Le Centre Français de Recherche Sur le Renseignement (CF2R) a 10 ans !
Conscients qu’il manquait à la discipline une dimension académique – seule capable de lui permettre d’accéder à la reconnaissance et à la légitimité – nous avons décidé de lancer une revue traitant de ces sujets, sous un angle qui ne soit ni celui du mythe, ni celui du sensationnel, auxquels nous ont habitués les médias. Malgré les difficultés de lancement, nous avons pu réunir un pool d’auteurs pour lancer la revue Renseignement et opérations spéciales , aux éditions L’Harmattan, à Paris, en mars 1999.
Devant le succès relatif de la première année, et grâce au soutien des collaborateurs de la revue, nous avons ensuite pris la décision de créer un centre de recherche consacré à l’étude du renseignement. N’étant pas à l’époque rattaché à une équipe universitaire – le sujet demeurant encore très connoté pour nos collègues – et parce que les spécialistes capables d’écrire sur le sujet n’avaient pas toujours un parcours universitaire reconnu, la formule retenue fut celle d’un Think Tank , avec un statut association loi de 1901. Le CENTRE FRANÇAIS DE RECHERCHE SUR LE RENSEIGNEMENT (CF2R) est ainsi né en mars 2000, sa principale activité se limitant, à l’origine, à la publication de la revue.
Cependant nos activités furent rapidement amenées à se développer. En complément, d’une démarche académique, deux autres actions nous apparurent nécessaires :
- le conseil et l’apport d’expertise au profit des parties prenantes aux politiques publiques (décideurs, administration, parlementaires, médias, etc.), les membres du CF2R agissant alors comme de véritables lobbyistes du renseignement ;
- la pédagogie en direction du grand public et de la presse, cette dernière se révélant souvent le principal vecteur de diffusion d’idées fausses et sulfureuses au sujet du renseignement.
Grâce à un travail régulier, en 10 ans, le CF2R a publié plus de 12 000 pages de livres, documents, et articles ; ses membres sont intervenus dans de nombreux diplômes universitaires, formations militaires et dans des colloques en France et à l’étranger. Le centre a établi des relations avec des organismes de recherche et des chercheurs étrangers et a créé deux prix universitaires récompensant les travaux d’étudiants sur le sujet. A ce titre, il a distingué 9 lauréats (8 pour des mastères et 1 pour un doctorat).
Les chercheurs du CF2R ont par ailleurs effectué un travail de pédagogie en direction de publics variés (grand public, enfants et adolescents) et ont mené des actions de sensibilisation ou de conseil au profit des parlementaires des médias, du cinéma, etc.
Enfin, le CF2R conçu et lancé deux diplômes universitaires. Le premier – en partenariat avec le Centre d’analyse politique comparée, de géostratégie et de relations internationales (CAPCGRI) – à l’université Montesquieu-Bordeaux IV, spécialisé dans l’étude du renseignement, en 2006. Cette formation a été une première dans l’histoire de l’université française, même si elle n’a pas rencontré le succès escompté. Le second est un diplôme de formation professionnelle de haut niveau consacré au « Management des agences de renseignement et de sécurité », qui a pour but d’enseigner à des hauts fonctionnaires civils et militaires les principes d’action propres à ces métiers particuliers.
Mais notre demarche n’est pas isolée. En effet, en moins de deux décennies, les études françaises sur le renseignement ont connu un véritable développement, provoquant un début de reconnaissance de la discipline : pour preuve, l’existence d’un enseignement universitaire consacré à cet objet particulier semblait utopique il y a encore une décennie.
Si les séminaires et les publications consacrés au renseignement se sont largement développés en France, depuis une décennie, il existe en revanche encore trop peu de véritables travaux de recherche, qu’il s’agisse d’évaluer le rôle de la discipline dans l’histoire (politique, diplomatique, économique, militaire) ou dans la conduite des affaires de l’État.
L’émergence d’une école universitaire de renseignement « à la française » que nous appelons de nos vœux et à laquelle nous entendons contribuer, doit avoir pour ambition de s’affirmer dans la communauté scientifique internationale, aux côtés des American et British Intelligence Studies , et de proposer une analyse à la fois complémentaire et alternative à la vision anglo-américaine.