Colombie : le nouvel état-major des FARC
Alain RODIER
La libération de 15 otages politiques, dont Ingrid Betancourt, prisonniers des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), par l'armée colombienne confirme que la guérilla marxiste traverse une passe extrêmement difficile. En effet, elle est obligée de se réorganiser suite au décès de son leader Manuel Marulanda et à plusieurs revers importants subis depuis le début de l'année 2008.
Le nouveau secrétariat
Ainsi, sur les 7 membres que comportait le « secrétariat » (l'organe de direction du mouvement), 3 ont disparu depuis le début 2008. Marulanda est décédé de mort naturelle, le 26 mars ; Raul Reyes (le numéro 2) a été tué le 1er mars lors d'une opération menée par les forces colombiennes en Equateur ; et Ivan Rios a été assassiné le 7 mars (alors qu'il dormait) par son propre chef de la sécurité.
Le successeur désigné de Marulanda est Guillermo Leon Saenz – alias « Alfonso Cano » – qui est considéré comme l'idéologue des FARC. Il semble que son autorité ne soit pas entièrement reconnue par les chefs militaires du secrétariat : Julio Suarez Rojas alias « Mono Jojoy », Luciano Marin alias « Ivàn Marquez » et Rodrigo Londoño Echeverri alias « Timochenko ».
De nouveaux membres ont été désignés au sein du secrétariat :Milton de Jesus Toncel Redondo – alias « Joaquin Gomez » – prend la place de Raul Reyes ; Wilson Valderrama Cano – alias « El Médico » – remplace Ivan Rios ; enfin, Jorge Torres Victoria alias « Catatumbo » y entre comme membre de plein droit[1].
Perspectives d'avenir
Le mouvement est également considérablement affaibli par la défection de nombre de ces membres, dont certains responsables militaires locaux. La plus célèbre est Nelly Avida Moreno, une égérie du mouvement qui commandait le 47e front, qui s'est rendue le 18 mai. Les offres de récompenses lancées par Bogota et la lassitude ne semblent pas être étrangères à ces désertions. L'opération de libération des otages de début juillet a confirmé que les services secrets colombiens avaient pénétré profondément le mouvement. C'est pour cette raison que Bogota est à même d'annoncer médiatiquement des informations que les FARC sont obligées de confirmer postérieurement (la mort de Marulanda, la libération du fils de Carla Rojas, etc.). Ces deux faits ne peuvent qu'accentuer la paranoïa destructrice qui existe dorénavant au sein des FARC.
De plus, les informations contenues dans les 3 ordinateurs saisis lors de l'opération ayant eu lieu en Equateur (mais également sur celui apporté par l'assassin d'Ivan Rios) ont révélé de nombreux faits qui ont considérablement terni l'image de marque des FARC à l'étranger. A titre d'exemple, Alfonso Cano, le nouveau chef des FARC envisageait de commettre des attentats en Espagne en liaison avec l'ETA !
A noter qu'à l'intérieur du pays, la population colombienne ne soutient plus les FARC car leur côté social s'estompe de plus en plus au profit de leur facette purement criminelle.
Il est possible que le mouvement éclate en de multiples entités non contrôlées par le secrétariat central et que celles-ci mènent désormais leur propre combat en s'appuyant encore un peu plus sur le trafic de drogue et les enlèvements crapuleux pour financer leurs besoins.
- [1] Deux remplaçants sont également désignés : Félix Antonio Muñoz Lascarro – alias « Pastor Alape » – et Bertulfo Ivarez – alias « Hermilio Cabrera Diaz ».