Attentat déjoué en Australie
Alain RODIER
Le 4 août 2009, la police australienne a pratiqué 19 perquisitions et arrêté cinq terroristes présumés âgés de 22 à 33 ans [1] dans la région de Melbourne. Ces interpellations font suite à une importante opération de surveillance, baptisée Operation Neath, qui a été menée conjointement durant sept mois par la police et l' Australian Security Intelligence Organisation (ASIO), les services de renseignement australiens.
Tout a débuté lorsque les enquêteurs se sont aperçus qu'un Australien d'origine libanaise avait basculé dans l'islam radical alors qu'il fréquentait une mosquée de Melbourne. Alors que ce dernier était sous surveillance, il avait téléphoné à un ami d'origine somalienne et avait parlé avec lui de l'envoi de volontaires pour combattre en Somalie aux côtés des milices Shabab [2]. La surveillance a ensuite permis d'identifier d'autres complices, dont au moins deux auraient séjournés en Somalie afin de s'y entraîner au maniement des armes d'infanterie. L'objectif du commando aurait été de pénétrer en force dans la base militaire d'Holdsworthy située à l'ouest de Sydney, d'y tuer un maximum de militaires et de civils avant, soit d'être abattus, soit de se suicider.
Ce scénario rappelle étrangement le raid qui a eu lieu à Bombay en novembre 2008.
La communauté australienne d'origine somalienne forte de 16 000 âmes est représentée par Abdurahman Osman qui aurait prévenu à plusieurs reprises les autorités de la radicalisation de plus en plus importante de certains de ses membres. Si l'Australie n'a jamais été touchée directement par des attentats sur son sol, un certain nombre y ont été déjoués ces dernières années, dont un contre la grande finale australienne de football de 2005, un autre contre l'ambassade d'Israël à Canberra, plusieurs contre l'opéra de Sydney, deux raffineries de cette ville, la bourse et la gare centrale de Melbourne et un dirigé contre la centrale nucléaire de Lucas Heights.
De nombreux citoyens australiens ont été visés à l'étranger, en particulier lors des attentats de Bali de 2002 et 2005 et celui de Djakarta de 2009. Au total, plus de cent citoyens australiens sont morts lors de ces actions terroristes.
Les radicaux islamiques reprochent aux autorités australiennes les multiples interventions outre-mer (Irak, Afghanistan, etc.) qui sont considérées comme des agressions contre l'islam. Enfin et c'est peut être la véritable nouveauté, c'est la première fois que les milices somaliennes Shabab sont impliquées dans des actions offensives à l'étranger. Cela tendrait à démontrer que leur combat ne se limite plus seulement à la Somalie mais s'étend désormais au monde entier, but poursuivi par Al-Qaida dans son désir d'établir un califat planétaire. Cela confirmerait aussi que la Somalie est aujourd'hui devenue pour Al-Qaida une nouvelle base de départ pour le djihad global [3]. Pour cela, l'organisation terroriste peut puiser dans les volontaires étrangers qui viennent régulièrement mener la guerre sainte dans le pays. Jusqu'à aujourd'hui, il y en aurait eu environ un millier dont des Américains, des Australiens, des Canadiens, des Britanniques et des Allemands.
- [1] Wissam Mahmoud Fattal (33 ans), Nayef el Sayyed (25 ans), Abdirahman Ahmed, El Sayed, Saney Edow Aweys et Yacqub Khayre.
- [2] Activistes islamiques les plus extrémistes de Somalie qui ont prêté allégeance à Ben Laden.
- [3] Avec le Yémen, Al-Qaida possèderait ainsi deux nouvelles bases arrières sûres dans la région du golfe d'Aden.