Le Mexique : plaque tournante du crime sud-americain
Alain RODIER
Historiquement, l’Amérique latine a toujours été une zone géographique où la violence était de mise. La proximité avec les Etats-Unis, a attiré les criminalités de tous ordres, en particulier celles spécialisées dans le trafic de drogue. Les criminels ont souvent camouflé leurs activités derrière des luttes politico-sociales teintées d’un fort sentiment « anti-yankee ». Les responsables politiques ont toujours été obligés de composer avec les organisations criminelles étant donnée la puissance financière qu’elles représentent. Le Mexique a pris ces dernières années la place de la Colombie au hit parade des Etats criminogènes. Non seulement ce pays sert de zone de transit pour la drogue sud-américaine destinée aux Etats-Unis et à l’Europe, mais il est également devenu un pays producteur à part entière.
Depuis le relatif essoufflement de la Colombie, le Mexique a pris le relais en devenant la plus grande plate-forme criminelle d’Amérique latine. Ce pays est désormais le premier producteur mondial de marijuana et un des tous premiers fabricants d’héroïne et de drogues synthétiques. La situation intérieure ne cesse de se dégrader, l’état de droit étant en recul dans de nombreuses régions. Cette situation ne peut que favoriser la montée en puissance du monde criminel.
La force de la criminalité organisée au Mexique tient à trois facteurs :
- la frontière poreuse de 3 200 kilomètres avec les Etats-Unis ;
- la corruption importante du monde politico-financier local ;
- la pauvreté endémique de la population dont ma moyenne d’âge est très jeune.
Avec le temps, ce pays est devenu une sorte de « narco-démocratie » dont les deux activités économiques principales sont le trafic de drogue (70 à 90% de la cocaïne destinée aux Etats-Unis transite par ce pays) et celui des êtres humains1. Les passeurs qui acheminent ces deux « marchandises » sont surnommés les « coyotes ». Ces trafics ainsi que les autres activités délictueuses auxquelles se livrent les organisations criminelles mexicaines2 rapportent gros. Selon les estimations des experts, le crime organisé au Mexique générerait 25 milliards de dollars par an dont 80 % proviendraient du trafic de drogue. Une partie de ces gains seraient recyclée dans l’économie légale, le Mexique menant une politique particulièrement libérale.
Les raisons de la faiblesse de l’Etat
De 2001 à 2006, l’action, pourtant vigoureuse du président Fox a constamment été enrayée par la profonde connivence qui existe entre la pègre et ceux qui sont chargés de faire respecter la loi. Malgré ses efforts, le Mexique s’est mué peu à peu en « narco-Etat », cela étant dû à la corruption grandissante de maires, juges, hommes politiques et membres des forces de l’ordre. Si la corruption ne marche pas, elle est remplacée par la peur. En effet, les décideurs sont soumis à une pression extraordinaire de la part des groupes criminels qui n’hésitent pas à employer à leur encontre la violence la plus abjecte pour parvenir à leurs fins. Dernier exemple en date, Sergio Munoz, le chef d’une unité d’élite de la police chargée de lutter contre le crime organisé a été enlevé avant d’être assassiné le 22 avril 2007 dans l’Etat de Durango situé au centre du pays.
Après les élections de juillet 2006, le nouveau président Felipe Calderon (chef du Parti de l’Action nationale/PAN) a hérité d’une situation politique désastreuse. Son adversaire Andres Manuel Lopez Obrador (chef du Parti de la Révolution démocratique/PRD) qui continue à contester sa défaite, met en cause la légitimité du nouveau gouvernement, ce qui est loin de lui faciliter les choses. Cependant à la mi-décembre 2006, Calderon a décidé de créer le « Corps de police fédérale » qui devrait regrouper à terme 15 000 policiers et 10 000 militaires qui sera chargé de lutter contre le crime organisé3. Il se dit prêt à appliquer la politique pour laquelle il a été élu : le rétablissement de l’ordre. Mais le gouvernement est confronté à deux problèmes criminogènes majeurs : les mouvements insurrectionnels et, plus important encore, la criminalité.
Les mouvements insurrectionnels
Une nouvelle insurrection a vu le jour en juin 2006 dans l’Etat « le plus indien »4 du Mexique : l’Oaxaca. Robert Garcia et Flavio Sosa, deux fondateurs de l’Association populaire des peuples d’Oaxaca (APPO), n’hésitent pas à s’affirmer « anticapitalistes, anti-impérialistes et pluriels ». Ils louent l’arrivée au pouvoir en Bolivie d’Evo Morales, le défenseur des « cocaleros » (producteur de coca) qui leur sert de modèle et vouent un véritable culte au président vénézuélien Hugo Chavez et à son mentor, Fidel Castro. Temporairement, l’ordre a été rétabli à la fin 2006 avec en particulier l’arrestation de Sosa.
Dans la région voisine du Chiapas, Le sous-commandant Marcos5 utilise la drogue pour subvenir aux besoins de l’EZLN (Armée zapatiste de libération nationale) depuis sa création en 1994. Par exemple, en juin 2005, les forces de sécurité ont détruit des plantations de majijuana dans le Chiapas. En rétorsion, l’EZLN a demandé aux personnels des organisations humanitaires de quitter la province, ce qui ne laisse rien augurer de bon pour l’avenir.
Dans cette région sévit également un groupuscule de formation récente : le Commando populaire et révolutionnaire de la Patrie Es Primero (CRP-LPEP).
Le mouvement gauchiste radical EPR (Armée populaire révolutionnaire) né en juin 1996, s’est rendu responsable de plusieurs meurtres au sud de Mexico et dans les provinces de Morelos, Guerrero et Oaxaca. L’EPR est un conglomérat groupuscules révolutionnaires marxistes-léninistes : l’Armée révolutionnaire du peuple insurgé, l’Aile démocratique révolutionnaire, le Commandement de la justice du 18 juin, l’Armée révolutionnaire du peuple de Villista, les Forces armées révolutionnaires du peuple et le commandement Jaramillista Morenlense du 23 mai. La taille de ses formations est trop faible pour mettre l’Etat en péril mais suffisante pour maintenir un sentiment d’insécurité important.
La survie de ses mouvements insurrectionnels dépend des liens qu’ils entretiennent avec la criminalité qui leur fournit des fonds et des armes en échange de la matière première dont elle a besoin : la drogue.
Les principaux groupes criminels
Les Organisations criminelles transnationales (OCT) et les gangs locaux6 sont extrêmement nombreux au Mexique. Les OCT collaborent avec des groupes étrangers au premier desquels se trouvent les narco-trafiquants colombiens qui utilisent le Mexique comme porte d’entrée vers les Etats-Unis. Devant la relative baisse de production colombienne, les Mexicains ont diversifié leurs sources d’approvisionnement en se tournant depuis le début des années 2000 plus particulièrement vers le Pérou et le Brésil, la production locale étant encore insuffisante pour subvenir à leurs besoins. Les OCT entretiennent aussi des contacts avec leurs homologues nord-américaines (la Cosa Nostra, les gangs de motards) et européennes (mafias italiennes, albanaises et les OCT issues des ex-pays de l’Est7). Ces liens purement stratégiques ont pour unique but de faciliter la distribution en Amérique du Nord et en Europe des « marchandises » exportées. Plus récemment, des liens ont été noués avec les Triades chinoises, surtout pour s’assurer une ouverture sur le marché canadien où elles sont très bien représentées. Si, globalement, l’« export » se déroule correctement, il n’en n’est pas de même à l’intérieur. En effet, les principales OCT mexicaines se disputent en permanence les territoires, particulièrement ceux bordant la frontière américaine. Il s’ensuit des guerres des gangs particulièrement sanglantes et cruelles ; par exemple, de nombreuses victimes sont décapitées.
– A l’ouest de la frontière américano-mexicaine, le « cartel de Tijuana » (du nom d’une ville portuaire située au sud de San Diego) a été crée par Miguel-Angel Felix Gallardo, un ancien policier aujourd’hui incarcéré aux Etats Unis. Ses neveux et nièce lui ont succédé. Individuellement, ils ont connu des fortunes diverses : l’un a été arrêté en mars 2002 (Benjamin Arellano Felix), un autre a été abattu en pleine rue la même année (Ramon Arellano Felix) et un troisième, Franciso Javier, a été appréhendé par les Coast Guards américains le 14 août 2006. Les chefs actuels du cartel encore en liberté sont Eduardo et Enedina Arellano Felix (frère et sœur des précédents) ainsi que Manuel Aguirre-Galondo, Gustavo Rivera-Martinez et Alberto Marquez Esqueda. Cependant, il semble que Benjamin participe toujours à la direction du cartel depuis la cellule de la prison de haute sécurité de La Palma où il est incarcéré. Cet établissement bâti en 1992 qui, théoriquement devrait être sûr, est en fait une véritable passoire. Des meurtres y ont lieu, souvent commis à l’aide d’armes à feu introduites clandestinement avec l’aide de personnels pénitentiaires8. Les frères Gilberto et Ismael Higuera Guerrero, des anciens responsables de ce cartel ont été extradés vers les Etats-Unis le 19 janvier 2007. Les activités du cartel sont la distribution de majiruana, de cocaïne et d’héroïne aux Etats-Unis et le contrôle de la zone de Tijuana-San Diego à l’ouest de la frontière où ils supervisent les gangs locaux qui leur fournissent la piétaille nécessaire. Un temps, cette organisation a été proche du cartel de Cali. Depuis la disparition de cette organisation dans les années 1990, le cartel de Tijuana a noué des contacts avec le cartel colombien appelé « Norte del Valle » qui, dans les faits, a succédé au cartel de Cali tout en adoptant une attitude moins visible que son prédécesseur. Un de ses principaux dirigeants actuels est Diego Leon Montoya Sanchez, activement recherché par le FBI et la DEA. Plusieurs mercenaires américains travaillent également comme hommes de main pour le cartel de Tijuana.
– A l’est de la frontière américano-mexicaine se trouve le « cartel du Golfe » ou « Matamoros » (du nom de la localité portuaire située à au nord-est du Mexique). Depuis l’incarcération à vie de son fondateur Juan Garcia Abrego « El Munero », condamné à onze fois la perpétuité aux Etats-Unis, il est dirigé par son frère Osiel Cardenas9. Un des chefs occultes de ce cartel serait le frère de l’ex-président Carlos Salinas : Raul, incarcéré depuis 1995 pour détournement de biens publics. Jusqu’à son extradition vers les Etats-Unis, Osiel continuait à diriger son organisation depuis sa cellule en utilisant à l’extérieur comme chef opérationnel Jorge Costilla-Sanchez qui est activement recherché par le FBI. Un des membres important de cette organisation est Oliviero Chavez Araijo surnommé « la star de la cocaïne mexicaine ». Une originalité de ce cartel est de s’être allié un groupe de déserteurs d’un bataillon d’élite chargé de combattre le trafic de drogue : le gang des « Zetas » qui sert aux basses œuvres de l’organisation. Les Zetas auraient acquis des missiles sol-air portables au Nicaragua au début 2006, ce qui en dit long sur leur pouvoir de nuisance ! Cependant, cette organisation a connu à la mi-avril 2007 un important revers avec l’arrestation dans la province du Nuevo Leon (Nord) de son chef : Eleazar Median Rojas alias « El Chelelo ». Ce cartel basé principalement dans l’Etat de Tamaulinas contrôle la frontière est du Mexique en face du Texas par où transitent des tonnes de cocaïne et de majijuana. Cependant, son influence s’étend également jusqu à Mexico au sud et au Nuevo Laredo à l’ouest.
Depuis le début 2005, Osiel Cardenas et Benjamin Arellano Felix ont conclu en prison une alliance afin de livrer une guerre sans merci au cartel de Sinaloa dirigé par Joaquin Angel Guzman Loera alias « El Chapo » (arrêté en 1995, il s’est évadé en 2001) pour le contrôle des voies d’acheminement de la drogue vers les Etats-Unis, en particulier dans la région de Nuevo Laredo et Ciudad Juarez (le centre de la frontière américano-mexicaine). Au début 2006, le frère de Guzman (Miguel Angel) a été atteint par sept balles tirées par un co-détenu alors que son avocat lui rendait visite au parloir. Le tueur serait lié à l’organisation de la famille Arellano Felix. Le juge Rene Hilario Nieto Contreras qui instruisait l’affaire de Joaquin a été assassiné le 18 août 2006. Guzman s’est rendu célèbre en faisant creuser des tunnels sous la frontière en 1993. Depuis 2005, la région de Nuevo Laredo est devenue une zone de non-droit extrêmement dangereuse. Ainsi, Alejandro Dominguez Coelle, le chef de la police de la ville Nuevo Laredo a été assassiné quelques heures seulement après sa nomination le 8 juin 2005. Son remplaçant est Omar Pimentel. Une importante opération menée en 2006 par les forces fédérales dépêchées dans la région a permis l’arrestation de nombreux policiers « ripoux ». Mais il semble que cette reprise en main n’ait pas eu de suite. L’autre leader du mouvement, Hector Palma Salazar alias « El guero » a été extradé vers les Etats-Unis le 19 janvier 2007. Fin 2006, Elias Valencia, qui participait avec son organisation à la lutte contre le cartel du Golfe, a été appréhendé dans son ranch près de la ville d’Aguilla dans l’Etat du Michoacan. Il avait remplacé son père Armando incarcéré en 2003. Pedro Diaz Parada alias « le chef d’Oaxaqueno » qui s’était allié au cartel de Sinaloa a été appréhendé le 17 janvier 2007.
– Le « cartel de Colima ou de Guadalajara » (ville située à l’ouest de Mexico) des frères Adan, Luis et Jesus Amezcua Conteras (qui sont également recherchés par les Américains) est spécialisé dans la distribution d’amphétamines aux Etats-Unis où il assurerait 90 % du marché. Valencia Cornelio, un responsable important de cette organisation a été arrêté en 2004. Pour introduire ces produits stupéfiants, cette organisation utilise plutôt la voie maritime, des cargos rejoignant les eaux internationales au large des côtes californiennes où ils sont déchargés de nuit par des embarcations rapides.
– Le « cartel de Sonora » est dirigé par Miguel Angel Quintero (région frontalière l’Arizona). Son frère de Rafaël est incarcéré pour le meurtre d’un agent de la DEA américaine. Il ne semble pas que ce cartel soit en guerre ouverte avec celui de Tijuana pourtant voisin. Par contre, à la mi-2007, la violence est en augmentation notable dans la région de Sonora. La presse y est particulièrement visée10.
– Le « cartel de Juarez » est jugé en perte de vitesse depuis la mort en 1997 de son chef Amadi Carillo Fuentes et l’arrestation à la fin 2005 de Ricardo Garcia Urquiza, alias « le docteur », le financier du mouvement. Ce cartel a entretenu des relations étroites avec ses homologues colombiens de Medellin et de Cali. Plus récemment, des contacts avec le cartel colombien « Norte del Valle » ont été mis à jour. Son dirigeant actuel est Vicente Carrillo-Fuentes alias « Viceroi », le frère de Amadi. Il a pour adjoints Ismael Zambada-Garcia, Munoz Talavera, Horacio Brunt Acosta, un ancien policier, Juan José Esparragosa alias « El azul », Alcides Magana alias « El metro », Eduardo Palma alias « El pollito », Jaramillo alias « El nene » et Jesus Chavez Dominguez alias « Chuck Norris » arrêté en 1999. Les activités de ce cartel ont été couvertes de 1993 à 1999 par le gouverneur de l’Etat de Quintana Roo (région de Cancun) qui a été arrêté en mai 2001. Ce cartel fait pénétrer aux Etats-Unis de la cocaïne et de la majijuana dans la région centrale de Ciudad Juarez vers El Paso. Trois de ses anciens leaders ont été extradés vers les Etats-Unis le 19 janvier 2007 : les frères Miguel Angel et Oscar Arturo Arriola et Gilberto Salinas.
– Le cartel « Ignacio Coronel Villareal » (ICV) qui porte le nom de son leader est basé à Mexico, Guadalajara et Jalisco. C’est peut-être l’organisation criminelle mexicaine la plus internationale car elle se livre à différents trafics, dont principalement celui de la drogue à destination des Etats-Unis, de l’ensemble de l’Amérique Latine et de l’Europe via les Caraïbes. Il possède des laboratoires à Mexico où sont fabriqués des tonnes de méthamphétamines.
A côté de ces organisations, les différents gangs locaux peuvent travailler en payant une « taxe » au cartel qui couvre leur zone d’activité. On trouve notamment Eduardo Martinez Garza, Ramiro Mireles, Tony Peres, etc. Ces gangs tiennent en coupe réglée l’aéroport international de Mexico en n’hésitant pas à attaquer les touristes. Jose Pedro Madrigal Trejo, le chef de la sécurité de l’aéroport a d’ailleurs a été abattu le 16 juin 2005 car il était devenu trop gênant. Il est même apparu récemment des « enlèvements virtuels », les familles des étrangers arrivant à l’aéroport étant prévenues du rapt de leurs proches. Lorsque ces étrangers rentrent tranquillement chez eux, les familles ont parfois déjà versé la rançon ! Les autres aéroports internationaux mexicains ne sont pas plus sûrs. Ainsi, des cas de voyageurs qui ont été drogués afin d’être délestés de leurs biens ont été signalés depuis le début 2005 à l’aéroport Francisco J. Mujica (MLM) de Morelia (Etat de Michoacan).
Enfin, comme ailleurs en Amérique Latine, l’insécurité grandit pour les ressortissants étrangers qui sont de plus en plus l’objet de kidnapping ou de vols avec violence. Dès avril 2005, les autorités diplomatiques américaines recommandaient à leurs concitoyens d’éviter la province du Nuevo Laredo car 30 incidents impliquant des Américains y avaient été répertoriés depuis août 2004. Elles ont également conseillé à leurs ressortissants de se montrer vigilants à Mexico qui a été frappé par des attentats à l’automne 2006. Ils sont rejoints par les Britanniques et les Canadiens qui conseillent à leurs ressortissants d’éviter la zone frontalière avec les Etats-Unis mais aussi la région du Chiapas et toute la frontière avec le Guatemala, zones où les meurtres dus à la guerre des gangs pour le contrôle de la drogue fait également rage. Même la capitale n’est pas sûre, les enlèvements y étant très fréquents. Deux chefs de bandes connus uniquement sous leurs surnoms de « El Cholo » et « El Fer » y sont particulièrement actifs.
La région touristique d’Acapulco est aujourd’hui la cible des criminels alors que traditionnellement, elle servait de « zone franche » où tous les hors-la-loi notoires pouvaient venir s’y reposer en famille. Plusieurs officiers de police y ont été tués en 2005 et 2006. Les cartels du Golfe et celui de Silanoa s’y disputent la primauté afin de bénéficier de la route maritime vers les Etats-Unis. Désormais, seules les villes de Guadalajara, Culiacan, Tijuana et Mexicali ont un taux de criminalité supérieur à celui d’Acapulco. Depuis le début 2006, on dénombre plus d’une centaine de morts dans la région de Tijuana. De plus, l’Etat de Guerrero qui englobe Acapulco et Zihuatanejo, produit plus d’opium que les autres Etats du Mexique. Edgar Valdez Vilareal alias « La Barbie », un citoyen américain originaire de Laredo (Texas), serait le représentant du cartel de Silanoa à Acapulco. Il est recherché par les Etats-Unis pour trafic de cocaïne et par le Mexique pour meurtres. Effrayés, les touristes préfèrent maintenant se rendre à Cancun et Los Cabos.
La population mexicaine, excédée par l’augmentation exponentielle de l’insécurité, en particulier les enlèvements d’enfants, a parfois décidé de se faire justice elle-même par l’intermédiaire de groupes appelés les « Vigilants ». Ainsi, le 23 novembre 2004, ils s’en sont pris à trois policiers et en ont tué deux (brûlés vifs) alors que ces derniers effectuaient une enquête de routine à proximité d’une école. Ils avaient été confondus avec des preneurs d’otages ! Il faut bien reconnaître que la sécurité individuelle n’est plus assurée dans le pays à tel point que le parlement envisage de voter une loi autorisant les civils à s’armer afin qu’ils assurent eux-même leur autodéfense, l’Etat reconnaissant par là même son incurie.
Une des particularités de la pègre mexicaine est l’exploitation généralisée qu’elle fait des enfants qui fournissent une matière première docile et peu coûteuse. Ils sont mis à toutes les sauces : dealers, passeurs, prostitués, « hommes » de main … quand ils ne sont pas « exportés » vers les Etats Unis à fins d’adoption (solution favorable) ou de prostitution…
Enfin, nombre de criminels se servent des Etats-Unis comme une base de repli sûre. Bien qu’en général, ils évitent de s’y livrer à des violences par crainte des mesures de rétorsion qui pourraient être prises, quelques meurtres récemment survenus au Texas seraient de leur fait.
L’état de déliquescence du Mexique permet de comprendre pourquoi le président Bush a proposé de faire construire un mur de 1 000 kilomètres le long de la frontière, projet qui ne verra vraisemblablement jamais le jour en raison de difficultés budgétaires et diplomatiques. De toute façon, on peut raisonnablement douter de l’efficacité réelle d’une telle mesure sachant que les cartels s’adaptent parfaitement aux situations nouvelles en trouvant la parade adéquate.
- 1 Plus de douze millions de clandestins résident actuellement aux Etats-Unis.
- 2 Identifié malgré son passe montagne comme étant un ancien professeur de philosophie nommé Rafaël Sebastian Guillen Vicente.
- 3 Si la corruption touche un certain nombre de personnels pénitentiaires, la peur agit également. Ainsi, en 2003, Noe Hernandez, le directeur adjoint de l’établissement a été assassiné, vraisemblablement pour servir d’exemple.
- 4 Incarcéré lui aussi depuis mai 2004 dans la prison de La Palma, il a été extradé vers les Etats-Unis le 19 janvier 2007, ce qui signifie la fin de ses activités criminelles.
- 5 Le Mexique est un des pays les plus dangereux pour les journalistes le Mexique est un des pays les plus dangereux pour les journalistes.
- 6 Trafic d’armes, de fausse monnaie, prostitution, prêts usuraires, racket, enlèvements contre rançon, etc.
- 7 La police mexicaine est éparpillée en quelques 1 500 départements ce qui provoque des problèmes importants de coordination.
- 8 Dans cet Etat résident plus de deux millions d’indiens : des Chinantèques, des Chontales, des Nahuas et des Zapotèques, etc.
- 9 Les OCT ont une envergure internationale alors que les gangs agissent localement. Cependant, souvent des OCT sous traitent un certain nombre d’activités à des gangs : distribution de drogue, assassinats, contrebande, etc.
- 10 Les OCT mexicaines et colombiennes sont très présentes en Espagne, pays considéré comme la porte d’entrée privilégiée de l’Europe pour la drogue sud-américaine. Elle y ont noué des liens avec les gangs hispaniques et les mafias italiennes et originaires des ex-pays de l’Est qui se sont implanté principalement sur la Costa del Sol.