Le Tadjikistan face à l’hydre du djihad : de l’influence militaire russe au multilatéralisme régional
David GAÜZERE


Partie intégrante de l’Empire russe puis de l’URSS jusqu’en 1991, le Tadjikistan continue à demeurer depuis dans la sphère d’influence de la Russie qualifiée d’« étranger proche ». Cet Il s’agit d’un espace réservé au sein duquel Moscou exerce tout levier d’influence (« hard & soft powers », politique, militaire, économique, culturel…) pour contrôler les autorités politiques locales et les contraindre à aller dans le sens de la défense des intérêts de la Russie.
Cependant, depuis 2014 et son intervention en Ukraine, l’hégémonie de la Russie, toujours bien réelle, se voit de plus en plus contestée par l’arrivée de deux nouveaux acteurs régionaux : la Chine et l’Inde.
Membres comme la Russie des BRICS et de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), les deux puissances régionales asiatiques utilisent chacune le Tadjikistan comme un nouveau pion de leur « profondeur stratégique » face à l’autre.
Sur le plan sécuritaire, face à une Russie obligée de dégarnir ses troupes (201e Division de fusiliers motorisés/DFM basée sur la frontière tadjiko-afghane et à Douchanbé) pour les envoyer en Ukraine, la Chine a installé entre 2019 et 2021 deux « structures militaires » dans le District autonome du Haut-Badakhchan (DAHB) tadjik pour contrôler les départs et retours des djihadistes ouïghours du Parti islamique du Turkestan (PIT) d’Afghanistan et a envoyé, en mai 2022, des instructeurs militaires pour aider Douchanbé à mater une révolte autonomiste pamirie, s’ingérant de facto et de manière inédite dans les affaires internes du pays. En parallèle, l’Inde, dont des troupes sont déjà stationnées depuis 2001 sur la base d’Aïni, a ouvert en 2011 une seconde base à Farkhor, non loin de la frontière afghane, afin de mieux contrôler sur leurs arrières les turbulences islamistes de la zone AfPak (Afghanistan-Pakistan) et de pouvoir contrer les avancées chinoises dans le Cachemire.
Se dessine enfin au travers des rivalités militaires et géostratégiques des puissances régionales au Tadjikistan la clé de l’avenir de l’Afghanistan. En proie depuis plus de cinquante ans à des troubles intérieurs chroniques, l’Afghanistan pourrait, dans le cas d’un remplacement à plus ou moins long terme de l’influence russe par l’influence chinoise en Asie centrale, devenir peu à peu « protectorisé » par Pékin, qui dispose depuis 2018 d’une base militaire dans le Wakhan, contrôle et exploite déjà en grande partie les gisements miniers du pays, et s’assure, sans un seul coup de feu tiré, de la neutralité des acteurs afghans en échange de sa non-interférence dans les affaires afghanes. Pékin avait déjà, trois siècle plus tôt, précisément agi de la même manière vis-à-vis des khojas (gouverneurs politico-religieux musulmans) du Turkestan oriental. La « protectorisation » chinoise pourrait aussi, s’étendre au Tadjikistan voisin – notamment au DAHB qui est très abondant en pierres précieuse – à la faveur de l’effacement de l’influence russe dans le pays que l’on observe depuis 2014.
La Russie, puissance protectrice traditionnelle du Tadjikistan depuis 1895
Depuis l’Accord de 1895 partageant les zones d’influence des Empires russe et britannique, le Tadjikistan fait partie, comme un avant-poste vers le sud, de l’Empire russe, puis de l’URSS.
Le jeune pouvoir soviétique a alors créé en 1924 dans le cadre de la natsional’noe razmejevanie (délimitation nationale) en Asie centrale, la République socialiste autonome du Tadjikistan, à l’intérieur de la République Socialiste Soviétique d’Ouzbékistan, devenue cinq ans plus tard république fédérée[1].
Depuis 1929, la République socialiste soviétique du Tadjikistan comprend en son sein un district autonome, le DAHB, paradoxalement établi par le régime soviétique athée sur un critère religieux, l’ismaélisme.
Le pouvoir soviétique justifiait la création du DAHB par la présence d’une minorité ismaélienne en Chine et en Afghanistan. Comme pour les Turkmènes et les Ouzbeks, dont des minorités se trouvaient en Iran et en Afghanistan, Moscou tendait à favoriser les peuples comprenant des minorités à l’extérieur de l’URSS, afin de pouvoir ultérieurement utiliser l’appui de celles-ci, marginalisées dans leur État tutélaire, pour justifier sa politique d’expansion coloniale et d’« action civilisatrice vers le communisme des Pamiris du Haut-Badakhchan en direction de leurs compatriotes restés afghans ou chinois de l’autre côté de la frontière »[2]. Aussi, pour ces raisons, Moscou a davantage accru la russification des populations badakhchanaises que celles des autres parties du Tadjikistan.
Depuis, s’appuyant désormais sur une base territoriale, l’autonomisme ismaélien vis-à-vis de Douchanbé ne s’est jamais éteint. Il est en cela insidieusement encouragé par l’Agha Khan, chef de la communauté ismaélienne mondiale, son aura internationale, sa Fondation et son réseau de lycées et d’universités de qualité[3]. Le DAHB a toujours ainsi montré une certaine rétivité au pouvoir central tadjik et poursuivi une évolution politique, culturelle et religieuse spécifique[4].
Durant la guerre civile (1992-1997) qui a suivi l’indépendance du Tadjikistan, les autorités russes, jouant des rivalités claniques et des réseaux de clientèles du pays, se sont alors appuyées sur les clans de Khodjent, puis à partir de 1992, de Kouliab, pour garantir leurs intérêts dans ce pays[5]. Président du Tadjikistan depuis septembre 1992 et issu du clan de Kouliab, Emomali Rakhmon n’a jamais oublié sa redevabilité à la Russie pour son aide déterminante durant la guerre civile et, pour cette raison, sait que l’assise de son pouvoir ne peut être, même trente ans plus tard, assurée qu’au prix d’un alignement total sur les positions de Moscou.
A la suite de la victoire définitive en 1997 du clan de Kouliab – surarmé et surprotégé par la Russie –, Moscou est devenu pendant quinze ans le protecteur non contesté d’un Tadjikistan de nouveau pacifié. Depuis, la 201e DFM russe surveille la frontière tadjiko-afghane sur le Piandj, tandis que son état-major est installé sur la base d’Aïni, près de Douchanbé, faisant du Tadjikistan une tête de pont de la Russie face à l’Afghanistan instable avec lequel il partage une frontière de 1 206 km[6].
Le Tadjikistan a jusqu’en 2001 apporté son soutien logistique aux forces de l’Alliance du Nord du général Ahmad Shah Massoud, largement tadjikophones, face aux Talibans, puis il a soutenu l’intervention occidentale en Afghanistan jusqu’au retour des Talibans au pouvoir à l’été 2021. Depuis, Douchanbe apporte un soutien militaire et logistique discret au fils du général Massoud, réfugié dans la vallée du Pantchir, qu’il tient encore en grande partie[7].
Jusqu’au début du conflit ukrainien en 2014, Moscou était le protecteur incontesté du Tadjikistan de par son héritage historique et sa présence militaire. Cependant, depuis 2014, la complexification de la situation géopolitique internationale amenée par la guerre en Ukraine et l’invasion directe de ce pays par la Russie en février 2022 ont amené Moscou à redéployer ses effectifs militaires.
Ainsi, au Tadjikistan, la 201e DFM a été dégarnie de plus du tiers de ses effectifs, ce qui a en conséquence vulnérabilisé le Tadjikistan face à la menace djihadiste et l’a conduit à rechercher de nouveaux protecteurs, aux premiers rangs desquels la Chine et l’Inde.
La remontée en puissance du djihadisme centrasiatique depuis le retrait américain d’Afghanistan et la guerre d’Ukraine
Depuis 2022, et toujours en accord avec la Russie dans le cadre de l’OCS, la Chine et l’Inde ont envoyé des troupes au Tadjikistan pour répondre aux besoins des autorités tadjikes de protection face à la menace djihadiste provenant essentiellement d’Afghanistan. Cette menace, accrue depuis la prise de Kaboul par les Talibans et le départ des dernières troupes internationales d’Afghanistan en août 2021, a replacé Douchanbé dans une situation vulnérable face au danger djihadiste.
Le danger djihadiste avait lui-même également évolué avec l’effacement, entre 2014 et 2016, d’Al-Qaïda et du Parti de la Renaissance Islamique (PRI, interdit depuis 2015) au profit de la montée en puissance de la branche Khorasan de l’Organisation État-Islamique (OEI-K). Établie depuis 2015 dans les territoires non-pachtounophones du nord de l’Afghanistan, cette entité terroriste est composée de plusieurs filiales, nationales ou oasiennes, dont le but reste la prise du pouvoir au nom de l’extension du « Califat islamique universel » dans les différentes républiques d’Asie centrale post-soviétique[8].
C’est au Tadjikistan que le danger de déstabilisation paraît être le plus important : le pouvoir despotique et héréditaire du président Rakhmon est aujourd’hui contesté jusque par sa propre famille et ne tient plus que par les présences militaires russe, chinoise et indienne, qui ne souhaitent pas voir le Tadjikistan sombrer dans le chaos et constituer l’arrière-cour du conflit afghan. L’OEI-K compte, parmi ses filiales, de nombreux fidèles, aussi bien chez les tadjikophones d’Afghanistan – plus nombreux qu’au Tadjikistan ! – que parmi les cellules djihadistes clandestines présentes sur le territoire tadjik lui-même, ainsi que dans la diaspora tadjike vivant en Russie, en Turquie et en Occident, qu’elle n’hésitera pas à activer dès le moment où le régime politique de Douchanbé montrera ses premiers signes de faiblesse.
De la Syrie à l’Afghanistan,
Les katibas (unités combattantes) djihadistes tadjikophones restent actives, pouvant compter sur un soutien de la population tadjike d’Afghanistan, deuxième groupe ethnique du pays largement dominant au nord de Kaboul.
Ces katibas, que ce soit le Mouvement Islamiste du Turkestan (ex-d’Ouzbékistan) – dont les membres sont essentiellement ferghanais -, Ansaroullah ou le Tehrek-i-Taliban-Tadjikistan plus tadjiko-centrés, tous visent la déstabilisation du régime de Douchanbé et l’établissement d’un Émirat islamiste dans le pays. Ces groupes peuvent s’appuyer sur les défections de dirigeants importants des organes de force du pays, tant au niveau national (celle de l’ancien ministre des Situations d’urgence, Mirzo Zioiev, en 2006, puis de l’ex-commandant des unités spéciales OMON, Goulmorod Khalimov en 2015) que local (cadres des OMON et Alpha du Badakhchan[9]). Ces défections ont permis, en plus de celles des combattants, de renforcer la technicité militaire de la cause djihadiste[10].
Cette compétence a été reconnue au sein de Daech par les postes et les missions spécifiques qui ont été confiés aux combattants russophones qui ont assuré exclusivement, à partir de 2014, le fonctionnement de l’armée de l’air de l’OEI en Syrie, après la prise de quatre appareils (Soukhoï et Mig) sur la base d’al-Tabka, près de Deïr Ez-Zor. Les combattants tadjiks ont par ailleurs créé, deux ans plus tard, Malhama Tactical, la première société militaire privée offrant ses services – contre rémunération – de logistique, de formation et d’entraînement aux katibas de Daech.
Les combattants tadjiks, réputés pour leur bravoure au combat, étaient alors directement rattachés à l’OEI-Central (OEI-C) et non pas à l’OEI-K, qui existait pourtant déjà, assurant la garde prétorienne du calife Omar al-Baghdadi[11]. La nomination de Goulmorod Khalimov – formé en Russie et aux États-Unis à la lutte anti-terroriste – comme « ministre de la Guerre » de Daech en 2016 a enfin parachevé la domination des Tadjiks sur les structures militaires de l’organisation terroriste en Syrie[12]. La chute de Daech à Baghouz en mars 2019 a ensuite amené les combattants tadjiks les plus aguerris à s’installer au nord de l’Afghanistan et à agir depuis pour le compte exclusif de l’OEI-K et de ses filiales[13].
De par la proximité géographique et culturelle avec le nord de l’Afghanistan tadjikophone, le régime tadjik s’est retrouvé en porte-à-faux en raison de son soutien au Front de libération nationale (FLN) d’Ahmad Massoud, qui tient encore une grande partie du Pantchir, et sa reconnaissance discrète des Talibans par l’ouverture d’un consulat afghan à Khorog. Ainsi, le Tadjikistan est le seul État du monde à disposer de deux représentations diplomatiques afghanes issues de deux pouvoirs opposés[14].
Au Tadjikistan
Les katibas tadjikes réfugiées dans le nord de l’Afghanistan disposent également de puissantes cellules parmi la jeunesse déshéritée du pays. Encore « en sommeil », elles sont néanmoins entraînées, coordonnées et prêtes à agir le moment venu au signal d’un chef de guerre des katibas du nord de l’Afghanistan. Déjà très actives lors de la guerre civile dans le pays (1992-1997), elles se sont depuis renforcées dans les zones naguère contrôlées par la rébellion islamiste (vallées de Racht, de Gharm, de Tavildara, de Kofarnihon et de Karateguin), ainsi qu’à la périphérie pauvre de Douchanbé et dans les prisons où elles ont notamment éliminé au cours de deux révoltes (Khodjent en 2018 et Vakhdat en 2019) d’anciens cadres du PRI, jugés « trop mous ». Ces cellules ont également organisé, le 29 juillet 2018, un attentat sanglant contre des cyclotouristes étrangers à Danghara, lesquels ont été volontairement percutés par une voiture, puis achevés quelques heures plus tard à l’arme blanche par des villageois complices[15]. Enfin, en novembre 2019, quinze ressortissants tadjiks affiliés à l’OEI-K ont été tués dans un affrontement avec les forces de sécurité tadjikes le long de la frontière avec l’Ouzbékistan, alors qu’ils étaient apparemment en route vers l’Afghanistan[16]. De plus, depuis la chute du gouvernement pro-occidental en Afghanistan, les franchises de l’OEI-K revendiquent des incursions aussi brèves que meurtrières dans les États centrasiatiques voisins, notamment dans les zones frontalières du Turkménistan et du Tadjikistan, difficiles à défendre[17].
Parallèlement à ces actions, dès 2022, l’organe de communication de l’OEI-K, la Fondation al-Azaïm, a commencé à diversifier les langues de ses produits médiatiques, développant les traductions en tadjik et en ouzbek de ses publications originelles en pachtoun et en dari, ainsi que de nouveaux textes et vidéos de propagande s’adressant directement au public d’Asie centrale. Il est significatif que ces supports soient à la fois en cyrillique (tadjik) et en latin (ouzbek), ce qui indique qu’ils sont destinés aux ressortissants ouzbeks et tadjiks plutôt qu’aux communautés tadjikophones/ouzbékophones d’Afghanistan qui utilisent l’écriture arabe[18].
Les ramifications tadjikes de l’OEI-K s’étendent également à l’Occident, en particulier à l’Europe. Plusieurs complots impliquant des ressortissants d’Asie centrale – dont un nombre notable de Tadjiks – ont été déjoués par les agences de sécurité européennes au cours des dernières années. L’OEI-K vise à galvaniser les communautés musulmanes en Occident et à fournir des conseils à distance en exploitant les développements et incidents internationaux pour exacerber l’antagonisme entre les sociétés occidentales et leurs populations musulmanes. Par exemple, à la suite des épisodes de profanation du Coran en Europe, l’OEI-K a publié à plusieurs reprises des livres et des vidéos exhortant les musulmans à venger l’offense. En conséquence, des individus affiliés à l’OEI-K ont tenté de mener des attaques en représailles : le 19 mars 2024, les forces de sécurité allemandes ont révélé que deux suspects avaient été arrêtés après avoir reçu l’ordre de l’OEI-K de mener une attaque contre le Parlement suédois à Stockholm[19]. À ce jeu-là, depuis 2023, les membres tadjiks de l’OEI-K ont même supplanté les Tchétchènes en matière d’attaques terroristes en Occident[20].
La question pamirie est encore une source supplémentaire d’affaiblissement du Tadjikistan. Dans le DAHB, un mouvement indépendantiste appelle à la sécession de ce district du Tadjikistan et a, depuis 2012, organisé d’importantes manifestations locales, dont la répression très sanglante par les autorités de Douchanbe n’a fait qu’exacerber le désir d’émancipation des Pamiris. D’autant plus que lors de la dernière révolte de mai 2022, des « instructeurs militaires » chinois étaient venus en aide au régime de Douchanbé pour mater cette révolte interne. En conséquence, les Pamiris espèrent depuis une victoire ukrainienne face à Moscou afin de profiter d’un affaiblissement éventuel de Moscou, protecteur de Douchanbé, pour demander une reconnaissance internationale de leur particularisme local[21].
Face à un djihadisme en plein essor, la montée de rivalités militaires régionales au sein de l’OCS depuis 2015
En réponse à la virulence de ce djihadisme régional, Pékin et New-Delhi se sont tacitement « partagé » la protection du territoire tadjik, en raison de la réduction de la présence russe :
– La Chine s’est déployée aux frontières du DAHB et est présente près de Mourghab. Elle y entretient un poste de police avancé, à environ 90 km de sa frontière. Elle projette l’installation d’une deuxième « structure » à Iskachim, sur le Piandj, fleuve frontalier avec l’Afghanistan. Pekin investit par ailleurs lourdement dans l’économie du Tadjikistan, notamment dans les infrastructures, et assiste de manière croissante les autorités tadjikes afin d’endiguer toute révolte interne, islamiste ou séparatiste.
– L’Inde est présente au Tadjikistan depuis 2001. Quelques centaines de soldats, essentiellement des instructeurs, étaient alors présents, en accord avec la Russie, sur la base d’Aïni (10 km à l’ouest de Douchanbé) et sur la base de Farkhor (130 km au sud-est de la capitale). Puis, à partir de 2011, des effectifs plus importants ont été déployés sur la base de Farkhor, exclusivement allouée à l’armée de l’air indienne par le gouvernement tadjik[22].
– La Russie, malgré une réduction drastique de ses effectifs militaires, continue néanmoins à entretenir la 201e DFM à Aïni et sur la frontière tadjiko-afghane.
La notion commune de « profondeur stratégique »[23], qui existe depuis le XIXe siècle, continue de justifier la concurrence militaire, encore pacifique, entre ces trois puissances, toutes membres de l’OCS et des BRICS, sur le territoire tadjik :
– Pour la Chine, le Tadjikistan sert de sentinelle pour surveiller, en accord avec les Talibans afghans en lutte contre l’OEI-K et ses filiales, les mouvements des djihadistes ouïghours du PIT dans les deux sens entre le nord de l’Afghanistan et le Xinjiang et éviter tout contact entre ces militants radicalisés et d’éventuelles cellules dormantes présentes au Xinjiang. Mais, Pékin, qui entend maintenir des relations de neutralité absolue tant avec les Talibans que le FNL en Afghanistan, souhaiterait assurer sans concurrence le développement économique du pays dans le cadre de son projet eurasiatique des « Nouvelles routes de la soie »[24], ce qui lui permettrait afin d’exporter les ressources gazières et pétrolières du Sinkiang et de faire progressivement et de manière pacifique, de faire de l’État failli afghan son protectorat et des parties au conflit ses obligées[25].
– Pour l’Inde, le Tadjikistan est le territoire le plus « avancé » de sa « profondeur stratégique », qui lui permet à la fois de surveiller l’AfPak et d’y réduire l’influence pachtoune, et de contrer depuis le nord-ouest les ambitions pakistanaises et chinoises au Cachemire, situé à seulement 20 km de la frontière tadjike[26]. New-Delhi soutient donc le FNL en Afghanistan et entend épauler activement le Tadjikistan dans sa lutte contre le djihadisme.
– La Russie conserve inchangées ses ambitions géostratégiques en direction des mers chaudes depuis le XIXe siècle, aspect non négligeable de son statut de puissance régionale. Elle essaie de garder une relation équilibrée à la fois avec les Talibans, qu’elle ne reconnaît pas mais qu’elle ménage, et le FNL. Mais, la faiblesse de ses moyens militaires, logistiques et financiers, aggravée depuis le début de la crise ukrainienne, réduit la portée cette politique de recherche d’équilibre[27].
*
Ne disposant plus que d’une base de plus en plus réduite, le régime du président Rakhmon ne doit sa survie qu’à la présence russe et à celle de ses partenaires – mais futurs concurrents – indien et surtout chinois. En effet, de plus en plus de régions s’affranchissent du pouvoir central de Douchanbé qui, faute de moyens, peine à y affirmer son autorité, se livrant à des répressions aussi sanglantes que ponctuelles face à des révoltes locales[28].
Une défaite russe en Ukraine et le remplacement – pacifique ou violent – de Vladimir Poutine pourraient provoquer l’éclatement du Tadjikistan et une exportation du djihadisme afghan sur le sol tadjik. Forts du soutien occidental, les Pamiris pourraient aussi en profiter pour demander un certain degré d’autonomie, sinon l’indépendance.
Le remplacement progressif de la Russie par l’Inde et la Chine pourrait s’avérer être la seule solution afin d’offrir un avenir viable à un Tadjikistan enclavé, montagneux et pauvre. Pékin pourrait, comme jadis l’URSS, jouer sur les liens de solidarités claniques des Tadjiks pour placer son protégé au pouvoir, soit dans la lignée naturelle du président Rakhmon et de son fils et successeur désigné Roustam, soit en s’appuyant sur un autre clan, pour maintenir de manière autoritaire une certaine stabilité dans le pays et en le « protectorisant ».
L’évolution du positionnement de Pékin – aujourd’hui neutre dans le conflit afghan – sera d’une influence déterminante sur l’avenir du Tadjikistan et, fatalement, sur celui de l’Afghanistan voisin.
[1] Balland Daniel, « Diviser l’indivisible : Les frontières introuvables des États centrasiatiques », Hérodote, La Découverte, Paris, 1997, n°84, pp. 77-123.
[2] Roy Olivier, La nouvelle Asie centrale ou la fabrication des nations, Seuil, Paris, 1997, pp. 113-114.
[3] https://the.akdn/en/home + https://globalsnowleopard.org/университет-центральной-азии-уца/?lang=ru
[4] https://cf2r.org/documentation/haut-badakhchan-la-revendication-autonomiste-au-coeur-de-la-nouvelle-donne-du-grand-jeu-geopolitique-regional
[5] Henrard Guillaume, Géopolitique du Tadjikistan : Le nouveau grand jeu en Asie centrale, Ellipses, Paris, 2000, pp. 55-67.
[6] https://www.frstrategie.org/web/documents/publications/autres/2010/2010-facon-cm-presence-militaire-russe.pdf . Depuis l’été 2022, plus de 2 000 des 7 000 soldats russes de la 201e DFM auraient quitté le Tadjikistan pour aller renforcer le front en Ukraine (https://rus.azattyq.org/a/vremennaya-komandirovka-po-dannym-rassledovaniya-rossiya-perebrasyvala-v-ukrainu-voennyh-s-bazy-v-tadzhikistane/32034013.html).
[7] https://carnegieendowment.org/posts/2021/10/why-tajikistan-is-taking-a-stand-against-the-taliban?lang=ru
[8] Il faut par ailleurs avoir à l’esprit le lien étroit entre l’essor de l’OEI-K, de ses filiales et des autre groupes djihadistes concurrents de la région et l’explosion du narcotrafic de l’opium et de l’héroïne, provenant essentiellement d’Afghanistan, mais désormais de plus en plus en concurrence avec des productions locales dans d’autres zones sur l’axe New-Delhi – Almaty – Moscou (productions au Cachemire, au Tadjikistan et au Kirghizstan). Les liens entre les narcotrafiquants, eux-mêmes djihadistes ou complices, alimentent par leurs passages à des cols de très haute altitude difficilement contrôlables les trafics et assurent la viabilité tant des combattants djihadistes en Afghanistan que des cellules clandestines à l’arrière dans les États voisins.
[9] L’agence de presse Fergana, composée de journalistes indépendants basés à Moscou et disposant de relais médiatiques en Asie centrale post-soviétique et en Afghanistan, dément depuis janvier 2019 la mort du colonel Goulmorod Khalimov. Se fondant sur le témoignage d’un informateur basé dans le Badakhchan afghan, Khalimov se serait trouvé en janvier 2019 dans la ville de Moundjon, dans le Badakhchan afghan (à 80 km de la frontière tadjike), commandant un groupe de « quelques dizaines d’hommes » (sic) pour l’OEI, dont certains seraient revenus de Syrie, ainsi que quinze membres du commando Alpha (commando des opérations spéciales tadjik) récemment « retournés » et passés au service de Khalimov. Même s’il est vraisemblable que Khalimov ait été tué par une frappe russe en Syrie en septembre 2017, cela en dit toutefois long sur la versatilité des commandants militaires tadjiks locaux, https://fergana.agency/news/104222
[10] https://www.diploweb.com/Geopolitique-de-Daesh-Les-prisons-tadjikes-cheval-de-Troie-de-l-Etat-Islamique-en-Asie-centrale.html#nb9 + https://www.iris-france.org/wp-content/uploads/2018/09/Asia-focus-83.pdf
[11] Giustozzi Antonio, The Islamic State in Khorasan, Éd. Hurst, Londres, 2018, p. 143. Nous notons l’anachronisme administratif de Daech qui, d’un côté avait fait de l’Asie centrale et de l’Afghanistan la Vilaiat Khorasan, entité administrative et militaire d’un empire planétaire rêvé, et qui devait donc être défendue par l’OEI-K, et de l’autre côté la séparation du noyau tadjikophone de l’OEI-K et son affiliation à l’OEI-C malgré son maintien dans la Vilaiat Khorasan.
[12] https://www.diploweb.com/Geopolitique-de-Daesh-Les-prisons-tadjikes-cheval-de-Troie-de-l-Etat-Islamique-en-Asie-centrale.html#nb9 + https://www.iris-france.org/wp-content/uploads/2018/09/Asia-focus-83.pdf
[13] L’OEI-K, qui n’était qu’une filiale de Daech jusqu’en 2019, a ensuite récupéré les prérogatives de son ancienne « maison-mère » pour s’affirmer comme la nouvelle tête de proue des actions djihadistes dans le monde en vue de l’établissement du « Califat mondial » idéalisé, décalant de facto le commandement du djihadisme international daechien du Moyen-Orient à l’Asie centrale.
[14] https://rus.ozodi.org/a/32674700.html
[15] https://www.diploweb.com/Geopolitique-de-Daesh-Les-prisons-tadjikes-cheval-de-Troie-de-l-Etat-Islamique-en-Asie-centrale.html#nb9 + https://www.iris-france.org/wp-content/uploads/2018/09/Asia-focus-83.pdf
[16] https://ctc.westpoint.edu/from-tajikistan-to-moscow-and-iran-mapping-the-local-and-transnational-threat-of-islamic-state-khorasan
[17] https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=https%3A%2F%2Ftwitter.com%2FSimNasr%2Fstatus%2F1523040362905825281%3Fs%3D20%26t%3DShZukb8WyOwtjVkV6OubqA#federation=archive.wikiwix.com&tab=url+ https://www.specialeurasia.com/2022/05/05/islamic-state-uzbekistan.
Le chef d’état-major de l’OTSC, Andreï Serdioukov déclarait encore en février 2024 qu’il y avait une augmentation du nombre de militants de l’État islamique près des frontières sud du Tadjikistan : « Près de la frontière sud du Tadjikistan, on enregistre une augmentation du nombre de membres de la branche afghane de l’OEI-K et du Tehrik-e Taliban Pakistan (TTP). Le réseau de camps de terrain pour leur formation s’étend également. Dans le même temps, le principal contingent de combattants étrangers est concentré dans les provinces du nord de l’Afghanistan » (https://rtvi.com/stories/tadzhikistan-i-terrorizm-k-kakim-gruppirovkam-mogut-byt-prichastny-uchastniki-terakta-v-moskve).
[18] https://ctc.westpoint.edu/from-tajikistan-to-moscow-and-iran-mapping-the-local-and-transnational-threat-of-islamic-state-khorasan
[19] https://ctc.westpoint.edu/from-tajikistan-to-moscow-and-iran-mapping-the-local-and-transnational-threat-of-islamic-state-khorasan
[20] https://www.lefigaro.fr/actualite-france/le-djihadisme-tadjik-nouvelle-menace-pour-l-europe-20240118
[21] https://cf2r.org/documentation/haut-badakhchan-la-revendication-autonomiste-au-coeur-de-la-nouvelle-donne-du-grand-jeu-geopolitique-regional
[22] Côté chinois – L’armée chinoise s’autorise depuis 2017 des « points de contrôle volants » extraterritoriaux dans le Badakhchan tadjik (à Chaïmak, près de Mourghab) et afghan (à Bazaï Gonbad, près de la pointe orientale du Wakhan). Pékin dément depuis toujours cette présence, mais les gouvernements tadjik et afghan, ainsi que les locaux l’attestent (https://www.ng.ru/cis/2023-10-17/5_8854_tajikistan.htmlhttps://eurasianet.org/china-denies-plans-to-build-military-base-on-afghan-tajik-border
http://www.fergananews.com/articles/9788.
Ce « point de contrôle » s’est transformé en base permanente en juillet 2024 (information révélée par le journal britannique The Telegraph et confirmée par des médias étrangers, notamment ouzbeks, et des images satellite, mais niée par les autorités tadjikes et chinoises. Cf https://www.telegraph.co.uk/world-news/2024/07/18/political-extremism-in-america). Des tours d’observation, un héliport et de larges entrées pour l’équipement auraient été érigés sur cette base militaire secrète entre 2018 et 2024 (https://daryo.uz/ru/2024/07/11/sekretnaa-baza-kitaa-v-tadzikistane-usilenie-vliania-v-regione).
« Trois autres volets de l’effort chinois dans ce pays sont bien plus importants. Tout d’abord, au nom de la protection des installations et des infrastructures de transport chinoises, Pékin a déployé – parfois ouvertement et parfois sous d’autres noms – ses propres « sociétés militaires privées » au Tadjikistan […] le nombre de soldats chinois dans ces unités n’est pas connu publiquement, mais ils constituent une force que Pékin peut utiliser pour faire pression sur Douchanbé encore plus efficacement que n’importe quelle base. Deuxièmement, la Chine a commencé à construire pas moins de trente aéroports juste à l’est de la frontière sino-tadjike, des installations qui n’ont apparemment d’autre but que de donner à Pékin la possibilité de déployer des forces au Tadjikistan à tout moment. Troisièmement, la Chine a mené un nombre croissant de manœuvres conjointes avec l’armée tadjike elle-même et a lancé un programme visant à former de plus en plus d’officiers tadjiks en Chine » (https://jamestown.org/program/china-increasing-its-military-presence-in-tajikistan).
Côté indien – Sur la base de Ghisor-Aïni, des avions de combat SU-30MKI et MIG-29 de l’Indian Air Force seraient stationnés et des systèmes de navigation et de défense aérienne de pointe auraient été installés, ainsi qu’un hôpital ayant servi à soigner les blessés de l’ancienne Alliance du Nord en Afghanistan (notamment le commandant Massoud, qui y a vécu ses dernières heures à la suite d’un attentat le 10 septembre 2001). Sur la base de Farkhor, trois hangars abriteraient douze MIG-29, auxquels s’ajouterait le Centre de recherche aéronautique (CRA), exploité par laResearch and Analysis Wing (RAW) l’agence indienne de renseignement extérieur (https://www.trtrussian.com/mnenie/tadzhikistan-i-voennye-bazy-indii-nyu-deli-rvetsya-v-centralnuyu-aziyu-6910294 + https://www.defencexp.com/farkhor-airbase-indias-secret-military-base-in-tajikistan).
[23] Le concept de « profondeur stratégique » est longtemps resté l’apanage d’Islamabad, visant à contrer l’Inde sur le dossier du Cachemire, divisé depuis 1947, et à saper l’entente traditionnelle entre les gouvernements afghan et indien jusqu’en 1996, date de l’arrivée des Taliban à Kaboul. Pour ce faire, Islamabad, n’hésitait pas, via son service de renseignement, l’Inter-Services Intelligence (ISI) à instrumenter les Talibans en Afghanistan, au risque de voir son armée infiltrée par des éléments autant radicalisés qu’incontrôlables et certaines parties de son territoire (les zones tribales) devenir hors de contrôle (https://shs.cairn.info/le-pakistan-en-100-questions–9791021028524-page-260?lang=fr). En se déployant au Tadjikistan, New-Delhi a repris à son compte ce concept de « profondeur stratégique », que se sont désormais approprié les deux pays.
[24] Depuis 2013, le projet chinois des « Nouvelles routes de la soie » a pour objectif de désenclaver la Chine et de développer ses flux commerciaux, notamment ses exportations de matières premières en direction de l’Europe, par le développement des flux maritimes et la rénovation ou la construction de nouvelles voies ferroviaires et routières. Priorité de la diplomatie chinoise, sous la présidence de Xi Jinping, ce projet ambitieux, couplé à la montée en puissance des BRICS, permet à Pékin de se mettre en avant sur la scène internationale et de contester l’hégémonie occidentale sur le monde (https://www.lefigaro.fr/economie/le-scan-eco/decryptage/les-nouvelles-routes-de-la-soie-le-projet-au-service-de-l-hegemonie-chinoise-20190326 ; Gomart Thomas, L’Affolement du Monde, Tallandier, 2019, p. 45).
[25] A la suite de l’établissement des relations informelles entre le gouvernement chinois et les Talibans, on a observé le basculement d’allégeance du PIT, devenu depuis une filiale de l’OEI-K (https://nationalinterest.org/feature/could-isis-k-and-al-qaeda-rivalry-impact-china%E2%80%99s-plans-afghanistan-195775?utm_source=researcher_app&utm_medium=referral&utm_campaign=RESR_MRKT_Researcher_inbound).
[26] Disputé depuis 1947 entre l’Inde (Jammu-et-Cachemire ; le Ladakh en est séparé depuis 2019, formant un nouvel État de l’Union indienne), le Pakistan (Azad Cachemire et Gilgit-Baltistan) et la Chine (depuis 1962, Aksaï-Tchin et Chaksgam), le Cachemire est une région à la fois de transit et d’installation pour les djihadistes. L’OEI-K, le PIT, le Tehrek-i-Taliban Pakistan et les réseaux Haqqani pakistanais transitent par la « province partagée » et cohabitent avec les mouvements djihadistes locaux.
[27] https://cf2r.org/documentation/haut-badakhchan-la-revendication-autonomiste-au-coeur-de-la-nouvelle-donne-du-grand-jeu-geopolitique-regional .
Tout en entretenant une cordialité molle avec Ahmad Massoud, à qui elle reproche sa notoriété en Occident, la Russie soutient le développement du Front Azadi, derrière son chef, le général Yassin Zia, lui aussi un tadjikophone comme Massoud. Agissant aujourd’hui en complémentarité du FNL contre les Talibans et l’OEI-K, le Front Azadi tient à toutefois préserver sa marge de manœuvre, notamment sa « spécialisation urbaine » (https://www.ng.ru/kartblansh/2024-05-16/3_9009_kb.html). Après l’accord passé entre elles en mai 2024, les deux organisations de résistance armée se répartissent ainsi leurs objectifs d’action : au FNL la guérilla dans les zones rurales du Pantchir et dans les provinces du nord et de l’ouest de l’Afghanistan (Baghlan, Takhar, Ghor, Parwan, Badakhchan, Badghis, Herat) et autour de Kaboul ; au Front Azadi, la guérilla urbaine dans Kaboul. Les deux mouvements coordonnent par ailleurs au quotidien leurs actions à Kaboul, grâce au rôle très actif et souterrain en matière de collecte du renseignement d’Amroullah Saleh – lui aussi tadjikophone, et ancien chef du renseignement du régime afghan déchu – et de ses équipes, agissant au sein de l’organisation clandestine Tendance Verte d’Afghanistan).
[28] Les commandants des djihadistes tadjiks (Djamaat Ansarullah) et ouïghours sont « de plus en plus enclins à décider d’attaquer conjointement le Tadjikistan. (…) Jusqu’à récemment, plusieurs centaines de combattants étrangers – des immigrants du Tadjikistan et de la région autonome ouïghoure du Xinjiang (RAOuX) en Chine – se trouvaient dans la province de Baghlan [Afghanistan]. Cependant, ils ont récemment commencé à se déplacer de là vers la province afghane du Badakhchan. Des armes et des munitions y sont désormais activement importées. Selon les commandants des militants, ils en ont assez de rester les bras croisés et envisagent sérieusement d’envahir le Tadjikistan voisin » notent les sources. (…) La force de frappe de l’invasion des djihadistes étrangers au Tadjikistan pourrait varier de 300 à 500 personnes. On s’attend à ce qu’après le début de l’assaut contre les frontières du Tadjikistan, de nouveaux renforts terroristes plus importants rejoignent l’avant-garde des djihadistes. Des sources affirment que les talibans afghans sont au courant des projets des djihadistes étrangers concernant le Tadjikistan, mais il n’est pas encore clair s’ils tenteront de les arrêter ou s’ils prétendront qu’ils « ne sont pas au courant ». Une attaque terroriste étrangère contre le Tadjikistan représenterait un défi dangereux non seulement pour Douchanbé, mais aussi pour Moscou estiment certaines sources. Ils n’excluent pas que l’invasion du Tadjikistan par des djihadistes d’Afghanistan constituerait en fait l’ouverture d’un deuxième front sudiste antirusse – en plus du front occidental ukrainien déjà existant (Andreï Serenko, « Les combattants étrangers dans le nord de l’Afghanistan élaborent des plans pour envahir le Tadjikistan », 24 octobre 2024 – https://t.me/anserenko/7458 – Traduit du russe par l’auteur).