La frappe contre Sébastopol coordonnée à l’aide d’un drone Global Hawk de l’US Air Force
Alain CHARRET
Ce n’est plus un secret, les services de renseignement américains aident considérablement l’Ukraine dans les combats qui l’opposent à la Russie. Preuve en sont les vols quotidiens d’aéronefs de reconnaissance évoluant le long des frontières de l’Ukraine, de la Moldavie, de la Biélorussie, de l’enclave de Kaliningrad, ou encore de la Russie, que ce soit à proximité des pays Baltes ou encore en mer de Barents. Ces missions de reconnaissance électronique permettent entre autres le recueil de renseignements d’origine électromagnétique qui peuvent être particulièrement précieux.
Si jusqu’à maintenant il était difficile de confirmer avec certitude que telle opération ukrainienne résultait d’informations fournies par les services américains, cela semble être différent pour la frappe qui a visé le quartier général de la flotte russe de la mer Noire à Sébastopol, le 22 septembre 2023. Le suivi de l’activité aérienne, renduu possible via le site internet Flightradar24, a permis de recueillir des éléments qui tendraient à le confirmer.
– Le 21 septembre à 1849 UTC, un drone Global Hawk de l’US Air Force décollait de Sigonella (Italie) mettant le cap à l’est (illustration n°1).
– À 2230 UTC, ce drone arrivait en mer Noire pour ensuite orbiter au large de la Crimée (illustration n°2).
– La capture d’écran du 22 septembre (illustration n°3), jour de la frappe ukrainienne, illustre bien ses évolutions au large de la zone concernée.
Comme l’indique le site officiel de l’US Air Force[1] des capteurs SIGINT figurent parmi les modules embarqués sur ces drones. Les différents signaux ainsi interceptés ont vraisemblablement permis de confirmer l’existence de la réunion et d’indiquer ainsi aux forces ukrainiennes le bon moment pour le tir de missiles.
À noter également que bien qu’évoluant à haute altitude et dans une zone peu fréquentée par le trafic aérien civil, le transpondeur ADS-B du drone est resté actif. L’US Air Force n’a donc même pas tenté de dissimuler son activité.
On notera l’étonnante retenue de la Russie devant cette arrogance américaine qui pourrait être aisément considérée comme une intolérable provocation.
[1] https://www.af.mil/About-Us/Fact-Sheets/Display/Article/104516/rq-4-global-hawk/