Afghanistan et Pakistan organigramme des chefs taliban
Alain RODIER
Les talibans afghans
C’est le mollah Mohammad Omar[1] qui était professeur en religion au Pakistan quand il a combattu les Soviétiques en Afghanistan, qui a créé ce mouvement en 1994. Le mollah Omar appartient à la tribu des Hotak qui dépend du clan Ghilzaï (Pachtoun), lui-même historiquement opposé à la tribu Durrani (également pachtoune) du président Karzaï. Les talibans ont pris le pouvoir à Kaboul en 1996. Ils ont été chassés par une intervention américaine en 2001, car ils abritaient Al-Qaida qui venait de se rendre coupable des attentats du 11 septembre aux Etats-Unis.
Direction du mouvement
Les chefs actuels seraient majoritairement issus de la tribu Durrani, les Ghilzaï ayant perdu de leur influence.
- Conseil consultatif (organe dirigeant) : mollah Muhammad Omar avec pour adjoint Syed Tayyad Agha
- Comité de liaison avec les Pakistanais (via l’ISI pakistanais): mollah Nasrullahi et Sayed Mohammed Haqqani, ancien ambassadeur taliban au Pakistan.
- Comité de l’information (propagande) : sheikh Ustad Yassir, Amir Khan Muqtaddi, ex-ministre de l’information taliban (jusqu’en 1999), Abdul Latif Hakimi, Qari Bashir, Youssouf Ahmadi, Zabihullah Moujahed (celui qui a revendiqué l’attentat de Kaboul du 27 avril), etc.
Chefs opérationnels en Afghanistan
- Sud-Est du pays : Jallaluddin Haqqani et ses fils Naisruddin et Badruddin. Dans la même région, le mollah Berabar, un des rares combattants taliban de la première heure, est encore actif.
- Province de Kunar : Ahmad Shah, alias commandant Ismaïl. C’est lui qui aurait abattu un hélicoptère Chinook américain en 2005. Il aurait été tué au début avril dans la région de Peshawar au Pakistan.
- Province de Farah et d’Helmand : mollah Hayatullah Khan. Il entraînerait des commandos-suicide.
- Province d’Helmand : mollah Razayar Noorzai, un activiste islamique qui commanderait 500 combattants.
- Province du Nuristan : mollah Munibullah, fils d’un moudjahidine ayant participé à la guerre contre les Soviétiques. Il détiendrait des missiles sol-air portables. Un autre chef de guerre est Dost Mohammad.
- Province de Kandahar, région de Pashmul : Peer Agha qui serait à la tête de 500 combattants.
- Provinces de Ghazni et de Wardak : maulawi Noor ul Haq, ancien chef de la police de Nangarhar.
- Province de Ghazni : mollah Nasser .
- Province de Kapisa (vallée de Tagaab) : Oari Baryal.
- Province de Nangarhar : Maulana Anwar Ul-Haq, chef du Front militaire de Tora Bora, fils de Younis Khalis, un héros de la guerre contre les Soviétiques.
- Province d’Herat : Mawlawi Abdul Hamid.
- Province de Badghis: mollah Mutmayen.
Le réseau Haqqani
Un des plus importants mouvements rebelles actif en Afghanistan est le « réseau Haqqani ». Il est dirigé par Jallaludin Haqqani, un ancien héros de la guerre contre les Soviétiques. Le quartier général de ce mouvement serait situé aux environs du village de Dande Darpa Khel, près de Miramshah, au Waziristan-Nord, une zone tribale pakistanaise entièrement contrôlée par les islamistes radicaux.
Âgé aujourd’hui de plus de 70 ans, Jalaluddin Haqqani qui appartient à la tribu des Zadran, présente de part et d’autre de la ligne Durand (frontière pakistano-afghane), a participé activement à la guerre contre les Soviétiques. Il a notamment joué un rôle important dans la défaite du président Najibullah en mars 1991. Il rejoint les talibans après leur prise de pouvoir à Kaboul en 1995. Il devient alors ministre des Affaires tribales et proche conseiller du mollah Omar, le leader spirituel du mouvement.
Lors de l’invasion de l’Afghanistan en 2001, il repasse au Pakistan. Donné plusieurs fois pour mort, il est réapparu au début 2008 dans une vidéo de propagande dans laquelle il demandait à tous les moudjahidines de s’unir pour déclencher une offensive de printemps.
Son grand âge ferait qu’il laisse la gestion opérationnelle de la guerre à ses fils Sirajjudin, Naisruddin et Badruddin, se contentant d’avoir un rôle d’autorité morale. Le véritable chef opérationnel de son organisation serait Sirajuddin Haqqani, alias Khalifa, un de ses fils âgé d’une trentaine d’années, qui est le type même du « nouveau taliban ».
Pour les autorités américaines, Khalifa serait encore plus radical et plus cruel que son père. Il représenterait un tel danger qu’une récompense de 200 000 dollars a été promise pour tout renseignement permettant sa neutralisation. Issu d’une école coranique (madrasa) fondée par son père dans les années 80, il fait partie de la nouvelle génération de talibans qui n’hésite plus à s’attaquer aux « cibles molles ».
Le 14 janvier 2008, c’est lui qui aurait organisé l’attaque de l’hôtel de luxe Serena à Kaboul, causant la mort de huit personnes dont trois étrangers. Il serait responsable du plus important attentat suicide survenu le 17 février lors d’une manifestation de combats de chiens dans la région de Kandahar. 80 civils y ont trouvé la mort.
Le 3 mars, un attentat du même type a tué deux soldats de l’OTAN et 3 civils dans la région e Khost. Le kamikaze était un citoyen turco-allemand du nom de Cuneyt Cifti. Le 8 avril, des hommes de Sirajuddin auraient assassiné 17 ouvriers qui travaillaient sur une route de la région de Zabul.
Les talibans étrangers
Les talibans afghans trouvent refuge dans les zones tribales pakistanaises situées de l’autre côté de la frontière. Ils sont protégés par des « talibans pakistanais » qui accueillent également des djihadistes internationalistes ouzbeks, tchétchènes, tadjiks, arabes et quelques dizaines de volontaires occidentaux. Ces mouvements empêchent les autorités pakistanaises de contrôler la région en leur tendant des embuscades, en enlevant des militaires, etc. Cependant, ils prennent garde à ce que leurs opérations ne constituent pas une menace trop importante pour le pouvoir central, de manière à maintenir une sorte de statu quo qui garantit leur liberté d’action. D’ailleurs, en avril 2008, des négociations de cessez-le-feu avaient débuté entre le nouveau gouvernement pakistanais et Baitullah Mehsud, le chef du Mouvement des talibans du Pakistan (Tehrik-e-taliban Pakistan -TeT-). Elles ont été rompues unilatéralement à la fin juin.
Waziristan-nord (NWA)
– Baitullah Mehsud, leader du Tehrik-e-Taliban Pakistan (TeT). Il est soupçonné avoir fait assassiner Benazir Bhutto. Il coiffe l’ensemble des talibans au Waziristan-nord.
– Wali Rehman, chef du Jaish-e-Islami (JI), anciennement Laskhar-e-Islam (jusqu’en avril 2008). Affilié au TeT.
Waziristan-sud (SWA)
– Haji Omar et son frère Noor Islam, proches des internationalistes étrangers.
– Mollah Nazir. Il s’est opposé aux combattants ouzbeks mais reste proche d’Al-Qaida et des talibans.
– Tahir Yuldashev, chef du mouvement islamique d’Ouzbekistan qui, ne pouvant mener la lutte dans son pays en raison de la répression féroce qui y sévit, poursuit son combat à cheval sur la frontière afghano-pakistanaise.
Province de Bajaur (cette région abrite le quartier-général des talibans afghans au Pakistan)
– Faqir Mohammad, chef du Tehrik-e-Nifaz-e-Shariat-e-Mohammadi (TNSM)
Province de Swat et Shangla
– Maulana Qazi Fazlullah. Il a créé une radio clandestine qui s’appelle « Mollah FM ».

- [1] Né en 1959 dans le village de Nodeh, près de Kandahar.