fait que, depuis un mois, des portraits du chef de la milice libanaise inféodée à l’Iran soient brandis dans les rues des pays arabes était un affront pour Ussamma Ben Laden et Ayman Al-Zawahiri, farouchement anti-chiites. La tentative d’attentats, évidemment préparés de longue date, était vraisemblement prévue pour l’anniversaire du 11 septembre. Elle a vraisemblablement été déclenchée plus tôt pour permettre à Al-Qaeda de « reprendre la main » vis-à-vis des opinions arabo-musulmans. Heureusement, ces projets funestes été contrecarrés à temps.