Brésil : Daech menace les jeux olympiques
Alain RODIER
Comme avant toute grande manifestation sportive et populaire, qui donne lieu à une couverture médiatique majeure par de nombreux organes de presse, les Jeux Olympiques, qui vont se tenir au Brésil à partir du 5 août, font l’objet de menaces terroristes, en particulier de la part du groupe « Etat islamique » (Daech). Les autorités brésiliennes prennent très au sérieux ces menaces, qu’elles proviennent d’islamistes radicaux, de groupes rebelles ou decriminels très actifs en Amérique latine. En ce qui concerne Daech, cela paraît toutefois assez étonnant car l’islam est extrêmement minoritaire au Brésil, où seulement 1% de la population est musulmane. De plus, dans ce pourcentage, il convient de séparer les chiites des sunnites. Il est légitime de penser que le terreau indispensable au recrutement de terroristes islamiques est très limité. Toutefois, le retentissement qu’aurait une action violente durant l’évènement sportif le plus visualisé au monde ne peut qu’intéresser les responsables du mouvement.
Déjà en novembre 2015, Maxime Hochart le djihadiste français connu pour être devenu un des bourreaux sanguinaires de Daech, avait envoyé un texto annonçant « Brésil, tu es notre prochaine cible ».
Un groupe se faisant appeler Ansar al-Khilafah Brasil a prêté allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi via le système Telegram qui a ouvert une chaîne d’information en portugais le 29 juin dernier. Depuis, des menace régulières y circulent comme : « si la police française n’a pas été capable d’arrêter les attaques en France, l’entraînement dispensé à leurs homologues brésiliens ne servira à rien ». Cette phrase fait référence à un stage de deux semaines qu’a suivi la Brigade d’intervention canine de Rio auprès du RAID. Il s’agit d’un « signal faible » qui indique tout de même que la situation est scrutée avec attention par Daech puisque ce stage n’avait fait l’objet que de très peu de publicité.
D’autres messages appellent les volontaires à devenir des « loups solitaires (sic) » et à « se fournir en armes ou à provoquer des accidents de la circulation ». Il leur est même conseillé de s’attaquer à des zones de passage du public, de prendre des otages, d’agresser les civils à l’arme blanche ou à l’aide de poisons…
Il semble difficile d’imaginer que Daech ait la capacité de dépêcher un commando de tueurs au Brésil dans la mesure où les volontaires originaires d’Amérique latine et des Caraïbes ne sont estimés par Washington qu’à une centaine. Toutefois, les services américains n’excluent pas d’avoir sous-estimer ce chiffre. Il y aurait aussi les sympathisants à la cause n’ayant pu faire leur hijra vers le sanctuaire syro-irakien et qui pourraient alors suivre les consignes d’Abou Mohamed Al-Adnani[1] et passer à l’action là où ils se trouvent.
Le risque sécuritaire pesant sur les JO de 2016 est réel mais ne provient pas que de Daech. Les organisations criminelles brésiliennes ont été les premières visées par les autorités. Les narco-terroristes présents en Colombie et au Pérou voisins pourraient aussi profiter de l’occasion pour tenter de revenir sur le devant de la scène. Enfin, le Brésil traverse une crise politique de grande ampleur qui pourrait pousser certaines forces à se faire entendre par la communauté internationale. Mais tous les services de sécurité – dont l’armée – sont mobilisés pour que l’évènement sportif reste un moment de fête.
- [1] Le porte-parole et vraisemblablement responsable des opérations extérieures de Daech