Du « Déluge d’Al-Aqsa » à « Glaive de fer » : un périlleux engrenage de la vengeance au Proche-Orient
Myriam BENRAAD
Le 7 octobre 2023 était lancée par le groupe palestinien Hamas, depuis la bande de Gaza, l’opération Déluge d’Al-Aqsa(‘Amaliyyat Tufan al-Aqsa), en référence à la mosquée du même nom située sur le mont du Temple, à Jérusalem-Est, troisième lieu saint de l’islam. Cette attaque brutale sur le sol israélien, unique depuis 1948 et la création de l’État hébreu, et ayant consisté en des tirs nourris de roquettes sur plusieurs localités et kibboutzim du sud d’Israël, ainsi qu’en une infiltration de nombreux militants islamistes par terre, mer, et air, se soldait par plus d’un millier de morts parmi les civils et par l’enlèvement de centaines d’otages. Dans la foulée de ces événements dramatiques s’enclenchait en outre une escalade conflictuelle sans précédent : au nom de la « cause palestinienne », le Hamas s’engouffrait en effet dans une spirale de représailles sans issue, tandis qu’Israël choisissait la vengeance à travers une offensive punitive brutale qui a depuis causé la mort de milliers de Palestiniens.
Cycles de rage, rancœur et vengeance
C’est avec consternation que la communauté internationale a découvert l’étendue des massacres perpétrés par le Hamas en octobre 2023, depuis qualifiés de crimes de guerre et crimes contre l’humanité.[1] La situation au Proche-Orient n’a cessé de se dégrader. Au soir même de l’attaque, Benyamin Netanyahu promettait qu’Israël se vengerait de cette agression et lançait ainsi l’opération Glaive de fer, soit un siège total de l’enclave avec une rupture de l’approvisionnement en eau et en électricité, bientôt suivie de la fuite de milliers de civils. Gaza est pilonnée jour et nuit par Tsahal et les Palestiniens laissés sans autre option que celle de s’échapper quand ils le peuvent ou de perdre la vie. Au-delà de l’actualité évolutive, sur laquelle le poids des émotions continue de focaliser l’attention, il convient de s’interroger sur les enjeux et les répercussions de cette confrontation.
Dans une chronique, Sylvie Kauffmann évoquait une décadence du système international fondé sur la norme au bénéfice d’un règne libre de l’expression désinhibée de la haine et du désir de vengeance, soulignant le « retour de la force brute » dans cette région du monde ainsi qu’une remise en cause historique du droit de la guerre (jus bello)[2]. Il n’y a certes rien de nouveau dans le rôle endossé par la vengeance dans nombre de crises et de cycles violents. Le désir de vengeance possède ce potentiel effrayant de déstabiliser en profondeur une situation, un environnement, l’agression d’une partie en réparation d’un tort supposé étant le plus souvent contrée par une réaction semblable, voire supérieure. Néanmoins, quand la vengeance se substitue au droit de la guerre et à ses principes centraux, elle mue en un terrifiant engrenage.
Resitué au long cours, cet affrontement procède d’une accumulation de griefs, de rages et de rancœurs, de part et d’autre, qui a nourri ce désir de rétribution. L’offensive israélienne n’est pas la première en son genre : depuis l’arrivée au pouvoir du Hamas en 2006, l’État hébreu n’a cessé de réagir aux attaques et provocations du Hamas pour en minimiser l’influence. Ainsi était mise à exécution, dès 2008, l’opération Plomb durci, axée autour d’une action aérienne d’Israël contre les capacités de ce mouvement, suivie de Pilier de défense en 2012, opération au cours de laquelle était assassiné le leader palestinien Ahmed al-Jaabari. Suivait en 2014 l’opération Bordure protectrice, soldée par un cessez-le-feu fragile. Par la suite, les opérations Gardien des murs (2021) et Bouclier et flèche (2023) n’ont pas mis fin à ce cycle infernal ; elles ont même plutôt configuré la catastrophe actuelle.
Comment la vengeance est-elle devenue un point de convergence pour les belligérants ? Tomas Bohm et Suzanne Kaplan voient dans la vengeance une « affreuse impulsion » qui met face à face un agresseur et sa victime, emportés dans une sorte de danse macabre où les rôles peuvent, à tout moment, s’inverser. Au fur et à mesure des représailles et des dommages causés s’éloigne toute possibilité d’une négociation, laquelle supposerait de « domestiquer » ce désir de rétribution. La vengeance indiscriminée[3] à laquelle se livre Israël en est le symbole : celles des voix de l’appareil militaire et sécuritaire israélien qui incitent à une offensive maximale contre le Hamas et d’autres factions armées agissant à Gaza – dont le Jihad islamique – ne prédominaient pas il y a encore une décennie. Tsahal privilégiait alors une stratégie d’endiguement et semblait s’en satisfaire, en dépit du risque alors bien réel que le mouvement terroriste faisait peser sur les communautés juives vivant à proximité de la frontière.
Le mois d’octobre 2023, qui marque les cinquante ans de la guerre du Kippour qui avait pris de court Israël en 1973 et dont le Hamas se réclame sans surprise, sanctionne un tournant dans la politique vis-à-vis de Gaza et une escalade historique des hostilités.
Or, l’adage selon lequel « la vengeance est un plat qui se mange froid »[4] soulève la question des conséquences de cette passion : les « vengeurs » israéliens n’auraient-ils pas dû attendre un moment plus propice en lieu et place de ce plongeon dans la vengeance qui n’est pas sans dangers ? De la même manière, le Hamas n’a-t-il fait, en définitive, par ses crimes, qu’« ensevelir »[5] l’avenir déjà précaire des Palestiniens ?
Dans l’étau d’une punition collective
Cette question n’en est plus vraiment une à l’heure où sont écrites ces lignes : quelques jours seulement après le début de la riposte israélienne, des milliers d’édifices étaient détruites par les frappes aériennes sur Gaza. Beaucoup de civils n’entretenaient pourtant aucun lien direct avec le Hamas, ne lui vouaient aucune sympathie particulière. Mais une telle punition collective était malheureusement prévisible. De tout temps, une majorité de cultures, notamment celles reposant sur l’honneur, ont exercé la vengeance en punissant des communautés entières pour la mort d’un des leurs, sur le fondement de sa seule appartenance au groupe. La vengeance du sang entre familles et clans est une manifestation emblématique de cette logique pluriséculaire : elle traduit une préférence à venger la mort d’un proche en ciblant non seulement le tueur mais aussi en estimant possible et acceptable de lui substituer comme cibles d’autres membres de son groupe.
Il s’agit de la vengeance privilégiée par Israël à Gaza, qui s’éclaire à la lumière des pertes humaines causées par l’attaque du Hamas et au prisme d’une certaine vision des gazaouis, collectivement tenus pour complices et relais du groupe terroriste. Israël a donc jugé cohérent et licite d’abattre sa foudre sur toute une population civile et non de se limiter à des actions ciblées ainsi qu’à la libération des otages. Cette conception extensive du châtiment renvoie aussi à une lecture de la responsabilité morale spécifique à la société israélienne. Les déclarations des dirigeants de l’État hébreu esquissent en effet une théorie implicite selon laquelle tout Palestinien de Gaza et de Cisjordanie serait comme moralement responsable des actes du Hamas et ne pourrait être dissocié de ce mouvement et de ses faits d’armes.
Or, cette représentation, qui nie la place de toute responsabilité individuelle, rapproche paradoxalement Israël de son adversaire : après tout, le Hamas n’a-t-il pas opéré d’après une logique comparable, s’en prenant essentiellement à des civils innocents ? En réalité, les ressorts psychologiques qui conduisent à une rétribution collective sont souvent coupés de tout jugement éthique. Punir l’ensemble des Palestiniens pour la violence du Hamas procède d’une pratique déjà ancienne. Si l’on excepte la virulence de l’offensive présente d’Israël, un regard distancié sur toutes les guerres passées montre, sans ambiguïté, que l’État hébreu a toujours adhéré à une doctrine de démesure (hubris), son principal gage de survie. N’oublions pas non plus le caractère dissuasif de la vengeance déployée contre Gaza, visant à s’assurer qu’aucune autre attaque comparable à celle du 7 octobre ne se reproduise.
Dans tout conflit, le sort des civils ne peut toutefois être tenu pour secondaire. Le Hamas ne pouvait ignorer qu’en tuant des innocents – femmes, enfants, vieillards – dans un tel déchaînement de violence, il s’attirerait un « contre-déluge » au détriment de ces mêmes Palestiniens qu’il prétend défendre. À l’identique, on est en droit de s’interroger sur les objectifs du talion appliqué par Israël à Gaza, qui surpasse en nombre de morts celui de ses victimes et fait peu fi du principe de proportionnalité du châtiment, pourtant central autant dans le judaïsme que dans l’islam. « Œil pour œil, dent pour dent » : cette célèbre sentence implique de se venger dans des proportions régulées, suppose une modération, pour des raisons éthiques de premier plan.
La littérature sur les conflits évoque aussi la notion de rétribution vicariante, « lorsqu’un membre d’un groupe commet un acte d’agression envers les membres d’un autre groupe pour une agression ou une provocation qui n’a pas eu de conséquences personnelles pour lui, mais qui a causé du tort à un autre membre du groupe (…). La rétribution est vicariante dans le sens où ni l’agent des représailles, ni la cible des représailles n’ont été directement impliqués dans l’événement initial qui a précipité le conflit entre groupes ». Existe-t-il meilleure définition pour rendre compte de l’engrenage vengeur auquel, avec impuissance, le monde extérieur assiste depuis des semaines ?
Une guerre entre bénéfices et coûts
Du côté palestinien comme dans le camp israélien, cette escalade armée est à la fois synonyme de bénéfices et de coûts. En s’attaquant frontalement à Israël, le Hamas voulait initier une confrontation militaire destinée à en découdre avec un statu quo dont son idéologie ne peut se satisfaire. Quant à Israël, sa guerre totale décrétée contre toute l’enclave gazaouie, par l’usage d’une force disproportionnée, a pour visée d’anéantir le Hamas, de venger les morts israéliens et de rebâtir le sens sa primauté stratégique.
La vengeance offre d’indéniables gains. Elle sert, en l’espèce, trois fonctions adaptatives qui éclairent pourquoi Israël a fait le choix d’une rétribution sévère. En premier lieu, la vengeance détourne d’autres transgressions : un État vengeur sera en effet moins enclin à la victimisation car son ennemi saura que les coûts d’une agression peuvent être très élevés. La vengeance est le miroir d’une culture du respect qui explique sa persistance. Ne s’agit-il pas là du message véhiculé par l’armée israélienne ? De plus, si une violation se produit, la vengeance déroute la possibilité d’un nouveau tort ou dommage en ce qu’elle pénalise durement ses auteurs. Enfin, la vengeance peut, dans le meilleur des scénarios, aboutir à une coopération entre des adversaires – horizon peu vraisemblable au Proche-Orient.
En contre-fond de ce recours à la vengeance se trouve aussi la certitude de restaurer la justice. Se venger d’Israël est ainsi une obsession parmi de nombreux Palestiniens qui estiment qu’ils ont été traités injustement depuis la création d’Israël. Parallèlement, la vengeance est envisagée par les Israéliens comme un moyen d’alléger la détresse issue des derniers événements, d’atténuer la souffrance des victimes, de rétablir une équité. La vengeance suscite le sentiment d’avoir été maltraité, atteint mortellement, que l’ennemi a tiré satisfaction de cette douleur. Voici ce qui rend les crimes du Hamas insoutenables aux yeux des familles et proches des civils exécutés ou enlevés : quel plaisir pervers le Hamas a-t-il donc trouvé en inondant les réseaux sociaux et autres plateformes numériques de contenus monstrueux ?
Israël cherche à exorciser le mal subi par une souffrance palestinienne exponentielle et c’est là une tragédie dans la mesure où la vengeance ne peut que restituer a minima un « équilibre des souffrances »[6] entre agresseurs et victimes. Cette riposte violente n’est pas étrangère non plus au rétablissement de son statut régional par Israël, pour conjurer le sentiment d’impuissance qui a suivi le 7 octobre. Mais la vengeance est un phénomène destructeur, pour ceux qui l’essuient comme pour ceux qui l’exécutent. L’opposition qui se joue sous nos yeux s’inscrit dans un continuum de vengeances réciproques à l’origine du caractère prolongé de ce conflit[7] et de son caractère insurmontable. De fait, un autre coût de la vengeance est l’éloignement durable de toute optique de paix.
Ajoutons que l’escalade de la violence est étroitement liée à des visions antagoniques de la vengeance : tandis qu’Israël perçoit la sienne comme légitime, d’autres la considèrent excessive[8]. De surcroît, une fois passée l’euphorie de son accomplissement, les effets de la vengeance sont toujours délétères sur le plan psychique, entre désarroi et dépression, morbidité et rumination.
Le poids accablant des traumatismes
Au Proche-Orient, transgressions et violations graves, répétées dans le temps, ne font qu’ancrer amertume et rancœur. Sont nées de toutes les guerres passées certaines pensées vengeresses obsédantes, d’aucuns évoquant un « syndrome d’amertume post-traumatique » après des événements générateurs d’une perception d’injustice et de l’infraction à des valeurs et normes essentielles. De tels événements impliquent par ailleurs, parmi les victimes et au sein de la société, la sensation d’avoir été humiliés, menacés dans leur identité.
L’échelle individuelle s’enchevêtre donc avec le niveau collectif en ce que la guérison de la victime anéantie dans son intégrité est celle du corps social pris dans son entier. L’attaque du Hamas a façonné un ample désir de vengeance partout en Israël, désir que l’on a pu observer ailleurs dans le monde quand des atrocités sont commises contre des civils (tueries, prises d’otages, abus sexuels) ou après une exposition à une agression. À chaque nouvel affrontement entre Israéliens et Palestiniens, les fantasmes de vengeance réémergent violemment dans chaque camp.
Le traitement médiatique du conflit a aussi contribué à asseoir ces réflexes vengeurs parmi l’opinion publique. Les réactions au 7 octobre 2023 ne sont pas sans rappeler celles qui avaient suivi les attentats du 11 septembre 2001. L’indignation participe non seulement à légitimer cette analogie historique mais aussi la vengeance.[9]
Le 15 octobre, un sondage d’opinion diffusé par CNN indiquait ainsi que 70% des Américains jugeaient les représailles israéliennes totalement (50%) ou en partie (20%) justifiées.
La vengeance relève de plus de stratégies de survie après des épisodes traumatiques intenses. Sur ce point, un apaisement entre Israéliens et Palestiniens sera d’autant plus difficile que l’alternative à la vengeance consisterait pour tous à accepter les injustices subies, à repenser les événements, à refouler leurs affects vengeurs. Dans ce cadre, la vengeance ressemble à une tentative de gestion des séquelles laissées, de recouvrement d’un sens de soi et de la maîtrise de sa destinée. La rétribution infligée par Israël aux Palestiniens et la perception de leurs souffrances procurent, même de manière éphémère, un degré de soulagement.
Mais une vengeance qui persiste court toujours le risque de se perdre, signifiant stress, anxiété, voire remords parmi ceux qui en entretiennent le feu. Il n’est pas acquis non plus qu’elle rétablisse un sens de la sécurité en Israël ; jamais, en effet, civils israéliens et palestiniens ne se sont sentis aussi peu assurés. La vengeance empêche enfin souvent de panser des plaies, de refermer un chapitre mortel, créant là une terrible vulnérabilité.
Une contagion à plusieurs échelles
Passé l’effroi immédiat, beaucoup ont pressenti quelle serait l’issue dramatique de cette énième crise. L’attaque du Hamas a littéralement mis à genoux la bande de Gaza, sans doute pour des générations, tandis que l’action punitive d’Israël, décidée à chaud, s’est déjà partiellement retournée contre lui dans l’opinion publique, générant à présent plus d’attention pour la population civile de Gaza que pour les victimes israéliennes.
Cette évolution éclaire pourquoi Israël a tant de difficultés à convaincre du bien-fondé de ses intentions. Le cas de l’explosion de l’hôpital Al-Ahli, le 18 octobre 2023 à Gaza, est à ce titre édifiant : si Tel Aviv attribue le drame à un tir de roquette manqué du Jihad islamique, insistant qu’Israël n’est pas coupable, beaucoup continuent de lui reprocher. Tout en reconnaissant son droit à exister et se défendre, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour souligner que par cette vengeance effrénée, l’État hébreu se rapproche dangereusement des erreurs naguère commises par les États-Unis. Joseph Biden ne s’est pas opposé à la rétribution israélienne mais a averti des dérives d’une « ivresse »[10] de la vengeance : « Le choc, la douleur, la rage – une rage dévorante. Je comprends, et beaucoup d’Américains comprennent. Vous ne pouvez pas regarder ce qui est arrivé à vos mères, vos pères, vos grands-parents, vos fils, vos filles, vos enfants – même les bébés – et ne pas crier justice. La justice doit être rendue. Mais je vous mets en garde : si vous ressentez cette rage, ne vous laissez pas consumer par elle. »[11]
Or la contagion de la vengeance se poursuit à une triple échelle, locale, régionale et mondiale.
– Locale, en premier lieu, avec l’embrasement de la Cisjordanie. Des heurts violents ont lieu entre Palestiniens – au nombre de trois millions dans ces territoires – Tsahal et des colons juifs avides de vengeance. La jeunesse palestinienne s’est encore radicalisée, contre une occupation israélienne qui dure depuis 1967 et une Autorité palestinienne décrédibilisée et accusée de connivence avec Tel Aviv. Jérusalem-Est a aussi été le théâtre d’échauffourées et les appels aux représailles se sont multipliés dans les camps de réfugiés.
– Régionale, ensuite, dans la mesure où la conflagration se réverbère à grande vitesse dans un Moyen-Orient fragmenté et polarisé. L’Iran continue ainsi de promettre à Israël une âpre vengeance, « dévastatrice et calamiteuse ». Des bases militaires américaines en Syrie ont été attaquées. Sans exhorter à la vengeance, l’Égypte a intimé aux Palestiniens de rester « inébranlables ». En Turquie, Erdoğan a quant à lui fustigé « le massacre d’innocents », assimilant Israël à une organisation terroriste. L’Arabie saoudite gelait enfin toute normalisation de ses relations avec l’État hébreu, évoquée il y a encore peu dans le contexte des Accords d’Abraham (traités de paix israélo-arabes de 2020).
– Mondiale, enfin, autour de vives manifestations de colère contre le siège de Gaza et la situation des civils palestiniens. Les réverbérations de cette géopolitique proche-orientale explosive laissent peu d’espoirs à une sortie de crise décisive. Sans grand étonnement, la Russie se venge ainsi, par procuration, de son adversaire américain en prenant le contrepied de la politique de Washington sur ce dossier brûlant. La Chine, de son côté, s’est alignée sur la posture russe en invitant Israël à se restreindre dans son emploi de la force et en appelant de ses vœux une solution à deux États. L’Inde, quant à elle, reste silencieuse depuis ce regain de violence, préférant ne pas s’immiscer dans une affaire inflammable. Mais jaillira-t-il des ruines de Gaza ? On est en droit de s’interroger face à la grande confusion géopolitique qui règne aujourd’hui.
[1] François Dubuisson, « Conflit israélo-palestinien : ce que dit le droit », Conversation France, 12 octobre 2023.
[2] « Le droit de la guerre est bafoué dans l’ensemble des conflits récents », Le Monde, 11 octobre 2023.
[3] La formule est empruntée à Dominique de Villepin qui, dans un entretien sur France Inter le 12 octobre 2023, rappelait que « le droit à la légitime défense n’est pas un droit à une vengeance indiscriminée ».
[4] Sheila C. Bibb et Daniel E. Montiel (dir.), Best Served Cold: Studies on Revenge, Oxford, Inter-Disciplinary Press, 2010.
[5] Jean-Paul Chagnollaud, « Guerre Hamas-Israël : La cause palestinienne risque d’être ensevelie pour longtemps sous les cendres d’actes effroyables’ », Le Monde, 12 octobre 2023.
[6] Nico H. Frijda, « The Lex Talionis: On Vengeance », in Stephanie H.M. van Goozen (et al.) (dir.), Emotions: Essays on Emotion Theory, New York, Psychology Press, 1994, pp. 263-289.
[7] Sung H. Kim et Richard H. Smith, « Revenge and Conflict Escalation », Negotiation Journal, vol. 9, n° 1, 1993, pp. 37-43.
[8] Arlene Stillwell, Roy F. Baumeister et Regan E. Del Priore, « We’re all victims Here: Toward a Psychology of Revenge », Basic and Applied Social Psychology, vol. 30, n° 3, 2008, pp. 253-263.
[9] Peter Mansoor, « A Reflexive Act of Revenge Burdened the US – and May Do the Same for Israel », The Conversation, 16 octobre 2023.
[10] Alain Policar et Anna C. Zielinska, « Guerre Israël-Hamas : Dans l’ivresse de la vengeance, les voix de ceux qui veulent la paix sont presque inaudible », Le Monde, 18 octobre 2023.
[11] « Remarks by President Biden on the October 7th Terrorist Attacks and the Resilience of the State of Israel and its People », Tel Aviv, 18 octobre 2023.