“Au nom des droits des animaux…” : les actions violentes des groupes animalistes
Éric DENÉCÉ
“ Tortionnaires prenez garde, car l’ALF est vivant partout en France et partout dans le monde !
Nous reviendrons vous le faire savoir jusqu’à ce que les prisonniers soient libres, jusqu’à ce que les animaux soient libres, l’ALF continuera à se battre !”
Tag inscrit sur la devanture d’un magasin de fourrure saccagé en 2007 par les activistes français d’ALF.
Le monde moderne porte, depuis quelques années, son attention aux animaux. La morale, mais aussi la loi, réprouvent les mauvais traitements à leur égard. Toutefois, les sociétés occidentales établissent toujours une nette frontière entre l’homme et l’animal et admettent que le premier « règne » sur le monde végétal et animal. Mais un mouvement d’idées, très minoritaire, conteste cette vision anthropocentrée et cherche à influer, par un militantisme très actif, sur les comportements et les conceptions de nos contemporains.
Pour la majorité d’entre eux, les militants des “droits des animaux” défendent leur cause par voie pacifique, même si une partie de leurs modes d’action, qu’ils qualifient de « méthodes non-violentes », est d’une nature très discutable. Toutefois, une frange ultra-radicale, particulièrement déterminée à voir ses projets aboutir rapidement, n’hésite pas à s’engager dans des actions beaucoup plus violentes, parce qu’elle estime que les changements qu’elle attend ne surviennent pas assez rapidement.
En effet, pour un certain nombre d’activistes de la cause animale, écrire des lettres, distribuer des tracts, faire des conférences ou manifester pacifiquement ne suffit pas. Ils considèrent que c’est tout de suite que les animaux ont besoin d’aide. Face à la lenteur des progrès obtenus par les méthodes légales et “non violentes”, un grand nombre d’entre eux ont perdu patience et ont fait le choix d’actions plus directes et spectaculaires pour atteindre leur but. Ainsi, depuis deux décennies, s’observe une radicalisation croissante des groupes animalistes, de leur discours et de leurs actions[1].
L’extrémisme animaliste : idéologie et gourous
Le « credo » des animalistes radicaux est que « la vie d’un animal équivaut à la vie d’un homme », les premiers ont donc pour eux les mêmes droits que les seconds. Leur livre de référence est Un éternel Treblinka[2] de Charles Patterson, qui soutient la thèse selon laquelle l’oppression des animaux sert de modèle à toute forme d’oppression et va jusqu’à établir un parallèle entre la façon dont l’homme traite les animaux d’élevage et la façon dont il a traité ses congénères pendant la Shoah. Les extrémistes de la cause animale se comparent ainsi aux grands mouvements de libération et de résistance – contre l’esclavage des Noirs, contre le nazisme, etc. – ce qui justifie à leurs yeux l’usage de la violence : les animaux, dominés et ne pouvant se défendre eux-mêmes, les animalistes le font à leur place et en leur nom.
Le « gourou » des animalistes, le « philosophe » australien Peter Singer, considère que l’obéissance à la loi n’est pas une obligation absolue. Il utilise l’argument – ô combien spécieux – selon lequel « la loi fut enfreinte de façon justifiable par ceux qui aidèrent les esclaves fugitifs dans le sud des Etats-Unis[3] », apportant ainsi une justification morale aux actes des activistes. Ils se réclament également de la « résistance juive anti-nazis (…) qui libérait des prisonniers de guerre et des victimes de l’Holocauste et détruisait du matériel (…) que les nazis utilisaient pour torturer et tuer leurs victimes » et revendiquent une proximité avec la lutte de Nelson Mandela en Afrique du Sud.
La doctrine animaliste se veut ainsi détentrice d’une vérité absolue, car elle résulte, selon ses militants, d’une prise de conscience à laquelle le reste de l’humanité n’est pas encore parvenue. Ils n’hésitent pas à clamer que « La viande est un meurtre » et que « Les humains n’ont pas le droit de s’habiller en peau d’animaux ». Leur but est de faire cesser toutes souffrances envers les animaux et de les délivrer de tout endroit où ils subissent des abus (élevages intensifs, laboratoires, etc.), si possible en causant le « maximum » de pertes financières aux « coupables », afin de les obliger à cesser leur activité. Dès lors, tous les moyens sont bons pour faire évoluer plus vite la situation et les mentalités et faire parler de la cause animaliste dans les médias.
Les modes d’action des extrémistes de la cause animale
Quatre modes d’action sont au cœur du répertoire confrontatif des activistes de la cause animale : l’espionnage militant, la libération d’animaux, la dégradation de locaux et les pressions psychologiques et physiques contre les personnes. Certains ultras n’hésitent pas à préconiser également le meurtre de scientifiques.
Par le biais de l’espionnage militant et l’infiltration d’objectifs ciblés, les activistes multiplient les opérations afin de rendre compte de faits de maltraitance dont sont vicitmes les animaux et dénoncer les « atrocités » qui se cachent derrière les portes des laboratoires, des usines et des fermes de l’exploitation animale.
Par exemple, dans son manuel intitulé Comment devenir un bon activiste ? le groupe People for the Ethical Treatment of Animals (PETA[4]) explique comment se faire engager dans un laboratoire pharmaceutique soupçonné de ne pas respecter les droits des animaux et préconise de transmettre toutes les informations obtenues au PETA’s Research, Investigation & Rescue Department. Régulièrement, PETA diffuse sur internet et les réseaux sociaux des vidéos choc, prises clandestinement, afin de dénoncer des brutalités faites aux animaux.
L’infiltration des laboratoires de tests sur les animaux est également la tactique favorite du mouvement British Union Against Vivisection (BUAV). Son travail de pénétration débute toujours par des recherches documentaires, tant sur les bases de données que sur Internet. Il revendique l’infiltration de nombreux laboratoires travaillant au profit de l’industrie pharmaceutique : Huntingdon Research Centre, London Hospital Medical College, Shamrock Ltd, Hazleton UK Laboratories, Wickham Research Laboratories and Harlan UK. Toutefois, le BUAV ne conduit aucune action contre les entreprises ; il laisse à d’autres le soin de d’organiser les opérations violentes.
Autre mode d’action privilégié, la libération des animaux d’élevage. Ce phénomène a surtout pris de l’ampleur à partir du milieu des années 2000. Ainsi, la branche russe de l’ALF procéda, 2 septembre 2006, à l’une des plus grandes libérations d’animaux en redonnant leur liberté à 30 000 visons dans la région de Saint Petersbourg. On comptait parmi les animaux libérés des espèces rares. Les dégâts ont été estimés à près de 200 000 livres sterling. Quelques jours plus tard, en Ecosse, 15 000 flétans d’élevage étaient libérés d’une importante exploitation piscicole. Une partie de l’infrastructure de la ferme était également prise pour cible : les dégâts se montèrent à 500 000 livres. Depuis, ce type d’opération ne cesse de se multiplier.
Les activistes préconisent et pratiquent également la dégradation de locaux. En recourant au sabotage ou à la destruction des infrastructures (incendies criminels principalement), les activistes cherchent directement à nuire aux intérêts économiques et financiers de leurs cibles afin de rendre non rentables les “abus perpétrés sur les animaux”. Les militants n’hésitent pas à bloquer les livraisons, perturber des restaurants, des hôtels ou des grandes surfaces utilisant ou distribuant des produits provenant de l’exploitation animale. Ils conduisent également des actions visant directement les produits des entreprises incriminées avec des menaces de contamination de produits alimentaires à base animale.
Par exemple, en janvier 2007, des membres français d’ALF s’attaquent à des magasins de la chaîne cosmétique Body Shop et au siège social de l’entreprise, dont les bureaux sont vandalisés et tagués. Le 31 mars, huit magasins parisiens Body Shop sont de nouveau vandalisés par les activistes de l’ALF ; le coût des dégâts s’élève à plusieurs milliers d’euros en serrurerie et réparation des portes, mais aussi près de 100 000 euros de perte de chiffre d’affaires dû à la fermeture des magasins pour leur réparation, sans compter le préjudice porté à l’image de marque.
Mais l’année 2007 a surtout été marquée par deux événement majeurs, qui traduisent la montée en agressivité des actions animalistes en France : l’incendie de l’entreprise Techniplast et la contamination criminelle revendiquée par Animal Rights Militia.
Dans la nuit du 28 au 29 avril 2007, à Limonest, dans la banlieue de Lyon, un incendie criminel dévastait les locaux de la société Techniplast, une entreprise spécialisée dans la fabrication de cages pour animaux et fournisseur d’HLS. A proximité des locaux carbonisés, les lettres « ALF » étaient taguées sur un mur et les activistes enjoignirent Techniplas à cesser ses relations commerciales avec HLS. Le bilan de l’incendie de fut lourd – plus d’un million d’euros de dommages – et aurait pu faire des victimes innocentes sans l’intervention rapide des pompiers.
Puis, le groupe écoterroriste anglais Animal Rights Militia annonça, en août, sur un site internet, avoir contaminé – sans en fournir la preuve – 85 flacons de solution antiseptique Solo Care Aqua pour verres de contacts, en vente libre chez les opticiens, en France et en Angleterre. Avec une petite seringue, ils auraient ajouté de l’eau oxygénée dans les flacons. Ces activistes déclaraient souhaiter « faire subir aux humains les souffrances endurées par les animaux lors d’expérimentations ». Ciba Vision, filiale de Novartis, producteur de ces solutions, ordonna aussitôt le retrait de la vente de près de 20 000 flacons et demanda aux consommateurs en ayant acheté entre le 25 et le 31 août de les rapporter. Au contact de l’œil, le produit aurait provoqué de sérieuses irritations.
Au-delà de la destruction ou de la détérioration de biens matériels, les activistes radicaux recourent également aux pressions psychologiques et physiques sur les personnes. Ils s’en prennent en particulier aux dirigeants, au personnel, aux actionnaires et aux partenaires des entreprises qu’ils ciblent afin de les forcer à changer de politique ou renoncer à leurs activités : chantage et agressions, envois de lettres et de colis piégés, menaces de mort ou d’enlèvement des enfants des dirigeants, séquestrations, etc. Les actes d’intimidation se multiplient et les animalistes radicaux s’emploient à terroriser les personnes travaillant dans des structures exploitant les animaux.
L’idéologie des groupes violents ne leur interdit pas de nuire à l’homme : elle préconise seulement un effort pour «minimiser» le préjudice aux humains. Ainsi, en 2007, des cadres d’Air France ont retrouvé des inscriptions menaçantes près de leur domicile parce que leur compagnie transportait des animaux de laboratoire. De même, à l’occasion de ses campagnes contre le laboratoire britannique Huntingdon Life Science (HLS) – le principal centre européen d’expérimentation animale – le groupe Stop Huntingdon Animals Cruelty (SHAC[5]) recourait à des méthodes variées :
– il lançait des appels, via son site web, afin d’obtenir un maximum d’informations concernant les salariés et les clients du laboratoire ;
– des virus informatiques malveillants étaient adressés aux entreprises, aux salariés et aux clients
– des lettres de menaces étaient envoyées aux bureaux de l’entreprise et aux employés ;
– les résidences des salariés étaient tagguées avec des inscriptions les accusant de crimes terribles (torture, pédophilie, etc.) ;
– les activistes organisaient des «visites à domicile» pour intimider leurs cibles et leur indiquer qu’elles les surveillaient[6].
Bien que n’ayant encore causé aucun décès, cette progressivité de l’action violente conduit clairement à substituer des objectifs « humains » aux cibles matérielles.
Une minorité activistes va encore plus loin, n’hésitant pas à préconiser d’éliminer directement certains individus. Jerry Vlasak, porte-parole de l’Animal Liberation Front (ALF) aux Etats-Unis, justifie le meurtre de scientifiquesdans un texte surprenant où il va jusqu’à comparer la vivisection au traitement des juifs par les nazis : « Je pense que la violence fait partie de la lutte. Si quelque chose de regrettable arrive à un chercheur sur les animaux, cela découragera les autres. C’est comme cela que nous y arriverons. (…) Je ne pense pas qu’il faudra tuer beaucoup de chercheurs. (…) Pour cinq à quinze vies humaines nous pourrions sauver plusieurs millions de vies animales»[7]. Il ajoute « les personnes qui torturent des êtres innocents devraient être stoppées. Et si elles ne s’arrêtent pas lorsque vous leur demandez poliment, et si elles ne s’arrêtent pas lorsque vous leur démontrez que ce qu’elles font n’est pas correct, dans ce cas, elles devraient être stoppées par tous les moyens nécessaires ».
Pour lui, l’ALF est une organisation antiterroriste (sic). « Les terroristes sont ceux qui torturent et assassinent des animaux qui, contrairement aux cibles de l’ALF, sont innocents (…) Les gens qui maltraitent les animaux doivent être arrêtés. Si les protestations ne sont pas suffisantes, si les mesures pacifistes restent sans résultat, alors nous considérons qu’utiliser la force et la violence devient moralement acceptable pour stopper cette exploitation[8] ».
Le cap du passage à l’assassinat politique au nom de la cause a été franchi aux Pays-Bas, le 6 mai 2002, lorsque le leader de la droite populiste, Pim Fortuyn a été assassiné par un activiste animaliste.
Développement historique des principaux groupes extrémistes
L’activisme pro-animal est né en Angleterre. Au début des années 1960, la Hunt Sabotage Association (HSA), une association de lutte contre la chasse fut créée outre-Manche. Ses militants perturbaient les chasses en jetant des bombes puantes, en déroutant les chiens par la diffusion de produits odorants, voire parfois en s’interposant entre les fusils et le gibier. Mais la chasse n’en fut pas pour autant interdite.
En 1973, deux activistes – Ronnie Lee, un anarchiste déclaré, et Cliff Goodmann -quittèrent la HSA, considérant que ce mouvement n’était pas suffisamment actif. Ils fondèrent alors Band of Mercy et décidèrent la radicalisation des opérations contre les chasseurs, crevant les pneus, brisant les vitres et parfois brûlant leurs véhicules. Petit à petit, ils élargirent leur champ d’action et s’en prirent aux magasins de fourrure. Ils eurent bientôt connaissance de la construction d’un laboratoire de vivisection de la société Hoechst Pharmaceutical à Milton Keynes. Le 10 novembre 1973, Band of Mercy effectua sa toute première action contre l’industrie pharmaceutique britannique. Deux militants entrèrent dans le bâtiment en construction ; une fois à l’intérieur, ils y mirent le feu. Ce fut la première attaque par incendie criminel qui causa 26 000 livres sterling de dommages. Six jours plus tard, Band of Mercyretourna sur le site et déclencha un autre incendie provoquant 20 000 livres sterling de dégâts supplémentaires.
L’année suivante, en juin 1974, la cellule Band of Mercy mît le feu à deux bateaux utilisés dans la chasse et le commerce des phoques sur la côte de Norfolk. Cette action entraîna la faillite de l’entreprise. Au mois d’août de la même année, lors d’une opération contre l’Oxford Laboratory Animal Colonie, un gardien reconnut les saboteurs et Ronnie Lee et Cliff Goodman furent interpellés et condamnés à trois années de prison[9]. Mais ce séjour derrière les barreaux n’altéra en rien leur détermination. A sa sortie de prison, en 1976, avec les militants de Band of Mercyrejoints par des dissidents de Greenpeace et de Sea Shepherd, Ronnie Lee créé l’Animal Liberation Front (ALF). Le groupe étendra ses activités aux États-Unis en 1979.
– Animal Liberation Front LF est un mouvement radical prônant l’antispécisme[10]. Il a pour objectifs de révéler au public “les horreurs et les atrocités” commises sur les animaux, de mettre fin aux abus perpétrés contre eux et à leur exploitation, en causant des dommages économiques majeurs à ce qui organisent ou profitent de cette exploitation. La déclaration de Chris Derose, l’un des membres d’ALF, permet de mieux comprendre l’état d’esprit des militants : « Un seul rat mort pour trouver un remède à toutes les maladies serait déjà inadmissible », ainsi que celle de Ronnie Lee, cofondateur de l’ALF, condamné en 1986 à 10 ans de prison : « Le pacifisme total est une philosophie immorale : la violence est le seul langage que ces gens comprennent. C’est peut-être une dure réalité à comprendre pour les idéologues pacifistes du mouvement dont la préoccupation de non-violence a beaucoup à voir avec leurs origines de classes moyennes. »
Les principales cibles d’ALF sont les l’industrie de la fourrure, les abattoirs, les fermes d’élevage de visons, les boucheries et les laboratoires de recherche. C’est aujourd’hui l’un des mouvements les plus actifs du monde, présent et actif dans plus d’une trentaine de pays : en Europe et en Amérique du Nord, mais aussi en Israël, en Turquie, en Russie et au Chili.
L’organisation d’ALF est l’application parfaite du système Starfish[11]. Le mouvement n’existe pas à proprement parler. Il n’a pas de chef ni d’adhérents payant une cotisation. C’est une nébuleuse de groupes et d’individus qui n’ont aucun lien entre eux, si ce n’est leurs objectifs et leurs adversaires. Les militants adoptent un mode de vie clandestin et appliquent des mesures de sécurité draconiennes pour éviter que les réseaux ne soient infiltrés et que des arrestations n’affaiblissent le mouvement.
La particularité de l’ALF est sa démultiplication. Le groupe central diffuse des conseils par Internet pour mener des actions violentes : “Comment s’y prendre pour fracturer une serrure, débrancher une alarme, pénétrer dans une installation industrielle ?” ; “Comment échapper aux poursuites ?” ; “Quelles cibles frapper ?”. Un peu partout, des individus ou des petits groupes captent ces messages et passent à l’acte sans en informer préalablement le mouvement. L’ALF se contente de collecter et de médiatiser ces actions spontanées. Il les met sur son site Internet Bite Back[12], les plaçant ainsi sous sa bannière. Ceux qui passent à l’action peuvent donc se revendiquer du mouvement et utiliser sa marque dès lors qu’ils respectent son idéologie et ses règles d’action. L’ALF considère que tout groupe végétarien ou visant une finalité similaire à la sienne est intrinsèquement solidaire de la cause et peut agir en son nom. C’est donc une organisation franchisée. On le voit, Ben Laden n’a rien inventé avec Al-Qaïda.
Partout où ils sont présents, les activistes multiplient les attentats contre les pharmacies, boucheries, poissonneries, abattoirs, fermes de reproduction d’animaux, etc. Afin de parvenir à leurs fins, leurs méthodes sont variées : alertes à la bombe, courriers d’intimidation anonymes, actions contre les biens et atteinte à la réputation d’individus ou de sociétés, menaces de mort et d’enlèvement d’enfants, mais aussi sabotages, incendies criminels et attentats.
Le mouvement a lancé ses premières grandes actions au début des années 1980. Ses militants ont commencé à s’introduire dans les laboratoires de recherche pour libérer les animaux en cage. Lorsque d’autres activistes animalistes à travers le monde entendirent parler de ces opérations, ils s’en inspirèrent et les imitèrent. En Amérique du Nord et en Grande-Bretagne, les branches locales d’ALF ont à leur actif la destruction de laboratoires médicaux et universitaires et l’envoi de lettres piégées à des chercheurs travaillant dans l’industrie génétique. En 1987, une cellule de l’ALF mit le feu à une vingtaine de voitures de l’université de Californie causant plus de cinq millions de dollars de dommages. Dès 1990 dans les environs de Londres, l’ALF fit usage d’engins explosifs improvisés à l’encontre d’un chercheur et d’un vétérinaire. Les explosifs furent placés sous les véhicules des cibles ; les deux en réchapperont mais un enfant sera blessé.
En 2001, des membres britanniques d’ALF séquestrèrent pendant une demi-journée les enfants des dirigeants de l’entreprise pharmaceutique danoise Lundbeck dans leur école de Copenhague en leur exhibant de nombreuses photos d’animaux sanguinolents exposés aux tests ! En septembre 2005, des activistes effectuèrent deux attaques à la bombe. Le 24 septembre, une charge explosive détériorait un bâtiment de l’université d’Oxford, en signe de protestation contre la construction d’un laboratoire destiné à effectuer des tests cliniques sur des animaux. Puis, ils menacèrent l’université de multiplier leurs attaques si ce projet n’était pas abandonné. Quelques jours plus tard, le 27 septembre 2005, une bombe de faible puissance explosait devant le domicile de Paul Blackburn, un dirigeant de GlaxoSmithKline, pour pousser l’entreprise pharmaceutique à cesser sa collaboration avec Huntingdon Life Sciences. En 2008, aux Etats-Unis, 70 actions directes commises par ALF furent comptabilisés et 150 au Mexique, alors que c’était la première année d’existence du mouvement dans ce pays ! En février 2009, deux cadres supérieurs de la Banque Barclays – accusée de financer le laboratoire Huntingdon Life Sciences (HLS) – reçurent la visite de militants de l’ALF. Leur maison et leurs voitures furent tagguées avec des slogans menaçants. La fille de l’un d’eux fut également été « visitée » et leur numéro de téléphone publié sur internet. Puis en septembre 2009, un engin explosif fut retrouvé au siège du géant pharmaceutique Novartis à Guadalajara, au Mexique.
ALF déclare que ses attaques contre les biens ne relèvent pas de la violence et se proclame donc, sans rire, « organisation non violente ». De même, il affirme prendre toutes les précautions nécessaires afin “de ne pas faire de mal à un animal, qu’il soit humain ou non humain » ; pourtant, le groupe est responsable de nombreuses actions attendant directement à la vie humaine. En 1999, Graham Hall, un journaliste britannique, reporter de la chaîne de télévision Channel Four s’était infiltré dans le réseau pour réaliser un reportage montrant les dirigeants de l’organisation faisant la promotion de la violence. Il dénonçait clairement les actes terroristes d’ALF. Les militants, furieux, l’ont alors kidnappé et séquestré dans une cage, afin qu’il comprenne mieux les conditions de vie des animaux. Avant de le libérer, les activistes le marquèrent au fer rouge du sigle de l’organisation. En raison de ces actes ultra violents et criminels, ALF est placé sur la liste des mouvements terroristes du FBI depuis 1982.
– Animal Rights Militia (ARM) a vu le jour en 1982 et est la branche dure de l’ALF. ARM se distingue de l’ALF car elle ne respecte pas le principe du refus de porter atteinte à la vie humaine. L’ARM prône la militarisation des actions de libération animale[13]. Elle a recours aux colis piégés et à l’incendie pour défendre sa cause. Le groupe a également revendiqué l’empoisonnement de médicaments Novartis dans plusieurs pays européens.
En 1982, Animal Rights Militia expédia des lettres piégées à Margaret Thatcher et, en 1988, Fran Trutt, une militante animaliste, fut arrêtée alors qu’elle déposait une bombe devant les bureaux de la US Surgical Corporation, une société qui faisait la démonstration de ses agrafes chirurgicales sur des chiens vivants. ARM, jusqu’alors inconnue fut immédiatement condamnée par toutes les organisations animalistes britanniques et américaines, qui affirmèrent que Trutt travaillait seule…
Un autre acte criminel d’ARM eu lieu en 1992. Pendant trois jours, les médias firent état de friandises empoisonnées à Edmonton et à Calgary provoquant des maux de tête persistants. ARM prétendit alors avoir injecté dans 87 barres Cold Buster un produit nettoyant pour four. Cette « mesure de rétorsion » avait été prise par ARM parce que cette friandise était, selon elle, « issue de seize années de test sur les rats ». Le concepteur de la barre, un physiologiste de l’Université de Calgary, nia en bloc ces allégations. Le distributeur des friandises Cold Busterrappela immédiatement des dizaines de milliers de barres de quelque 250 points de vente de Colombie-Britannique, de l’Alberta, du Saskatchewan et du Manitoba, et la firme interrompit la production, ce qui lui coûta 1 million de dollars et conduisit à la mise à pied temporaire de 22 employés. Dix jours plus tard, une seconde lettre de ARM arriva dans les bureaux de l‘Edmonton Journal, annonçant que la contamination avait été un canular. «Le but était de causer des dommages économiques à l’inventeur, ses financiers et ceux qui bénéficient du succès des friandises Cold Buster.» La lettre mit en garde la société contre de nouvelles actions si l’exploitation animale continuait et ARM annonça que « sa prochaine action ne serait pas un canular ». Toutefois, une des barres testées par la police contenait en effet une substance alcaline pouvant provoquer une brûlure si elle était ingérée
En 2004, dans le Staffordshire (Royaume uni), dans le cadre d’une campagne du mouvement « Save the Newchurch Guinea Pigs (SNPG) », une famille britannique d’éleveurs de cochons d’Inde destinés à la recherche, fournisseurs d’HLS, fut victime d’un chantage immonde. Des activistes d’ARM exhumèrent et volèrent le corps de Gladys Hammond, la belle-mère du propriétaire, et posèrent comme condition à sa restitution que la ferme de Darley Oaks cesse ses activités, ce que ses descendants acceptèrent de faire. L’annonce de ce succès par le mouvement sur le site Internet Bite Back a été triomphale.
En 2009, ARM cibla deux gestionnaires du fonds BDO Luxembourg/Anchor, accusés d’investir dans HLS : ils reçurent la visite de membres d’ARM qui tagguèrent leur maison avec des inscriptions les accusant d’être des pédophiles et plaça un dispositif incendiaire sous la voiture de l’un d’eux. Le fonds décida de cesser son activité dix jours plus tard.
– Le Justice Department est le cousin américain d’ARM. Créé en 1993, il est réputé pour ses actions violentes. Il considère que les personnes martyrisant les animaux ont été prévenues depuis suffisamment longtemps et que “le temps est venu pour ceux qui martyrisent de faire plus que simplement goûter la peur et l’angoisse dont leurs victimes souffrent quotidiennement ». Il est responsable de l’envoi de centaines de lettres piégées contenant des lames de rasoir enduites de mort-aux-rats à ceux qui « exploitent » les animaux : 65 lettres au Canada en 1996 contre des guides de chasse ; 87 lettres contre des vendeurs spécialisés dans la fourrure ; une centaine de lettres aux Etats-Unis en 1999 contre des fourreurs éleveurs d’animaux et leurs représentants nationaux ; puis 88 lettres contre des vivisecteurs, accompagnées de plans de fabrication de bombes et un avertissement pour que leurs activités soient arrêtés avant 2000[14].
– Un autre mouvement majeur de la sphère violente animaliste a été Stop Huntingdon Animal Cruelty (SHAC), aujourd’hui dissous. Il opérait dans une trentaine de pays et luttait spécifiquement contre Huntingdon Life Sciences (HLS), le plus grand laboratoire d’expérimentation animale d’Europe qui teste des produits sur des animaux pour des entreprises pharmaceutiques. Le mouvement fut créé en 1999 par Greg et Heather Avery, à la suite d’un documentaire de la BBC sur HLS en 1998 montrant des actes de cruauté envers des animaux dans le cadre de recherches scientifiques et médicales.
Après un minutieux travail de renseignement, SHAC procédait principalement par harcèlement, persécutant les employés du laboratoire, mais aussi ses fournisseurs, ses actionnaires et ses clients. Le groupe organisait des actions, non seulement contre HLS mais aussi contre toutes les sociétés ou personnes ayant un lien lui. SHAC publiait sur son site les noms des employés, actionnaires et partenaires. Cela avait pour conséquence des manifestations à domicile, des violences contre les biens et les personnes, du harcèlement téléphonique ou du spamming, l’envoi de lettres de menaces aux banquiers de la firme, etc.
Contrairement à ALF, SHAC n’encourageait ni n’incitait officiellement aux actions illégales. Pourtant, l’un de ses dirigeants Greg Avery, fut lui-même été plusieurs fois condamné pour actions violentes. En février 2000, le directeur d’HLS, Brian Cass, ainsi qu’un cadre de la firme, furent agressés par des commandos cagoulés armés de battes de baseball. Des menaces de mort, d’enlèvements d’enfants et des accusations de pédophilie furent également proférées à l’encontre de personnes accusées de maltraitance animale. Une lettre piégée blessa même un éleveur américain et une fillette de 6 ans. En Californie, en septembre 2003, une bombe ravagea les bureaux d’un client de HLS.
En décembre 2008, 7 militants britanniques de l’ALF parmi lesquels trois fondateurs du SHAC furent reconnus coupables d’une campagne d’action de 6 ans contre des fournisseurs d’HLS : fausses alertes à la bombe, envois de papier hygiénique soi-disant contaminé par le VIH, lettres de menaces, campagne de diffamation (accusation de pédophilie), tags sur les domiciles et les véhicules. Leur arrestation fut le résultat de l’opération Achilles menée en 2005 par la police au Royaume-Uni, en Belgique et aux Pays-Bas. Les 7 militants furent condamnés à des peines allant de 4 à 11 ans de prison.
Malgré ses efforts et la violence de ses actions terroristes ou criminelles, SHAC n’a pas obtenu la fermeture de HLS. Toutefois, ces années d’action contre le laboratoire et ses partenaires ont considérablement accru ses dépenses pour se protéger des attaques : le coût du laboratoire bondit de 24 à 32 millions de livres, le prix de la sécurité pour en faire une forteresse. Répondre à cette menace a été trop chère pour l’université de Cambridge qui a renoncé à l’expérimentation animale. De même, harcelés, soucieux de la tranquillité de leur personnel, les actionnaires de HLS – Barclays, HSBC, Oracle, Merryl Lynch – ont quitté un à un son capital. Enfin, une quarantaine de sociétés n’ayant parfois qu’un lien infime avec HLS ont rompu leurs relations avec le laboratoire.
SHAC a cessé ses activités en août 2014 après 15 ans d’activisme. Selon le quotidien britannique The Independent[15], le groupe a annoncé sa dissolution en invoquant la répression policière incessante visant ses cadres et ses sympathisants. En effet, depuis 2007, 32 activistes de SHAC et ses principaux dirigeants ont été arrêtés et incarcérés au Royaume Uni – ainsi que six aux Etats-Unis – affaiblissant considérablement le mouvement. L’action judiciaire s’est poursuivie en 2014 avec l’arrestation de la dernière figure majeure du groupe, Debbie Vincent, qui a été condamnée, début 2014, à six ans de prison pour chantage. Le groupe a néanmoins déclaré qu’il chercherait d’autres moyens de protestation pour continuer sa lutte contre la “persécution” des animaux.
– Un mois à peine après l’annonce de la dissolution de SHAC, un nouveau groupe d’activistes dénommé The National Operation Anti-Vivisection (NOAV)[16], affichant les mêmes objectifs de SHAC, a fait son apparition. NOAV a déclaré être l’embryon d’un réseau de militants luttant contre la vivisection des animaux au Royaume-Uni. Il a annoncé sa volonté de mener des manifestations, des opérations et autres moyens légaux pour empêcher les entreprises de poursuivre leurs activités “criminelles”.
D’emblée ce nouveau groupe a affiché une stratégie agressive rappelant les modes opératoires de SHAC. Une affiche produite par NOAV proposa à des étudiants, moyennant une contrepartie financière, de dénoncer ceux de leurs collègues qui effectuaient des tests sur des animaux dans le cadre de leurs études. Plusieurs étudiants, se sentant menacés par ce groupuscule, ont abandonné leurs études selon la presse britannique[17]. Toutefois, à ce jour, NOAV, n’a pas encore attaqué de laboratoires ou des étudiants travaillant sur la vivisection. Mais pour les autorités britanniques, NOAV reste un groupe à surveiller de près comme étant un acteur potentiel violent.
Quant il n’agissait pas directement, SHAC opérait via deux mouvements issus de ses rangs : les Militant Forces Against Huntingdon Life Science (MFAH) et les Revolutionary Cells of the Animal Liberation Brigade. Contrairement à SHAC, aucune annonce d’autodissolution n’a été faite par ces deux groupes. Il est probable qu’ils poursuivent leurs actions indépendamment du groupe qui les a engendré. Néanmoins, depuis 2009, les activistes de ces deux mouvements n’ont revendiqué aucune action d’envergure.
– Militant Forces against Huntingdon Life Science (MFAH) est né en 2000 au Royaume-Uni afin de mener des actions violentes contre des humains jugés coupables de “cruauté à l’égard des animaux”. Les activistes du MFAH emploient les mêmes méthodes que ceux de l’ARM : le 27 juillet 2009, l’urne funéraire d’Ursula, la mère de Daniel Vasella – le PDG de l’entreprise pharmaceutique suisse Novartis – fut déterrée et dérobée dans le cimetière de Coire, en Suisse. L’inscription suivante fut relevée sur la tombe : « Drop HLMS Now ». Quelques temps plus tôt, la façade de l’église de Risch (Suisse), village dans lequel réside le patron du groupe pharmaceutique, avait été recouverte de graffitis hostiles et le 3 août 2009, son chalet de vacances dans la commune de Bach (Tyrol autrichien) était incendié. Auparavant, en mai, un centre sportif de Novartis à Saint-Louis (Haut-Rhin), avait été incendié. Preuve que ces actions étaient ciblées et concertées – dans deux pays distincts et à quelques semaines d’intervalle -, elles furent accompagnées de la déclaration d’un porte-parole de la branche autrichienne du MFAH sur Internet disant « regretter que M. Vasella n’ait pas été présent dans la maison quand elle a brûlé » et ajoutant à l’intention de l’intéressé« Nous continuerons jusqu’à ce que tu rompes les liens avec Huntingdon Life Sciences. Nous t’attaquerons autant que possible dans ta vie privée. (…) Nous détruirons ta vie ».
– SHAC a également donné naissance à un groupuscule encore plus violent : les Revolutionary Cells of the Animal Liberation Brigade. En août et septembre 2003, ce groupe a confectionné des bombes artisanales pour attaquer deux sociétés en Californie du Nord en raison de leurs liens d’affaires avec HLS. Le premier attentat, en août, visait Chiron Life Science Center à Emeryville (Californie), provoquant d’importants dégâts matériels mais aucun blessé. La deuxième attaque, en septembre, visait Shaklee Incorporated, une filiale de Yarnanouchi, un client de HLS situé à Pleasantville (Californie). Les artificiers utilisèrent une bombe composée de nitrate d’ammonium et de clous. Personne ne fut blessé, bien que la bombe ait été clairement conçue pour nuire à la vie humaine[18]. The Revolutionary Cells of the Animals Liberation Brigade, qui revendiqua l’attaque, menaça également de représailles les familles des employés de l’entreprise. L’auteur de ces attentats, Daniel Andreas San Diego, militant animaliste sera inscrit, en septembre 2009, sur la liste des criminels les plus recherchés d’Amérique du FBI[19].
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Les actions des ultra de la cause animaliste illustrent la préoccupante dérive des activistes appartenant à la frange violente de cette mouvance. Extrêmement radicaux dans leurs méthodes, ces individus le sont aussi dans leurs idées, puisque nombre d’entre eux ne prêchent pas seulement la violence, mais la destruction du système et le retour pur et simple à l’ère préindustrielle. Un membre britannique de SHAC n’a pas hésité à déclarer : « L’être humain est un animal parmi les autres animaux. L’histoire montre qu’il est surtout supérieur dans sa façon de détruire ses semblables ou son environnement. En outre, il n’est pas du tout indispensable à l’équilibre de la biosphère. Si les bactéries venaient à disparaître de la surface de la Terre, toute vie terrestre serait menacée. Si l’être humain disparaissait, ce ne serait pas le cas. En quoi est-il donc supérieur ? ». La chercheuse française Marianne Celka observe que “les individus engagés dans la lutte animaliste, lorsqu’ils considèrent qu’ils agissent au nom de valeurs absolues et inaliénables, se font les producteurs et les promoteurs d’une pensée extrême qui les conduit à des attitudes fanatiques[20]”.
Progressivement, les ultra radicaux accroissent donc la violence de leurs actions, allant jusqu’à s’en prendre directement aux individus ou acceptant de plus en plus facilement l’hypothèse de victimes humaines collatérales. Ils sont donc clairement entrés dans le champ du terrorisme et sont devenus de véritables criminels. C’est donc bien un « djihad » environnementaliste auquel nous avons affaire. En conséquence, aux Etats-Unis comme au Royaume-Uni, ces groupes figurent sur la liste noire des organisations terroristes au même titre que Daesh ou Al-Qaïda et cela a conduit le FBI et Scotland Yard à créer des unités spécialisées afin de lutter contre la menace qu’ils représentent pour nos sociétés.
[1] Cf. Eric Denécé et Jamil Abou Assi de Ecoterrorisme ! Altermondialisme, écologie, animalisme : de la contestation à la violence,Tallandier, Paris, 2016.
[2] Calmann Levy, Paris, 2008 pour la traduction française.
[3] Peter Singer, La Libération animale, Grasset, Paris, 1993 (version anglaise de 1975), p. 52.
[4] PETA a été créé en 1980 à Washington par Alex Pacheco, un avocat des droits des animaux, et Ingrid Newkirk, une militante britannique. Ce mouvement est devenu la plus grande organisation des droits des animaux dans le monde, avec plus de deux millions de membres et de sympathisants et un budget annuel de 30 millions de dollars. Son siège est en Virginie, États-Unis, avec des bureaux à Londres, Rome et Mumbai (Inde). Son slogan est « Les animaux sont pas à nous pour être mangés porté, expérimentés, ou utilisés pour le divertissement ». Son objectif est « la libération animale totale », ce qui signifie l’élimination complète des viandes, des poissons, des produits laitiers, des œufs et du miel de l’alimentation humaine. L’ONG milite également pour l’éradication mondiale des zoos, des aquariums et des cirques ; l’interdiction du port ou de la production de laine, de cuir, de fourrure et de soie ; et une interdiction totale de la chasse et de la pêche. PETA se mobilise aussi contre le foie gras, les spectacles d’animaux, les élevages industriels et l’expérimentation médicale sur les animaux, y compris afin de soigner le cancer ou le SIDA. Ingrid Newkirk a ainsi déclaré que, « même si la recherche animale avait entraîné un remède contre le SIDA, nous serions contre elle ». Le mouvement s’est fait connaître avec les campagnes où des top-modèles posaient dévêtues et le slogan « Plutôt nues qu’en fourrure ». L’association soutenue par de nombreuses personnalités – dont Paul McCartney, Justin Bieber et Pamela Anderson – privilégie des formes de lutte pacifique comme les pétitions et le boycott. PETA a obtenu d’importants succès en révélant au grand public certains actes de cruauté envers les animaux, dans le domaine du commerce de la fourrure (vison, angora), de l’élevage industriel, de l’expérimentation médicale et des Fast Foods.Mais PETA, par son radicalisme et son fonctionnement, ressemble de plus en plus à une organisation sectaire. Nombreux sont les anciens membres du mouvement interrogés qui reconnaissent que « si l’on n’est pas assez radical, il est impossible de rester dans l’organisation. (…) Il n’y a pas de place chez PETA pour ceux qui ne sont pas à 100% des fanatiques de la cause et qui critique son système de valeurs ». Ainsi, les membres de PETA sont accusés d’être fondamentalement intolérants, misogynes et misanthropes. Beaucoup prétendent que l’organisation déteste les humains plus que qu’elle n’aime les animaux. Un ancien activiste ayant quitté le groupe, dégoûté, déclare : « PETA préfèrerait donner le droit vote aux poulets qu’aux humains tant ils sont misanthropes ».
[5] Dissous en 2014.
[6] Lawrence E. Likar, Eco-Warriors, Nihilistic Terroristes and the Environment, Praeger, Santa Barbara, 2011, p. 103.
[7] The Observer, 25 juillet 2004.
[8] http://activistcash.com/biography.cfm/b/3437-jerry-vlasak-dr
[9] Marianne Celka, L’animalisme . Enquête sociologique sur une idéologie et une pratique contemporaine des relations homme/animal, Thèse de doctorat, Université Paul Valéry–Montpellier III, 2012, p. 267.
[10] Les antispécistes refusent toute discrimination fondée sur les espèces. A leurs yeux, toutes les créatures vivantes – humains ou animaux – méritent le même respect et la dignité, quelles que soient leur espèce.
[11] Le modèle d’organisation Starfish est apparu aux Etats-Unis à la fin des années 60. Il est aujourd’hui la véritable référence opérationnelle de tous les groupes activistes, jusqu’à Al-Qaïda, qui semble également s’en être inspiré. Ses caractéristiques les plus notables sont : l’existence d’une idée mobilisatrice ; un réseau préexistant de groupes autonomes et déterminés ; l’existence d’un catalyseur ; la création d’une culture commune ; la diffusion de tactiques et de moyens d’action ; l’absence de direction centralisée ; le fonctionnement en réseau ; l’autofinancement ; la maîtrise de la coordination ; l’utilisation intensive d’internet ; la culture du secret (cf. Ori Brafman & Rod A Beckstrom, The Starfish and the Spider, Penguin, USA, 2006).
[12] http://www.directaction.info/index.htm
[13] Marianne Celka, op. cit., p. 273.
[14] Ibid, pp. 274-275.
[15] http://www.independent.co.uk/news/uk/crime/animal-rights-group-ends-15-year-campaign-against-experiments-at-huntingdon-9687843.html
[16] http://speakingofresearch.com/2014/09/16/is-british-animal-rights-extremism-back-a-profile-of-national-operation-anti-vivisection/
[17] http://www.telegraph.co.uk/news/uknews/crime/11402824/Animal-rights-activists-bribe-students-with-beer-money-to-hand-over-friends-details.html
[18] Lawrence E. Likar, op. cit., p. 102.
[19] https://www.fbi.gov/wanted/wanted_terrorists/daniel-andreas-san-diego
[20] Marianne Celka, op. cit., p 417.