Qu’en est-il de de la cyber-offensive de l’Ukraine contre la Russie ?
Giuseppe GAGLIANO
Qu’en est-il de de la cyber-offensive de l’Ukraine contre la Russie ? Selon les informations du Journal d’Odessa[1], les cyber forces ukrainiennes ont commencé à mener une offensive efficace non seulement contre les envahisseurs russes, mais aussi contre la Biélorussie. Entrons dans les détails. L’Ukraine a déployé son armée Information & Technology (IT) pour des attaques informatiques contre des sites russes, en particulier contre des banques et des compagnies pétrolières (Gazprom, Lukoil). Premièrement, n’oublions pas qu’en décembre, le Conseil européen a accordé 30 millions d’euros d’aide à la défense ukrainienne, y compris dans le secteur cybernétique par l’intermédiaire de la Facilité européenne pour la paix. Deuxièmement, la cyber sécurité ukrainienne est étroitement liée à la célèbre société américaine Dai Global, essentiellement grâce à l’indispensable aide américaine. Troisièmement, l’institution ukrainienne qui s’occupe de la réalisation de ces cyberattaques est la Cyber Unit Technologies (CUT[2]) a une dimension à la fois défensive et offensive. Son siège se situe en Estonie, où étrangement se trouve également le Centre de cyberdéfense de l’OTAN. Quatrièmement, la formation dans le secteur purement cybernétique a été possible grâce au financement du département d’État[3], et Yegor Aushev, fondateur d’une société de cyber sécurité à Kiev[4], est actuellement en charge de la coordination des actions ukrainiennes dans le secteur. Le soutien américain à l’Ukraine ne doit pas surprendre : n’oublions pas que les États-Unis ont investi des centaines de millions de dollars justement pour soutenir l’Ukraine face à la cyberoffensive russe, comme le montre clairement une série de lois approuvées par le Congrès américain : le Department of Defense Appropriations Act 2018, l’Ukraine Security Assistance Initiative, le State Foreign Operations and Related Programs Appropriations Bill 2018 et le National Defense Authorization Act 2018.
Concrètement, ces projets de loi ont abouti à la création d’un réseau informatique capable de résister aux attaques russes[5]; il est basé au ministère de la Défense ukrainien. De plus, le cyber centre ukrainien travaille en étroite synergie non seulement avec le Service de renseignement ukrainien, le SBU, mais aussi avec la CIA et la NSA. N’oublions pas à ce sujet que se trouve justement à Kiev une succursale de la CIA voulue par l’ancien directeur de l’agence John Brennan[6].
Tout ceci ne doit pas être une surprise puisque les États-Unis ont fortement soutenu financièrement l’Ukraine en matière d’armement et surtout en termes de formation. De quoi parlons-nous exactement ? Quelques mois avant le début de la guerre, c’est-à-dire fin janvier, le ministère de la Défense avait organisé une formation de quatre jours sur les communications stratégiques, coordonnée par la Defense Security Cooperation Agency (DSCA)[7] dont le but est de renforcer les capacités militaires des partenaires étrangers. Bien sûr, le but de ces formations organisées par les États-Unis est de permettre au gouvernement ukrainien et, en particulier, aux institutions militaires et au secteur du renseignement, de combler leurs lacunes en matière de contrôle de l’information et ainsi de garantir au gouvernement ukrainien de lutter efficacement contre la désinformation russe.
Ce n’est pas un hasard si, avant le conflit actuel, le président ukrainien a exercé des pressions relativement importantes afin de créer des centres spécifiquement dédiés à la lutte contre le déclin de l’information, comme entre autres le Centre StratCom[8], supervisé par le ministère de la Culture et de la Politique de l’information, sous autorité du Conseil national de sécurité et de défense (RNBO) qui collabore en totale synergie avec l’Institut national des études stratégiques, toujours plus orientées sur des travaux de stratégie de sécurité.
Mais nous pouvons citer d’autres personnalités, des personnes clés dans la lutte contre la désinformation. Nous pensons par exemple au colonel Olga Salnikova qui dirige le Centre d’éducation et de recherche scientifique pour les communications stratégiques dans le domaine de la sécurité nationale et de la défense[9], lequel est placé sous l’autorité de l’Université de défense nationale Ivan Tcherniakhovski (NDU), une académie militaire dirigée par l’armée ukrainienne.
Mais bien sûr d’autres instruments ont également été mis en place afin d’influencer les choix politiques de l’Ukraine dans une logique euro-atlantique. C’est le cas du Centre d’analyse des politiques européennes (CEPA[10]) qui dernièrement a été très actif sur l’Ukraine. Les partenaires et les administrateurs de ce Think-Tank sont considérés comme des experts de l’Europe centrale et orientale[11]
Le CEPA, dont l’objectif officiel est de renforcer l’OTAN, compte un certain nombre de donateurs qui, en 2021, comprenaient les sociétés militaires britanniques BAE Systems et Lockheed Martin, mais aussi des multinationales comme Microsoft et Google, le département d’État, le ministère de la Défense (DoD), le gouvernement estonien et l’oligarque ukrainien pro-occidental Victor Pinchuk. Ce dernier est de notre point de vue sans aucun doute une personne de grand intérêt, puisqu’il coordonne un groupe de travail sur l’avenir de l’Ukraine, connu sous le nom de Yalta European Strategy (YES[12]). La plateforme est administrée par l’ancien président polonais Aleksander Kwasniewski, le vice-président d’Havas, le Français Stéphane Fouks et Anders Fogh Rasmussen, l’ancien secrétaire général de l’OTAN. Le YES est légalement représenté par le cabinet Hillmont Partners[13] qui représente aussi la société de production télévisée du président ukrainien Volodymyr Zelensky, Studio Kvartal 95.
Pour en revenir au conseil d’administration de CEPA, ce dernier est composé de Aaron Wess Mitchell, un ancien diplomate qui a été secrétaire d’État adjoint aux Affaires européennes et eurasiennes d’octobre 2017 à février 2019 ; de Tom Firestone, associé de Baker & McKenzie à Washington ; de l’ancien ambassadeur des États-Unis à Varsovie, Victor Ashe ; et de Robert Gelbard, diplomate et membre du conseil d’administration de l’Atlantic Council. En comparant ces informations ouvertes, on arrive facilement à une conclusion selon nous simple et évidente : le CEPA, tout comme le Yalta European Strategy, a joué un rôle loin d’être marginal dans l’orientation des décisions de l’actuel gouvernement ukrainien et un rôle fondamental dans la consolidation de la synergie entre les États-Unis et l’Ukraine, au travers de la réflexion politique et stratégique.
Bien sûr, l’Ukraine s’était aussi activée avant le conflit pour réformer sa structure de renseignement[14]. En effet, le 17 février, Volodymyr Zelensky a effectué un voyage dans la région de Donetsk, avec le but de réformer l’unité du service national des gardes-frontières, le DPSU. Celle-ci est dirigée par Sergiy Deineko[15] qui rend compte à la RNBO, le Conseil de sécurité et de défense de l’Ukraine. Le DPSU et son agence de renseignement ont été renforcés par Kiev au début de la crise entre les États-Unis et la Russie, quand la Biélorussie a été accusée d’orchestrer l’arrivée de migrants le long de la frontière avec l’Union européenne[16] et que Washington a commencé à sonner l’alarme à cause de la présence des troupes russes. Ce n’est pas un hasard si le ministre de l’Intérieur Arsen Avakov avait déjà commencé à renforcer les capacités militaires de l’Ukraine en augmentant par exemple les équipements militaires. D’autre part, l’unité de renseignement militaire du ministère de la Défense, le GUR, s’était concentré sur la zone orientale de l’Ukraine, qui comme nous le savons, est touchée depuis plus de huit ans par le conflit du Donbass.
Fin novembre 2021, en plus de l’attribution d’un budget de 2,4 millions d’euros pour gérer cette crise, les garde-frontières prévoyaient la livraison par le groupe Airbus de 15 hélicoptères civils H125[17]. Ils en avaient déjà reçu dix l’année dernière sur les 24 commandés au total, en plus de navires fournis par le Royaume-Uni et les États-Unis, qui devaient servir à renforcer les frontières maritimes de la mer Noire et de la mer d’Azov. Ces commandes ont été passées quand Avakov était en poste. L’ancien ministre était alors un contact clé pour les acteurs militaro-industriels étrangers, en particulier français, et a longtemps supervisé la DPSU qui dépendait du ministère de l’Intérieur. Faisons une petite parenthèse à ce sujet : Kiev a hésité entre les avions de chasse légers, dont le F16 était le favori, et les chasseurs de combat multirôle plus lourds, ce qui aurait ouvert la compétition entre le Rafale de Dassault[18] et le Boeing F/A-18.
Dernière remarque : était-il si imprévisible que Poutine veuille attaquer l’Ukraine ? Il semblerait que non, selon un article publié dans le Sussidario qui évoquait cette possibilité[19].
Nous parlions auparavant de la France et de son aide militaire à l’Ukraine. Nous devons ici aborder un autre point très important qui est le rôle de Macron dans cette crise. Penser que le président français ait agit seulement pour résoudre la question ukrainienne au travers de la diplomatie serait une grosse erreur de naïveté. Son activisme s’explique aussi dans la perspective de gagner largement les élections imminentes mais surtout de défendre les intérêts français en Ukraine[20].
Lesquels ? Après la visite du président français en février à Kiev[21] s’est tenu à Paris le Forum Ukraine-France, organisé conjointement par le Think Tank ukrainien New Europe Center (NEC) et l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI)[22]. L’événement faisait partie d’une grande tentative de renforcer les relations franco-ukrainiennes[23] ,qui ont connu ces derniers mois des hauts et des bas, et de promouvoir les investissements en Ukraine[24].
L’événement de Paris, sponsorisé par la compagnie nationale de gaz ukrainienne, la NaftoGaz et la Fédération ukrainienne des employeurs de l’industrie pétrolifère et de gaz (FRNG), s’est concentré sur la question des sanctions décidée à Washington par Amos Hochstein, conseiller du secrétaire d’État américain Anthony Blinken pour la sécurité énergétique, et Georg Wald. Parmi les participants, on retrouve : Oleksi Makeyev[25], représentant spécial de l’Ukraine pour les sanctions ; le président de Naftogaz Yuriy Vitrenko ; Nicolas Bréham directeur du cabinet de conseil et d’ingénierie RTE International, une filiale de RTE ; et Antoine Halff, ancien fonctionnaire du département à l’Énergie des États-Unis qui dirige désormais la startup française Kayrros[26] et qui a aussi participé à une table ronde sur la sécurité énergétique. Les participants les plus connus sont le ministre des Affaires étrangères ukrainien Dmytro Kuleba et Isabelle Dumont, ancienne ambassadrice française à Kiev ; désormais conseillère de Macron pour l’Europe continentale et la Turquie. De nombreux consultants ont été invités à parler, dont l’avocat Bertrand Barrier, associé du cabinet d’avocats Jeantet ; qui présidait le comité de la Chambre de commerce et d’industrie franco-ukrainienne et qui est membre de l’Association européenne des entreprise en Ukraine ; Dominique Menu, ancien senior manager de BNP Paribas en Ukraine, actuellement consultant indépendant qui siège au conseil de surveillance de la banque nationale ukrainienne Ukreximbank ; Vasyl Myroshnychenko, qui dirige l’agence de relations publiques CFC Big Ideas et qui a modéré un panel sur les investissements étrangers ; Myroshnychenko, co-fondateur du Ucraina Crisis Media Center et qui dirige également le City Club britannico-ukrainien en charge de la promotion des affaires entre Londres et Kiev. Parmi les participants français, citons Frédéric Mondoloni, directeur du ministère des Affaires étrangères pour l’Europe continentale et ancien ambassadeur à Moscou, et la députée Valéria Faure-Muntian, présidente du groupe parlementaire France-Ukraine. Participait également à cette réunion Olga Trofimtseva, ambassadrice ukrainienne pour l’agriculture et conseillère de Kuleba Olexandra Vasylenko.
Nous mentionnions précédemment la NEC. De quoi s’agit-il ? Ce Think-Tank ukrainien est dirigé par l’ancienne journaliste Alyona Getmanchuk[27], membre du comité consultatif des présidents d’Urkaine et de Pologne. L’équipe de consultants stratégiques du NEC compte parmi ses membres l’ancien Premier ministre suédois Carl Bildt – qui a négocié l’entrée de la Suède dans l’Union européenne en 1995 – ainsi qu’un certain nombre d’anciens diplomates ukrainiens comme Andriy Veselovsky[28], représentant en Transnistrie et représentant permanent auprès de l’UE à la fin des années 2000. Il conseille désormais le directeur de l’Institut national des études stratégiques (NISS)[29] qui est toujours davantage sollicité par le gouvernement et les services secrets ukrainiens. Notons aussi que l’ancien ministre de l’Économie Roman Shpek[30], qui a représenté l’Ukraine auprès de l’UE de 2000 à 2008 – juste avant Veselovsky -, intervient aussi dans les travaux du NEC. Shpek est par ailleurs consultant senior d’Alfa Bank, qu’il a cofondée avec Mikhaïl Fridman, et siège au comité consultatif de la Banque nationale d’Ukraine (NBU).
Et si l’on ajoute à tous ces éléments récents, que la « révolution orange » de 2014 en Ukraine, rendue possible grâce aux logiciels américains et européens[31] et le rôle encore plus important de Poutine dans l’élection du pro-russe Viktor Ianoukovitch, nous ne pouvons qu’observer que l’Ukraine est, hier comme aujourd’hui un « pot de terre entre deux pots de fer » comme l’aurait dit Manzoni, autrement dit qu’elle est soumise aux influences respectives de la sphère anglo-saxonne et de la sphère russe. N’oublions pas, d’un point de vue historique, qu’avec le traité de Brest-Litovsk, Lénine est sorti de la Première Guerre mondiale et que l’Ukraine est devenue une monnaie d’échange : la République populaire d’Ukraine a été cédée et transformée en un État fantoche des Allemands. Avec la paix de Riga en 1921, qui a mis fin à la guerre entre la Pologne et la Russie de 1919 à 1921, la Lituanie, la Biélorussie et l’Ukraine sont passées sous contrôle bolchevique.
Au-delà des lectures visant à interpréter la politique de projection de puissance russe dans une perspective idéologiquement connotée, nous devons au contraire fournir une lecture en termes géopolitiques et en identifier les motivations : rétablir sa sphère d’influence, mettre un frein à l’expansion de l’OTAN à l’est en profitant de la distanciation progressive des États-Unis vis-à-vis de l’Europe – qui ont tourné son attention comme la France vers l’Indopacifique pour contenir la politique de projection de la puissance économique chinoise via ses Nouvelles Rroutes de la soie -, finlandisation de l’Ukraine, poursuite d’un nouveau cadre de sécurité pour l’Europe favorable à la Russie, sécurisation des ressources en eau[32] et des matières premières présentes en Ukraine[33]. Aussi, la décision de Poutine ne doit pas surprendre : souvenons-nous de ses décisions en Crimée en 2014 mais aussi en Syrie et en Libye. Tout comme il ne faut pas s’étonner qu’il puisse recourir à des mercenaires comme par exemple ceux de la société Wagner[34], aussi bien pour faciliter la prise de Kiev par les forces armées que pour mener une guerre sale. Quant aux États-Unis, ils espèrent naturellement que Kiev, et l’Ukraine dans son ensemble, deviennent l’Afghanistan de la Russie et les forces armées russes s’épuisent dans la guérilla de résistance ukrainienne.
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La guerre, comme le rappelle Von Clausewitz, n’est donc pas seulement un acte politique, mais un véritable instrument politique, une continuation du processus politique par d’autres moyens, hier comme aujourd’hui. C’est pourquoi l’analyse de ceux qui se réfèrent à l’école géopolitique réaliste de Nicholas Spykmann[35], nous paraît plus pertinente que celle de ceux qui interprètent les confits entre États en termes néolibéraux ou se réfèrent à Galtung.
[1] https://odessa-journal.com/ukraine-has-created-an-it-army-for-ddos-attacks-on-russian-sites-there-will-be-tasks-for-everyone/
[3] https://www.reuters.com/world/exclusive-ukraine-calls-hacker-underground-defend-against-russia-2022-02-24/
[5] https://letteradamosca.eu/2022/02/16/intelligence-e-milizie-lucraina-si-organizza/,rete
[6] https://www.forbes.com/sites/melikkaylan/2014/04/16/why-cia-director-brennan-visited-kiev-in-ukraine-the-covert-war-has-begun/
[9] http://ais.khpi.edu.ua/article/view/2522-9052.2018.2.08
[11] https://cepa.org/board-of-directors/
[12] https://yes-ukraine.org/en/about/yes-board
[13] https://hillmont.com/publ/news/hillmont-partners-becomes-the-legal-partner-of-the-yes-forum
[14] https://www.ilsussidiario.net/news/terza-guerra-mondiale-le-mosse-di-kiev-su-informazione-servizi-e-forze-speciali/2283539/
[15] https://dpsu.gov.ua/en/news/SERHII-DEINEKO-UKRAINE-BEGINS-WITH-THE-SECURITY-OF-ITS-BORDERS/
[16] https://www.atlanticcouncil.org/blogs/belarusalert/are-belarus-and-russia-using-migrant-crisis-to-smuggle-agents-into-europe/
[17] https://mil.in.ua/en/news/three-airbus-h125-helicopters-arrived-in-ukraine-for-the-sbgs/
[18] https://www.defenseworld.net/news/29250/France_Preparing_to_Offer_Rafale_Jets_to_Ukraine_as_MiG_29_Replacement#.YiTjZi_SJvI
[19] https://www.ilsussidiario.net/news/ucraina-gli-errori-di-zelensky-trump-e-biden-che-possono-causare-linvasione-russa/2253648/
[20] https://www.startmag.it/economia/emmanuel-macron-ucraina-accordo-thales/ et https://letteradamosca.eu/2022/02/14/francia-e-ucraina-tra-guerra-e-affari/
[21] https://www.theguardian.com/world/2022/feb/08/macron-zelenskiy-ukraine-talks-moscow-denies-deal-to-de-escalate
[22] https://www.ifri.org/fr/espace-media/dossiers-dactualite/forum-france-ukraine-2022-retour-levenement
[23] https://www.ilsussidiario.net/news/spy-ucraina-e-ora-macron-teme-per-lasse-petrolifero-parigi-mosca/2289490/
[24] https://www.ilsussidiario.net/news/crisi-ucraina-ecco-perche-macron-e-il-miglior-alleato-di-zelensky-in-occidente/2291353/
[25] https://www.kyivpost.com/ukraine-politics/ukrinform-makeyev-appointed-as-foreign-ministrys-special-envoy-for-sanctions-policy.html
[26] https://www.linkedin.com/in/antoine-halff-5067824
[27] http://neweurope.org.ua/en/komanda/
[28] https://www.belgradeforum.org/speaker/andriy-veselovsky/
[29] https://niss.gov.ua/en/tags/andriy-veselovsky
[30] https://strategy-council.com/en/speakers/343
[31] https://www.limesonline.com/cartaceo/metodo-belgrado-i-segreti-delle-rivolte-colorate
[32] https://www.startmag.it/mondo/acqua-guerra-russia-ucraina/
[33] https://www.startmag.it/energia/russia-ucraina-titanio/
[34] https://www.startmag.it/mondo/russia-compagnia-wagner-ucraina/
[35] http://gnosis.aisi.gov.it/Gnosis/Rivista67.nsf/ServNavig/67-26.pdf/$File/67-26.pdf?openElement