La NSA accusée d’être impliquée dans la frappe ukrainienne contre Makiivka
Alain CHARRET


Dès le 2 janvier, un média du Donbass déclarait que la frappe ukrainienne contre Makiivkva (Russie) avait été déclenchée après la détection d’une forte concentration de téléphones portables appartenant à des abonnés russes. La localisation précise du bâtiment où se trouvaient ces appareils aurait été fournie par les Américains grâce à la NSA et son réseau Echelon. Ce nom de code désigne l’ensemble des centres d’écoutes exploités par les États-Unis et ses plus fidèles alliés, à savoir le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et la Nouvelle Zélande.
Qu’un média du Donbass, donc par définition pro-russe, accuse les Américains d’être impliqués dans cette frappe n’est pas surprenant. Ce qui l’est moins c’est la reprise de cette information par les médias occidentaux. Jusqu’à maintenant toute information de source russe ou pro-russe était systématiquement ignorée, pour ne pas dire censurée.
Si d’un point de vue technique les Ukrainiens ont les moyens techniques permettant de détecter la présence, voir même d’intercepter les communications de téléphones portables, la localisation aussi précise du bâtiment abritant ces terminaux, situé dans une zone russe, paraît plus compliquée. Il est donc très vraisemblable que les services américains aient fourni ce renseignement à leur allié ukrainien. C’est d’autant moins surprenant que l’US Air Force et ses alliés de l’OTAN mènent quotidiennement des missions aériennes de recueil de renseignements d’origine électromagnétique à proximité des frontières de l’Ukraine, mais également de la Biélorussie, de la Moldavie ou encore en mer Noire. Il a été confirmé que les renseignements ainsi obtenus étaient, au moins en partie, fournis à Kiev.
Ce qu’il semble important de souligner c’est le danger que peut représenter l’usage intensif et systématique des téléphones portables et autres smartphones en zone de guerre. Il est vrai que dans le monde actuel hyperconnecté il est devenu presque indispensable, non seulement pour communiquer, mais également grâce à de nombreuses applications allant de la navigation à la lampe de poche. Ces terminaux sont les couteaux suisses de la nouvelle génération. Cependant si le premier ne risquait pas de nous trahir, il en est autrement du second. Celui qui est maintenant considéré comme un fidèle compagnon peut rapidement devenir, comme dans ce cas précis, notre pire ennemi.
A priori non seulement les militaires russes, mais également leur commandement, n’ont pas semblé en tenir compte. Le portable est sans doute plus convivial pour communiquer qu’une classique station radio. Mais la détection d’une émission radio n’aurait pas indiqué la présence d’un nombre important d’abonnés russes et donc n’en aurait pas fait une cible de choix.
Il paraît donc évident que l’usage du téléphone portable en opération doit être proscrit, sauf en cas d’urgence absolue et de la défaillance des moyens radios classiques. Ce cas devrait être cité comme exemple dans tous les cours d’état-major, ainsi que dans le cadre de la formation militaire initiale.