Finale de la coupe d’Europe de football : danger sur Istanbul
Éric DENÉCÉ
Mercredi 25 mai, la Turquie accueille pour la première fois la finale de la Ligue des champions. Le stade Atatürk d'Istanbul accueillera 70 000 supporters pour le match opposant Liverpool à l’AC Milan. Cet événement est une cible idéale pour les terroristes.
Quelle est la probabilité du risque ?
Elle est très élevée. C'est pour les terroristes une occasion rêvée, pour de nombreuses raisons :
- Ils savent depuis plus de 9 mois que la finale aura lieu au stade d'Istanbul. Ils ont eu le temps de préparer une action éventuelle.
- Beaucoup sont passionnés de football et suivent de près son actualité
- Une des deux demi-finale ayant opposé deux clubs britanniques (Liverpool et Chelsea), ils savent depuis environ 6 semaines qu'il y aura un club anglais à Istanbul
- La finale oppose des Britanniques et des Italiens, nations qui sont les deux plus forts alliés de Washington dans l'occupation de l'Irak
- Ils savent que les caméras de toute l'Europe seront là pour couvrir l'événement
- Une finale est un événement important, mais n'est pas aussi protégée que les Jeux olympiques ou un sommet ministériel
- Il y aura près de 70 000 personnes dans le stade, dont au moins 20 000 Britanniques et 20 000 Italiens.
Qui pourrait agir ?
On peut envisager une action des groupes turcs qui ont déjà frappé par le passé et que les services turcs ne sont pas parvenus à éliminer :
- L’IBDA-C (Front islamique des combattants du Grand Orient), auteur des attentats de novembre 2003.
- Le Hezbollah turc (qu’il ne faut pas confondre avec son homonyme libanais), est un autre mouvement islamique turco-kurde, actuellement en perte de vitesse.
Mais on peut également penser à une action majeure de la structure centrale d'Al-Qaeda, qui rêve de faire un second 11 septembre, avec au moins autant de victimes qu'aux Etats-Unis.
Quelles formes pourraient revêtir des attentats ?
Au moins quatre types d'actions peuvent être envisagés de la part des terroristes :
- Attentat conte le stade
- Attentat contre les supporters
- Attentat contre les équipes
- Attentat en ville en raison de la présence des médias internationaux
Les actions peuvent prendre différentes formes :
- Explosifs dans le stade (y a-t-il eu des travaux récents dans le stade d'Istanbul ?)
- Avion s'écrasant sur le stade (un stade n'est pas une cible aussi facile pour un pilote novice, mais peut être comparé à la cible qu'était le Pentagone pour le 11 septembre)
- Prise d'otages géante dans le stade
- Attentat au véhicule piégé à proximité du stade
- Mitraillage de la foule
- Attentats contre des groupes de supporters traînant en ville (mitraillage, kamikaze, etc.).
Enfin, il ne faut pas oublier que depuis quelques années deux nouveaux types d'attentat sont apparus :
- Attentats "en rafale" (plusieurs attentats à la suite).
- Attentats contre les secours : pompiers, police, ambulances, hôpitaux, et les attroupements de population.
Est-ce inédit ?
Malheureusement non. Le 9 mai 2004, lors d'un événement sportif dans le stade Grozny, le président tchétchène Akhmad Kadyrov est tué lors d'un attentat terroriste. Le stade avait été rénové quelques mois auparavant et les terroristes avaient coulé plusieurs dizaines de kilos d'explosifs dans le béton.
Compte tenu de l'étroitesse de liens entre les groupes terroristes de la mouvance djihadiste, on observe qu'une fois qu'un nouveau mode d'action a été inventé, il est très rapidement diffusé auprès de toutes les autres composantes de la nébuleuse terroriste.