Les groupes d’intervention antiterroriste en France
Éric DENÉCÉ
La France, fait partie des pays qui comptent deux forces de sécurité intérieure distinctes (Gendarmerie et Police) et dispose donc de deux ensembles d'unités d'intervention antiterroriste et de libération d'otages. Par le passé, cette situation n'a pas été parfois sans entraîner des chevauchements de compétence, voire des rivalités.
En raison du rattachement de la Gendarmerie au ministère de l'Intérieur (2009), une rationalisation de l'emploi des unités d'intervention a été conduite. Aujourd'hui, celles-ci sont coordonnées par l'Unité de coordination des forces d'intervention (UCOFI) du ministère de l'Intérieur, créée en juin 2010, dirigée par un officier général de gendarmerie, secondé par un commissaire de police.
L'UCOFI exerce son autorité sur plusieurs types de groupes d'intervention, dont il importe de connaître les qualités spécifiques, les zones de compétence territoriale et les conditions d'engagement.
– Le Groupe d'intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN) est le principal groupe d'intervention en France. Il est à la fois le plus ancien, le plus important (420 hommes) et le plus expérimenté.
Placé sous l'autorité directe du DGGN, le GIGN intervient en premier lieu sur les détournements d'avion ou de navire ; les prises d'otages de ressortissants français à l'étranger ; et les attaques terroristes à caractère nucléaire, chimique ou biologique.
Pour les actes de terrorisme n'entrant pas dans ces catégories (prise d'otages « classique », forcenés, mutinerie dans les prisons, etc.), la répartition des missions entre le GIGN et le RAID se fait selon les zones de responsabilité « Gendarmerie » et « Police ». Ainsi, le GIGN intervient en milieu rural et dans les aéroports ; et le RAID en milieu urbain et dans les gares.
L'arrestation de Mohamed Merah, ne représentait pas à priori de spécificités techniques particulières nécessitant l'engagement du GIGN. Comme l'individu était retranché chez lui, en zone « Police », il était normal que le RAID conduise l'intervention.
– Le RAID (Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion) est l'unité d'élite de la police nationale, créée en 1985. Elle compte 170 personnels, placés sous l'autorité du DGPN et intégrés à la Force d'intervention de la police nationale (FIPN) qui regroupe tous les groupes d'intervention de la police.
Bien qu'il soit susceptible d'intervenir partout en France – en zone « Police » – le RAID s'est toutefois vu attribuer deux domaines d'intervention préférentiels : la périphérie de Paris (les interventions dans la capitale étant du ressort de la BRI) et le tunnel sous la Manche, théâtre nécessitant un savoir-faire très spécifique.
Le RAID contribue également à la lutte contre le terrorisme et le grand banditisme en apportant son concours à l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste (UCLAT) et aux autres services spécialisés (DCRI, PJ, etc.), afin de réaliser des actions de renseignement ou de surveillance, des filatures et des arrestations d'individus ou de groupes susceptibles de se livrer à des actions terroristes sur le territoire français.
De plus, ces deux groupes assurent également des missions de protection rapprochée de personnalités, la protection d'ambassades ou de certains voyages à l'étranger, des audits de sécurité des sites sensibles et des actions de formations au profit d'unités étrangères.
A côté de ces deux unités d'élite à vocation nationale et internationale, existent deux types de groupes d'intervention spécialisés à vocation régionale : Les groupes d'intervention de la police nationale (GIPN) et les pelotons d'intervention de deuxième génération (PI2G) de la gendarmerie nationale.
Ces unités interviennent dans les situations violentes (prise d'otages, neutralisation de forcenés, mutineries dans les prisons ou interpellation d'individus dangereux) ne nécessitant pas l'engagement du GIGN ou du RAID, au profit desquels elles travaillent parfois lorsque ces groupes ont besoin de soutien. Par ailleurs, GIPN et PI2G assurent aussi des missions de protection rapprochée et des transferts de personnels dangereux (détenus).
– Les GIPN sont au nombre de dix et regroupent au total environ 200 personnels. Ils sont implantés à Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Nice, Rennes, Strasbourg, à La Réunion, en Nouvelle Calédonie et en zone Antilles-Guyane. La Brigade de recherche et d'intervention (BRI) de la préfecture de police de Paris (70 personnes) remplit un rôle similaire dans la capitale.
– Chaque PI2G (ou peloton d'intervention interrégional de gendarmerie) compte 32 hommes. Il y a trois PI2G en France (Toulouse, Orange, Dijon) et deux autres devraient prochainement voir le jour dans la moitié nord du pays, l'un à l'ouest et l'autre à l'est. Ils seront localisés dans des villes où ne sont pas déjà basés des GIPN, pour ne pas faire double emploi avec ces derniers et permettre une couverture complète du territoire national.
L'UCOFI n'a pas d'autorité hiérarchique sur les différents groupes d'intervention. Son rôle est de faciliter la coopération entre ces unités, en s'assurant que tous les domaines d'intervention possibles sont couverts et que la répartition des tâches et des zones d'action est claire. Elle organise également des entraînements et des formations intergroupes, et élabore des procédures d'engagement communes à toutes les unités.