Les filiales centrasiatiques de l’organisation Etat islamique-Khorasan
David GAÜZERE
Depuis 2014, sur ses différents théâtres du djihad, l’Organisation État islamique (OEI) sous-traite ses actions terroristes à des filiales djihadistes essentiellement « nationales ». « Nationaliser » le terrorisme lui permet ainsi de mieux infiltrer les organes politiques et militaires des États musulmans et d’y entretenir des cellules dormantes, activables le jour venu.L’Asie centrale post-soviétique n’échappe pas à cette règle qui s’applique à l’ensemble du monde musulman[1].
L’effacement du Mouvement islamique d’Ouzbékistan
Jusqu’en 2014, le Mouvement islamique d’Ouzbékistan (MIO) était resté pendant plus de quinze ans en Asie centrale la référence de la « djihadosphère » régionale. Le mouvement se définissait comme transnational. Pourtant, les objectifs politiques du MIO n’avaient jamais été clairs, à l’exception de la proclamation finale du califat islamique idéalisé d’Asie centrale. Deux écoles idéologiques s’opposaient régulièrement : les « républicains » et les « émirs ».
– Les premiers privilégiaient une déstabilisation prioritaire de l’Ouzbékistan, appelé à devenir la première « République islamique » d’Asie centrale, faisant ensuite tomber successivement les autres États voisins dans son escarcelle par mimétisme militant ou invasion militaire.
– Les seconds, au contraire, souhaitaient plutôt dès le départ l’édification d’un émirat transnational recoupant l’ensemble des iranophones et des turcophones d’Asie centrale et de l’Idel-Oural russe. Certains djihadistes de cette tendance du MIO prônaient la création de cet émirat transnational à Kokand, dans la vallée de Ferghana, y percevant une résurrection idéalisée de l’ancien Khanat aboli par la Russie impériale en 1876. C’est cette deuxième tendance qui a semble-t-il gagné, puisque dès 2009, le MIO a changé d’appellation pour devenir le Mouvement islamique du Turkestan (MIT)[2] et a plus étroitement coordonné ses activités avec celles du Parti islamique du Turkestan (PIT) rassemblant les djihadistes du Xinjiang[3].
Le MIO a ainsi vu se livrer une lutte sourde sans merci entre les partisans de ses dirigeants historiques Djouma Namangani, mort en 2001, et Tokhir Iouldachev, mort en 2009. La répétition des crises de succession et l’inféodation progressive du mouvement à la « djihadosphère » pachtoune (sous le contrôle d’al-Qaïda) dans les années 2000 en Afghanistan et dans les zones tribales pakistanaises, puis à l’OEI en Syrie et en Afghanistan dans les années 2010, ont réduit la portée régionale du MIO et en ont fait un mouvement de plus en plus localiste ferghanais.
La décennie de 2010 a ainsi marqué un revirement idéologique important dans la « djihadosphère » régionale en enracinant dorénavant le djihadisme dans un cadre national avec l’émergence d’autres mouvements djihadistes concurrents, spécifiques à chaque république d’Asie centrale, à l’exception notable de l’Ouzbékistan – et par extension chez les Ouzbeks de Kirghizie – où, le localisme « oasien » l’a emporté car il dominait, depuis l’indépendance, la gestion politique du pays. Ainsi, les djihadistes ouzbeks d’Och, de Samarkand et de Boukhara ont formé leurs propres katibas « oasiennes » distinctes du MIO ferghanais et répondant chacune aux particularismes locaux des oasis de Ferghana, de Samarkand et de Boukhara.
Ce changement de stratégie relègue désormais le MOI à un simple mouvement local « oasien », limité à la seule vallée multiethnique et multinationale du Ferghana, bien qu’il continue de revendiquer sa nature transnationale. En perte de vitesse, le mouvement est désormais tenu de suivre le rythme de ses concurrents, dont l’ancrage national s’est accompagné d’une allégeance soit à l’OEI et à l’incorporation dans l’OEI-Khorasan (OEI-K), sa composante afghane, soit aux talibans.
Le développement des filiales « nationales » et « oasiennes » centrasiatiques de l’OEI-K
La répartition « nationale » et « oasienne » des katibas centrasiatiques était en place dès 2015 sur le sol afghan, essentiellement dans le nord du pays. Dans le même temps, elle s’était également développée chez les combattants issus d’Asie centrale opérant en zone irako-syrienne. Sur place, chaque « nationalité » idéalisait et planifiait entre deux combats ses actions en direction de son État tutélaire, avec la bénédiction de l’OEI. Sur ces deux théâtres, les katibas centre-asiatiques, grâce à leurs recrutements importants et permanents, créèrent des filières « nationales » et activèrent des cellules dormantes dans chaque république d’Asie centrale, certaines implantées au cœur-même des capitales.
Cependant, la configuration géographique en trois grandes oasis de l’Ouzbékistan – comme l’existence d’émirats et de khanats propres qui leur était liés dans l’histoire – ont fait que les katibas ouzbékophones ont préféré s’établir sur une base « oasienne » que « nationale ». La vision djihadiste à la fois localiste et internationaliste des katibas « oasiennes » provient du fait que leurs militants sont tous originaires de territoires multiethniques et souvent conflictuels, où toute notion de frontière reste relative dans les esprits locaux.
La chute du régime afghan pro-américain de Kaboul à l’été 2021 et la déstabilisation progressive du Tadjikistan voisin renforcent dorénavant le poids des katibas « nationales », stationnant désormais près des frontières des États d’Asie centrale post-soviétique. Toutefois, l’arrivée des talibans à Kaboul en août 2021 et leur incapacité à éradiquer l’OEI-K a depuis provoqué l’éclatement des filiales « nationales » entre différentes allégeances, qui sont loin d’être figées.
Les filiales de l’OEI-K :
– le Parti islamiste du Turkestan (2008) est une organisation djihadiste non russophone ouïghoure qui a commis des attentats terroristes contre les intérêts chinois à Bichkek et à Almaty [4]. Les militants du PIT sont évalués entre 500 et 5 000 combattants fidèles à l’OEI répartis sur les deux fronts irako-syrien et afghan[5]. Selon les estimations des services de renseignement des États membres de l’ONU et relevées par Voice of America, le PIT compterait actuellement entre 200 et 700 combattants en Afghanistan, qui s’entraînent et préparent des attaques contre des cibles chinoises. La plupart des combattants du PIT se trouveraient dans la province afghane du Badakhchan, qui borde la Chine. Mais, selon un récent rapport de l’ONU, les talibans auraient récemment déplacé de nombreux combattants « pour à la fois protéger et contenir le groupe ». La politique actuelle de Pékin, pragmatique et bienveillante avec Kaboul, n’y est sans doute pas étrangère. Depuis la « libération » de l’Afghanistan, les combattants du PIT entendent développer des liens plus profonds avec les talibans. D’après ce même rapport de l’ONU, les combattants du PIT « prévoient également que l’administration de facto des talibans leur fournira le statut de réfugié et des passeports, leur permettant de voyager à l’étranger ». Des membres du PIT auraient été ensuite vus au Badakhchan aux côtés du Djamaat Ansaroullah[6].
– Le Djound al-Khalifat (2011) est une organisation djihadiste kazakhe, solidement implantée au sein de la Petite-Horde, présente dans l’ouest du Kazakhstan. Elle a commis diverses attaques meurtrières à l’ouest et au sud du pays.
– Le Djaïch-oul-Makhdi (2012) est une organisation djihadiste kirghize, qui a commis plusieurs attentats à Bichkek, notamment le 30 août 2016 contre l’ambassade de Chine. Son chef aurait été arrêté le 22 décembre 2021 à Bichkek. Une mitraillette aurait été saisie au moment de son arrestation[7].
– Le Mouvement islamique du Turkménistan (Turkmènes).
– Le Mouvement islamique d’Ouzbekistan. Ayant juré allégeance à l’OEI en 2015, le MIO lutte aujourd’hui pour l’établissement d’une république ou d’un émirat islamique dans la vallée de Ferghana, puis d’un califat en Ouzbékistan, avant d’étendre ce dernier à toute l’Asie centrale. Le mouvement se trouverait toujours actuellement dans le nord de l’Afghanistan, où il aurait positionné des troupes en face des frontières des États d’Asie centrale[8]. Le 18 avril 2022, le MIO et d’autres katibas de l’OEI-K, ont tiré 10 roquettes contre une position de l’armée ouzbèke à Termez à partir du sol afghan (Haïraton). Le 7 mai 2022, le groupe a encore tiré 7 roquettes contre une position de l’armée tadjike à partir de la province de Takhar en Afghanistan. Le MIO menaçait déjà depuis plusieurs semaines les régimes « impies et idolâtres » de la région. Enfin, le 3 mais 2022, la branche médiatique de l’OEI-K a menacé d’attaquer la Russie, ainsi que ses « marionnettes » en Asie centrale, à savoir l’Ouzbékistan, le Kazakhstan, le Turkménistan, la Kirghizie et le Tadjikistan. Dans une autre publication, le groupe a aussi rappelé que l’OEI-K userait de son influence dans la région afin de frapper l‘Iran, la Chine et l’Ouzbékistan[9].
Les filiales des talibans
– Le Djamaat Ansaroullah provient de la sécession des éléments tadjiks du MIO en 2010. La katiba conduit en priorité ses actions dans la partie tadjike de la vallée de Ferghana (région de Khodjent) et dans les vallées centrales de Gharm, de Tavildara et de Karategin, avant d’étendre son action à l’ensemble du Tadjikistan. La katiba aurait été « retournée » par les talibans au printemps 2021 pour faire pression sur la politique intransigeante du Président tadjik Rakhmon à leur encontre. Pour parvenir à cet accord, les talibans ont « offert » cinq districts de la Province septentrionale du Badakhchan à Mahdi Arsalon, un ressortissant tadjik et commandant du Djamaat Ansaroullah. Arsalon s’est vu confier le contrôle des districts par Qari Fasihouddin, un commandant taliban tadjik, à l’époque gouverneur taliban informel du Badakhchan (il sera nommé chef d’état-major des talibans, après leur victoire à Kaboul quelques mois plus tard). Sur son compte Facebook, Arsalon a récemment publié des vidéos de combattants du Djamaat Ansarullah opérant le long de la frontière entre l’Afghanistan et le Tadjikistan, dans les districts de Kouf Ab, Khwahan, Maïmaï, Nousaï et Chekaï.
Arsalon, également connu sous le nom de Moukhammad Charifov, est né dans la vallée de Racht, dans l’est du Tadjikistan. Il a rejoint le Djamaat Ansaroullah en 2014. Décrit comme « dangereux et impitoyable », Arsalon a suivi les traces djihadistes de son père et de son frère aîné, tous deux tués par les forces de sécurité tadjikes. Il a agi en tant que recruteur pour le mouvement avant de gravir les échelons jusqu’à devenir son chef, ce qui lui a ensuite permis d’assumer le commandement au Badakhchan. En 2021, les autorités tadjikes ont estimé qu’Arsalon commandait environ 200 combattants tadjiks, contredisant les affirmations des talibans selon lesquelles les rangs du Djamaat Ansaroullah ne comprenaient pas de combattants étrangers, en particulier de Tadjiks. En septembre 2021, des rapports de sécurité tadjiks indiquaient qu’Arsalon prévoyait des opérations d’infiltration du Djamaat Ansaroullah au Tadjikistan et aurait à ce sujet consulté les talibans pour obtenir de leur part des conseils opérationnels[10].
– Le Djannat Ochiklari est une organisation djihadiste autonome ouzbékophone de la partie kirghizstanaise de la vallée de Ferghana (région d’Och), fondée en 2014 par un Ouzbek kirghizstanais d’Och, Sirojiddin Moukhtarov, alias Abou Saloh. Le 7 mars 2022, le département d’État américain a désigné la katiba al-Tawhid wal-Djihad, plus communément connue sous le nom de Djannat Ochiklari, comme organisation terroriste. Elle opère en Syrie sous l’égide du Djabhat Fatah al-Cham (ex-Front Djabhat al-Nosra), principalement dans les provinces de Hama, Idlib et Lattaquié. Le groupe mène aussi des opérations clandestines en Asie centrale, en Turquie, en Afghanistan, dans la Fédération de Russie et en Ukraine. Fort de 500 combattants, le Djannat Ochiklari coopère également avec d’autres organisations terroristes, plus particulièrement avec la katiba Imam al-Boukhari[11].
– Les Djamaats Imam al-Boukhari et Sabri (2014) sont des katibas « oasiennes » ouzbékophones ayant combattu avec l’OEI en Syrie et retournées en Afghanistan dès les hostilités terminées[12]. Il semble que le Djamaat Sabri se soit alors rangé du côté des talibans[13], ce qu’avait déjà fait depuis 2015[14] le Djamaat Imam al-Boukhari, qui a encore combattu aux côtés des talibans en juillet 2020[15]. Le groupe est dirigé par Dilchod Dekhanov, un ressortissant tadjik. Ses forces sont localisées dans la province afghane de Badghis, bien que le groupe compte également encore une centaine de combattants dans les provinces de Lattaquié ou d’Idlib en Syrie[16].
Un objectif similaire
Qu’elles soient « nationales » ou « oasiennes », les katibas espèrent toutes à terme imposer sur leur territoire « national » ou « oasien » un État islamiste. Ces États seraient ensuite relégués au rang de « districts nationaux » de la Wilayat (province) du Khorasan, espace centre-asiatique du califat mondial idéalisé par l’OEI.
Autre confirmation, déjà observée dans Le chaudron vert de l’islam centrasiatique, le recrutement de ces katibas s’effectue toujours plus selon des critères propres à la géographie humaine de l’Asie centrale : milieux sédentaire et nomade. Les talibans consolident leurs allégeances en milieu sédentaire, tandis que l’OEI-K en fait de même en milieu nomade.
Les tensions et, souvent, leur dégénérescence en conflits ouverts, augurent la résurgence de l’opposition millénaire entre nomades et sédentaires pour le contrôle de la terre et de l’eau. Cette opposition n’épargne désormais plus la « djihadosphère » régionale comme mondiale[17].
*
Aujourd’hui, les organisations djihadistes centre-asiatiques, majoritairement russophones, se distinguent des autres katibas en raison d’une technicité sans égal dans le domaine militaire, héritage sans nul doute du savoir-faire de l’ex-Armée rouge soviétique. Cette spécificité leur permet sur chaque front de devenir l’élite militaire de l’OEI (garde prétorienne du calife, armée de l’air, forces spéciales, unités de renseignement, etc.).
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s’exprimant le 31 mars 2022 lors d’une réunion des voisins de l’Afghanistan en Chine, a déclaré que la Fédération de Russie était particulièrement préoccupée par les activités des organisations terroristes internationales en Afghanistan et, en particulier, par la concentration de militants du Djamaat Ansaroullah et du MIO le long des frontières tadjike et ouzbèke[18].
L’agression russe en Ukraine (février 2022) et la montée des tensions au Tadjikistan – notamment au Badakhchan – pourraient relancer l’activité terroriste des katibas centrasiatiques, plus particulièrement le long des frontières très poreuses du Turkménistan et surtout du Tadjikistan. Dans ce dernier pays, la réactivation des actions militaires de l’opposition tadjike unie et des séparatistes pamiris pourrait réactiver les cellules dormantes locales et favoriser une rapide infiltration par les filiales centrasiatiques de l’OEI-K des organes politiques et militaires du pouvoir tadjik et, à terme, le renverser. L’instabilité régionale n’en deviendrait alors que plus grande.
[1] Cette note reprend et met à jour le tableau de présentation des filiales centrasiatiques de l’Organisation État Islamique-Khorasan (OEI-K), publié dans l’ouvrage de David Gaüzère et Yoan Nominé, Le chaudron vert de l’islam centrasiatique : Vers un retour des ethnies combattantes en Asie centrale post-soviétique, L’Harmattan, coll. Diplomatie et stratégie, 2020, pp. 142-149.
[2] Par commodité de compréhension, nous continuons cependant à le désigner sous l’appellation de MIO, d’autant que les Ouzbeks continuent largement d’y prédominer.
[3] Dans leur propagande, des responsables du MIO affirment que Tokhir Iouldachev est le descendant des Khans de Kokand (argument historiquement peu crédible, mais servant de paravent à la légitimation du pouvoir islamiste), tandis que l’un de ses conseillers, le chef religieux Zoubair-Ibn-Abdourakhim, serait le descendant d’un chef basmatchi. Toktosounova Adach, « Religioznaia Sitouatsiia V Kyrgyzskoï Respoublike (La situation religieuse dans la République kyrgyze) », Tsentral’naia Aziia I Koul’toura Mira, UNESCO-Bichkek, 2001, p. 103.
[4] https://www.diploweb.com/Afghanistan-le-troisieme-front-de.html#nb7
[5] https://www.dawn.com/news/1328675
[6] https://www.voanews.com/a/how-afghanistan-s-militant-groups-are-evolving-under-taliban-rule/6492194.html
[7] https://24.kg/english/218086_Machine_gun_confiscated_from_leader_of_extremist_organization_in_Bishkek. On ignore toutefois encore son identité.
[8] https://www.lefigaro.fr/international/l-ei-compte-2000-hommes-en-afghanistan-et-veut-s-etendre-en-asie-centrale-selon-poutine-20211015 +
https://www.lenouveleconomiste.fr/les-djihadistes-ont-de-nouveau-carte-blanche-en-afghanistan-92459
[9] https://www.specialeurasia.com/2022/05/05/islamic-state-uzbekistan +
https://moderndiplomacy.eu/2022/05/17/new-isis-strategy-and-the-resurgence-of-islamic-state-khorasan
[10] https://www.longwarjournal.org/archives/2022/05/tajik-terrorist-serves-as-taliban-commander-in-northern-afghanistan.php + https://www.rferl.org/a/tajikistan-concerned-taliban-plots/31477716.html
[11] https://www.weeklyblitz.net/counterterrorism/exposing-al-qaeda-affiliated-katibat-wal-tawhid-al-jihad
[12] https://stanradar.com/news/full/10200-kto-ugrozhaet-tsa-terroristicheskie-gruppirovki-na-prostorah-srednej-azii-i-kazahstana.html?page=22
[13] https://www.financialexpress.com/world-news/talibans-offensive-impact-on-the-near-region/2287126
[14] https://www.rferl.org/a/islamic-state-uzbek-militant-faction-syria-taliban/26686992.html
[15] https://www.longwarjournal.org/archives/2020/07/taliban-attempts-to-cover-up-images-posted-by-an-uzbek-jihadist-group-in-afghanistan.php
[16] https://www.voanews.com/a/how-afghanistan-s-militant-groups-are-evolving-under-taliban-rule/6492194.html
[17] https://www.rferl.org/a/taliban-arrest-uzbek-commander-clashes/31677178.html +
https://www.fpri.org/article/2022/05/northern-afghanistan-and-the-new-threat-to-central-asia
[18] https://podrobno.uz/cat/uzbekistan-i-rossiya-dialog-partnerov-/lavrov-soobshchil-o-narashchivanii-otryadov-terroristov-i-ekstremistov-na-afgano-uzbekskoy-granitse